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Europe, l'artiste lit un livre, et en fait les illustrations chez eux, c'est le contraire

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c'est l'écrivain, qui doit composer une poésie, un conte, une histoire sur le dessin, une gravure que l'on leur soumet; si cette feuille imprimée, rose, c'est une

que je vous adresse, a pour titre la femme cueillant une

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même la plus modeste, car tout se fait et se passe dans le plus grand mystère et le plus profond secret, le chinois est d'un caractère très méfiant et très ombrageux, aussi ne laisse-t-il pénétrer personne chez lui.

Les Bibliothèques des lettrés et des savants sont remplies de livres, de

manuscrits rares et précieux, rangés très méthodiquement dans des cases. Ces manuscrits ne sortent de leurs retraites que pour être étudiés, déchiffrés, mais comme par suite des différents dialectes, de leurs langages, tous ces savants réunis pour donner une signification à tel ou tel manuscrit soit angours, soit tibétain, soit chinois arrivent à ne plus se comprendre et le travail en reste là. Cependant, ils doivent contenir, ces vieux manuscrits enluminés, bien des choses très intéressantes sur leur histoire passée, sur leurs mœurs, sur leur famille. Le contraire existe au Japon, où l'on ne parle qu'une seule et même langue - le Nipon, quoique cependant, dans chaque province, il y a une legère teinte de différence mais cela s'apperçoit bien moins qu'en Chine.

Les Japonais sont fiers de leurs écrivains, anciens et modernes, de leurs artistes, ils aiment à s'instruire chez les autres, et ne s'opposent pas à étaler leurs richesses littéraires et manuscrites devant les savants européens; ils sont aussi fiers, dis-je, que les chinois, même lettrés, le sont peu.

Il y a quelques années, un éditeur de Tokio, a publié des traductions françaises de vieux contes japonais; rien que leur titre donne à refléchir, je vais vous en donner une idée.

Momataro, le premier né de la pêche.

Honasaki, le vieillard qui fait fleurir les arbres morts.
Shisakiri-Suzumo, le moineau qui a la langue coupée.

C'est charmant, comme simplicité de style, et comme vérité. Jugez-en vousmême par l'histoire suivante :

CONTES DU VIEUX JAPON (1)

La bataille du singe et du crabe. Sarou kani-kassen.

Un singe et un crabe se rencontrèrent un jour au pied d'une montagne; le singe avait un pepin de kaki et le crabe portait dans ses pinces un morceau de gateau de riz grillé; le singe malin apercevant cette bonne aubaine, et voulant en faire son profit, dit au crabe: Je t'en prie, échange-moi ce gateau contre ma graine. Sans rien répondre, le crustacé se contente de donner son gateau, et prit la graine qu'il planta. A peine était-elle en terre qu'un arbre en sortit, et poussa à une telle hauteur, qu'il fallait lever les yeux pour le voir, l'arbre était couvert de kakis, mais le crabe n'avait aucun moyen de parvenir jusqu'en haut, aussi pria-t-il le singe de monter, et de lui envoyer quelques fruits. Ce dernier grimpa aussitôt sur une des branches de l'arbre et se mit en devoir de faire la cueillette.

(1) Traduction de L. DAUTremer.

Mais il mettait tous les beaux kakis dans sa besace, et lançait tous les mauvais au crabe, qui, en dessous de l'arbre, finit par être tout meurtri, et s'enfuit dans son trou le dos brisé; il y resta sans pouvoir faire un seul mouvement. Quand les parents et les amis du crabe virent l'état où il se trouvait, ils furent pris de colère et resolurent de le venger. Ils lancèrent pour cela un défi au singe; mais celui-ci amena avec lui une troupe de ses compagnons, et les malheureux crabes se voyant incapables de lutter contre une si grande force se retirèrent dans leur trou plus furieux que jamais; ils tinrent conseil, et préparèrent un plan d'attaque. A eux ils joignirent un mortier à riz, un pilon, une abeille et un œuf et ils discutèrent ensemble sur la manière de vengeance qu'il conviendrait d'adopter, ils résolurent de demander la paix et par ce moyen réussirent à attirer chez eux le roi des singes, celui-ci vente sans se douter de ce qui était tramé contre lui, et s'assit très tranquillement.

Tout en causant, il avait pris les « hibashi », et remuait les charbons prêts à s'éteindre, quand tout à coup, l'oeuf qui se trouvait dans les cendres éclata avec un grand « Bang» et lui brula tout le bras; surpris et blessé, le singe se hâta, pour calmer sa douleur, d'aller plonger son bras dans le tonneau à vinaigre de la cuisine mais l'abeille qui s'y trouvait cachée lui sauta au visage et le piqua jusqu'à lui faire venir des larmes. Sans se donner le temps de chasser l'abeille, il se sauva en poussant de grands cris, du côté de la porte; mais, justement, il y avait là quelques herbes marines qui s'enlacèrent dans ses jambes; il glissa et tomba. Pardessus lui tomba le pilon, et le mortier arrivant en roulant jusqu'à lui, le meurtrit tellement et le rendit si faible, qu'il fut impossible au malheureux singe de se relever; il était donc ainsi à la merci des crabes, qui arrivant leurs pinces en l'air, se mirent à le déchirer à qui mieux-mieux.

* **

Morale à malin, malin et demi. On doit ajouter ici que chaque conte est illustré d'une façon remarquable par des dessinateurs japonais qui n'ont rien à envier à leurs confrères d'Europe. Car leurs dessins sont très spirituels, en même temps que très corrects et beaucoup plus finis, que les nôtres.

Dans ma prochaine causerie je traiterai des journaux chinois, japonais et des images de ces deux pays.

A. D'INGHUEM.

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Manuscrit de l'école française, fin du XIVe siècle, sur vélin.

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