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teurs les plus fameux, au moment où les spec-, ment à s'attacher les rois et les provinces dans

tateurs allaient prononcer leur arrêt de mort. Quant aux élèves, ce n'était ni dans l'enceinte 'd'une école ni par des professeurs d'escrime qu'il les faisait instruire, mais dans les maisons des particuliers, par des chevaliers romains, ou même par des sénateurs habiles à manier ies armes, et qu'il suppliait (ses lettres en font foi) d'entreprendre l'instruction de chacun de ces gladiateurs, et de présider eux-mêmes, comme des maîtres, à leurs exercices. César doubla pour toujours la solde des légions. Dans les années d'abondance, il distribuait le blé sans règle ni mesure, et on le vit parfois donner à chaque homme un esclave pris sur le butin.

XXVII. Afin de conserver, par une nouvelle alliance, l'appui de Pompée, il lui offrit Octavie, nièce de sa sœur, quoiqu'elle fût mariée à C. Marcellus; et il lui demanda la main de sa fille, destinée à Faustus Sylla. Tous ceux qui entouraient Pompée, et presque tous les membres du sénat, César les avait faits ses débiteurs, sans leur demander d'intérêt, ou en n'acceptant d'eux qu'un intérêt modique. Il faisait aussi de magnifiques présents aux citoyens des autres classes, qui se rendaient auprès de lui sur son invitation ou de leur propre mouvement. Sa libéralité s'étendait jusque sur les affranchis et les esclaves, selon ce qu'ils avaient de crédit sur l'esprit de leur maître ou de leur patron. Les accusés, les citoyens perdus de dettes, la jeunesse prodigue, ne trouvaient qu'en lui un refuge assuré, à moins que les accusations ne fussent trop graves, la ruine trop complète, les désordres trop grands, pour qu'il pût y remédier à ceux-là il disait ouvertement << qu'il leur fallait une guerre civile.» XXVIII. Il ne montra pas moins d'empresse

:

epistolis ejus ostenditur, ut disciplinam singulorum susciperent, ipsique dictata exercentibus darent. Legionibus stipendium in perpetuum duplicavit. Frumentum, quoties copia esset, etiam sine modo mensuraque præbuit; ac singula interdum mancipia ex præda viritim dedit.

XXVII. Ad retinendam autem Pompeii necessitudinem ac voluntatem, Octaviam, sororis suæ neptem, quæ C. Marcello nupta erat, conditionem ei detulit, sibique filiam ejus in matrimonium petiit, Fausto Sullæ destinatam. Omnibus vero circa eum, atque etiam parte magna senatus, gratuito, aut levi fenore, obstrictis, ex reliquo quoque ordinum genere, vel invitatos, vel sponte ad se com. meantes, uberrimo congiario prosequebatur : libertos insuper servulosque cujusque, prout domino patronove gratus quis esset. Tum reorum, aut obæratorum, aut prodigæ juventutis, subsidium unicum ac promtissimum erat nisi quos gravior criminum, vel inopia luxuriæve vis urgeret, quam ut subveniri posset a se his plane palam, « bello civili opus esse, » dicebat.

XXVIII. Nec minore studio reges atque provincias per terrarum orbem alliciebat: aliis captivorum millia dono offerens; aliis citra senatus populique auctoritatem, quo

toute l'étendue de la terre, offrant aux uns, en pur don, des milliers de captifs, envoyant aux autres des troupes auxiliaires, où et quand ils le voulaient, sans prendre l'avis du sénat ni du peuple. Il orna de magnifiques monuments, non-seulement l'Italie, les Gaules, les Espagnes, mais aussi les plus puissantes villes de la Grèce et de l'Asie. Enfin tout le monde commençait à démêler avec terreur le but de tant d'entreprises, lorsque le consul M. Claudius Marcellus publia un édit par lequel, après avoir annoncé qu'il s'agissait du salut de la république, il proposa au sénat de donner un successeur à César avant l'expiration de son commandement, et, puisque la guerre était finie et la paix assurée, de licencier l'armée victorieuse. Il demanda aussi que, dans les prochains comices, on ne tînt pas compte de César absent, puisque Pompée lui-même avait abrogé le plébiscite rendu en sa faveur (1). Il était en effet arrivé que, dans une loi portée par Pompée sur les droits des magistrats, et au chapitre où il interdisait aux absents la demande des honneurs, il avait oublié d'excepter César; erreur qu'il n'avait corrigée que lorsque la loi était déjà gravée sur l'airain et déposée dans le trésor. Non content d'enlever à César ses provinces et son privilége, Marcellus fut encore d'avis de retirer à la colonie fondée par lui à Novumcomum, sur une motion de Vatinius, le droit de cité romaine, comme étant le résultat de la brigue et de la violation des lois.

XXIX. Ebranlé par ces attaques, et persuadé, comme il le disait souvent, qu'il serait plus difficile, quand l'État l'aurait pour chef, de le faire descendre du premier rang au second, que du |

(1) Le plébiscite dont il est question au ch. 26.

vellent, et quoties vellent, auxilia submittens: superque Italiæ, Galliarumque et Hispaniarum, Asia quoque et Græciæ potentissimas urbes præcipuis operibus exornans: donec, attonitis jam omnibus, et, quorsum illa tenderent, reputantibus, M. Claudius Marcellus consul, edicto præfatus, de summa se republica acturum, retulit ad senatum, ut ei succederetur ante tempus; quoniam bello confecto pax esset, ac dimitti deberet victor exercitus et ne absentis ratio comitiis haberetur, quando et plebiscito Pompeius postea obrogasset. Acciderat autem, ut is, legem de jure magistratuum ferens, eo capite, quo a petitione honorum absentes submovebat, ne Cæsarem quidem exciperet, per oblivionem; ac mox, lege jam in æs incisa, et in ærarium condita, corrigeret errorem. Nec contentus Marcellus provincias Cæsari et privilegium eripere, retulit etiam, ut colonis, quos rogatione Vatinia Novumcomum deduxisset, civitas adimeretur, quod per ambitionem et ultra præscriptum data esset.

XXIX. Commotus his Cæsar, ac judicans, quod sæpe ex eo auditum ferunt, difficilius se principem civitatis a primo ordine in secundum, quam ex secundo in novissi mum detrudi, summa ope restitit, partim per intercessores

second jusqu'au dernier, il résista de tout son pouvoir à Marcellus, et lui opposa tantôt les tribuns, tantôt Servius Sulpicius, l'autre consul. L'année suivante, comme C. Marcellus, qui avait succédé, dans le consulat, à son cousin germain Marcus, suivait le même plan que lui, César s'assura, au prix d'immenses largesses, le concours de son collègue Émilius Paulus et de Caïus Curion, le plus violent des tribuns. Mais rencontrant partout une résistance obstinée, et voyant que les consuls désignés (1) étaient aussi contre lui, il écrivit au sénat, pour le conjurer de ne pas lui enlever le bienfait du peuple, ou du moins d'ordonner que les autres généraux quittassent aussi leurs armées. Il se flattait, à ce que l'on croit, de rassembler ses vétérans, dès qu'il le voudrait, plus aisément que Pompée ne réunirait de nouveaux soldats. Il offrit néanmoins à ses adversaires de renvoyer huit légions, de quitter la Gaule Transalpine, et de garder la Cisalpine avec deux légions, ou même l'Illyrie avec une seule, jusqu'à ce qu'il fût créé consul.

XXX. Mais le sénat n'eut aucun égard à ses demandes, et ses ennemis refusèrent de mettre en marché le salut de la république. Alors il passa dans la Gaule Citérieure, et, après avoir tenu les assemblées provinciales, il s'arrêta à Ravenne, prêt à venger par la force des armes les tribuns qui avaient embrassé sa cause, dans le cas où le sénat prendrait contre eux quelque parti violent. Tel fut, en effet, le prétexte de la guerre civile; mais on pense qu'elle eut d'autres causes. Cn. Pompée disait souvent que, ne pouvant achever les travaux qu'il avait commencés, ni répondre,

(1) L. Corn. Lentulus et C. Claud. Marcellus, pour l'année 705.

tribunos, partim per Servium Sulpicium, alterum consulem. Insequenti quoque anno, C. Marcello, qui fratri patrueli suo Marco in consulatu successerat, eadem tentante, collegam ejus Æmilium Paulum, Caiumque Curionem, violentissimum tribunorum, ingenti mercede defensores paravit. Sed quum obstinatius omnia agi videret, et designatos etiam consules e parte diversa, senatum literis deprecatus est, ne sibi beneficium populi adimere. tur; aut ut ceteri quoque imperatores ab exercitibus discederent confisus, ut putant, facilius se, simul atque libuisset, veteranos convocaturum, quam Pompeium novos milites. Cum adversariis autem pepigit, ut, dimissis octo legionibus, Transalpinaque Gallia, duæ sibi legiones, et Cisalpina provincia, vel etiam una legio cum Illyrico concederetur, quoad consul fieret.

XXX. Verum neque senatu interveniente, et adversariis negantibus, ullam se de republica facturos pactionem, transiit in citeriorem Galliam; conventibusque peractis, Ravennæ substitit, bello vindicaturus, si quid de tribunis plebis, intercedentibus pro se, gravius a senatu constitutum esset. Et prætextum quidem illi civilium armo. rum hoc fuit: causas autem alias fuisse, opinantur. Cn. Pompeius ita dictitabat, quod neque opera consummare, quæ instituerat, neque populi exspectationem, quam de

par ses ressources personnelles, aux espérances que le peuple avait fondées sur son retour, César avait voulu tout troubler, tout bouleverser. Selon d'autres, il craignait qu'on ne l'obligeât à rendre compte de ce qu'il avait fait contre les lois, les auspices et les oppositions légales, dans son premier consulat. En effet, M. Caton déclarait, avec serment, qu'il le citerait en justice, dès qu'il aurait licencié son armée; et l'on disait généralement que, s'il revenait sans caractère public, il serait forcé, comme Milon, de se défendre devant des juges entourés de soldats armés. Ce qui rend cette dernière opinion probable, c'est ce que rapporte Asinius Pollion, qu'à la bataille de Pharsale, César, jetant les yeux sur ses ad versaires vaincus et en déroute, prononça ces propres mots : « Voilà ce qu'ils ont voulu : après tant de victoires, j'aurais été, moi C. César, condamné par eux, si je n'avais réclamé le secours d'une armée. Enfin quelques auteurs pensent qu'il était dominé par l'habitude du commandement, et qu'ayant pesé les forces de ses ennemis et les siennes, il avait cru devoir saisir l'occasion d'envahir la souveraine puissance, objet de tous ses vœux depuis sa première jeunesse. Telle paraît avoir été aussi l'opinion de Cicéron, qui nous apprend, dans le troisième livre du traité des Devoirs, que César avait sans cesse à la bouche ces vers d'Euripide, dont il nous a donné la traduction:

Pratiquez la vertu; mais, s'il vous faut régner,
Vertu, justice et lois, sachez tout dédaigner.

XXXI. Quand il apprit qu'on n'avait tenuaucun compte de l'opposition des tribuns, et qu'ils étaient sortis de Rome, il fit prendre aussitôt les devants

adventu suo fecerat, privatis opibus explere posset, tur bare omnia ac permiscere voluisse. Alii timuisse dicunt, ne cornm, quæ primo consulatu adversus auspicia legesque et intercessiones gessisset, rationem reddere cogeretur: quum M. Cato identidem, nec sine jurejurando, denunciaret, delaturum se nomen ejus, simul ac primum exercitum dimisisset; quumque vulgo fore prædicarent, ut, si privatus redisset, Milonis exemplo circumpositis armatis causam apud judices diceret : quod probabilius facit Asinius Pollio, Pharsalica acie casos profligatosque adversarios prospicientem hæc eum ad verbum dixisse referens: « Hoc voluerunt: tantis rebus gestis C. Cæsar condemnatus essem, nisi ab exercitu auxilium petissem. » Quidam putant, captum imperii consuetudine, pensitatisque suis et inimicorum viribus, usum occasione rapiendæ dominationis, quam ætate prima concupisset. Quod existimasse videbatur et Cicero, scribens de Officiis tertio libro, semper Cæsarem in ore habuisse Euripidis versus, quos sic ipse convertit:

Nam si violandum est jus, regnandi gratia
Violandum est: aliis rebus pietatem colas.

XXXI. Quum ergo, sublatam.tribunorum intercessionem, ipsosque Urbe cessisse, nunciatum est, præmissis

à quelques cohortes, et dans le plus grand secret, pour n'éveiller aucun soupçon. Habile à dissimuler, il présida lui-même à un spectacle public, s'occupa d'un plan de construction pour un cirque de gladiateurs (1), et se livra, comme de coutume, à la joie d'un grand festin. Mais, après le coucher du soleil, il fit atteler à un chariot les mulets d'une boulangerie voisine, et, suivi de fort peu de monde, il prit les chemins les plus détournés. Les flambeaux s'éteignirent; il se trompa de route, et erra longtemps au hasard. Enfin, au point du jour, ayant trouvé un guide, il suivit à pied des sentiers étroits jusqu'au Rubicon, limite de sa province, et où l'attendaient ses cohortes. Il s'y arrêta quelques instants, et, réfléchissant aux conséquences de son entreprise : « Il est encore temps de retourner sur nos pas, ditil à ceux qui l'entouraient ; une fois ce faible pont franchi, c'est le fer qui décidera tout. »

XXXII. Il hésitait; un prodige le détermina. Un homme d'une taille et d'une beauté remarquables apparut tout à coup, assis à peu de distance et jouant du chalumeau. Des bergers et quelques soldats des postes voisins, parmi lesquels il y avait des trompettes, accoururent pour l'entendre. Il saisit l'instrument d'un de ces derniers, s'élança vers le fleuve, et, tirant d'énergiques accents de cette trompette guerrière, il se dirigea vers l'autre rive. « Allons, dit alors César, allons où nous appellent la voix des dieux et l'injustice de nos ennemis : le sort en est jeté !

XXXIII. Quand l'armée eut ainsi passé le fleuve, César fit paraître les tribuns du peuple, qui, chassés de Rome, étaient venus dans son camp alors il harangua ses troupes assemblées,

(1) A Ravenne.

confestim clam cohortibus, ne qua suspicio moveretur, et spectaculo publico per dissimulationem interfuit, et formam, qua ludum gladiatorium erat ædificaturus, consideravit, et ex consuetudine convivio se frequenti dedit. Dein post solis occasum, mulis e proximo pistrino ad vehiculum junctis, occultissimum iter modico comitatu ingressus est: et quum luminibus exstinctis decessisset via, diu errabundus, tandem ad lucem, duce reperto, per an gustissimos tramites pedibus evasit; consecutusque cohortes ad Rubiconem flumen, qui provinciæ ejus finis erat, paulum constitit, ac reputans, quantum moliretur, conversus ad proximos, « Etiam nunc, inquit, regredi possumus quod si ponticulum transierimus, omnia armis agenda erunt. »

XXXII. Cunctanti ostentum tale factum est. Quidam eximia magnitudine et forma in proximo sedens, repente apparuit, arundine canens ad quem audiendum quum præter pastores plurimi etiam ex stationibus milites con-currissent, interque eos et æneatores, rapta ab uno tuba prosiluit ad flumen, et ingenti spiritu classicum exorsus pertendit ad alteram ripam. Tunc Cæsar, « Eatur, inquit, quo deorum ostenta et inimicorum iniquitas vocat. Jacta alea esto,» (inquit.)

XXXIII. Atque ita trajecto exercitu, adhibitis tribunis

et invoqua leur fidélité en pleurant, et en déchirant ses vêtements sur sa poitrine. On crut aussi qu'il avait promis à chaque soldat le cens de l'ordre équestre. Mais ce qui donna lieu à cette erreur, c'est que, dans la chaleur du discours, il montra souvent le doigt annulaire de sa main gauche, protestant qu'il était prêt à donner tout, jusqu'à son anneau, pour ceux qui défendraient sa dignité; en sorte que les derniers rangs, plus à portée de voir que d'entendre, prêtèrent à ce geste une signification qu'il n'avait point; et le bruit ne tarda pas à se répandre que César avait promis à ses soldats les droits et les revenus des chevaliers, c'est-à-dire quatre cent mille sesterces (1).

XXXIV. Voici, dans l'ordre des faits, le résumé de ce qu'il fit ensuite. Il occupa d'abord le Picénum, l'Ombrie et l'Étrurie. L. Domitius, que, dans ces troubles, on lui avait donné pour successeur, s'étant enfermé dans Corfinium avec une garnison, César le contraignit de se rendre à discrétion, le renvoya, et, longeant la mer Supérieure (2), marcha sur Brindes, où les consuls et Pompée s'étaient enfuis, dans le dessein de passer au plus tôt la mer. Après avoir tout tenté inutilement pour empêcher l'exécution de ce projet, il se dirigea sur Rome, convoqua le sénat, pour délibérer sur la république, et courut s'emparer des meilleures troupes de Pompée, qui étaient en Espagne, sous les ordres de trois lieutenants, M. Pétréius, L. Afranius et M. Varron. Il avait dit à ses amis en partant : « Je vais combattre une armée sans général, pour venir ensuite combattre un général sans armée. » Quoique retardé par

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plebis, qui pulsi supervenerant, pro concione, fidem militum, flens, ac veste a pectore discissa, invocavit. Existi matur etiam equestres census pollicitus singulis: quod accidit opinione falsa. Nam, quum in alloquendo exhortandoque sæpius digitum lævæ manus ostentans affirmaret, se ad satisfaciendum omnibus, per quos dignitatem suam defensurus esset, annulum quoque æquo animo detracturum sibi; extrema concio, cui facilius erat videre concionantem, quam audire, pro dicto accepit, quod visu suspicabatur: promissumque jus annulorum cum millibus quadringenis, fama distulit.'

XXXIV. Ordo et summa rerum, quas deinceps gessit, sic se habent. Picenum, Umbriam, Etruriam occupavit : et L. Domitio, qui, per tumultum successor ei nominatus, Corfinium præsidio tenebat, in deditionem redacto, atque dimisso, secundum superum mare Brundisium tetendit, quo consules Pompeiusque confugerant, quamprimum transfretaturi. Hos frustra per omnes moras exitu prohibere conatus, Romam iter convertit; appellatis. que de republica patribus, validissimas Pompeii copias, quæ sub tribus legatis, M. Petreio, et L. Afranio et M. Varrone in Hispania erant, invasit; professus ante inter suos, «<ire se ad exercitum sine duce, et inde reversurum ad ducem sine exercitu. » Et quamquam obsidione Mas

le siége de Marseille, qui lui avait fermé ses portes, et par le manque absolu de vivres, il lui fallut peu de temps pour tout soumettre.

XXXV. Il revint ensuite à Rome, passa en Macédoine, investit Pompée et le tint assiégé, pendant près de quatre mois, dans une enceinte immense de retranchements. Enfin il le vainquit à Pharsale, et le poursuivit dans sa fuite jusqu'à Alexandrie, où, le trouvant assassiné, il fit luimême au roi Ptolémée, qui lui tendit aussi des embûches, une guerre des plus difficiles et que rendaient pour lui bien périlleuse le désavantage du temps et du lieu, un rigoureux hiver, l'activité d'un ennemi pourvu de tout, au sein de sa capitale, et son propre dénûment dans une lutte qu'il était loin de prévoir. Vainqueur, il donna le royaume d'Égypte à Cléopâtre et au plus jeune de ses frères. Il craignait, en faisant de ce pays une province romaine, qu'il ne devint un jour, entre les mains d'un gouverneur turbulent, une cause d'entreprises séditieuses. D'Alexandrie, César passa en Syrie, et de là dans le Pont, où l'appelaient de fréquents messages; car Pharnace, fils du grand Mithridate, profitait de ces troubles pour faire la guerre, et avait déjà remporté de nombreux avantages, qui l'avaient fort enorgueilli. Quatre heures de combat suffirent à César, le cinquième jour de son arrivée, pour détruire cet adversaire. Aussi se récriait-il souvent sur le bonheur de Pompée, qui avait dû, en grande partie, sa gloire militaire à la faiblesse de pareils ennemis. I vainquit ensuite Scipion et Juba, qui avaient recueilli en Afrique les restes de leur parti, et il défit en Espagne les fils de Pompée (1).

(1) Caélus et Sextus.

siliæ, quæ sibi in itinere portas clauserat, summaque fru. mentariæ rei penuria retardante, brevi tamen omnia subegit. XXXV. Hinc Urbe repetita, in Macedoniam transgres. sus, Pompeium, per quatuor pæne menses maximis obsessum operibus, ad extremum Pharsalico prælio fudit : et fugientem Alexandriam persecutus, ut occisum deprebeudit, cum Ptolemæo rege, a quo sibi quoque insidias tendi videbat, bellum sane difficillimum gessit, neque loco, neque tempore æquo, sed hieme anni, et intra mœnia copiosissimi ac sollertissimi hostis, inops ipse rerum omnium, atque imparatus. Regnum Ægypti victor Cleopatræ fratrique ejus minori permisit, veritus provinciam facere, ne quandoque violentiorem præsidem nacta, novarum rerum materia esset. Ab Alexandria in Syriam, et inde Pontum transiit, urgentibus de Pharnace nunciis quem, Mithridatis magni filium, ac tunc oceasione temporum bellantem, jamque multiplici successu præferocem, intra quintum, quam adfuerat, diem, quatuor, quibus in conspectum venit, horis, una profligavit acie; crebro commemorans Pompeii felicitatem, cui præcipua militiæ laus de tam imbelli genere hostium contigisset. Dehinc Scipionem ac Jubam, reliquias partium in Africa refoventes, devicit; Pompeii liberos in Hispania.

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XXXVI. Dans le cours de toutes les guerres civiles, César n'éprouva de revers que par le fait de ses lieutenants. C. Curion, l'un d'eux, périt en Afrique; un autre, C. Antoine, tomba au pouvoir de ses adversaires en Illyrie. P. Dolabella y laissa aussi sa flotte, et Cn. Domitius Calvinus perdit son armée dans le Pont. Lui-même obtint toujours de brillants succès, et ne fut en danger que deux fois : l'une à Dyrrhachium, où, repoussé par Pompée, qui ne songea pas à le poursuivre, il dit que cet adversaire ne savait pas vaincre; l'autre, au dernier combat livré en Espagne, et où ses affaires parurent si désespérées, qu'il songea même à se donner la mort.

XXXVII. Ses guerres terminées, il triompha cinq fois; dont quatre dans le même mois, après sa victoire sur Scipion, mais à quelques jours d'intervalle, et la cinquième après la défaite des fils de Pompée. Le premier jour, il triompha de la Gaule, et ce fut le plus beau de ses triomphes; ensuite d'Alexandrie, puis du Pont, puis de l'Afrique, et en dernier lieu de l'Espagne; toujours avec un appareil et un faste différents. Le jour où il triompha de la Gaule, comme il passait devant le Vélabrum (1), il fut presque jeté hors de son char, dont l'essieu se rompit. II monta au Capitole à la lueur des flambeaux, que portaient dans des lustres quarante éléphants rangés à droite et à gauche. Quand il célébra sa victoire sur Pharnace, on remarqua, entre autres ornements de la pompe triomphale, un tableau où étaient écrits ces seuls mots : « Je Suis venu, J'AI VU, J'AI VAINCU, » qui ne retraçaient pas, comme les autres inscriptions, tous les événe

(1) Place de Rome, entre le forum, le Palatium et l'Aventin.

XXXVI. Omnibus civilibus bellis nullam cladem, nisi per legatos suos, passus est: quorum C. Curio in Africa periit; C. Antonius in Illyrico in adversariorum devenit potestatem; P. Dolabella classem in eodem Illyrico, Cn. Domitius Calvinus in Ponto exercitum amiserunt. Ipse prosperrime semper, ac ne ancipiti quidem unquam fortuna, præterquam bis, dimicavit : semel ad Dyrrhachium, ubi pulsus, non instante Pompeio, negavit, eum vincere scire iterum in Hispania ultimo prælio, quum, despera. tis rebus, etiam de consciscenda nece cogitavit.

XXXVII. Confectis bellis, quinquies triumphavit; post devictum Scipionem quater eodem mense, sed interjectis diebus; et rursus semel, post superatos Pompeii liberos. Primum et excellentissimum triumphum egit Gallicum, sequentem Alexandrinum, deinde Ponticum, huic proximum Africanum, novissimum Hispaniensem, diverso quemque apparatu et instrumento. Gallici triumphi die Velabrum prætervehens, pæne curru excussus est, axe diffracto; ascenditque Capitolium ad lumina, quadraginta elephantis dextra atque sinistra lychnuchos gestantibus. Pontico triumpho inter pompæ fercula trium verborum prætulit titulum, VENI, VIDI, VICI, non acta belli significantem, sicut ceteris, sed celeriter confecti notam.

ments de la guerre, mais qui en marquaient la rapidité.

XXXVIII. Outre les deux grands sesterces (1) qu'il avait fait compter à chaque fantassin des légions de vétérans, à titre de butin, au commencement de la guerre civile, César leur en donna vingt mille ordinaires (2). Il leur assigna aussi des terres, mais non contiguës, afin de ne point dépouiller les possesseurs. Il distribua au peuple dix boisseaux de blé par tête et autant de livres d'huile, avec trois cents sesterces (3) qu'il avait promis autrefois, et auxquels il en ajouta cent autres, pour compenser le retard. Il remit même les loyers d'un an dans Rome jusqu'à la concurrence de deux mille sesterces (4), et dans le reste de l'Italie, jusqu'à celle de cinq cents (5). A tous ces dons il ajouta un festin public et une distribution de viandes. Après sa victoire en Espagne, il porta cette libéralité jusqu'à deux repas consécutifs; car le premier lui avait paru peu digne de sa magnificence: le second, donné cinq jours après, fut des plus somptueux.

XXXIX. Il donna des spectacles de divers genres, et des combats de gladiateurs. Des pièces de théâtre furent jouées dans tous les quartiers de la ville par des acteurs de tous les pays et dans toutes les langues. Il y eut aussi des jeux dans le cirque, des combats d'athlètes, une naumachie (6). On vit combattre dans le forum, parmi les gladiateurs, Furius Leptinus, d'une famille prétorienne, et Q. Calpénus, qui avait fait partie du sénat et avait plaidé des causes devant le peuple. Les enfants de plusieurs princes d'Asie et de Bithynie dansèrent la pyrrhique (7). Aux jeux scéniques, Décimus Labérius, chevalier ro

(1) 387 fr. 50. (2) 3,875 fr. - (3) 58 fr. 10. - (4) 387 fr. 50.(s) 96,85. (6) Le spectacle d'un combat naval; du grec vavpayéw, combattre sur mer. - (7) Danse militaire, inventée, dit-on, par Pyrrhus, fils d'Achille.

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main, joua un mime de sa composition. Il reçut de César cinq cents grands sesterces (1) et un anneau d'or (2); et, de la scène, il alla, en traversant l'orchestre (3), s'asseoir parmi les chevaliers. Au cirque, l'arène fut agrandie des deux côtés; on creusa tout autour un fossé qui fut rempli d'eau, et l'on vit des jeunes gens des plus nobles familles faire courir dans cette enceinte des chars à deux et à quatre chevaux, ou sauter alternativement sur des coursiers dressés à cette manœuvre. Des enfants, partagés en deux troupes, suivant la différence de leur âge, célébrérent les jeux appelés Troyens (4). Cinq jours furent consacrés à des combats de bêtes. Le dernier spectacle fut celui d'une bataille rangée entre deux armées, et où combattirent, de part et d'autre, cinq cents fantassins, trois cents cavaliers et vingt éléphants. Afin d'ouvrir à ces troupes un plus vaste champ de bataille, on avait enlevé les barrières du cirque, et l'on y avait substitué, à chaque extrémité, deux camps. Des athlètes luttèrent, pendant trois jours, dans un stade construit exprès aux environs du champ de Mars. Un lac fut creusé dans la petite Codète; et des vaisseaux tyriens et égyptiens à deux, à trois, à quatre rangs, et chargés de soldats, y livrèrent un combat naval. L'annonce de tous ces spectacles avait attiré à Rome une si prodigieuse affluence d'étrangers, que la plupart d'entre eux couchèrent sous des tentes, dans les rues et dans les carrefours, et que beaucoup de personnes, entre autres deux sénateurs, furent écrasées ou étouffées dans la foule.

XL. Tournant ensuite ses vues vers l'orga nisation de la république, César corrigea les

(1) 96,875 fr. - (2) C'était la marque distinctive des chevaliers. (3) Là étaient les sièges des sénateurs. - (4) C'était une lutta équestre. Virgile l'a décrite, En., v. 545 et suiv,

XXXVIII. Veteranis legionibus prædæ nomine in pedi- | gentis sestertiis et annulo aureo, sessum in quatuordecim tes singulos super bina sestertia, quæ initio civilis tumultus numeraverat, vicena millia nummum dedit. Assigna. vit et agros, sed non continuos, ne quis possessorum expelleretur. Populo præter frumenti denos modios, ac totidem olei libras, trecenos quoque nummos, quos pollicitus olim erat, viritim divisit; et hoc amplius, centenos pro mora. Annuam etiam habitationem Romæ usque ad bina millia nummum, in Italia non ultra quingenos sestertios remisit. Adjecit epulum ac viscerationem, et post Hispaniensem victoriam duo prandia. Nam quum prius parce, neque pro liberalitate sua præbitum judicaret, quinto post die aliud largissimum præbuit.

XXXIX. Edidit spectacula varii generis; munus gla. diatorium; ludos etiam regionatim Urbe tota, et quidem per omnium linguarum histriones; item circenses, athletas, naumachiam. Munere in foro depugnavit Furius Leptinus, stirpe prætoria, et Q. Calpenus, senator quondam, actorque causarum. Pyrrhicham saltaverunt Asiæ Bithyniæque principum liberi. Ludis Decimus Laberius, eques romanus, mimum suum egit; donatusque quin

e scena per orchestram transiit. Circensibus, spatio circi ab utraque parte producto, et in gyrum Euripo addito, quadrigas bigasque et equos desultorios agitaverunt nobilissimi juvenes. Trojam lusit turma duplex, majorum minorumque puerorum. Venationes editæ per dies quinque, ac novissime pugna divisa in duas acies; quingenis peditibus, elephantis vicenis, tricenis equitibus hinc et inde commissis. Nam quo laxius dimicaretur, sublatæ metæ, inque earum locum bina castra ex adverso constituta erant. Athletæ, stadio ad tempus exstructo, in regione Martii campi certaverunt per triduum. Navali prælio, in minore Codeta defosso lacu, biremes ac triremes quadriremesque Tyriæ et Ægyptiæ classis magno pugnatorum numero conflixerunt. Ad quæ omnia spectacula tantum undique confluxit hominum, ut plerique advenæ aut inter vicos, aut inter vias tabernaculis positis manerent; ac sæpe præ turba elisi exanimatique sint plurimi, et in his duo senatores.

XL. Conversus hinc ad ordinandum reipublicæ statum, fastos correxit, jam pridem vitio pontificum per interca

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