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on en fit la lecture dans la maison d'Antoine. César l'avait fait aux dernières ides de septembre (1), à sa terre de Lavicum(2); il l'avait ensuite confié à la première des vestales. Q. Tubéron rapporte que, dans tous ceux qu'il écrivit depuis son premier consulat jusqu'au commencement de la guerre civile, il laissait à Cn. Pompée son héritage, et que sa volonté à cet égard était connue de l'armée. Mais dans le dernier il nommait trois héritiers; c'étaient les petits-fils de ses sœurs, savoir: C. Octavius pour les trois quarts, et L. Pinarius avec Q. Pédius pour l'autre quart. Par une dernière clause, il adoptait C. Octavius et lui donnait son nom. Il désignait parmi les tuteurs de son fils, pour le cas où il lui en naîtrait un, la plupart de ceux qui le frappèrent. Décimus Brutus était aussi inscrit dans la seconde classe de ses héritiers. Enfin, il léguait au peuple romain ses jardins près du Tibre, et trois cents sesterces par tête (3).

LXXXIV. Le jour de ses funérailles étant fixé, on lui éleva un bûcher dans le champ de Mars, près du tombeau de Julie, et l'on construisit, devant la tribune aux harangues, une chapelle dorée, sur le modèle du temple de Vénus Génitrix. On y plaça un lit d'ivoire couvert de pourpre et d'or, et à la tête de ce lit un trophée, avec le vêtement qu'il portait quand il fut tué. La journée ne paraissant pas devoir suffire à la marche solennelle de tous ceux qui voulaient apporter des présents funèbres, on déclara que chacun irait, sans observer aucun ordre et par le chemin qui lui plairait, déposer ses dons au champ de Mars. Dans les jeux, on chanta des vers propres à exciter la pitié pour

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idibus septembribus proximis in Lavicano suo fecerat, demandaveratque virgini vestali maximæ. Q. Tubero tradit, heredem ab eo scribi solitum, ex consulatu ipsius prin:o usque ad initium civilis belli, Cn. Pompeium; idque militibus pro concione recitatum. Sed novissimo testamento tres instituit heredes, sororum nepotes, C. Octavium ex dodrante, et L. Pinarium et Q. Pedium ex qua drante reliquo in ima cera C. Octavium etiam in familiam nomenque adoptavit: plerosque percussorum in tutoribus filii, si quis sibi nasceretur, nominavit; Decimum Brutum etiam in secundis heredibus. Populo hortos circa Tiberim publice, et viritim trecenos sestertios legavit.

LXXXIV. Funere indicto, rogus exstructus est in Martio campo juxta Juliæ tumulum et pro rostris aurata ædes ad simulacrum templi Veneris Genetricis collocata; intraque lectus eburneus, auro ac purpura stratus, et ad caput tropaeum cum veste, in qua fuerat occisus. Præfe rentibus munera, quia suffecturus dies non videbatur, præceptum est, ut, omisso ordine, quibus quisque vellet itineribus Urbis, portaret in campum. Inter ludos cantata sunt quædam ad miserationem et invidiam cædis ejus, accommodata ex Pacuvii Armorum Judicio:

le mort et l'indignation contre les meurtriers; vers qui étaient tirés du Jugement pour les armes d'Achille, de Pacuvius, par exemple :

Les avais-je épargnés, pour tomber sous leurs coups? et des passages de l'Electre d'Attilius, qui pouvaient offrir les mêmes allusions. Au lieu d'éloge funèbre, le consul Antoine fit lire par un heraut le sénatus-consulte qui décernait à César tous les honneurs divins et humains, puis le serment par lequel tous les citoyens s'étaient liés pour le salut d'un seul. Il ajouta fort peu de mots à cette lecture. Des magistrats, en fonctions ou sortis de charge portèrent le lit au forum, devant la tribune aux harangues. Les uns voulaient qu'on brûlât le corps dans le sanctuaire de Jupiter Capitolin; les autres, la salle du sénat de Pompée. Tout à coup deux hommes, portant un glaive à la ceinture, et à la main deux javelots, y mirent le feu avec des torches ardentes; et aussitôt chacun d'y jeter du bois sec, des siéges et jusqu'aux tribunaux des magistrats, enfin tout ce qui se trouvait à sa portée. Bientôt après, des joueurs de flûte et des acteurs, qui avaient revêtu, pour cette cérémonie, les ornements consacrés aux pompes triomphales, s'en dépouillèrent, les mirent en pièces, et les jetèrent dans les flammes; les vétérans légionnaires y jetèrent de même les armes dont ils s'étaient parés pour les funérailles; et la plupart des femmes, les bijoux qu'elles portaient, avec les bulles et les prétextes de leurs enfants. Une foule d'étrangers prirent part à ce deuil public, et s'approchèrent tour à tour du bûcher, en manifestant leur douleur, chacun à la manière de son pays. On remarqua surtout les Juifs, lesquels veillèrent même, plusieurs nuits de suite, auprès de ses cendres.

Men' servasse, ut essent, qui me perderent?

et ex Electra Attilii alia, ad similem sententiam. Laudationis loco consul Antonius per præconem pronunciavit senatusconsultum, quo omnia ei divina simul atque humana decreverat : item jusjurandum, quo se cuncti pro salute unius astrinxerant : quibus perpauca a se verba addidit. Lectum pro rostris in forum magistratus et honoribus functi detulerunt. Quem quum pars in Capitolini Jovis cella cremare, pars in curia Pompeii, destinaret, repente duo quidam, gladiis succincti, ac bina jacula gestantes, ardentibus cereis succenderunt; confestimque circumstantium turba virgulta arida, et cum subselliis tribunalia, quicquid præterea ad manum aderat, conges sit: deinde tibicines et scenici artifices vestem, quani ex instrumento triumphorum ad præsentem usum indueraut, detractam sibi atque discissam injecere flammæ, et veteranorum milituin legionarii arma sua, quibus exculti funus celebrabant : matronae etiam pleræque ornamenta sua, quæ gerebant, et liberorum bullas atque prætextas. In summo publico luctu exterarum gentium multitudo circulatim, suo quæque more, lamentata est; præcipue

LXXXV. Le peuple, aussitôt après les funérailles, courut avec des torches aux maisons de Brutus et de Cassius, et n'en fut repoussé qu'avec peine. Sur sa route, cette foule tumultueuse rencontra Helvius Cinna, et, par suite d'une erreur de nom, le prenant pour Cornélius, à qui elle en voulait pour avoir prononcé, la veille, un discours véhément contre César, elle le tua, et promena sa tête au bout d'une pique. Plus tard on éleva dans le forum une colonne de marbre de Numidie, d'un seul bloc et de près de vingt pieds, avec cette inscription: AU PÈRE DE LA PATRIE; et ce fut pendant longtemps un usage d'y offrir des sacrifices, d'y former des voeux, et d'y terminer certains différends, en jurant par le nom de César.

LXXXVI. Il laissa quelques-uns des siens persuadés qu'il ne voulait pas vivre plus longtemps, et que cette indifférence, qui lui venait de sa mauvaise santé, lui avait fait mépriser les avertissements de la religion et les conseils de ses amis. Il en est aussi qui pensent que, rassuré par le dernier sénatus-consulte et par le serment prêté à sa personne (1), il avait renvoyé une garde espagnole qui le suivait partout, l'épée à la main. D'autres, au contraire, lui prêtent cette pensée, qu'il aimait mieux succomber une fois aux complots de ses ennemis, que de les craindre toujours. Selon d'autres encore, il avait coutume de dire que la république était plus intéressée que lui-même à sa conservation; qu'il avait acquis, depuis longtemps, assez de gloire et de puissance; mais que la république, s'il venait à périr, ne jouirait d'aucun repos, et irait s'abîmer dans les effroyables maux des guerres civiles. »><

(1) Voy, le ch. 84.

LXXXVII. Mais ce dont on convient plus généralement, c'est que sa mort fut à peu près telle qu'il l'avait désirée. Car lisant un jour, dans Xénophon (1), que Cyrus avait donné, pendant sa dernière maladie, quelques ordres pour ses funérailles, il témoigna son aversion pour une mort aussi lente, et souhaita que la sienne fût prompte et subite. La veille même du jour où il périt, à un souper chez M. Lépidus, un convive ayant soulevé cette question : Quelle est la fin la plus désirable?« Une mort brusque et inopinée, »répondit César.

LXXXVIII. II périt dans la cinquante-sixième année de son âge, et fut mis au nombre des dieux, non-seulement par le décret qui ordonna son apothéose, mais aussi par la foule, persuadée de sa divinité. Pendant les jeux qu'il avait fait vœu de célébrer, et que donna pour lui son héritier Auguste, une étoile chevelue, qui se levait vers la onzième heure (2), brilla durant sept jours de suite, et l'on crut que c'était l'âme de César reçue dans le ciel. C'est pour cette raison qu'il est toujours représenté avec une étoile au-dessus de la tête. On fit murer la porte du palais où il avait été tué; les ides de mars furent appelées jours parricides (3), et il fut défendu pour jamais d'assembler les sénateurs ce jour-là.

LXXXIX. Presque pas un de ses meurtriers ne lui survécut plus de trois ans, et ne mourut de mort naturelle. Condamnés tous, ils périrent tous, chacun d'une manière différente; ceux-ci dans des naufrages, ceux-là dans les combats : il y en eut même qui se percèrent du même glaive dont ils avaient frappé César.

(1) Cyrop., VIII, 7, § 25. (2) Vers cinq heures du soir. (3) A cause du titre de Père de la patrie, porté par César.

que Judæi, qui etiam noctibus continuis bustum frequen-fore, et aliquanto deteriore conditione civilia bella subituram. tarunt.

LXXXV. Plebs statim a funere ad domum Bruti et Cassi cum facibus tetendit : atque ægre repulsa, obvium sibi Helvium Cinnam, per errorem nominis, quasi Cornelius is esset, quem graviter pridie concionatum de Cæsare requirebat, occidit; caputque ejus præfixum hasta circumtulit:postea solidam columnam prope viginti pedum lapi dis Numidici in foro statuit, scripsitque : PARENTI PATRIÆ. Apud eamdem longo tempore sacrificare, vota suscipere, controversias quasdam interposito per Cæsarem jureju rando distrahere, perseveravit.

LXXXVI. Suspicionem Cæsar quibusdam suorum reliquit, neque voluisse se diutius vivere, neque curasse, quod valetudine minus prospera uteretur; ideoque, et quæ religiones monerent, et quæ renunciarent amici, neglexisse. Sunt qui putent, confisum eum novissimo illo senatus consulto ac jurejurando, etiam custodias Hispanorum, cum gladiis sectantium se, removisse. Alii e diverso, opinatum, insidias undique imminentes subire semel satius esse, quam cavere semper. Alii ferunt, dicere solitum, non tam sua, quam reipublicæ interesse, uti salvus esset se jam pridem potentiæ gloriæque abunde adeptum: rempublicam, si quid sibi eveniret,neque quietam

LXXXVII. Illud plane inter omnes fere constitit, talem ei mortem pæne ex sententia obtigisse. Nam et quondam, quum apud Xenophontem legisset, Cyrum ultima valetudine mandasse quædam de funere suo, aspernatus tam lentum mortis genus, subitam sibi celeremque optaverat. Et pridie quam occideretur, in sermone nato super cœnam apud M. Lepidum, quisnam esset finis vitæ commodissimus, repentinum inopinatumque prætulerat.

LXXXVIII. Periit sexto et quinquagesimo ætatis anno: atque in deorum numerum relatus est, non ore modo decernentium, sed et persuasione vulgi. Siquidem ludis, quos primo consecratos ei heres Augustus edebat, stella crinita per septem dies continuos fulsit, exoriens circa undecimam horam creditumque est, animam esse Cæsaris in cælum recepti: et hac de causa simulacro ejus in ver tice additur stella. Curiam, in qua occisus est, obstrui placuit, idusque martias parricidium nominari, ac ne unquam eo die senatus ageretur.

LXXXIX. Percussorum autem fere neque triennio quis quam amplius supervixit, neque sua morte defunctus est. Damnati omnes alius alio casu periit: pars naufragio, pars prælio nonnulli semet eodem illo pugione, quo Cæ sarem violaverant, interemerunt.

OCTAVE AUGUSTE.

SOMMAIRE.

I. Origine de la maison Octavienne.

II. Les ancêtres d'Auguste. III. Services de C. Octavius, son père. -IV. Sa famille.. - V. Sa naissance. — VI. Tradition superstitieuse touchant l'appartement où il fut nourri. -VII. Ses surnoms.-VIII. Ses premières campagnes; ses études. Précis de sa vie. IX. Ses guerres. —X. Ses menées à Rome. Ses premiers démêlés avec MarcAntoine. Il embrasse le parti des grands, et lève une armée. Ses actes de lâcheté et de courage. — XI. Il est soupçonné d'avoir fait tuer les deux consuls. XII. II abandonne le parti des grands. Ses griefs contre ce parti; sa vengeance. - XIII. Triumvirat. Cruautés d'Auguste. Partage de l'empire. - XIV. Dangers qu'il court à l'époque de la guerre de Pérouse. — XV. Ses vengeances après la victoire. - XVI. Guerre contre Sextus Pompée. Ses préparatifs. Sa conduite avant et pendant la bataille. Périls auxquels il est exposé. Il exile Lépide. - XVII. Il se brouille avec Antoine. Bataille d'Actium. Mort d'Antoine et de Cléopâtre. XVIII. Il fait ouvrir le tombeau d'Alexandre. Ses travaux en Égypte. — XIX. Il échappe à plusieurs conspirations. XX. Guerres qu'il fit en personne. - XXI. Ses conquêtes. Son autorité sur les peuples étrangers. —XXII. Ses triomphes. - XXIII. Ses revers. Son désespoir à la nouvelle de la défaite de Varus. XXIV. Ses règlements militaires.

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. XXV. Sa conduite envers ses soldats. Ses adages militaires. XXVI. Ses consulats. - XXVII. Sa cruauté pendant le triumvirat. Ses terreurs. Son tribunat perpétuel. XXVIII. il feint deux fois de vouloir rétablir la république. XXIX. I embellit Rome. XXX. Ses lois de police. Ses dons aux temples. XXXI. Ses institutions religieuses. Il réforme le ca lendrier, et donne son nom à un mois de l'année. Son respect pour la mémoire des grands hommes. - XXXII. Il corrige un grand nombre d'abus. — XXXIII. Son assiduité à rendre la justice, et sa modération comme juge. -XXXIV. Il révise toutes les lois. Ses vaines mesures contre le célibat. - XXXV. Il réforme le sénat. Ses précautions contre les sénateurs. Ses rapports avec eux.XXXVI. Nouveaux règlements dont il est l'auteur. XXXVII. Il crée de nouveaux offices. - XXXVIII. II avance les fils des sénateurs. Il rétablit l'usage des revues des chevaliers. - XXXIX. II leur fait rendre un compte rigoureux de leur conduite. - XL. Ses règlements en faveur de l'ordre équestre. Ses distributions de blé au peuple. Sa conduite à l'égard des comices. Il restreint la faculté des affranchissements et le droit de cité. Il rétablit le costume romain. XLI. Ses libéralités. XLII. Sa fermeté vis-à-vis du peuple. Sa conduite pendant une disette. Il projette d'abolir les distributions de blé, et renonce à cette mesure. - XLIII. Ses spectacles. - XLIV. Ordre qu'il introduit parmi les spectateurs. XLV. Sa conduite pendant les spectacles. Son goût pour le pugilat. Sa sévérité envers ies acteurs. XLVI. Ses colonies. Ses innovations en faveur de l'Italie. Il encourage l'honneur et la propagation. XLVII. I administre une partie des provinces romaines. Sa conduite envers quelques villes. Ses voyages dans tout l'empire. XLVIII. Sa politique à l'égard des rois alliés de Rome. XLIX. Ses règlements concernant l'armée. Institution des courriers. - L. Ses cachets. - LI. Sa clémence et sa douceur. LII. Sa modération. — LIII. Sa modestie. Son affabilité. Ses relations d'amitié avec un grand nombre de citoyens. —LIV. Espèce de liberté dont il laisse jouir les sénateurs. — LV. Sa conduite à

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l'égard des auteurs de libelles. LVI. Il se soumet, en quelques circonstances, aux lois de l'égalité. Sa conduite envers ses amis et ses clients. LVII. Témoignages de l'affection qu'il inspire à tous les ordres. — LVIII. Il reçoit le titre de Père de la patrie. LIX. Autres témoignages de cette affection. - LX. Respect des rois pour sa personne. - LXI. Sa vie privée. Mort de sa mère et de sa sœur. - LXII. Ses mariages. LXIII. Ses enfants. — LXIV. Ses soins pour leur éducation. - LXV. Ses chagrins de famille. Les Julies. Agrippa. - LXVI. Ses amis. Son chagrin de la mort de Gallus. A quelles conditions il accepte des héritages. - LXVII. Sa conduite envers ses affranchis et ses esclaves. - LXVIII. Débauches de sa jeunesse. -LXIX. Ses adultères. Les complaisances de ses amis. Lettre impudique d'Antoine. LXX. Le souper des douze divinités. - LXXI. Sa passion pour le jeu. Quelques passages de ses lettres. LXXII. Ses habitations à Rome. Ses maisons de campa gne. LXXIII. Son économie dans l'ameublement. La simplicité de ses vêtements. - LXXIV. Ses repas. LXXV. Ses festins, et ses présents à ses amis les jours de fête. LXXVI. Sa frugalité. - LXXVII. Sa sobriété. - LXXVIII. Son sommeil. LXXIX. Son portrait. — LXXX. Ses infirmités. - LXXXI. Ses maladies. LXXXII. Ses précautions pour sa santé. LXXXIII. Ses exercices et ses distractions. —LXXXIV. Ses étu des et ses talents.-LXXXV. Ses ouvrages. -- LXXXVI. Son style. Son aversion pour la recherche. -LXXXVII. Ses locutions. - LXXXVIII. Son orthographe. LXXXIX. Ses connaissances en grec. Sa bienveillance pour les écrivains. XC. Ses superstitions. Ses rêves. XCII. Sa foi dans les présages. — XcUI. Distinction qu'il fait entre les diverses religions. XCIV. XCV. Présages de sa grandeur future. — XCVI. Présages de ses victoires. XCVII. Présages de sa mort et de son apothéose. ladie. · XCIX. Sa mort. Son testament.

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I. La maison Octavienne était anciennement une des premières de Vélitres (1): plusieurs monuments l'attestent. Par exemple, un des endroits les plus fréquentés de la ville s'appelait depuis longtemps le quartier Octavien, et l'on y montrait un autel consacré par un Octavius, qui, créé général dans une guerre contre un peuple voisin, et averti un jour, au milieu d'un sacrifice au dieu Mars, de l'irruption subite de l'ennemi, enleva aux flammes les chairs à demi rôties de la victime, les partagea selon la coutume, courut au combat, et revint victorieux. Il y eut même un décret public qui ordonnait d'offrir désormais de la même manière au dieu Mars les entrailles (1) Ville du pays des Volsques; aujourd'hui Veletri.

OCT. AUGUSTUS.

I. Gentem Octaviam Velitris præcipuam olim fuisse, multa declarant. Nam et vicus celeberrima parte oppidi jam pridem Octavius vocabatur : et ostendebatur ara Octavio consecrata, qui bello dux finitimo, quum forte Marti rem divinam faceret, nunciata repente hostis incursione, semicruda exta rapta foco prosecuit, atque ita prælium ingressus, victor rediit. Decretum etiam publicum exstabat, quo cavebatur, ut in posterum quoque simili

des victimes, et d'en porter les restes aux Octavius.

II. Cette famille, admise [dans le sénat], par le roi Tarquin l'Ancien, au rang des familles romaines, puis classée par Ser. Tullius parmi les patriciennes, passa ensuite d'elle-même dans les rangs plébéiens, et ne revint au patriciat qu'après un long intervalle, par la volonté de Jules César. Le premier de cette maison qui obtint une magistrature par les suffrages du peuple fut C. Rufus. Il fut questeur, et donna le jour à deux fils, Cnéus et Caïus, lesquels devinrent la souche d'une double branche d'Octavius, dont la destinée fut bien différente: Cnéus et tous ses descendants remplirent les plus grandes charges de l'État; mais Caïus et sa postérité, soit hasard, soit préférence, demeurèrent dans l'ordre des chevaliers jusqu'au père d'Auguste. Le bisaïeul de celui-ci servit en Sicile, pendant la seconde guerre punique, en qualité de tribun des soldats, sous le commandement d'Émilius Papus. Son aïeul borna son ambition aux magistratures municipales, et vieillit dans l'abondance et le repos. Mais d'autres auteurs ont donné ces détails. Auguste lui-même a écrit qu'il n'était issu que d'une famille de chevaliers, ancienne et riche, et que son père avait été le premier sénateur de son nom. M. Antoine lui reproche d'avoir eu pour bisaïeul un affranchi, un cordier du bourg de Thurium, et pour grand-père un courtier. Voilà tout ce que j'ai trouvé concernant les ancêtres paternels d'Auguste.

III. C. Octavius, son père, fut, dès sa première jeunesse, en possession d'une grande fortune et de l'estime publique. Je suis donc étonné que

modo exta Marti redderentur, reliquiæque ad Octavics referrentur.

II. Ea gens a Tarquinio Prisco rege inter romanas gentes allecta [in senatum ], mox a Ser. Tullio in patricias transducta, procedente tempore ad plebem se contulit, ac rursus magno intervallo per D. Julium in patriciatum rediit. Primus ex hac magistratum populi suffragio cepit C. Rufus. Is quæstorius Cneum et Caium procreavit : a quibus duplex Octaviorum familia defluxit, conditione diversa; siquidem Cneus, et deinceps ab eo reliqui omnes, functi sunt honoribus summis. At Caius ejusque posteri, seu fortuna, seu voluntate, in equestri ordine constitere, usque ad Augusti patrem. Proavus Augusti secundo Punico bello stipendia in Sicilia tribunus mili. tum fecit, Æmilio Papo imperatore. Avus municipalibus magisteriis contentus, abundante patrimonio, tranquillissime senuit. Sed hæc alii. Ipse Augustus nihil amplius quam equestri familia ortum se scribit, vetere ac locuplete, et in qua primus senator pater suus fuerit. M. Antonius libertinum ei proavum exprobrat, restionem, e pigo Thurino: avum argentarium. Nec quicquam ultra de paternis Augusti majoribus reperi.

III. C. Octavius pater, a principio ætatis, et re et existimatione magna fuit: ut equidem mirer, hunc quoque a SUÉTONE.

quelques auteurs en aient fait un courtier, et même un de ces agents de corruption employés à l'achat des suffrages dans les assemblées du champ de Mars. Élevé au sein de l'opulence, il parvint aisément aux plus hautes magistratures, et il les remplit avec distinction. Après sa préture, le sort lui assigna la Macédoine; et sur sa route, il anéantit les restes fugitifs des armées de Spartacus et de Catilina, qui occupaient le territoire de Thurium; commission que le sénat lui avait donnée extraordinairement. Il montra dans le gouvernement de sa province autant d'équité que de courage. Il vainquit les Besses et les Thraces dans une grande bataille; et il traita si bien les alliés, que M. Tullius Cicéron, dans plusieurs lettres qui existent encore, exhorte son frère Quintus (1), alors proconsul en Asie, où il se faisait une réputation peu honorable, à imiter son voisin Octavius, et à bien mériter, comme lui, des alliés de la république.

IV. Il mourut subitement, en revenant de la Macédoine, et avant d'avoir pu déclarer sa candidature au consulat. Il laissait d'Ancharia, Octavie l'aînée, et d'Atia, sa seconde femme, Octavie la cadette et Auguste. Atia était fille de M. Atius Balbus et de Julie, sœur de C. César. Balbus, du côté de son père, était originaire d'Aricie et comptait beaucoup de sénateurs dans sa famille; du côté de sa mère, il tenait de fort près au grand Pompée. Il fut honoré de la préture, et l'un des vingt commissaires chargés, en vertu de la loi Julia, de partager au peuple les terres de la Campanie (2). Toutefois Antoine, affectant le même dédain pour les ancêtres maternels d'Auguste, dit

(1) Ad Quint. fr. 1, 1, 7. — (2) Voy. Cès. 20.

nonnullis argentarium, atque etiam inter divisores operasque campestres, proditum. Amplis enim innutritus opibus, honores et adeptus est facile, et egregie administravit. Ex prætura Macedoniam sortitus, fugitivos, residuam Spartaci et Catilinæ manum, Thurinum agrum tenentes, in itinere delevit, negotio sibi in senatu extra ordinem dato. Provinciæ præfuit non minore justitia quam fortitudine. Namque Bessis ac Thracibus magno prælio fusis, ita socios tractavit, ut epistola M. Tullii Ciceronis exstent, quibus Quintum fratrem, eodem tempore parum secunda fama proconsulatum Asiæ administrantem, hortatur et monet, imitetur in promerendis sociis vicinum suum Octavium.

IV. Decedens Macedonia, priusquam profiteri se candidatum consulatus posset, mortem obiit repentinam, 8"perstitibus liberis, Octavia majore, quam ex Ancharia, et Octavia minore, item Augusto, quos ex Atia tulerat. Atia M. Atio Balbo et Julia, sorore C. Cæsaris, genita est. Balbus, paterna stirpe Aricinus, multis in familia se natoriis imaginibus, a matre Magnum Pompeium arctissimo contingebat gradu; functusque honore præturæ inter vigintiviros agrum Campanum plebi Julia lege divisit. Verum idem Antonius, despiciens etiam maternam Au gusti originem, proavum ejus Afri generis fuisse, et mode

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que son bisaïeul était de race africaine, et avait tenu boutique à Aricie, tantôt de parfumcur et tantôt de boulanger. Cassius de Parme, dans une de ses lettres, ne se contente pas d'appeler Auguste petit-fils d'un boulanger; il le traite aussi de petit-fils d'un méchant courtier de monnaies, et il l'apostrophe ainsi : « La farine que vendait ta mère sortait du plus grossier des moulins d'Aricie, et le changeur de Nérulum (1) la pétrissait de ses mains noircies par le cuivre. »

V. Auguste naquit sous le consulat de M. Tullius Cicéron et d'Antoine, le 9 des calendes d'octobre (2), un peu avant le lever du soleil, dans le quartier du Palatium, près des Tétes de bœuf, à l'endroit même où il a maintenant un sanctuaire, bâti peu de temps après sa mort. On voit en effet, dans les actes du sénat, qu'un jeune patricien, C. Létorius, convaincu d'adultère, ayant allégué aux sénateurs, pour éviter la peine rigoureuse attachée à ce crime, son âge, son origine, et surtout l'avantage qu'il avait d'être le possesseur et en quelque sorte le gardien du sol qu'Auguste avait touché à sa naissance, et ayant demandé sa grâce en considération de ce dieu, qui était comme sa divinité particulière et domestique, un décret consacra la partie de la maison où Auguste était né.

VI. On montre encore, dans une maison de campagne de ses ancêtres, auprès de Vélitres, la chambre où il fut nourri; elle est fort petite, et ressemble à un office. L'opinion du voisinage veut même qu'il y soit né. C'est un devoir en quelque sorte religieux de n'y entrer qu'avec respect et par nécessité; car, d'après une vieille croyance, quiconque a l'audace d'y pénétrer

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unguentariam tabernam, modo pistrinum Ariciæ exercuisse, objicit. Cassius quidem Parmensis quadam epistola, non tantum ut pistoris, sed etiam ut nummularii nepotem, sic taxat Augustum : « Materna tibi farina ex crudissimo Ariciæ pistrino: hanc finxit manibus collybo decoloratis Nerulonensis mensarius. »

V. Natus est Augustus, M. Tullio Cicerone et Antonio consulibus, IX kalendas octobres, paulo ante solis exortum, regione Palatii, ad Capita bubula, ubi nunc sacra. rium habet, aliquanto post, quam excessit, constitutum. Nam ut senatus actis continetur, quum C. Lætorius, adolescens patricii generis, in deprecanda graviore adulterii pœna, præter ætatem atque natales, hoc quoque patribus conscriptis allegaret, se esse possessorem ac velut ædituum soli, quod primum D. Augustus nascens attigisset, peteretque donari quasi proprio suo ac peculiari Deo, decretum est, ut ea pars domus consecraretur.

VI. Nutrimentorum ejus ostenditur adhuc locus in avito suburbano juxta Velitras permodicus, et cellæ penuariæ instar; tenetque vicinitatem opinio, tanquam et natus ibi sit. Huc introire, nisi necessario et caste, religio est; Concepta opinione veteri, quasi temere adeuntibus horror

est saisi d'une secrète horreur et d'un effroi subit. Ce qui confirma ce bruit populaire, c'est qu'un nouveau possesseur de cette campagne, étant allé se coucher dans cette chambre, ou par hasard, ou pour voir ce qui en était, se sentit, après quelques heures, emporté par une force soudaine et mystérieuse, et fut trouvé presque demi-mort devant la porte, où il avait été lancé avec son lit.

VII. On lui donna, dans son enfance, le surnom de THURINUS, à cause de son origine, ou parce que, peu de temps après sa naissance, son père Octavius avait vaincu, sur le territoire de Thurium, les esclaves fugitifs. J'ai pu avancer; avec assez de certitude, qu'il fut nommé Thurinus, ayant possédé une ancienne médaille de bronze qui le représente enfant, et dont l'inscription, en lettres de fer à demi effacées, porte ce surnom. J'ai donné cette médaille à notre prince (1), qui l'a placée, avec un pieux respect, parmi ses dieux domestiques. Une autre preuve encore M. Antoine, croyant l'outrager, l'avait souvent appelé Thurinus dans ses lettres, et Auguste se contenta de répondre « qu'il s'étonnait qu'on voulût lui faire une injure de son premier nom. » Dans la suite, il prit celui de CÉSAR, et enfin celui d'AUGUSTE; l'un, en vertu du testament de son grand oncle; l'autre, sur la proposition de Munatius Plancus. Quelques sénateurs étaient d'avis qu'on l'appelât Romulus, comme étant, en quelque sorte, le second fondateur de Rome; mais le surnom d'Auguste prévalut, parce qu'il était nouveau, et surtout parce qu'il était plus respectable, [les lieux consacrés par la religion ou par le ministère des augures s'appelant augustes, soit que ce mot dé

(1) Adrien, dont Suétone fut le sécretaire.

quidam et metus objiciatur; sed et mox confirmata est: nam quum possessor villæ novus, seu forte, seu tentandi causa, cubitum se eo contulisset, evenit, ut post paucissimas noctis horas exturbatus inde subita vi et incerta, pæne semianimis cum strato simul ante fores inveniretur.

VII. Infanti cognomen THURINO inditum est, in memoriam majorum originis; vel quod regione Thurina, recens eo nato, pater Octavius adversus fugitivos rem prospere gesserat. Thurinum cognominatum, satis certa probatione tradiderim, nactus puerilem imagunculam ejus æream veterem, ferreis ac pæne jam exolescentibus literis, hoc nomine inscriptam; quæ dono a me principi data, inter cubiculares colitur. Sed et a M. Antonio in epistolis per contumeliam sæpe Thurinus appellatur : et ipse nihil amplius quam «< mirari se» rescribit, « pro opprobrio sibi prius nomen objici. » Postea CESARIS et deinde AUGUSTI cognomen assumsit: alterum testamento majoris avunculi; alterum Munatii Planci sententia : quum, quibusdam censentibus, Romulum appellari opor. tere, quasi et ipsum conditorem Urbis, prævaluisset, ut Augustus polius vocaretur, non tantum novo, sed etiam ampliore cognomine [ quod loca quoque religiosa, et in

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