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ADRIEN.

les moindres choses. Il apprit la sculpture et la peinture, et s'adonna à tous les exercices convenables à la guerre ou à la paix, et n'ignora rien de ce qu'un particulier ou un souverain doivent savoir.» (Xiphilin.)

Idem severus, lætus: comis, gravis.... sævus, clemens, etc. Dion lui attribue plus de bonnes qualités que de mauvaises. Nous citerons ici en entier l'éloge que Xiphilin en a fait, d'après lui : « On le blâmait de sa jalousie, aussi bien que de l'excès de sa curiosité (voy. la fin du chap. 10), de la vanité de ses occupations et de l'inégalité de ses mœurs. Il faut pourtant avouer que ses défauts étaient en quelque sorte compensés par d'excellentes qualités : par sa vigilance, par sa prévoyance, par sa magnificence, par son application, par son adresse. Ajoutez à cela qu'il eut un si grand amour pour la paix (voy. les ch. 5, 6, 16 et 20), qu'il n'excila jamais aucune guerre et qu'il apaisa celles qu'il trouva excitées. De plus, jamais il ne dépouilla personne de son bien, et il fit des largesses extraordinaires aux communautés et aux particuliers, aux chevaliers et aux sénateurs (voy. le ch. 7). Il n'attendait pas qu'on implorât son secours; il prévenait les besoins et les demandes (voy. le commencement du ch. 14). Il maintenait une sévère discipline parmi les gens de guerre (voy. le ch. 9), et ne permettait pas qu'ils abusassent de leurs forces, soit pour désobéir à leurs généraux ou pour opprimer les faibles. Il n'y a point de ville dans l'étendue de l'empire, ni dans les États de nos alliés, où il n'ait laissé des marques de sa magnificence. Il en visita un plus grand nombre que nul autre empereur, et fit du bien à toutes. Il donna de l'eau aux unes; il bâtit des ports en d'autres. Il y en eut où il distribua du blé ou de l'argent; il y en eut où il éleva de superbes édifices, et d'autres qu'il honora de franchises et de priviléges (voy. les ch. 12 et 18). Il gouverna le peuple romain avec une sévérité majestueuse, sans s'abaisser jamais à flatter ses passions. Comme il lui faisait un jour une demande avec de pressantes instances, au milieu des spectacles et des combats, non-seulement il la rejeta, mais il commanda au héraut de lui imposer silence par ces paroles, dont Domilien s'était autrefois servi: Taisez-vous. Le héraut ne dit pas au peuple, Taisez-vous; mais ayant tendu la main selon la coutume, il le fit taire; et quand il vit qu'il se taisait, il lui dit : Voilà ce que voulait l'empereur. Adrien, bien loin de trouver mauvais que le héraut se fût abstenu d'une parole si fâcheuse qu'il lui avait commandé de dire, l'en estima davantage; car il souffrait volontiers que les person. nes de la plus basse condition lui rendissent de la sorte de bons offices, en combattant en apparence ses intentious. Une femme s'étant un jour présentée à lui dans une rue et lui ayant demandé audience, il lui répondit d'abord qu'il n'avait pas le loisir. Mais cette femme lui ayant reparti d'un ton un peu élevé : Ne soyez donc pas empereur, il se retourna et lui donna audience. Il ne faisait rien d'important sans la participation du sénat ( voy. les ch. 8 et 21), rendait souvent la justice dans le palais, dans la place aux Harangues, dans le Panthéon et en d'autres lieux, avec les premiers et les principaux de cette compagnie (ch. 17); de sorte que ce qu'il avait jugé était à l'heure même rendu public. Il jugeait aussi quelquefois les procès avec les consuis, et leur rendait de si grands honneurs dans les jeux, qu'il les reconduisait en leurs maisons. Il se faisait porter dans une chaise couverte, de peur d'être importuné de la foule du peuple qui le suivait. Les jours auxquels le peuple célébrait des fêtes et faisait des réjouissances publiques, il demeurait dans le palais, de peur d'être accablé d'affaires, el ne recevait personne, non pas même de ses plus intimes amis, à moins qu'il n'y eût une pressante nécessité. Il avait toujours autour de lui, soit dans Rome ou dehors, des principaux de l'empire, les mettait à sa table, où pour l'ordinaire il y avait quatre couverts. Il allait à la chasse quand l'occasion s'en présentait (voy. les ch. 2 et 24), ne

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bu vait point de vin à dîner, soupait avec les principaux de l'empire, avec lesquels il s'entretenait agréablement de toute sorte de discours pendant le repas. Il visitait ses amis quand ils étaient malades, assistait à leurs festins, et se divertissait avec eux dans leurs maisons de plaisance (voy. le ch.8). Il éleva à quelques-uns d'entre eux des statues dans la place publique durant leur vie, à d'autres après leur mort. Il n'y eut pourtant aucun d'eux qui osât abuser de son amitié pour faire tort à qui que ce soit, ni qui vendit ses grâces et ses bienfaits, comme avaient fait les favoris des précédents empereurs. »

XIV. Servianum,... nonagesimum jam annum agentem.... mori coegit. Voyez la 1ère note du chapitre 22. Professores omnium artium semper ut doctior risit... obtrivit. « Lajalousie qu'il avait d'exceller en toutes choses, et de surpasser tous les autres, fut cause qu'il fit périr des hommes d'un rare mérite. Ce fut par ce motif qu'il tâcha de se défaire de Favorin, Gaulois de nation, et de Denys, Milésien, et de dissiper leurs sectateurs. On dit que ce Denys avait dit à Héliodore, secrétaire d'Adrien : L'empereur peut vous donner du bien et des honneurs; mais il ne saurait vous donner d'éloquence. Quant à Favorin, comme il était près de plaider devant Adrien une cause où il s'agissait d'une exemption qu'il souhaitait obtenir en son pays, et qu'il appréhendait de perdre honteusement, il s'approcha du tribunal, et ne dit rien, sinon que son maître lui était apparu durant son sommeil, et lui avait ordonné de rendre service au pays auquel il était redevable de sa naissance. Quelque envie et quelque haine qu'A. drien eût conçues contre ces deux hommes, il fut contraint de les épargner, faute de couleur spécieuse de les perdre. Il traita plus rigoureusement Apollodore, architecte, que Trajan avait employé à la construction du marché (du forum), de l'Odée (de l'Odéon) et du lieu des exercices (du gymnase); car, non content de l'avoir envoyé en exil, il le condamna à mort, sous prétexte qu'il avait commis quelques crimes, mais en effet parce que comme Adrien montrait quelque dessin d'architecture, et qu'il en parlait en homme peu éclairé, il prit la liberté de lui dire : Allez peindre des courges (des citrouilles); car pour ceci vous n'y entendez rien. Or Adrien peignait alors des courges, et tirait vanité de ces sortes de peintures. Il se souvint de cette piquante réponse quand il fut parvenu à l'empire, et lui envoya le plan du temple de Vénus, qu'il avait levé, pour lui faire voir qu'on pouvait faire sans lui de grands ouvrages, et lui demanda s'il trouvait quelque chose à redire à ce dessin. Apollodore lui fit réponse que le temple n'était ni assez haut, ni assez grand; que, faute d'être assez haut, il ne paraissait pas assez quand on le regardait de la voie Sacrée ; et que, pour n'être pas assez grand, il n'était pas aisé d'en faire sortir les machines et de les faire paraître sur le théâtre. Il ajouta que les statues étaient trop grandes, et peu proportionnées à la hauteur du temple, parce que si les déesses voulaient se lever, elles rencontreraient la voûte qui les en empêcherait. La liberté de cette réponse excita dans le cœur d'Adrien le sentiment d'une douleur si cuisante et d'une colère si implacable, qu'il fit mourir cet habile architecte. Ce fut par un effet de la même humeur qu'il eut envie de supprimer les ouvrages d'Homère, et de mettre en la place ceux d'Antimaque, dont plusieurs ne connaissent pas seulement le nom. » (Xiphilin.)

Favorinus. Ce Favorin, philosophe et orateur, était né à Arles Suivant Philostrate, il s'étonnait de trois choses: de ce qu'étant Gaulois, il parlait si bien le grec; de ce qu'étant eunuque, on l'avait accusé d'adultère; de ce qu'élant haï de l'empereur, on le laissait vivre.

XV. Phlegontis. Phlégon avait composé, entre autres ouvrages, une chronique qui embrassait deux cent vingt

neuf olympiades, dont la dernière finissait à la quatrième année du règne d'Antonin le Pieux. Voy. Suidas et Vossius.

Catacrianos libros obscurissimos, Antimachum imilando scripsit. Les commentateurs ont rivalisé de patience pour découvrir ce qu'était cet ouvrage d'Adrien. On peut consulter sur ce sujet Saumaise, Casaubon, Donat, Turnèbe et plusieurs autres. Nous donnons ici un mémoire lu par Mouline, traducteur de l'Histoire Auguste, à l'Académie royale des sciences et belles-lettres de Berlin, en 1781, et où cette question est traitée à fond.

« Les commentateurs et les critiques se sont donné jus. qu'ici des peines infinies pour deviner ce qu'étaient les livres appelés Catacriani, dont il ne nous est resté que le nom, et vraisemblablement encore un nom très-défiguré. Par courons les différentes suppositions auxquelles le désir de percer ces ténèbres a fait recourir. - L'exemplaire Palatin et une ancienne édition portent Catacaymos, au lieu de Catacrianos; ce qui a fait croire à Casaubon qu'il fallait lire Catacaumos. Saumaise, adoptant cette leçon, a imaginé que Néron avait fait un ouvrage qu'il appelle Catacaumon Iliacum, le bûcher, l'embrasement de Troie ; et comme on met au nombre des productions de Lucain qui sont perdues un poëme sur le même sujet, l'habile critique dont je parle suppose qu'Adrien avait fait quelque chose de pareil, et que son ouvrage était une imitation de l'ouvrage de Néron ou de celui de l'auteur de la Pharsale. Sans combattre ici, quant au fond, la conjecture de Saumaise, je dois observer qu'il attribue un peu trop légèrement à Néron un poëme sur l'embrasement de Troie ; Suétone dit simplement « que ce prince considéra l'incendie

du haut de la tour de Mécène ; qu'il ne pouvait se lasser « d'admirer la beauté de la flamme, et qu'en habit de « théâtre, il se mit à chanter la ruine de Troie. »> Tacite, dans ses Annales, dit : « Car le bruit s'était répandu que, « dans le temps même que la ville était en proie aux flam. « mes, Néron s'amusait sur son théâtre particulier à chan«ter la destruction de Troie, et à comparer le désastre de «< cette ville, à laquelle ses ancêtres rapportaient leur origine, « avec celui de sa nouvelle patrie (1). » Beroaldus, dans son commentaire sur Suétone, pense, avec beaucoup de raison, qu'on ne saurait décider si les vers que récita l'empereur dans cette occasion étaient de sa façon ou de la composition de quelque autre. Servius, il est vrai, attribue à ce prince un ouvrage qu'il nomme Troica, dans lequel il parle, entre autres, si avantageusement de Pâris, qu'il le représente comme un des plus vaillants champions qui combattirent sous les murs de Troie ; et Juvénal, dans sa huitième satire, où il compare Oreste à Néron, fait allusion au même ouvrage, et dit :

In scena nunquam cantavit Orestes;
Troica non scripsit. (v. 221.)

« Mais ces Troica se bornaient-ils à l'incendie de Troie, ou embrassaient-ils un plus vaste champ? Voilà, je crois, ce qu'on ne saurait déterminer avec quelque certitude. — Saumaise se trompe encore en attribuant à Lucain le Catacaumon Iliacum, comme un seul et même ouvrage, tandis que ce sont deux productions différentes. Ce poëte avait composé un poëme sur l'incendie de Rome :

(1) Ch. xxxvIII. Hoc incendium e turri Mecenatiana prospectus lætusque flammæ, ut aiebat, pulchritudine, äλwor Iii in illo suo scenico habitu decantavit. "Akwotę n'est point l'embrasement de Troie, comme M. H. Ophelot de la Pause l'a traduit (III, 412), mais la prise, la destruction de Troie ; et Tacite dit la ruine, excidium. Ipso tempore flagrantis urbis, inisse eum domesticam scenam, et cecinisse Trojanum excidium, præsentia mala vetustis cladibus assimilantem.

Dices culminibus Remi vagantes,
Infandos domini nocentis ignes.

(Stat. Genethl. Lucani.)
et un second sur l'embrasement de Troie et sur les mal-
heurs de Priam. On ne saurait donc confondre ces deux
pièces; et Lutatius Placidus (voy. Fabricius, H. Lat., I,
436) les distingue si clairement, qu'il paraît étrange que
les éditeurs de la collection des poëtes latins qui a paru à
Pise en 1766 parlent encore du Catacaumon Iliacum
(voy. G. J. Vossius, de Hist. lat., lib. I, p. 138) comme
d'un seul ouvrage; surtout Britannicus disant aussi positi-
vement qu'il le fait, dans sa vie de Lucain: Extant ejus, ut
alii complures, Iliacum, Saturnalia, Cataca usmon.
Saumaise, réfléchissant peut-être au tour d'esprit d'A-
drien, comprit qu'il n'était pas naturel de supposer qu'nn
prince qui aimait si fort à se singulariser eût précisément
choisi un sujet déjà manié par d'autres: c'est pourquoi,
abandonnant sa première conjecture, et encouragé par le
témoignage de Turnèbe, qui, comme lui, assurait avoir
trouvé dans d'anciens recueils Catacaumos, il se livra à
une autre supposition, et crut que le texte avait originaire-
ment porté và xa cả Ká»v2s, res ad Cannas gest; il pensa
donc qu'Adrien avait fait un ouvrage en vers, destiné à cé-
lébrer les malheurs de la célèbre journée de Cannes,
comme Antimaque avait décrit la guerre de Thèbes. Tur-
nèbe (Advers. lib. 1, c. XIII, p. 30), séduit par un pas-
sage de Dion Cassius, faisait de κατὰ Κάννας, κολόκυν
Ox, qui, selon sa pensée, était un ouvrage dans le goût
de l'Apoloquintose de Sénèque; mais il est évident, par
le passage même de Dion, qu'il n'y est question que de
l'art de peindre, dont se piquait Adrien; et la réponse
même d'Apollodore à ce peintre, allez peindre vos ci-
trouilles, ne saurait laisser le plus léger doute là-dessus.
<< Une autre supposition, et elle est de Lilius Giraldus,
c'est de lire κατὰ Τραίανου ; et dans ce cas Adrien aurait
tâché, par quelque pièce mordante et satirique, de ditsa-
mer la mémoire de Trajan, son bienfaiteur. Ce qui semble
favoriser cette idée, c'est qu'on lit dans Spartien « qu'A-

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drien, toutes les fois qu'il exécutait ce qu'il prévoyait << devoir causer du déplaisir au peuple, ne manquait pas « de feindre qu'il suivait les dernières volontés de Tra« jan. » (Æl., Spart., c. 8.) — Si on lit, avec un autre critique, xaτà 'Aôpíavou, il faudra supposer alors que ce prince, imitant la manie d'Archiloque, écrivit contre lui-même, et se plut à déchirer sa propre réputation. Il n'est pas aisé cependant d'accorder cette conjecture avec le désir de briller et la passion de jouir de tous les genres de gloire, qu'on remarque dans les plus petits détails de la vie d'Adrien.

- Jean Parrhasius lisait xatà 'ATTíavou, et croyait qu'Adrien avait écrit contre Attianus, ou, comme portent d'autres exemplaires, contre Tatianus, qui avait été son tuteur. Quelques personnes ont rejeté cette opinion de Parrhasius, par la raison qu'Adrien ne fit éclater que peu de temps avant sa mort sa haine contre Tatien. Il est pourtant dé montré qu'avant même d'entreprendre ses longs voyages, c'est-à-dire peu après qu'il fut monté sur le trône, ce prince commença à détester son tuteur (ib., ch. 8). Qu'y aurait-il donc de surprenant qu'Adrien, animé du désir de perdre Tatien, mais retenu par les circonstances, eût dès lors écrit, pour décharger en quelque sorte sa bile, une pièce diffamatoire contre cet homme? - Scaliger, par un léger changement dans la prononciation, imaginait qu'il fallait lire τῶν κατὰ χρείαν (λεγόμενων); ce qui signifierait que ces livres d'Adrien étaient un recueil de maximes et de préceptes relatifs à la rhétorique. On sait qu'il cultiva de bonne heure les lettres, et qu'un goût naturel le portait si puissamment à ce genre d'étude, qu'on l'appelait par déri sion, dans sa jeunesse, le petit Grec. - Casaubon, adoptant la première leçon dont j'ai parlé, et lisant Catacaumos,

ou Catacausmos, croyait que cet ouvrage d'Adrien pou vait être une description poétique de l'incendie du monde par Phaeton, ou un exposé des opinions philosophiques d'Heraclite et de quelques autres hommes célèbres, sur l'embrasement futur du globe. Le savant Ulrich Obrecht, qui admet entièrement la première idée de Saumaise sur la destruction de Troie, la développe, et tâche de lui donner toute la vraisemblance possible. Selon ses idées, Adrien, qui avait fait d'Antimaque son modèle et son auteur favori, ne pensait qu'à lui faire obtenir la préférence sor Homère, dont il était l'ennemi déclaré. Dans la vue donc d'obscurcir la réputation du chantre immortel de l'Iliade, et d'en faire, s'il était possible, tomber la lecture, il osa entrer en lice avec lui, et traiter le même sujet; mais, dit-on, comment Adrien pouvait-il espérer d'effacer un poète tel qu'Homère, dont les sublimes écrits faisaient les délices de tout le monde? A cela on peut répondre que la vanité d'Adrien était excessive, et qu'il avait une idée siavantageuse de ses talents et de son génie, qu'il ne voyait personne qu'il crût pouvoir lui être comparé. D'ailleurs, réellement doué de belles connaissances, il espéra que l'ouvrage d'un prince qui avait la réputation d'être aussi instruit qu'il l'était préviendrait en sa faveur, et lui gagnerait un grand nombre de suffrages. Enfin, sa qualité d'empereur, l'influence qu'elle lui donnait, et les fréquents essais qu'il avait faits de son pouvoir pour écarter et étouf fer des talents qui l'offusquaient (1), n'étaient-ce pas là plus de raisons qu'il n'en fallait pour lui faire croire qu'il viendrait à bout de son dessein? - Le célèbre Heuman de Gottingue pensait qu'il fallait fire κατὰ Ῥίανου, contra Rhianum. Ce Rhianus était un poëte que Tibère, au rap. port de Suétone (Néron, c. 70), lisait avec un singulier plaisir, et contre lequel Adrien, qui lui préférait de beauCoup Antimaque, écrivit. M. Louis Ernest Puttmann, de Leipzig, prétend que le mot Catacrianus vient de xpios, aries, et qu'il pourrait bien désigner un ouvrage composé sous le signe du Bélier. — Enfin Marcel Donat voulait qu'on lút xztá xpsíwv vovg, de mente principis, de l'esprit des princes, ou de la manière dont ils doivent régner. Adrien aurait done fait dans cet ouvrage l'office d'instituteur des rois, et leur aurait tracé les règles qu'il faut suivre pour bien gouverner (voy. Gruter, Thes. crit., tom. vi, p. 1077). - Telles sont les diverses opinions que j'ai recueillies sur ce sujet. Il est fâcheux qu'il n'y en ait aucune qui présente une explication assez naturelle pour satisfaire pleinement. J'aimerais assez la leçon que M. Bell, ancien doyen de l'u niversité de Leipzig, ne fait qu'indiquer dans un programme qu'il a donné en 1777 sur cette matière; il approuve le xatá ’Aõpíavov; mais en l'admettant, j'entendrais và xatà Adplavou yiyvóμeva, res quæ sub Adriano gestæ sunt. Ces livres Catacriens ne seraient alors que des Mémoires de sa vie, que ce prince aurait composés : cette conjecture deviendrait même assez plausible, en se rappelant ce que dit expressément Spartien (ch. xv): c'est que « Adrien était * si avide de réputation, qu'il donna à ceux de ses af- franchis qui étaient lettrés, l'histoire de sa vie qu'il • avait écrite, avec ordre de la publier sous leur noms; car on assure que ce qu'on a de Phlégon est d'Adrien. » Mais le même Spartien ajoute immédiatement après qu'à l'imitation d'Antiniaque, il composa des livres Catacriens très obscurs; ce qui prouve que cet ouvrage devrait être tout différent de l'histoire de sa vie. En réfléchissant sur le tour d'esprit d'Adrien, je n'ai pu m'empêcher de former une conjecture que les traits que nous ont laissés les ecrivains qui ont fait son histoire me paraissent confirmer et rendre assez vraisemblable. Spartien nous dit, en parlant de ce prince (ch. xv): « Adrien préférait Caton à Ci

Dion Cassius dit qu'il fit mourir quelques-uns de ceux quil regardait comme des rivaux de gloire.

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«< céron, Ennius à Virgile, Cælius à Salluste. Il jugea << avec la même legèreté d'Homère et de Platon. » Et un peu plus bas : « Bien qu'Adrien aimât à critiquer les musiciens, les poëtes tragiques et comiques, les «< grammairiens, les rhéteurs et les orateurs, cepen«dant il honora et enrichit ceux qui professaient ces «< divers arts, tout en les fatiguant par ses questions. Dion Cassius remarque au sujet du même prince, « que sa « haine ne se bornait pas aux vivants, qu'il attaquait << encore les morts, et qu'il avait résolu de faire dispa<< raître les ouvrages d'Homère, pour leur substituer les « écrits d'un Antimaque, dont la plupart des personnes «< avaient même ignoré le nom jusque-là. » N'est-il pas à présumer qu'Adrien, détracteur des plus grands hommes de l'antiquité, et plein du projet de détruire les chefsd'œuvre de goût et de génie qui blessaient sa jalousie, pour élever sur leurs ruines son idole Antimaque; n'est-il pas, dis-je, à présumer que ce prince aura fait tous ses efforts pour entraîner dans ces idées tous ceux qui l'approchaient? N'est-il pas très-probable encore qu'Adrien, qui aimait à écrire, et qui fit divers ouvrages soit en prose soit en vers, n'aura pas négligé un moyen si propre à répandre ces impressions, et à faire entrer bien des gens dans son parti? Je serais donc tenté de croire que ces livres Catacriens n'étaient autre chose qu'un jugement sur les écrivains que j'ai nommés plus haut; mais un jugement dicté par la passion et l'envie de les déprimer, un parallèle amer de leurs écrits avec ceux des auteurs qu'il leur préférait de sorte qu'on y aura vu, comme le dit Spartien, Cicéron sacrifié à Caton, Virgile à Ennius, Salluste à Cælius, et principalement Homère à Antimaque, dont Adrien avait fait son héros. Pour autoriser cette conjecture, au lieu de Karaxpíavot, qu'il faut supposer avoir été dans le texte original, je lirais Katáxptto:, damnati, condemnati, les auteurs appréciés, jugés, condamnés; ce qui ferait de ces livres d'Adrien, des jugements, des décisions, des arrêts prononcés contre les auteurs qu'il avait résolu de ravaler. Si ma conjecture n'a pas le mérite de frapper au but, j'espère qu'elle aura du moins celui de ne pas faire souffrir au texte une entorse aussi violente que celle qu'on lui donne, en tirant de xatáxaiμos, xatá Kávvaç, et de celui-ci κολόκυνθας. »

Antimachum. On connaît trois Antimaques. Celui-ci était poëte, et né à Claros ou à Colophon, dans l'fonie : il vivait environ 408 ans avant notre ère. Il avait composé un grand poëme, intitulé: la Thébaïde, ou la Guerre de Thèbes. La plupart des grammairiens ont vanté son mérite. Quintilien lui reproche, au contraire, de manquer de chaleur, d'agrément et d'ordre. Voyez la fin de la 1re note du chapitre précédent.

Floro poeta. Quelques commentateurs veulent que ce Florus soit l'auteur de l'abrégé de l'histoire romaine que nous avons sous ce nom-là.

XVII. Ullius materiæ causa. Il faut entendre par ces matériaux les marbres, les peintures, les choses précieuses et tout ce qui servait à l'embellissement des édifices. Voyez Pline, xxxv, 14.

Catamidiari in amphitheatro. Cette expression vient du grec xaτausiôté, je me moque. Casaubon observe que c'était un usage chez les Grecs d'habiller ridiculement, de faire asseoir sur un âne, et d'exposer aux huées du peuple, certains coupables. Dans quelques villes, on couvrait d'un panier la tête des dissipateurs, lesquels étaient obligés d'essuyer dans cet état les railleries des passants. Le plus grand nombre des éditions porte catomidiari, ce qui signifierait (xat' wμWY TÚяTEGÐαι) être battu de verges entre les deux épaules. Saumaise, Vossius et Donat penchent pour ce dernier sens. Voy. Vossius, Etymolog. ling. lat.; Grut., Thes. crit., t. vi, p. 1083.

-

Lavacra pro sexibus separavit. Voyez plus haut la 2o note du chap. 7. - Dion Cassius dit qu'Agrippa construisit pendant son édilité des bains publics pour les hommes et pour les femmes. Plutarque rapporte que Caton le censeur blåmait beaucoup l'usage où étaient les deux sexes de se baigner ensemble. Si Adrien détruisit cet abus, ce ne fut pas pour longtemps, puisque Marc-Aurèle renouvela la même défense, dont Héliogabale se joua dans la suite.

Sed de his qui per vicinitatem poterant sentire. Crévier paraît avoir entendu ce passage autrement que nous; il l'a traduit ainsi : « Il statua que désormais la peine de mort ne s'étendrait qu'à ceux qui, attachés par leurs fonc. tions auprès de la personne de leur maître, auraient pu prévenir le danger et lui donner du secours. »>

XVIII. Venatorem. Ces chasseurs étaient des esclaves qui chassaient les animaux dans l'arène.

Balsama et crocum per gradus theatri fluere jussit. Plusieurs passages des écrivains anciens rappellent ces pluies de parfums, répandues sur le théâtre. « Souvent, dit Fronton dans une de ses lettres (11, 9, édition de M. Arm. Cassan), tu fus chargé de répandre sur le théâtre la pluie odorante du safran. » Voyez aussi Pline (H. N., xxi, 5) et Apulée (Metamorph., x, p. 399 de cette collection.)

Militares pyrrhicas. La pyrrhique était une danse militaire. Les danseurs, armés de toutes pièces, imitaient les évolutions et les luttes guerrières. Ils étaient vêtus de diverses couleurs, qui servaient à faire reconnaître les divers partis. Fronton (ibid. 1, 47) en a parlé ainsi : « On dirait ce jeu nuancé de couleurs contraires qui se déploie dans la pyrrhique, lorsque les danseurs, vêtus les uns d'écarlate, les autres de jaune, ou de blanc ou de pourpre, cou. rent, et s'enlacent pêle-mêle les uns avec les autres. » Voyez Suétone, Cæs., 39 et la 1re note de ce chapitre de la vie de César.

Basilicam Neptuni. Pitiscus croit que c'est le portique des Argonautes, situé dans le champ de Mars; et il se fonde sur Dion Cassius, qui dit qu'on l'appela portique de Neptune, à cause des victoires remportées sur mer par les Romains. Du reste, le mot de portique est souvent employé pour celui de basilique.

El sepulcrum juxta Tiberim. Procope est le seul historien qui parle en détail de ce monument, auquel il donne tantôt le nom de tombeau, tantôt celui de tour ou de forteresse d'Adrien. Il paraît cependant que ce prince n'y mit pas la dernière main, puisque J. Capitolin range cet édifice au nombre des ouvrages d'Antonin le Pieux. — Voyez la fin de la 1re note du ch. 22.

Per Delrianum architectum. On ne trouve aucune autre mention de cet architecte, dont le nom est peut-être altéré.

Apollodoro architecto. Voyez plus haut la 2a note du chapitre 14.

XIX. Equos... sic amavit ut eis sepulcra constitueret. Oppidum Adrianotheras... quod illic... feliciler esset venatus... constituit. « On dit qu'il eut une grande passion pour la chasse, qu'il s'y rompit la clavicule (voy. les ch. 2 et 24), et que peu s'en fallut qu'il n'y fût estropié d'une jambe. Ce fut pour ce sujet qu'il donna le nom de Chasse d'Adrien à une ville qu'il avait fondée en Mosie. Il faut avouer que l'amour de ce divertissement ne Jui fit jamais oublier le soin des affaires, ni le gouvernement de l'empire. Ce qu'il fit pour un cheval nommé Baristhène, dont il avait accoutumé de se servir à la chasse, peut faire connaître jusques où le portait l'excès de cette passion, puisque, quand il fut mort, il lui éleva un tombeau en forme de colonne, où il grava son épitaphe... Au reste, il était si adroit à la chasse, que d'un seul coup il tua un (Xiphilin.) sanglier d'une prodigieuse grandeur. » ()

XX. Expeditiones sub eo graves nullæ fuerunt. L'aoteur paraît avoir oublié la guerre très-sérieuse des Juifs. Voyez la 1re note du chapitre 13.

XXI. Fucinum lacum emisit. Voyez Suétone, Cæs., 44, et la 4o note de ce même chapitre.

XXII. In morbum incidit lectualem; factusque de successore solicitus, primum de Serviano cogitavit, etc. Voici ce que Xiphilin a dit des derniers moments d'Adrien, et de ses hésitations quant au choix de son successeur: «<< L'incommodité qu'il avait depuis longtemps de jeter du sang par le nez s'étant augmentée, il désespéra de sa guérison, et déclara Commode empereur, bien qu'il fut sujet aussi bien que lui à la même indisposition. Il fit mourir Sévérien et Fuscus son petit-fils, encore que le premier eût quatre-vingt-dix ans et que le second n'en eût que dix-huit; et il n'eut point d'autre prétexte pour leur faire ce traitement, sinon qu'ils avaient désapprouvé cette élection. Sévérien, avant que d'être étranglé, demanda du feu, et ayant jeté de l'encens dessus, fit cette prière: «Dieu qui savez que je n'ai commis aucun crime, et qu'Adrien me fait mourir injustement, je ne vous demande point d'autre vengeance, sinon qu'il souhaite un jour la mort sans la pouvoir obtenir. » Cette imprécation ne fut pas vaine, puisque Adrien languit dans les douleurs d'une longue et ennuyeuse maladie, durant laquelle il souhaita plusieurs fois la mort et tâcha de se la procurer. Il y a même une lettre de lui qui contient la description de l'état déplorable où sont réduits ceux qui invoquent la mort, et qu'elle refuse de secourir... Adrien perdit une si grande quantité de sang, qu'il en devint sec et ensuite hydropique. Commode étant mort au même temps d'une perte de sang, Adrien fit assembler dans son palais les principaux du sénat, et leur fit de son lit, où il était à cause de sa maladie, le discours qui suit: « La nature, mes chers amis, ne m'ayant point donné d'enfants, vos lois m'ont permis d'en adopter. Or il y a cette différence entre ceux que la nature donne et ceux que l'on adopte, qu'au lieu qu'on a les premiers tels que le hasard de leur naissance les a faits, on choisit les seconds tels qu'on les désire avoir. Les uns viennent souvent au monde avec de notables défauts de corps et d'esprit, et on ne prend les autres que parce qu'on les en a trouvés exempts. J'avais ci devant jeté les yeux sur Commode, et l'avais préféré à tout ce qu'il y avait de plus relevé dans Rome, parce qu'il avait réuni en sa personne de plus excellentes qualités que je n'en aurais jamais pu souhaiter à un fils auquel j'aurais donné la vie. Mais puisque les dieux nous l'ont enlevé, j'en ai trouvé un autre que je vous présente, et qui est illustre par sa naissance, modéré de son naturel, prudent dans sa conduite, et parvenu à un âge également éloigné de l'emportement des jeunes gens et de la pesanteur des vieillards. Il a été élevé sous l'obeissance des lois, et n'est parvenu aux charges que selon les coutumes de nos ancêtres; si bien qu'ayant appris ce que doit savoir un souverain, il fait espérer qu'il en remplira dignement les devoirs. C'est Aurèle Antonin dont je parle, que vous voyez ici devant vous; qui, bien qu'il ait naturellement aversion du bruit des affaires, et qu'il soit fort dé gagé de l'ambition de commander, ne nous méprisera pas, comme je l'espère, jusques à ce point de refuser de se charger de l'administration de l'empire. » Voilà comment Antonin fut revêtu de la souveraine puissance. Comme il n'avait point d'enfants mâles et qu'il voulait désigner de bonne heure ses successeurs, il adopta Commode, fils de Commode, et Marc Antonin Vérns. Ce dernier s'appelait auparavant Catile, et était petit-fils d'Annius Vérus, qui avait été trois fois consul et tribun militaire. Aurèle Antonin avait eu ordre d'Adrien de les adopter tous deux ; mais il avait beaucoup plus considéré Antonin Vérus, tant à canse de l'alliance qui était entre eux que pour la maturité de

son âge et pour la vigueur de son esprit, pour laquelle il avait accoutumé de l'appeler agréablement Vérissime.

son

<< Adrien fit écouler, par les secrets de l'art magique, l'eau dont il avait le corps enflé. Mais une pareille enflure étant bientôt après revenue, et son mal s'étant accru de jour en jour, il souhaita la mort sans la pouvoir obtenir, et demanda plusieurs fois du poison et un poignard, sans que personne lui en voulût donner. Enfin, ne trouvant aucun qui lui voulût obéir en ce point, il envoya querir un Jazigien nommé Mastor, homme robuste et hardi, dont pour ces deux qualités il avait accoutumé de se servir à la chasse, et l'obligea par promesses et par menaces à le tuer. Il lui marqua pour cet effet un endroit au-dessous de la mamelle, qui lui avait autrefois été montré par Hermogène, médecin, où il lui devait donner le coup qui, sans lui causer de douleur, le délivrerait de la vie. Cependant ce coup lui ayant manqué, parce que Mastor avait eu horreur d'une si étrange entreprise, et s'était enfui de devant lui, il commença à se plaindre de sa maladie et de l'état où il était réduit de ne point mourir, bien qu'il pût faire mourir les autres. Ensuite, ne gardant plus aucun régime, mangeant et buvant indifféremment tout ce qu'il lui plaisait, et répétant à haute voix une parole fort commune, que la multitude des médecins avait tué l'empereur, il expira. Il vécut soixante et deux ans cinq mois dix-neuf jours, et régna vingt ans onze mois. Son corps fut mis dans un tombeau qu'il avait fait bâtir le long du Tibre, proche du pont Élius, parce que le mausolée d'Auguste était plein.

Fuscum. Ce Fuscus était fils de Claudius Fuscus Salinator, consul avec Adrien, l'an de Rome 689.

Qualer millies H. S. Saumaise pense qu'il faut réduire cette somme à ccile qui est énoncée dans la Vie de Vérus, ch. 6, c'est-à-dire à trois cents millions de sesterces.

Votorum causa. Ce jour était consacré à des vœux solennels pour la prospérité du prince et de l'empire. Voy. Valer. Max., V, x, 1, 2.

Statimque testamentum scripsit... paterctur occidi. Nous avons traduit ce passage comme l'a rétabli Casaubon, qui pense avec raison que l'ordre des phrases y est interverti.

XXIV. Sambucas. On croit que ces instruments ressemblaient à nos harpes, et que c'étaient des femmes qui en jouaient.

Caput ei aperuit. Quelques éditions donnent, au contraire, operuit; mais la leçon que nous avons suivie est évidemment préférable : on sait que les anciens avaient coutume de se couvrir la tête pendant qu'ils sacrifiaient. Voy. Plut., Quest. rom. 10; Servius, ad Virgil., Æn. III, V. 405.

XXV. In mortuum eum a multis multa sunt dicta. Xiphilin termine ainsi la vie d'Adrien : « Il se rendit ex. trêmement odieux par les meurtres qu'il commit à la fin et au commencement de son règne. Il faut pourtant avouer qu'il n'était pas cruel de son naturel, comme il parut par la manière dont il se vengea un jour de quelques uns qui l'avaient offensé : car, au lieu de leur faire aucun mauvais traitement, il se contenta de leur dire qu'il fallait mander en leur pays qu'ils lui avai nt déplu. D'ailleurs quand ceux qui avaient commis quelque crime avaient des enfants, il en considérait le nombre, et, selon qu'il était grand, il se relâchait de la rigueur des lois et des peines.

ÉLIUS VÉRUS.

I. Qui primus tantum Cæsaris nomen accepit. Saumaise croit que le mot primus est de trop dans cette phrase. Suivant lui, Spartien a voulu dire que la seule chose qui soit digne d'être mentionnée dans la vie de vé

rus, c'est qu'il porta le titre de César. Nous nous sommes conformé aux meilleurs textes en traduisant cette expression.

ANTONIN LE PIEUX.

1. Nervam miseratus est quod imperare cœpisset, Voyez Aurélius Victor, Epitom., ch. 12.

II. Pius cognominatus est... vel, etc. On ne sait pas exactement ce qui valut à cet Antonin le nom de Pieux. Les historiens grecs en donnent, comme les Latins, plusieurs raisons. Voici ce qu'en dit Xiphilin : « L'histoire d'Antonin le Pieux ne se trouve point dans les ouvrages de Dion, dont il faut que cette partie ait été perdue. Ainsi, on ne sait presque rien de lui, si ce n'est que Commode, qu'Adrien avait adopté, étant mort avant lui, Antonin fut adopté en sa place. On sait encore que le sénat, détestant la mémoire d'Adrien en haine de ce qu'il avait fait mourir les principaux de l'empire, et refusant pour ce sujet de lui accorder les honneurs divins, Antonin le conjura avec larmes de ne pas lui faire cet outrage, et lui dit entre autres choses, pour le fléchir, que, s'il tenait Adrien pour son ennemi, qu'il condamnât sa mémoire et qu'il cassât ce qu'il avait ordonné, il casserait son adoption et le choix qu'il avait fait de lui pour gouverner l'empire. Ces paroles touchèrent le sénat; de sorte que par respect pour Antonin, et par appréhension des gens de guerre, on mit Adrien au nombre des dieux. (Voyez le chap. 25 de la Vie d'Adrien.) On lit aussi dans Dion l'occasion par laquelle Antonin fut surnommé le Pieux, qui est que plusieurs personnes ayant été accusées au commencement de son règne, et quelquesuns étant près d'être conduits au supplice, il leur sauva la vie, en disant qu'il ne voulait pas commencer son empire par une exécution si odieuse. Le commencement du règne de Marcus Vérus, successeur d'Antonin, manque aussi dans l'histoire de Dion, aussi bien que le récit de ce que cet empereur fit à l'égard de Lucius, fils de Commode, qu'il avait choisi pour son gendre, et ce que ce Lucius fit dans la guerre contre Vologèse, dont il avait été chargé par l'empereur son beau-pere. Ainsi je suis obligé de tirer de quelques autres auteurs une briève relation de ces événements avant que de reprendre la suite de Dion. >> Pausanias, qui écrivait peu de temps après la mort d'Antonin le Pieux, témoigne qu'il eût voulu qu'on l'appelât, comme Cyrus, le père des hommes.

Fanus trientarium... exercuit. Le triens valait quatre onces, c'est-à-dire le tiers de l'as ou de la livre romaine. (Voyez Trebell. Poll., Claud. 14, 17.) L'intérêt qu'exigeait Antonin le Pieux était donc des plus modiques, puisque Perse le trouvait fort honnête à cinq.

Quid petis? ut nummi, quos hic quincunce modesto
Nutrieras, peragant avidos sudare deunces?

Electus est ad eam partem Italiæ regendam in qua plurimum possidebat. On présume qu'il s'agit ici de la Campanie, qui est aujourd'hui la plus considérable partie de la terre de Labour. Les principales possessions d'Antonin se trouvaient dans cette contrée, comme on le voit plus bas. III. Se penitus ejus Adriani simulacrum inserere. Au lieu de cette phrase, qui n'offre aucun sens raisonnable, Casaubon lisait : et somnio sæpe monitus est, penatibus suis Hadriani simulacrum inserere. C'est d'après cette correction que nous avons traduit. On sait d'ailleurs que les Romains vénéraient leurs pères morts comme des divinités. Voy. Macrob., Saturn., l. 3.

VII. Tanta... diligentia subjectos sibi populos rexit, ut, etc. « Tout le monde demeure d'accord, dit Xiphilin, qu'Antonin a été un fort bon prince; qu'il n'a opprimé

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