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gré les honneurs, déférés jusque-là par le peuple; il ne se levait point quand le sénat venait les à lui; il affectait, en d'autres choses encore, manières d'un roi et presque d'un tyran. Aussi plus de soixante sénateurs et chevaliers romains conspirèrent-ils contre lui. Les deux Brutus (1), issus de celui qui fut le premier consul de Rome et qui chassa les rois, étaient les chefs de cette entreprise, avec C. Cassius et Servilius Casca. César s'étant donc rendu, un jour d'assemblée, dans la salle du sénat, parmi les autres membres de ce corps, y fut percé de vingt-trois coups de poignard (An de R. 710, le 15 mars)

LIVRE SEPTIÈME.

SOMMAIRE

I. La mort de Jules César est le signal d'une nouvelle guerre civile; conduite d'Antoine. Il. Antoine, mis en fuite, se réfugie auprès de Lépide, qui le réconcilie avec - III. Guerre de Brutus et de Octave. Leur triumvirat. Cassius, meurtriers de César; leur mort. L'empire est partagé entre Antoine et Octave. Lucius, frère d'Antoine, excite de nouveaux troubles, qui sont apaisés. 1V. Guerre de Sextus Pompée ; un traité de paix y met fin.-V. Succès d'Agrippa dans l'Aquitaine. Ventidius Bassus défait les Parthes, qui s'étaient jetés sur la Syrie; son triomphe. VI. Sextus Pompée recommence la guerre ; il est vaincu et tué. Antoine épouse Cléopâtre, reine d'Égypte, et fait aux Parthes une guerre peu glorieuse. VII. Guerre entre Octave et Antoine. Bataille d'Actium; mort d'Antoine et de Cléopâtre. L'Égypte est ajoutée à l'empire romain. — VIII. OCTAVE reçoit le titre d'AUGUSTE, et reste seul maître du gouvernement. - IX-X. Guerres faites par Auguste; ses victoires; sa vie ; son caractère. Il agrandit l'empire; sa mort. XI. TIBÈRE succède à Auguste; sa mort cause une joie universelle. — XII. CALIGULA; sa lâcheté dans la

XIII.

XIV.

guerre contre les Germains; il est assassiné. CLAUDE; sa faiblesse; il soumet la Bretagne. NÉRON; ses débauches et sa cruauté. La Bretagne menace de secouer le joug; les Parthes s'emparent de l'Arménie; le Pont Polémoniaque et les Alpes Cottiennes sont ajoutés à l'empire.-XV. Néron, devenu odieux à tous, est déclaré ennemi par le sénat, et se tue. XVI. Le vieux GALBA, quelque temps empereur, est assassiné. - XVII. (1) Marcus et Décimus Brutus.

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OTHON, en guerre avec Vitellius, son compétiteur, se tue pour faire cesser la guerre civile. XVIII. VITELLIUS prend Néron pour modèle; sa gourmandise; sa mort ignominieuse. -XIX-XX. Vespasien; ses qualités et ses exploits; l'ile de Vecta est ajoutée à l'empire; l'Achaïe, la Lycie, Rhodes, Samos, la Thrace, la Cilície, la Commagène deviennent des provinces romaines. XXI-XXII. Règne heureux de TITUS.-XXIII. DOMITIEN fait la guerre aux Sarmates, aux Cattes et aux Daces; ses crimes; il meurt assassiné.

I. Vers l'an sept cent neuf de Rome, après le meurtre de César, les guerres civiles recommencèrent. En effet, le sénat était favorable à ceux qui l'avaient frappé, et le consul M. Antoine, son partisan, s'efforçait de les accabler dans ces luttes intestines. Aussi, pendant ce trouble de la république, Antoine, commettant toutes sortes de crimes, fut-il déclaré ennemi de la patrie par le sénat. On envoya contre lui (An de R. 711) les deux consuls Pansa et Hirtius, avec le jeune Octavien, âgé de dix-huit ans et neveu de César (1), qui, par son testament, l'avait fait son héritier et lui avait prescrit de porter son nom. C'est lui qui dans la suite fut appelé Auguste et s'empara du pouvoir. Les trois généraux marchèrent donc contre Antoine, et le battirent. Mais il arriva que, vainqueurs, les deux consuls perdirent la vie, et les trois armées obeirent ainsi au seul César Auguste.

II. Antoine, obligé de fuir après avoir perdu son armée, trouva un refuge auprès de Lépide, qui avait été maître de la cavalerie sous César, et qui était alors à la tête de forces considérables. Bientôt après, Auguste, par la médiation de Lépide, fit la paix avec Antoine; puis, sous prétexte de venger la mort de son père (car César l'avait adopté par testament), il s'avança contre Rome avec une armée, et se fit donner de force le consulat à vingt ans. Il proscrivit le sénat, de concert avec Antoine et Lépide, et il

(1) Octave était petit-fils de la sœur de César, lequel était par conséquent son grand oncle.

republica multa Antonius scelera committens, a senatu hostis judicatus est. Missi ad eum persequendum duo coss. Pansa et Hirtius, et Octavianus adolescens, annos x et VIII natus, Cæsaris nepos, quem ille testamento heredem reliquerat, et nomen suum ferre jusserat. Hic est qui postea Augustus est dictus et rerum potitus. Quare profecti contra Antonium, tres duces vicerunt eum. Evenit tamen ut victores coss. ambo morerentur. Quare tres exercitus uni Cæsari Augusto paruerunt.

II. Fugatus Antonius, amisso exercitu, confugit ad Lepidum, qui Cæsaris magister equitum fuerat et tunc copias militum grandes habebat; a quo susceptus est. Mox Lepido operam dante, Cæsar cum Antonio pacem fecit, et quasi vindicaturus patris sui mortem, a quo per testamentum fuerat adoptatus, Romam cum exercitu profectus, extorsit ut sibi xx anno consulatus daretur. Senatum proscripsit, cum Antonio et Lepido, et rempublicans

commença à tenir la république asservie sous ses armes. Par eux furent tués l'orateur Cicéron et beaucoup d'autres citoyens illustres.

III. (II.) Cependant Brutus et Cassius, meurtriers de César, commencèrent une guerre terrible, à la tête de plusieurs armées disséminées dans la Macédoine et dans l'Orient, et dont ils s'étaient rendus maîtres. César Octavien Auguste et M. Antoine marchèrent contre eux (car Lépide était resté pour défendre l'Italie), et l'on combattit près de Philippes, ville de Macédoine. Antoine et César furent vaincus dans la première bataille; mais Cassius, le chef de la noblesse, y périt. Dans la seconde, Brutus fut défait et tué avec une grande partie de la noblesse qui avait combattu sous ses ordres (An de R. 712). Les vainqueurs se partagerent ainsi la république : Auguste eut les Espagnes, les Gaules et l'Italie; Antoine eut l'Asie, le Pont, l'Orient. Mais, dans l'Italie même, le consul L. Antoine, frère de celui qui avait combattu avec César contre Brutus et Cassius, excita une guerre civile (An de R. 713). Vaincu près de Pérouse, ville de Toscane, il fut pris, et la vie lui fut laissée (An de R. 714).

IV. (III.) (An de R. 712.) D'un autre côté, la Sicile était le théâtre d'une guerre effroyable, allumée par Sextus Pompée, fils de Co. Pompée le Grand, auprès de qui s'étaient rendus en foule les restes du parti de Brutus et de Cassius. Cesar Auguste Octavien et M. Antoine allèrent le combattre, et l'on finit par convenir de la paix.

V. A cette époque, M. Agrippa remporta de notables avantages en Aquitaine, et L. Ventidius Bassus vainquit dans trois batailles les Perses,

armis tenere cœpit. Per hos etiam Cicero orator occisus est, multique alii nobiles.

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lil. (II.) Interea Brutus et Cassius, interfectores Casaris, ingens bellum moverunt: erant enim per Macedoniam et Orientem multi exercitus, quos occupaverant. Profecti igitur contra eos Cæsar Octavianus Augustus et M. Antonius (remanserat enim ad defendendam Italiam Lepidus) apud Philippos, Macedoniæ urbem, contra eos pugnave runt. Primo prælio victi sunt Antonius et Cæsar; periit tamen dux nobilitatis Cassius secundo Brutum et infinitam nobilitatem quæ cum illis bellum gesserat, victam interfecerunt. Ac sic inter eos divisa est respublica, ut Augustus Hispanias, Gallias et Italiam teneret : Antonius Asiam, Pontum, Orientem. Sed in Italia L. Antonius cos. bellum civile commovit, frater ejus qui cum Cæ sare contra Brutum Cassiumque dimicaverat. Is apud Perusiam, Tuscia civitatem, victus et captus est, neque occisus.

IV. (III.) Interim a Sexto Pompeio, Cn. Pompeii Magni filio, ingens bellum in Sicilia commotum est, his qui superfuerant ex partibus Bruti Cassiique ad eum confluentibus. Bellatum per Cæsarem Augustum Octavianum et M. Antonium adversus Sextum Pompeium. Pax postremo convenit.

V. Eo tempore M. Agrippa in Aquitania rem prospere

qui faisaient irruption en Syrie (An de R. 715.) Il tua Pacore, fils du roi Orode, le même jour où Suréna, général d'Orode, roi des Perses, avait tué autrefois Crassus. Ventidius fut le premier qui triompha légitimement des Parthes.

VI. (An de R. 716.) Cependant Pompée rompit la paix, et, vaincu dans un combat naval, il fut tué comme il fuyait en Asie. (IV.) Antoine, maître de l'Asie et de l'Orient, répudia la sœur de César Auguste Octavien, et épousa Cléopâtre, reine d'Égypte. Il fit aussi la guerre aux Perses ( An de R. 718), et les vainquit dans les premiers combats; mais en revenant il souffrit de la famine et de la peste, et, pressé dans sa fuite par les Parthes, il sortit en vaincu de leur pays.

VII. (An de R. 722.) Il ralluma une épouvantable guerre civile, à l'instigation de son épouse Cléopâtre, reine d'Égypte, qui voulait, avec toute l'ardeur d'une femme, régner aussi à Rome. Vaincu par Auguste dans une bataille navale à jamais fameuse, qui fut livrée près d'Actium en Épire (An de R. 723), il s'enfuit en Égypte; et, désespérant de la fortune, qui faisait passer tout le monde du côté d'Auguste, il se tua. Cléopâtre se fit piquer par un aspic, dont le venin lui donna la mort. Octavien Auguste ajouta l'Egypte à l'empire romain, et il en donna le gouvernement à Cn. Cornélius Gallus, qui fut le premier Romain que l'Egypte eut pour juge.

VIII. L'univers ainsi pacifié, OCTAVIEN AUGUSTE revint à Rome, douze ans après son premier consulat. A dater de cette époque, il gouverna seul la république pendant quarante

gessit; et L. Ventidius Bassus irrumpentes in Syriam Persas tribus præliis vicit. Pacorum, regis Orodis filium, interfecit eo ipso die quo olim Orodes, Persarum rex, per ducem Surenam, Crassum occiderat. Hic primus de Parthis justissimum triumphum Romæ egit.

VI. Interim Pompeius pacem rupit, et navali prœlio victus, fugiens ad Asiam, interfectus est. (IV.) Antonius, qui Asiam Orientemque tenebat, repudiata sorore Cæsaris Augusti Octaviani, Cleopatram, reginam Ægypti, duxit uxorem. Contra Persas ipse etiam pugnavit, primis eos præliis vicit; regrediens tamen fame et pestilentia labora. vit. Et cum instarent Parthi fugienti, ipse pro victo recessit.

VII. Hic quoque ingens bellum civile commovit, cogente uxore Cleopatra, regina Ægypti, dum cupiditate muliebri optat etiam in Urbe regnare. Victus est ab Augusto navali pugna clara et illustri apud Actium, qui locus in Epiro est, ex qua fugit in Ægyptum; et desperatis rebus, cum omnes ad Augustum transirent, ipse se intere mit Cleopatra sibi aspidem admisit, et veneno ejus ex stincta est. Ægyptus per Octavianum Augustum imperie Romano adjecta est, præpositusque ei Cn. Cornelius Gallus. Hunc primum Ægyptus Romanum judicem habuit.

VIII. Ita bellis toto orbe confectis, OCTAVIANUS AUGUS TUS Romam rediit, xn anno quam cos. fuerat. Ex

quatre ans (An de R. 725); il l'avait adminis trée auparavant avec Antoine et Lépide l'espace de douze années. Ainsi, du commencement à la fin de son gouvernement, il s'écoula cinquante-six ans. (V.) Il en avait soixante et seize quand il mourut de mort naturelle à Atella (1), ville de Campanie (An de R. 767). Il fut enseveli à Rome dans le champ de Mars, et la plus grande partie de ses actions lui a fait justement attribuer quelque chose de divin. Personne, en effet, ne fut peut-être ni plus heureux dans la guerre, ni plus modéré dans la paix. Pendant les quarante-quatre années qu'il régna seul, il se montra fort affable envers les citoyens, très-libéral envers tout le monde, très-attaché à ses amis; et il les éleva, du faîte de sa puissance, à de tels honneurs, qu'il en fit presque ses égaux. IX. En aucun temps la république ne fut plus florissante; car, en exceptant les guerres civiles, dont il sortit vainqueur, Auguste ajouta à l'empire romain l'Égypte, la Cantabrie, la Dalmatie, qui avait été souvent vaincue avant lui, mais qui fut alors complétement soumise; la Pannonie, l'Aquitaine, l'Illyrie, la Rétie, le pays des Vendéliciens, et celui des Salasses au milieu des Alpes; toutes les villes maritimes du Pont, et entre autres Bospore et Panticapée, les plus célèbres. Il défit aussi les Daces dans plusieurs combats, tailla en pièces d'immenses armées de Germains, et repoussa même ces peuples au delà du fleuve de l'Elbe, qui est bien loin au-dessus du Rhin, dans ces contrées barbares. Il est vrai qu'il chargea Drusus, son beau-fils, de la conduite de cette guerre, et Tibère, son autre beau-fils, de

(1) Tous les auteurs, Suétone, A. Victor, Vell. Paterculus, Tacite, Dion Cassius et Zonare, font mourir Auguste à Nole. Eusèbe s'accorde seul sur ce point avec Eutrope.

rempublicam per quadraginta et quatuor annos solus obtinuit. Ante enim x11 annis cum Antonio et Lepido tenuerat. Ila ab initio principatus ejus usque ad finem LVI anni fuere. (V.) Obiit autem LXXVI anno, morte communi, in oppido Campaniæ Atella; Romæ in campo Martio sepultus est vir, qui non immerito ex maxima parte deo similis est putatus. Neque enim facile ullus eo aut in bellis felicior fuit, aut in pace moderatior. XLIV annis, quibus solus gessit imperium, civilissime vixit: in cunctos liberalissimus, in amicos fidissimus ; quos tantis evexit honoribus, ut pæne æquaret fastigio suo.

:

IX Nullo tempore res Romana magis floruit. Nam exceptis civilibus bellis, in quibus invictus fuit, Romano adjecit imperio Ægyptum, Cantabriam, Dalmatiam, sæpe ante victam, sed penitus tunc subactam; Pannoniam, Aquitaniam, Illyricum, Rætiam, Vindelicos, et Salassos in Alpibus; omnes Ponti maritimas civitates in his nobilissimas Bosporum et Panticapæon. Vicit autem præliis Dacos; Germanorum ingentes copias cecidit; ipsos quoque trans Albim fluvium submovit, qui in barbarico longe ultra Rhenum est. Hoc tamen bellum per Drusum privignum suum administravit, sicut per Tiberium, privignum alterum, Pannonicum, quo bello XL millia captivorum ex

celle de Pannonie. On fit dans cette expédition quarante mille (1) prisonniers, qui furent transportés de la Germanie dans la Gaule, sur les bords du Rhin. Les Parthes lui restituèrent l'Arménie, et, ce qu'ils n'avaient jamais fait, lui livrèrent des otages. Ils lui rendirent même les enseignes romaines qu'ils avaient enlevées à Crassus vaincu.

X. Les Scythes et les Indiens, à qui le nom de Rome était resté inconnu jusque-là, lui envoyèrent des ambassadeurs et des présents. La Galatie devint aussi, sous lui, une province romaine, de royaume qu'elle était auparavant; et M. Lollius fut le premier qui l'administra comme propréteur. Auguste fut si aimé même des barbares, que les rois amis du peuple romain bâtirent en son honneur des villes, qu'ils nommèrent Césarées; comme celle que le roi Juba fonda en Mauritanie, et celle de Palestine, qui est aujourd'hui une des plus célèbres de ce pays. Plusieurs souverains, quittant leurs États, vinrent lui faire leur cour, et on les vit, habillés à la romaine, c'est-à-dire vêtus de la toge, courir à l'en. tour de sa litière ou de son cheval. A sa mort, il fut appelé Divin. Il laissa la république dans l'état le plus prospère à Tibère, son successeur, qui avait été son beau-fils, qu'il avait fait ensuite son gendre, et enfin, par adoption, son fils.

XI. (VI.) (Ap. J. C. 14.) TIBERE ne montra dans le gouvernement de l'empire que des vices, une excessive paresse, une effroyable cruauté, une avarice criminelle, de honteuses débauches. Il ne combattit jamais en personne, et ne fit la guerre que par ses lieutenants. Il avait attiré près

(1) On lit dans quelques textes cece millia, quatre cent mille: leçon évidemment fautive. Voy. Suet., Tib., ch. 9.

Germania transtulit, et supra ripam Rheni in Gallia collocavit. Armeniam a Parthis recepit: obsides, (quod nulli antea,) Persæ ei dederunt : reddiderunt etiam signa Romana, quæ Crasso victo ademerant.

X. Scythæ et Indi, quibus antea Romanorum nomen in. cognitum fuerat, munera et legatos ad eum miserunt. Galatia quoque sub hoc provincia facta est, cum antea regnum fuisset; primusque eam M. Lollius pro prætore administravit. Tanto autem amore etiam apud barbaros fuit, ut reges populi Romani amici in honorem ejus conderent civitates, quas Cæsareas nominarent; sicut in Mauritania a rege Juba, et in Palæstina, quæ nunc urbs est clarissima. Multi autem reges ex regnis suis vencrunt, ut ei obsequerentur : et habitu Romano, togati scilicet, ad vehiculum vel equum ipsius cucurrerunt. Moriens Divus appellatus est. Rempublicam beatissimam Tiberio successori reliquit : qui privignus ei, mox gener, postremo adoptione filius fuerat.

XI. (VI.) TIBERIUS ingenti socordia imperium gessit, gravi crudelitate, scelesta avaritia, turpi libidine. Nam nusquam ipse pugnavit bella per legatos suos gessit: quosdam reges, per blanditias ad se evocatos, nunquam remisit, in quibus Archelaum Cappadocem, cujus etiam

de lui, à force de belles paroles, certains rois qu'it, ne laissa pas repartir, entre autres Archélaüs, roi de Cappadoce, dont il réduisit même le royaume en province romaine; il voulut aussi que la capitale de ce pays, nommée auparavant Mazaca, et aujourd'hui Césarée, portât son nom. Il mourut dans la Campanie, dans la vingttroisième année de son règne et la soixantedix-huitième de son âge (Ap. J. C. 37), et sa mort fut un sujet de joie universelle.

XII. (VII.) Il eut pour successeur CAÏUS CÉSAR, surnommé CALIGULA; c'était le petitfils de Tibère et de Drusus, beau-fils d'Auguste. Il devint, par ses crimes, le fléau du monde, et il fit regretter même le règne ignominieux de Tibère. Il entreprit la guerre contre les Germains, et étant entré dans la Suévie, il n'y montra aucun courage. Il commit des incestes avec ses sœurs, et il eut même de l'une d'elles une fille, qu'il reconnut. Tout le monde ayant à souffrir de son avarice, de ses débauches et de sa cruauté, il fut tué dans le palais, à l'âge de vingt-neuf aus, après trois ans dix mois et huit jours de règne (Ap. J. C. 41).

XIII. (VIII.) L'empire passa ensuite à CLAUDE, oncle paternel de Caligula et fils de Drusus, dont on voit le tombeau près de Mayence, et dont Caligula était petit-fils. Ce fut un prince médiocre. Sage et modéré dans beaucoup d'occasions, il fut cruel et stupide dans quelques autres. Il porta la guerre dans la Bretagne, où nul Romain n'avait abordé depuis Jules César; et l'ayant vaincue par les armes de Cn. Sentius et de A. Plautius, aussi illustres par leur mérite que par leur naissance, il en triompha magnifiquement à Rome (Ap. J. C. 43). Il ajouta même à l'empire

regnum in provincia formam redegit, et maximam civitatem appellari nomine suo jussit, quæ nunc Cæsarea dicitur, cum Mazaca antea vocaretur. Hic tertio et vigesimo imperii anno, ætatis septuagesimo octavo, ingenti omnium gaudio mortuus est in Campania.

XII. (VII.) Successit ei CAIUS CÆSAR, cognomento CALI GULA, Drusi, privigni Augusti, et ipsius Tiberii nepos; sceleratissimus, ac funestissimus, et qui etiam Tiberii dedecora purgaverit. Bellum contra Germanos suscepit; el ingressus Sueviam, nihil strenue fecit. Stupra sororibus intulit; ex una etiam filiam agnovit. Cum adversum cunctos ingenti avaritia, libidine, crudelitate sæviret, interfectus in palatio est anno ætatis XXIX, imperii 11, mense x, dieque viu

XIII. (VIII.) Post hunc CLAUDIUS fuit, patruus Caligulæ, Drusi, qui apud Mogontiacum monumentum habet, filius; cujus et Caligula nepos erat. Hic medie imperavit, multa gerens tranquillè atque moderate, quædam crudeliter et insulse. Britanniæ bellum intulit, quam nullus Romanorum post Julium Cæsarem attigerat, eaque devicta per Cn. Sentium et A. Plautium, illustres et nobiles viros, triumphum celebrem egit. Quasdam insulas etiam, ultra Britanniam in Oceano positas, Romano imperio addidit, quæ

romain quelques îles situées dans l'Océan au delà de la Bretagne, îles qu'on appelle Orcades; et il fit prendre fit prendre à son fils le nom de Britannicus. Il montra, du reste, tant d'affabilité envers quelques-uns de ses amis, qu'au triomphe de Plautius, noble capitaine, qui s'était distingué par un grand nombre d'exploits dans l'expédition de Bretagne, on le vit accompagner le triomphateur, et marcher à sa gauche jusqu'au Capitole. Claude vécut soixante-quatre ans, et en régna quatorze. Il fut consacré après sa mort, et nommé Divin (Ap. J. C. 54).

XIV. (IX.) NERON, son successeur, fut en tout semblable à Caligula, son oncle maternel. Il amoindrit et diminua l'empire romain (1). Il aimajusqu'à la passion le luxe et la dépense. Ainsi on le vit se baigner, à l'exemple de Caïus Caligula, dans des essences froides et chaudes, et pêcher avec des filets d'or, soutenus par des cordes couleur de pourpre. Il fit mettre à mort un nombre infini de sénateurs; il fut l'ennemi de tous les gens de bien. Enfin il avilit et prostitua sa dignité jusqu'à danser et à chanter sur le théâtre, sous un costume de musicien ou d'acteur tragique. Ses parricides furent nombreux : il tua son frère, sa femme (2), sa mère. Il mit le feu à la ville de Rome (Ap. J. C. 64), pour se donner, par le spectacle de cet incendie, une idée de celui qui avait jadis consumé Troie vaincue. Quant à la guerre, il n'osa rien, et il faillit perdre la Bretagne, dont les deux plus cé lèbres villes furent prises et ruinées sous son règne. Les Parthes lui enlevèrent l'Arménie, et firent passer sous le joug les légions romaines. Toutefois l'empire acquit sous lui deux provin

(1) Eutrope fait allusion à la perte de l'Arménie. —(2) L'auteur aurait dû dire, ses femmes: Octavie, Poppée et Antonia, fille de Claude.

appellantur Orcades, filioque suo Britannici nomen imposuit. Tam civilis autem circa quosdam amicos exstitit, ut etiam Plautium, nobilem virum, qui in expeditione Britannica multa egregie fecerat, triumphantem ipse prosequeretur, et conscendenti Capitolium lævus incederet. Is vixit annos iv et LX, imperavit XIV. Post mortem consecratus est Divusque appellatus.

XIV. (IX.) Successit huic NERO, Caligulæ, avunculo suo, simillimus, qui imperium Romanum et deformavit et deminuit inusitatæ luxuriæ sumtuumque, ut qui exemplo Caii Caligula calidis et frigidis lavaret unguentis, retibus aureis piscaretur, quæ blattinis funibus extrahebat. Infinitam partem senatus interfecit; bonis omnibus hostis fuit. Ad postremum se tanto dedecore prostituit, ut et saltaret et cantaret in scena, citharœdico habitu vel tragico. Parricidia multa commisit, fratre, uxore, matre interfectis. Urbem Romam incendit, ut spectaculi ejus imaginem cerneret, quali olim Troja capta arserat. In re militari nihil omnino ausus, Britanniam pæne amisit. Nam duo sub hoc nobilissima oppida capta illic atque eversa sunt Armeniam Parthi sustulerunt, legionesque Romanas sub jugum miserunt. Duæ tamen provinciæ sub eo facta sunt, Pontus Polemoniacus, concedente rege

ces: le Pont Polémoniaque, cédé par Polémon qui en était roi, et les Alpes Cottiennes, après la mort du roi Cottius.

XV. Devenu, pour ces forfaits, un objet d'exécration pour le monde romain, il fut abandonné de tous à la fois, et déclaré ennemi public par le sénat. Comme on le cherchait pour lui faire subir sa peine (laquelle devait consister à se voir conduit nu par la ville, la tête passée dans une fourche, puis à être battu de verges jusqu'à la mort, et précipité de la roche Tarpéienne), il s'enfuit du palais; et s'étant réfugié dans la métairie d'un de ses affranchis, entre la voie Salarie et la Nomentane, à quatre milles de Rome, il s'y tua. Il fit construire à Rome des thermes alors appelés Néroniens, et aujourd'hui Alexandrins. Il mourut dans la trente-unième année de son âge, et la quatorzième de son règne (Ap. J. C. 68). En lui s'éteignit toute la famille d'Auguste.

XVI. (X.) Il eut pour successeur Servius GALBA, sénateur de la plus antique noblesse, et âgé de soixante-treize ans. Galba fut élu empereur par les Espagnols et par les Gaulois, et toutes les armées confirmèrent avec joie cette élection. Ses fonctions civiles et militaires avaient jeté de l'éclat sur sa vie privée : il avait été honoré plusieurs fois du consulat, du titre de proconsul, et d'un commandement en chef dans des guerres importantes. Son règne fut court: les commencements en furent heureux, et on ne lui reprocha que du penchant à la sévérité. Il périt victime des embûches d'Othon, dans le septième mois de son règne (Ap. J. C. 69). Il fut égorgé dans le forum, et inhumé dans ses jardins, situés sur la voie Aurélia, non loin de la ville de Rome.

XVII. (XI.) L'empire, après le meurtre de

Polemone, et Alpes Cottia, Cottio rege defuncto.

XV. Per hæc Romano orbi exsecrabilis, ab omnibus simul destitutus, et a senatu hostis judicatus, cum quæreretur ad pœnam (quæ pœna erat talis, ut nudus per publicum ductus, furca capiti ejus inserta, virgis usque ad mortem cæderetur, atque ita præcipitaretur de saxo) e palatio fugit, et in suburbano se liberti sui, quod inter Salariam et Nomentanam viam ad quartum Urbis milliarium, interfecit. Edificavit Romæ thermas, quæ ante Neronianæ dictæ, nunc Alexandrinæ appellantur. Obiit trigesimo et altero ætatis anno, imperii quarto decimo, atque in eɔ omnis familia Augusti consumta est.

XVI. (X.) Huic Servius GALBA successit, antiquissimæ nobilitatis senator, cum septuagesimum et tertium annum ageret ætatis. Ab Hispanis et Gallis imperator electus, mox ab universo exercitu libenter acceptus. Nam privata ejus vita insignis fuerat militaribus et civilibus rebus; sæpe consul, sæpe pro consule, frequenter dux in gravissimis bellis. Hujus breve imperium fuit, et quod bona haberet exordia, nisi ad severitatem propensior videretur. Insidiis tamen Othonis occisus est, imperii mense septimo; jugulatus in foro Romæ, sepultusque in hortis suis, qui sunt Aurelia via, non longe ab urbe Roma.

XVII. (XI.) OTHо, occiso Galba, invasit imperium, ma

Galba, fut envahi par ОтHом, dont la naissance, plus illustre du côté de sa mère que du côté de son père, n'était pourtant obscure ni de l'un ni de l'autre. Comme particulier, il avait vécu dans la mollesse, et dans la familiarité de Néron; comme empereur, il n'eut pas le temps de se faire connaître. A peine, en effet, Galba venaitil de tomber sous les coups d'Othon, que Vitellius fut fait empereur par les armées de Germanie; et Othon ayant marché contre lui, fut vaincu dans une rencontre à Bébriac (1), en Italie. Quoiqu'il lui restât pour la guerre des forces considérables, et que ses soldats le conjurassent de ne pas désespérer sitôt du succès de ses armes, il se tua, disant que sa vie n'était pas assez précieuse pour que l'on prolongeât la guerre civile à cause de lui. Il mourut ainsi volontairement à l'âge de trente-huit ans, après un règne de qu trevingt-quinze jours ( Ap. J. C. 69).

XVIII. (XII.) VITELLIUS prit ensuite possession de l'empire. Il était d'une famille plutôt honorée que noble; car son père, quoique d'une naissance fort peu illustre, avait été revêtu de trois consulats ordinaires. Vitellius vécut sur le trône dans le dernier avilissement: il se fit remarquer par sa cruauté, mais surtout par sa gloutonnerie et sa voracité, ayant, dit-on, l'habitude de faire chaque jour quatre ou cinq grands repasL'histoire a rendu fameux le souper que lui donna son frère Vitellius, et dans lequel on rapporte, entre autres exemples de somptuosité, qu'il fut servi deux mille poissons et sept mille oiseaux. Comme il voulait ressembler à Néron, et affichait cette prétention jusqu'à honorer les restes de ce

(1) Ce mot s'écrit aussi Bedriacum et Betriacum.

terno genere nobilior, quam paterno, neutro tamen obscuro in privata vita mollis, et Neronis familiaris: in imperio documentum sui non potuit ostendere. Nam cum iisdem temporibus, quibus Otho Galbam occiderat, etiam Vitellius factus esset a Germanicianis exercitibus imperator, bello contra eum suscepto, cum apud Bebriacum in Italia levi prælio victus esset, ingentes tamen copias að bellum haberet, sponte semetipsum occidit, petentibus militibus, ne tam cito de belli desperaret eventu, cum tanti se non esse dixisset, ut propter eum civile bellum commoveretur. Voluntaria morte obiit, trigesimo et octavo ætatis anno, nonagesimo et quinto imperii die.

XVIII. (XII.) Dein VITELLIUS imperio potitus est, familia honorata magis, quam nobili. Nam pater ejus non admodum clare natus, tres tamen ordinarios gesserat consulatus. Hic cum multo dedecore imperavit, et gravi sævitia notbilis, præcipue ingluvie et voracitate : quippe cum de die sæpe quarto vel quinto feratur epulatus. Notissima certe cœna memoriæ mandata est, quam ei Vitellius frater exh buit; in qua, super ceteros sumptus, duo millia piscium, septem avium millia apposita traduntur. Hic cum Neroni similis esse vellet, atque id adeo præ se ferret, ut etiam exsequias Neronis, quæ humiliter sepultæ fuerant, hono raret, a Vespasiani ducibus occisus est, interfecto prius

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