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(Suite. Voir tom. VIII, pag. 340 et 552; tom. IX, pag. 106.)

VI.

Nous avons jusqu'à présent étudié les Eucalyptus dans tout ce qui est relatif à la Géographie de leur indigénat. Il convient maintenant d'en examiner les nombreuses espèces en les consi. dérant au point de vue de la Géographie de leur culture dans les diverses contrées où on les a déjà expérimentées. En d'autres termes, nous allons essayer de déterminer l'aire géographique de l'ensemble des régions où les Eucalyptus sont cultivés.

Examinant ensuite la climatologie de ces diverses régions, nous la comparerons à celle de l'Australie et surtout de la Tasmanie; nous verrons quelle relation il peut exister entre le climat des contrées les plus favorables à l'indigénat des Eucalyptus et celui des principales régions où leur culture s'est effectuée avec succès. Enfin, nous signalerons les principales propriétés de ces diverses espèces, les ressources précieuses qu'elles fournissent; nous indiquerons particulièrement la qualité de leur bois et les usages auxquels on peut l'employer, les essences extraites de leurs feuilles, les divers produits tirés de leurs écorces, leur importance enfin pour l'assainissement des contrées où la fièvre domine, et d'une manière générale leur valeur incontestable au point de vue forestier.

Nous avons déjà cité les premiers essais de culture de l'Eu. 1 Voir Bulletin, 1885, pag. 343.

calyptus entrepris au commencement de ce siècle dans les jar dins ou les serres de la Malmaison et dans le jardin de SaintMandrier. Il ne s'agissait à ce moment que de l'espèce décrite par Bonpland sous le nom d'E. diversifolia. Depuis lors, les botanistes voyageurs qui ont successivement exploré l'Australie et la Tasmanie ont fait connaître, au retour de leurs voyages, d'autres espèces de cet arbre, et ils nous en ont souvent apporté des graines. C'est ainsi qu'on a pu essayer la culture de ces autres espèces dans la partie méridionale de l'Europe et particulièrement en France et en Italie.

La culture des Eucalyptus se bornait alors aux collections composées des quelques espèces déjà introduites et que l'on ren. contrait un peu partout dans les jardins botaniques. Jusque-là leur culture en plein air n'en avait pas été réellement entreprise, ou du moins on n'en connaissait pas de nombreux exemples. Nous savons seulement' qu'en 1818 on avait essayé, à Florence, un certain nombre de jeunes sujets d'Eucalyptus, et qu'en 1829 on cultivait aussi au jardin botanique de Naples un E. Globulus qui commençait à se développer.

Mais, comme le dit M. Naudin dans son savant mémoire eucalyptographique: « à cette époque, personne ne soupçonnait encore l'importance que cet arbre devait avoir dans la culture industrielle; c'est seulement en 1852 que M. Ferdinand Müller, parcourant les forêts d'Eucalyptus de la colonie de Victoria, reconnut la valeur de l'arbre et eut la première idée de le faire servir aux reboisements dans le midi de l'Europe. A partir de ce moment, commencèrent les envois de graines de ce grand propagateur des Eucalyptus. >>

Feu Ramel, qui a visité plusieurs fois l'Australie, a contribué beaucoup par ses nombreuses publications sur les propriétés de

1 Bulletino della R. Societa Toscana di Orticultura, 1876, pag. 82.

* Mémoire sur les Eucalyptus introduits dans la région méditerranéenne, contenant la description de 31 espèces de ces arbres, par M. Ch. Naudin, de l'Institut, directeur du Laboratoire de l'Enseignement supérieur, à la villa Thuret, près Antibes.

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l'Eucalyptus, à propager la culture de cet arbre, si précieux par les services qu il a déjà rendus et plus encore par ceux qu'il est appelé à rendre dans l'avenir, d'abord en Algérie, et ensuite sur le littoral méditerranéen. Les premiers essais de plantation en Algérie ne remontent guère qu'à l'année 1862, et cependant notre vaste colonie africaine est déjà peuplée maintenant de plantations fort importantes d'Eucalyptus, dont le bois est exploité depuis quelques années pour être employé à divers usages et surtout à fournir des poteaux télégraphiques.

Indépendamment de l'expérience faite dans le jardin de SaintMandrier, et que nous avons déjà citée', c'est probablement dans les jardins d'Hyères que les Eucalyptus ont été cultivés en plein air pour la première fois en France. Les plus anciens E. Globulus y furent plantés en 1857, et peu de temps après on essayait plusieurs autres espèces.

Depuis lors il a été reçu de nombreux envois de graines d'Eucalyptus, faits surtout par le baron F. Müller, directeur du jardin botanique de Melbourne, auquel nous sommes redevables de la presque totalité des espèces de cet arbre que possèdent aujourd'hui l'Europe et l'Algérie. Aussi le nombre de ces espèces essayées successivement dans les cultures s'est accru avec rapidité, et il est aujourd'hui fort considérable. Le chiffre de celles qui ont été expérimentées successivement en pleine terre dans notre arboretum de Lattes, près Montpellier, s'élève maintenant à près de soixante et dix; il est encore beaucoup plus considérable à Hyères, et surtout à Antibes, ainsi que sur plusieurs autres points du littoral de la Provence.

Il avait suffi d'une vingtaine d'années pour que l'E. Globulus, jusque-là à peu près inconnu, se fût répandu partout avec une prodigieuse rapidité, autant sur notre littoral que dans toute l'Algérie, ce qui indique justement que sa culture et son avenir deviennent de plus en plus appréciés aujourd'hui par tout le

monde.

* Voir Bulletin, 1885, pag. 345.

Notre colonie algérienne possède actuellement de nombreuses plantations d'Eucalyptus qui ont admirablement prospéré et qui promettent pour l'avenir de fonder sur elles les plus légitimes. espérances. Ce sont d'abord les nombreux sujets que possède le beau jardin d'essai du Hamma, ainsi que les vastes et très riches collections de MM. Cordier et Trottier près d'Alger; ensuite les importantes plantations entreprises par M. Arlès-Dufour et M. Gros dans la Mitidja; enfin celles effectuées un peu partout, soit par divers particuliers, soit par les compagnies de chemins de fer, soit surtout par la Compagnie algérienne dans les immenses terrains que le gouvernement lui a concédés.

Du côté européen de la Méditerranée, la villa Thuret près d'Antibes, devenue un centre d'études botaniques sous la direction de M. Ch. Naudin, de l'Institut, possède un grand nombre d'espèces d'Eucalyptus, soit en individus adultes, soit en jeunes sujets. Cette collection a été commencée par feu Gustave Thuret dans les jardins de sa villa, dont l'État et le monde scientifique sont redevables à la libéralité patriotique de Mme Henri Thuret, sa belle-sœur; elle est devenue aujourd'hui la plus nombreuse et surtout la plus riche en espèces de toutes les collections existant sur l'ancien continent. M. Naudin l'a continuée et l'a enrichie considérablement, on pourrait même dire qu'il l'a formée presque entièrement, par les nombreuses espèces qu'il y a réunies. à force de patientes recherches et grâce à ses relations fréquen tes avec les botanistes les plus éminents du monde entier.

D'autres jardins du littoral, quoique dans des proportions beaucoup plus restreintes, sont pareillement riches en Eucalyptus. Parmi eux, il convient de citer le jardin botanique de la ville de Toulon et celui de la Marine à Saint-Mandrier, les établissements Huber et Nardy à Hyères, le jardin de la Société d'Acclimatation près de cette dernière ville, ceux de M. Dognin, de M. le comte d'Eprémesnil et de M. Mazel à Golfe-Jouan près d'Antibes, celui de M. Thomas Hanbury à la Mortola près de Menton, ainsi qu'un grand nombre de collections plus restreintes ou de pieds isolés, disséminés un peu partout sur le littoral de

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la Méditerranée, depuis Port-Vendres et Collioure jusqu'à Menton et au delà.

On peut voir, plus près de nous, quelques Eucalyptus qui ont fleuri successivement ou simultanément, soit au jardin botanique de Montpellier et à l'École d'Agriculture, soit à Lattes et dans plusieurs propriétés particulières, soit enfin au Polygone du Génie.

D'intéressantes cultures d'Eucalyptus existent aussi en Corse et en Italie, autant sur le littoral que dans les jardins botaniques et chez des particuliers, où l'on en trouve de belles collections, comme par exemple à Casabianca, près de Port-Ercole sur le Monte Argentario; mais c'est surtout dans l'immense domaine de Saint-Paul-Trois-Fontaines, près de Rome, qu'on peut admirer les plus vastes plantations d'Eucalyptus qui existent aujourd'hui de ce côté de la Méditerranée. La propagation de cet arbre précieux tend donc à s'étendre de plus en plus dans toute la partie méridionale de l'Europe, là surtout où les hivers relativement doux lui permettent de résister complètement.

Oa voit, par tout ce qui précède, que l'aire géographique dans laquelle la culture de l'Eucalyptus est possible en Europe se trouve confinée dans une zone assez étroite. Elle comprend toute la côte portugaise de l'Atlantique depuis l'embouchure du Minho, et se prolonge ensuite jusqu'à Gibraltar; de ce point, elle remonte vers le Nord en longeant le littoral de la Méditerranée depuis l'extrémité méridionale de l'Espagne et se continue sur toute la côte française et italienne; elle pénètre enfin dans l'Adriatique et s'étend jusqu'en Grèce et au delà. Mais elle occupe principalement toutes les parties les plus méridionales de ce littoral, ou du moins celles qui sont spécialement abritées.

Les limites géographiques de cette zone sont donc comprises d'une manière générale entre le 36° et le 44° degré de latitade, c'est-à-dire entre les extrémités méridionales de l'Espagne, de la Sicile et de la Grèce, qui en forment la limite naturelle au Sud, et Gênes qui en est l'extrême limite Nord. Il y aurait à réduire de quelques degrés son extension vers le Nord si des

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