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nation la plus gaie!..... L'on peut concevoir l'alégresse universelle d'un public mécontent et malin, qui n'avoit d'autres armes que celles du ridicule et qui les voyoit toutes au-delà même de ce qu'il en pouvoit attendre, dans une main légère et intrépide, qui frappoit sans cesse en variant toujours ses coups. De là sans doute l'admiration pour un talent inopiné que l'envie n'atteignoit pas encore, dans un moment où le danger de l'innocence et la pitié pour l'infortune prédominoient sur toute autre impression; de là, en même temps, la joie de voir tomber de ces pages si divertissantes, des flots de mépris sur ce qu'on étoit charmé de pouvoir avilir, en attendant qu'on pût le renverser. Et qui peut douter que l'un ne fût un acheminement à l'autre, et que la plume de Beaumarchais n'y ait contribué? » Dans ces Mémoires pétillans d'esprit d'un bout à l'autre, on remarque surtout le bel épisode du voyage de l'auteur en Espagne, relatif à sa sœur, et l'endroit où il rend grâces au Ciel de lui avoir donné ou plutôt choisi des adversaires comme ceux qu'il a à combattre : « C'est, dit La Harpe, un des morceaux dont la tournure est la plus piquante et la plus nouvelle. Il n'a d'autre défaut que d'être un peu prolongé ; un peu resserré, il seroit parfait ; mais tel qu'il est, quelle verve d'imagination et de style!

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Nous ne dirons rien des autres ouvrages de Beaumarchais, sinon que son Barbier de Séville auroit pu se passer des deux scandales qui marchent à sa suite, et qu'il y a peu d'auteurs qui narrent aussi

bien que notre écrivain, ce qui est bien prouvé par ses Mémoires particuliers, dont quelques pages pourroient disparoître sans inconvénient, et par la relation d'un accident qui lui arriva en 1774, dans la Forêt-Noire, et qu'on lira toujours avec le plus grand intérêt. (Voyez ses OEuvres, Paris, 1821, tom. vi, pag. 248-266.)

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J.B.C.M. BEAUVAIS, évêque de Senez (n. 1733 m. 1789). Ses Sermons, Panégyriques et Oraisons funèbres ont été réimprimés en 4 vol. in-12, à Paris, en 1807. On prétend que ses ouvrages les plus travaillés, les mieux écrits, les meilleurs à tous égards, sont les quatre Oraisons funèbres par lesquelles il termina sa carrière apostolique, savoir: 1.o celle de Louis XV, prononcée le 27 juillet 1774; 2.o celle du maréchal de Muy, prononcée le 24 avril 1776; 3.o celle de Charles de Broglie, évêque de Noyon, le 7 juillet 1778; 4.o enfin, celle de Claude Léger, curé de Saint-André-desArts (1), prononcée le 17 août 1781.

BION, qui vivoit à-peu-près 170 ans avant J.-C., a deux très belles Idylles : le Chant funèbre en l'honneur d'Adonis, et l'Épithalame d'Achille et

de Déidamie.

(1) C'est ce digne pasteur connu par quarante ans d'exercice de toutes les vertus dans sa paroisse, qui a fourni à La Harpe l'idée et le caractère de son curé de Mélanie.

NIC. BOILEAU-DESPRÉAUX (Voy. tom. 1.er, pag. 184). Sa neuvième Satire : C'est à vous, mon esprit, etc., passe pour son chef-d'œuvre ; c'est un modèle du badinage le plus ingénieux; elle a été composée en 1667, et publiée l'année suivante. La Satire sur l'Homme (la huitième), également composée en 1667, est aussi l'une des meilleures, l'une de celles où il y a le plus de mouvement et de variété, et qui dans le temps eut le plus de vogue. La Satire sur la Noblesse (la cinquième) est encore fort belle; mais elle pourroit être plus approfondie. Celle qui regarde la difficulté de la Rime (la deuxième), peut également être citée parmi les bonnes. On lira toujours avec plaisirle Mauvais repas (Satire troisième), ·les Embarras de Paris (satire sixième); quoiqu'inférieures aux précédentes, elles sont bien supérieures 'aux autres que nous ne citons pas.

Parmi les Épîtres de Boileau, on recherchera toujours la quatrième sur le Passage du Rhin, et la sixième où il peint les douceurs du séjour de la campagne. Il avoit de la prédilection pour la dixième qu'il appeloit ses inclinations. Elle est adressée à ses vers. La première, sur les avantages de la Paix, est aussi fort belle.

L'Art poétique est connu depuis long-temps pour une législation parfaite dont l'application se trouve juste dans tous les cas, un code imprescriptible dont les décisions serviront à jamais à savoir ce qui doit être condamné, ce qui doit être applaudi. Ceux qui "ont étudié l'art d'écrire, qui en connoissent, par

une expérience journalière, les secrets et les difficultés, peuvent attester combien ils sont frappés du grand sens renfermé dans cette foule de vers aussi bien pensés qu'heureusement exprimés, et devenus depuis long-temps les axiomes du bon goût. Il est certain que l'Art poétique est la principale base de la haute renommée de Boileau ; c'est de tous ses ouvrages celui qui le place le plus près d'Horace. En renfermant tous les principes de l'art d'écrire dans des vers parfaits et faciles à retenir, il a laissé dans tous les esprits la mesure qui doit servir à régler leurs jugemens. Il a rendu familières au plus grand nombre ces lois avouées par la raison de tous les siècles et par le suffrage de tous les hommes éclai rés (1).

Le Lutrin, quoique bagatelle qui n'a rien de l'importance de l'Art poétique, ne fait pas moins d'honneur au talent de Boileau. Ce poëme est un de ceux où la perfection de la poésie française a été portéc

(1) Un passage de M. Dussault sur PArt poétique, trouve ici naturellement.sa place : « Dans les quatre chants d'un poëme très court, dit-il, le législateur du Parnasse français a embrassé toutes les parties de la littérature; non-seulement il a exposé tous les principes de l'art d'écrire; mais il a défini tous les genres, crayonné l'historique de quelques-uns, caractérisé un assez grand nombre de poëtes anciens et modernes, esquissé le tableau des révolutions du goût, depuis François I.er jusqu'à Louis XIV, et tracé aux auteurs des règles de conduite. On a peine à concevoir comment il a pu renfermer tant de choses dans un cadre si étroit; et cependant cette extrême briéveté ne dérobe rien à la grâce et à l'agrément; l'auteur de l'Art poétique est précis sans être sec; il a su

le plus loin, enfin celui où l'auteur a été, s'il est possible, plus poëte que dans tous les autres : il n'en existoit pas de modèle. Que l'on examine la petitesse du sujet si heureusement vaincue (un pupitre remis et enlevé dans une église), l'action si bien ordonnée et augmentant toujours d'intérêt, du moins pendant les cinq premiers chants (car le sixième n'est pas digne des autres), tous les personnages si bien caractérisés, tous les discours si bien soutenus, cet admirable épisode de la Mollesse, ces peintures si variées et si riches, cette excellente plaisanterie, ces comparaisons si bien placées, cette mesure si parfaitement gardée dans le mélange du sérieux et du comique, enfin cette perfection continue d'un style qui prend tous les tons, et l'on conviendra le Lutrin est un chef-d'œuvre de verve que poétique, une de ces créations d'un grand talent, dans lesquelles il a su faire beaucoup de rien.

NICOLAS THYREL DE BOISMONT (n. 1715 — m. 1786), célèbre prédicateur, s'est fait une grande réputation surtout dans l'oraison funèbre. On lui re

trouver encore dans un espace si plein et si resserré, de la place pour les ornemens........... »

En 1817, M. Chaussard a publié une Poétique secondaire, ou Essai didactique sur les genres dont il n'est pas fait mention dans la poétique de Boileau. Cet ouvrage en quatre chants est

pcu connu.

En 1809, M. Leduc a donné un Nouvel Art poétique, plaisanterie très ingénieuse, qui a eu deux éditions, in-12.

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