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duits devant le peuple.-La harangue pour Murena accusé d'avoir été désigné par brigue consul pour l'année suivante, est encore un chef-d'œuvre de Cicéron; Murena fut acquitté. Les amis des lettres donneront peut-être la préférence à l'oraison pour le poëte Archias, à qui un certain Gracchus contesta le droit de cité qui lui avoit été accordé précédemment. Ce discours, prononcé en 693, est un de ceux que Cicéron a travaillés avec plus de soin; il est rempli de digressions sur le charme de l'étude. — L'une des plus célèbres harangues de l'orateur romain, est encore celle qu'il prononça, enavril 702, pour Milon qui avoit tué le fameux Clódius dans une rencontre imprévue. Milon fut exilé; mais on assure que nous n'avons plus le discours que Cicéron prononça, et que celui que nous possédons fut corrigé et retouché après coup: on connoît le mot de Milon à ce sujet. Le grammairien Asconius Pedianus qui vivoit vers l'an 75 de J.-C., dit

que

de son temps on avoit encore les deux discours de Cicéron, celui qui a été recueilli par les tachygraphes pendant qu'il parloit à la tribune, et celui qu'il corrigea et retoucha ensuite. On prétend que l'oraison pour Marcellus a été improvisée, mais ensuite mise par écrit et retouchée après la séance du sénat. Quoi qu'il en soit, elle passe aussi pour un chef-d'œuvre d'éloquence, et pour avoir servi de modèle à Pline le Jeune dans son panégyrique de Trajan, Marcellus ne paroît pas avoir été très touché du pardon que lui accorda César, si l'on en juge

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par la lettre fière et froide qu'il écrivit à Cicéron, pour le remercier de sa démarche. Au reste, il fuț assassiné en route par un certain P. Magius, comme il revenoit à Rome (1). On mettra encore au rang des meilleures harangues de Cicéron, celle qu'il prononça pour Ligarius, et celle en faveur du roi Dejotarus : l'un et l'autre avoient été opposés à César dans la guerre civile. Quant aux quatorze Philippiques prononcées contre Marc-Antoine, depuis le 2 septembre 710 jusqu'au 24 avril 711, et qui furent si funestes à Cicéron (elles le firent assassiner le 7 décembre de la même année 711, 43 av. J.-C.), on peut dire que la seconde est la meilleure. Elle n'a pas été prononcée.

Des ouvrages de Cicéron sur l'art oratoire, nous ne citerons que ses Dialogi tres de oratore, qu'il publia en 699 quoique ces dialogues soient censés avoir eu lieu en 662. Atticus et Quintilius regardoient cet ouvrage comme l'un des meilleurs de Cicéron, et lui-même dit, dans une lettre à Atticus, iv, 13, qu'il a beaucoup retouché ce traité ; et dans une autre adressée à Lentulus (Epist. ad divers., 1, 9), qu'il renferme toute la théorie d'Isocrate et d'Aristote. Le Brutus, ou de claris oratoribus, est précieux pour l'histoire de la littérature romaine.

Cicéron, considéré comme moraliste et philoso

(1) Voyez dans les Epist. ad div. de Cicéron, liv. Iv, celle de Marcellus 11, et une de Sulpicius à ce sujet 12.

phe, a laissé beaucoup d'ouvrages estimables, parmi lesquels on distingue principalement le Cato major seu de Senectute, production l'une des mieux écrites de Cicéron et l'un des morceaux les plus inté ressans de l'antiquité ; le Lælius sive de Amicitia, très bon traité, quoiqu'il y soit plutôt question de cette espèce de liaison qui se forme entre citoyens des mêmes républiques et dont l'objet est la politique, que de l'amitié en général; le de Officüs, excellent ouvrage, où cependant il est moins question de la morale en général, que de la morale des grands appelés à gouverner les autres, car l'auteur n'y montre pas comment l'homme doit tendre à la vertu, mais comment en observant ce qui est honnête et décent, on peut se faire estimer et considérer de ses concitoyens. Une grande partie de cet ouvrage, surtout les deux premiers livres, a été traduite ou imitée des ouvrages de quelques stoïciens grecs, surtout de Panatius. Il est adressé par l'auteur à son fils M. Cicéron qui alors suivoit à Athènes les leçons de Cratippe. C'est le premier des ouvrages moraux de Cicéron.

Il en est qui divisent les productions philosophiques de notre auteur, en trois classes sous le rapport du mérite, savoir: 1.o le Traité des Devoirs, celui de la Divination, l'ouvrage sur le Souverain bien, et le Traité (imparfait) des Lois; 2.o les Questions académiques, le Traité de la Nature des Dieux, le fragment du Destin, le 1er et le 5.e livre des Tusculanes; 3.o les trois autres livres des Tus

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culanes, les Paradoxes, le Traité de la Vieillesse et celui de l'Amitié. Nous ne parlons ni de la République, ni de la Consolation, ni de la Gloire, ouvrages qui ont été perdus dans des temps plus ou moins éloignés, et dont on a cherché à réparer la perte. On pourroit bien faire quelques observations sur cette division des ouvrages philosophiques de Cicéron, en trois classes.

Nous n'avons rien à dire sur les Lettres de l'orateur romain, parce qu'il seroit trop long de détailler celles qui sont les plus importantes ; il suffit d'énoncer que c'est le recueil le plus intéressant qui puisse exister pour l'histoire du huitième siècle de la République romaine. Il est composé de quatre 'collections: 1.o les Lettres familières ( ad diversos), au nombre de quatre cent vingt-une, distribuées en seize livres; 2.o les Lettres à Atticus, trois cent quatre-vingt-seize, divisées de même en seize livres; 3.o les Lettres à Quintus Cicéron, au nombre de vingt-neuf, en trois livres ; et enfin, 4.o dix-huit Lettres à Brutus : ce qui fait en tout huit cent soixante-quatre lettres.

Cicéron s'est occupé aussi de poésie, et même avec ardeur dans sa jeunesse ; il a traduit en hexamètres les Phénomènes d'Aratus, et avoit composé une épopée dont Marius étoit le héros, et dont il cite des vers dans le 47. chap. de sa Divination; mais les opinions sont très partagées sur ses talens poétiques. Voltaire, dans la préface de son Catilina, fait de Cicéron un grand poëte qui peut le dis

puter à Lucrèce ; mais d'autres, riant avec Juvénal (sat. x, 122), du fameux vers:

O fortunatam natam me consule Romam!

sont bien éloignés de placer notre orateur à un si haut rang parmi les poëtes.

Personne n'a été plus pénétré du mérite de Cicéron que Pline l'Ancien, et personne n'en a fait un éloge plus complet et plus éloquent que lui dans cette belle apostrophe: « Pourrois-je, sans crime, passer ton nom sous silence, ô Cicéron ! Que célébrerai-je en toi comme le titre distinctif de ta gloire? Ah! sans doute il suffira d'attester cet hommage flatteur qu'un peuple entier, qu'un peuple tel que celui de Rome rendit à tes sublimes talens, et de choisir dans toute la suite d'une si belle vie les seules actions qui signalèrent ton consulat. Tu parles, et les Tribus romaines renoncent à la loi Agraire, à cette loi qui leur assuroit les premiers besoins de la vie. Tu conseilles : elles pardonnent à Roscius, auteur de la loi qui régloit les rangs au spectacle, et consentent à une distinction injurieuse pour elles. Tu persuades, et les enfans des proscrits se condamnent eux-mêmes à ne plus prétendre aux honneurs. Catilina fuit devant ton génie : c'est toi qui proscris Marc-Antoine. Reçois mon hommage, ô toi qui le premier fus nommé PÈRE DE LA PATRIE ; toiqui le premier méritas le triomphe sans quitter la toge, et le premier obtins les lauriers de la victoire avec les seules armes de la parole; toi le père de l'éloquence et des lettres latines; toi, enfin, pour me

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