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DU CHOIX DES LIVRES.

TROISIÈME PARTIE.

Notice indicative et succincte des morceaux les plus beaux et les plus estimés que l'on a toujours distingués dans les chefs-d'œuvre littéraires des auteurs du premier ordre et de quelques écrivains du second.

APRÈS avoir démontré, dans la première partie de notre travail, la nécessité de faire un choix dans l'immense quantité de livres qui encombrent les bibliothèques modernes ; après avoir signalé, dans la seconde, les ouvrages qui, ayant été l'objet de la prédilection d'hommes célèbres des différens siècles, méritent la préférence, nous croyons, conformément au précepte de Quintilien (1), devoir indi

(1) Non tantum auctores eligendi, sed etiam partes operis : Ce précepte qui, dans l'intention de Quintilieu, est de pure morale, n'en est pas moins un précepte de goût; car dans les colléges comme dans le cabinet de l'amateur, on s'est toujours attaché de préférence aux morceaux les plus saillans des meilleurs auteurs, d'abord pour former le goût des jeunes gens, et ensuite lorsque le goût est formé, pour y trouver, le reste de ses jours, l'aliment le plus pur et le plus agréable dont le cœur et l'esprit puissent se

nourrir.

quer, dans cette troisième partie, ce que les chefsd'œuvre des écrivains du premier ordre offrent de plus beau et de plus parfait, c'est-à-dire, ces morceaux d'inspiration, ces passages sublimes qui jettent un grand éclat au milieu de leurs compositions, et que l'on peut regarder comme la quintessence de toute la littérature. Il est certain qu'on ne peut trop se familiariser avec ces morceaux précieux, car dans tous les temps ils ont servi de base aux règles du goût; et les désigner aux amateurs, c'est leur faire sentir encore plus la nécessité de donner, dans leur collection, la préférence aux ouvrages dont ces morceaux font l'ornement, et qui sont les premiers titres de gloire de leurs auteurs. Telle est la raison qui nous a fait consacrer la troisième partie de notre travail à l'indication succincte de ces chefs-d'œuvre de chefs-d'œuvre, s'il est permis de s'exprimer ainsi. Nous ne croyons pas qu'il existe de liste spéciale de ce genre; elle pourra servir de guide à ceux qui, ne voulant ou ne pouvant parcourir tous les domaines de la littérature classique, désireroient au moins en visiter les sites les plus enchanteurs. Cette liste auroit pu être beaucoup plus étendue : combien de morceaux de choix, de discours, d'épisodes, de tits poëmes, de fragmens, réunissant les suffrages universels, nous aurions pu encore mentionner; mais les bornes que nous nous sommes prescrites nous ont forcé d'en retrancher un grand nombre et de nous restreindre à ce qui nous a paru le plus essentiel. Un volume eût à peine suffi à ces détails.

pe

On objectera peut-être que nous aurions pu fondre cette troisième partie dans la seconde, pour éviter deux nomenclatures où il est souvent question des mêmes auteurs. Nous répondrons que ces deux parties renferment deux objets très distincts; la seconde traitant de la prédilection d'hommes célèbres pour quelques ouvrages, ne comprend pas seulement des auteurs dans sa nomenclature; d'ailleurs elle est assez étendue à raison des jugemens portés sur les ouvrages qui y sont mentionnés. La troisième partie ne s'occupant que du choix des plus beaux morceaux de différens auteurs, en renferme plusieurs qui n'au roient pu paroître dans la seconde, parce que nous y avons admis quelques écrivains du second ordre dont plusieurs fragmens sont dignes de rivaliser avec des morceaux du premier. C'est donc pour éviter la confusion et pour mettre chaque chose à sa place, que nous avons séparé ces deux objets, quoiqu'au fond ils paroissent avoir quelqu'analogie. Nous ajouterons encore que nous méfiant de nos propres lumières, nous ne nous en sommes point rapporté à l'impression qu'avoient faite sur nous les morceaux que nous indiquons; mais nous avons consulté les meilleurs critiques et les meilleurs commentateurs, nous estimant heureux de nous être presque tou→ jours rencontré avec eux dans le choix de ces morceaux dont voici la nomenclature raisonnée par or are alphabétique.

ANACRÉON (n, 532 av. J. C.—m. 447 ). Tout

ce qui nous reste de cet aimable poëte, respire la délicatesse, la grâce, l'enjouement et le plaisir; ses odes, qui sans doute chez les Grecs n'étoient guère que des chansons de table (1), sont comme des roses de la plus grande fraîcheur, parmi lesquelles il est assez difficile d'établir un ordre de supériorité. Cependant la seconde ode, Sur les femmes, se fait remarquer par son élégance et par la précision du texte. La troisième, L'Amour mouillé, est l'une des plus célèbres; notre inimitable La Fontaine l'a parfaitement imitée. — La neuvième, La Colombe et le Passant, est d'un charme qui a provoqué un grand nombre de traducteurs.La vingtième, à sa Maîtresse, est remplie d'images gracieuses.La quarantième, L'Amour piqué par une abeille, est reconnue par les anciens et par les modernes, pour l'une des plus délicates et des plus ingénieuses qui existent.-La quarante-cinquième, Les flèches de l'Amour, n'est pas moins célèbre que la précédente. Parmi les poésies d'Anacréon, il y en a plusieurs dont on conteste l'authenticité; en effet, quelques-unes de celles-ci paroissent moins dignes de lui.

(1) Elles se chantoient encore dans les repas chez les Romains du temps d'Aulu-Gelle, vers le milieu du 11.e siècle de l'ère vulgaire. Cet auteur latin rapporte en entier l'ode xv11, sur une coupe, et dit que tous les convives furent émerveillés de ce superbe morceau du vieillard de Téos, chanté et accompagné d'instrumens par une troupe de jeunes esclaves des deux sexes. V. les Nuits Altiques, trad. par M. Verger. Paris 1820, tom. 3, p. 425.

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