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APOLLONIUS DE RHODES (n. vers 222 avant J.-C. m. vers 160), bibliothécaire à Alexandrie, est auteur du poëme des Argonautes, en iv chants, dans lequel on remarque le passage de l'amour de Médée pour Jason, qui est peint avec une grande vérité, où cependant on désireroit plus de force. Ce passage ne paroît pas avoir été inutile à Virgile, dans son quatrième livre de l'Énéide; et c'est déjà une certaine gloire pour Apollonius; mais en outre son poëme se fait remarquer par la pureté de la diction et par la beauté des vers : c'est dommage qu'il soit un peu foible du côté de l'invention et des ca

ractères.

ARISTOTE (n. 384 avant J.-C. m. 322), est l'auteur le plus universel et le plus inconcevable qui ait existé, si tous les ouvrages qui portent son nom sont véritablement de lui, non-seulement à cause de leur nombre, mais à cause de la variété de connoissances qu'ils ont exigée. Logique, métaphysique, psychologie, physiognomonique, rhétorique, poétique, morale, politique, mathématiques, physique, histoire naturelle, économie, histoire, tout lui auroit été familier, et il eût, pour ainsi dire, excellé en tout; ce qui seroit un phénomène inoui, car l'esprit humain a ses bornes. Malgré cela, voyons parmi tant de productions diverses qui portent son nom, celles qui ont joui d'une plus grande célébrité. Sa Logique est si parfaite, que l'on a eu peu de chose à y ajouter dans les siècles modernes. Sa

Rhétorique, en deux livres, est un des ouvrages les plus estimés qui nous soient parvenus de l'antiquité; son auteur est et sera toujours regardé comme un des législateurs de l'art oratoire. On en peut dire de même de sa Poétique. Son Traité de morale, adressé à Nicomachus son fils, en dix livres, est le premier ouvrage scientifique sur cette matière, et l'un des plus beaux que l'on connoisse. Sa Politique, ou Traité de la chose publique, en huit livres, ne le cède en rien au précédent, pour la réputation qu'il a acquise à son auteur. Son Histoire des animaux étoit en plus de cinquante livres; il ne nous en reste que dix qui sont considérés comme un chef-d'œuvre. Malgré les progrès et les découvertes en histoire naturelle, l'ouvrage d'Aristote dont nous parlons est et sera toujours de la plus haute importance, soit par son exactitude, soit par les excellentes observations qu'il contient. M. de Buffon en a fait le plus grand éloge, et M. Camus l'a traduit en français, Paris, 1783, 2 vol. in-4.o ¿uxquels on trouve quelquefois jointe une critique intitulée Lettres d'un Solitaire, etc. (par M. Debure de SaintFauxbin), Amst., 1784, in-4.o de 101 pages. Nous pouvons encore citer d'Aristote une pièce de vers intitulée: Scolie, ou espèce d'hymne en l'honneur de la vertu, ou en commémoration de son bienfaiteur Hermias : c'est un très beau morceau de poésie, Nous ne dirons rien de sa Physique, de sa Métaphysique, de ses connoissances astronomiques, ni d'autres ouvrages qu'il seroit trop long de rappor

ter, parce qu'ils sont inférieurs à ce que nous avons cité.

D. M. AUSONE (n. à Bordeaux en 309 — m. 394), étoit beaucoup plus versificateur que poëte; il manquoit d'imagination et de verve, mais il avoit une extrême facilité qui lui tenoit lieu de génie. Un grand nombre de ses ouvrages ne méritoit pas de passer à la postérité. Sa diction est moins pure que celle de Claudien dont nous parlons ci-après. Parmi ses productions qui pour la plupart sont des poésies mêlées auxquelles il est difficile d'assigner un genre, on distingue 1.o son Ephemeris, espèce de pot-pourri, en différens vers, sur la manière de passer la journée : quoique défectueux, ce poëme n'est pas sans mérite tant pour la versification que pour les idées; 2.o la sixième de ses Idylles, intitulée Le Crucifiement de l'Amour: elle est fort agréable; ce sont les amantes malheureuses de la Mythologie, qui se vengent de l'Amour en l'attachant à une branche de myrte en guise de croix ; 3.o la dixième Idylle, la Description de la Moselle, poëme en quatre cent quatre-vingt-trois vers. C'est ce qu'Ausone a fait de mieux ; il y a employé les plus brillantes couleurs de la poésie et tous les accessoires que fournissoient l'histoire, la géographie et la fable. Les images y sont multipliées à l'infini; mais on y chercheroit en vain la simplicité et le goût. Quant au Cento nuptialis, nous pensons qu'il a fallu une profonde corruption du cœur et de l'esprit

pour faire un pareil poëme avec les vers du plus chaste des poëtes.

BARBIER D'AUCOURT (n. 1641 - m. 1694). L'ouvrage de cet auteur, intitulé: Sentimens de Cléanthe sur les Entretiens d'Ariste et d'Eugène (du P. Bouhours), in-12, est, après les Provin ciales, le seul livre polémique qui ait assuré à son auteur une réputation qui a duré jusqu'à nous; c'est, à très peu de chose près, dit M. de La Harpe, ce que la critique littéraire a produit de meilleur dans le dernier siècle. En effet, on le regarde comme un chef-d'œuvre. Si cet ouvrage n'est pas plus répandu et par conséquent plus connu, c'est sans doute parce qu'il tient à une production médiocre (celle du P. Bouhours) qui a eu un succès éphémère et qui est oubliée depuis long-temps.

P. A. CARON DE BEAUMARCHAIS (n. 1732 m. 1799). De tous les ouvrages de cet ingénieux, hardi et infatigable écrivain, on mettra toujours au premier rang les Mémoires aussi curieux que piquans qu'il publia dans les trois procès plus célèbres par la forme que par le fond, qui occupèrent une partie de sa vie, savoir: le procès contre le légataire universel de M. Du Verney (M. le comte de la Blache); le procès Goezmann, qui n'étoit qu'un incident du premier, mais qui devint le plus sérieux et le plus piquant ; et enfin le procès Kornmann. Il est impossible de se figurer le succès et la vogue de ces

Mémoires, dans le temps où ils parurent ; et ils sont tels pour le style, qu'on les lit encore aujourd'hui avec un vrai plaisir, quoique le fond de la scène, les acteurs, les accessoires, tout ait disparu. Pour donner une idée de cette production singulière, je citerai ce seul passage de La Harpe: «....... Quelle jouissance pour le public, lorsqu'en lisant Beaumarchais, il ne vit plus dans tous ces différens Mémoires qui se succédoient rapidement, qu'un homme qui se chargeoit de le venger d'une magistrature bâtarde (le Parlement Maupeou), et celle-ci qui de son côté se chargeoit de faire regretter la légitime, malgré tous ses torts! Qu'il eût raison, c'étoit l'affaire d'un quart-d'heure; les faits ne parloient pas, ils crioient. Mais cette forme si neuve, aussi saillante qu'inusitée; ces singuliers écrits qui étoient tout à la fois une plaidoirie, une satire, un drame, une comédie, une galerie de tableaux, enfin une espèce d'arène ouverte pour la première fois, où il sembloit que Beaumarchais s'amusât à mener en laisse tant de personnages comme des animaux de combat faits pour divertir les spectateurs! Mais tous ces personuages si richement et si diversement ridicules ou vils, qu'on les croiroit choisis tout exprès pour lui, et que lui-même en effet rend grâces au ciel de les lui avoir donnés pour adversaires! Mais cette continuelle variété de scènes qu'on voit bien qu'il n'a pu inventer, et qui n'en sont que plus plaisantes à force de vérité, de cette vérité qu'on ne peut saisir et crayonner qu'avec le tact le plus fin et l'imagi

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