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d'un fils déjà grand qu'il avait eu d'un premier mariage, il passe pour constant que par la mort de ce fils il ouvrit dans sa maison un champ libre à cet horrible hymen. Ce forfait, si je ne me trompe, a été l'un des principaux motifs qui lui firent hâter son entreprise : cette âme impure, ennemie des dieux et des hommes, ne pouvait trouver de repos ni dans la veille, ni dans le sommeil : tant le remords faisait de ravage dans ce cœur bourrelé! Son teint pâle, son affreux regard, sa démarche tantôt lente, tantôt précipitée, en un mot dans ses traits, dans l'expression de son visage, tout annonçait le trouble de son cœur.

XVI. Toutefois, cette jeunesse qu'il avait su gagner par ses séductions, comme je viens de le dire, il avait mille manières de la former au crime. De quelquesuns il disposait comme faussaires et faux témoins : honneur, fortune, périls, ils devaient tout sacrifier, tout mépriser. Puis quand il les avait perdus de réputation et avilis, il leur commandait des crimes plus importans. Manquait-il dans le moment de prétexte pour faire le mal, il leur faisait surprendre, égorger comme des ennemis ceux dont il n'avait point à se plaindre; ainsi, de peur que l'inaction n'engourdît leurs bras ou leur cœur, il aimait mieux être méchant et cruel sans nécessité. Comptant sur de tels amis, sur de tels associés, alors que par tout l'empire les citoyens étaient écrasés de dettes, et que les soldats de Sylla, la plupart ruinés par leurs profusions, encore pleins du souvenir de leurs rapines et de leur ancienne victoire, ne désiraient que la guerre civile, Catilina forma le projet d'asservir la république. Point d'armée en Italie: Cn. Pompée faisait la guerre aux extrémités de la terre: pour Catilina donc, grand espoir tus; tutæ tranquillæque res omnes : sed ea prorsus opportuna Catilinæ.

XVII. Igitur, circiter kalendas junias, L. Cæsare et C. Figulo consulibus, primo singulos adpellare : hortari alios, alios tentare: opes suas, imparatam rempublicam, magna præmia conjurationis docere. Ubi satis explorata sunt quæ voluit, in unum omnis convocat quibus maxuma necessitudo et plurimum audaciæ. Eo convenere senatorii ordinis P. Lentulus Sura, P. Autronius, L. Cassius Longinus, C. Cethegus, P. et Servius Sullæ Servii filii, L. Vargunteius, Q. Annius, M. Porcius Læca, L. Bestia, Q. Curius : præterea ex equestri ordine M. Fulvius Nobilior, L. Statilius, P. Gabinius Capito, C. Cornelius: ad hoc multi ex coloniis et municipiis, domi nobiles. Erant præterea complures paullo occultius consilii hujusce participes nobiles, quos magis dominationis spes hortabatur, quam inopia aut alia necessitudo. Ceterum juventus pleraque, sed maxume nobilium, Catilinæ inceptis favebat. Quibus in otio vel magnifice, vel molliter vivere copia erat, incerta pro certis, bellum quam pacem malebant. Fuere item ea tempestate qui crederent M. Licinium Crassum non ignarum ejus consilii fuisse; quia Cn. Pompeius invisus ipsi, magnum exercitum ductabat; cujusvis opes voluisse

de briguer le consulat : le sénat sans défiance; partout une tranquillité, une sécurité entières : les circonstances ne pouvaient être plus favorables à Catilina.

XVII. Or, ce fut vers les kalendes de juin, sous le consulat de L. César et de C. Figulus, qu'il commença à s'ouvrir séparément à chacun de ses amis : encourageant les uns, sondant les autres; leur montrant ses moyens, la république sans défense, et les grands avantages attachés au succès de la conjuration. Dès qu'il s'est suffisamment assuré des dispositions de chacun, il réunit en assemblée tous ceux qui étaient les plus obérés et les plus audacieux. Il s'y trouva, de l'ordre des sénateurs, P. Lentulus Sura, P. Autronius, L. Cassius Longinus, C. Cethegus, P. et Ser. Sulla, tous deux fils de Servius, L. Vargunteius, Q. Annius, M. Porcius Léca, L. Bestia, Q. Curius; puis de l'ordre des chevaliers, M. Fulvius Nobilior, L. Statilius, P. Gabinius Capiton, C. Cornelius; en outre plusieurs personnes des colonies et des municipes, tenant aux premières familles de leur pays Il y avait encore d'autres complices, mais un peu plus secrets, de l'entreprise, nobles personnages dirigés par l'espoir de dominer, plutôt que par l'indigence ou par quelqu'autre nécessité de position. Au reste presque toute la jeunesse romaine, surtout les nobles, favorisaient les desseins de Catilina. Pouvant au sein du repos vivre avec magnificence et dans la mollesse, ils préféraient au certain l'incertain, et la guerre à la paix. Quelques-uns même ont cru dans le temps que M. Licinius Crassus n'avait point ignoré le complot; et que, mécontent de ce que Pompée était à la tête d'une grande armée, il voulait voir la puissance de tout autre surgir pour contre-balancer celle de son rival. Il se flattait d'ailleurs, si la conspiration contra illius potentiam crescere; simul confisum, si conjuratio valuisset, facile apud illos principem se fore. Sed antea item conjuravere pauci contra rempublicam, in quibus Catilina: de quo, quam verissume potero, dicam. XVIII. L. Tullo, M. Lepido consulibus, P. Autronius et P. Sulla, designati consules, legibus ambitus interrogati, pœnas dederant. Post paullo Catilina, pecuniarum repetundarum reus, prohibitus erat consulatum petere, quod intra legitimos dies profiteri nequiverit. Erat eodem tempore Cn. Piso, adolescens nobilis summæ audaciæ, egens, factiosus, quem ad perturbandam rempublicam inopia atque mali mores stimulabant. Cum hoc Catilina et Autronius, circiter nonas decembres consilio communicato, parabant in Capitolio kalendis januariis L. Cottam et L. Torquatum consules interficere; ipsi, fascibus correptis, Pisonem cum exercitu ad obtinendas duas Hispanias mittere. Ea re cognita, rursus in nonas februarias consilium cædis transtulerant. Jam tum non consulibus modo, sed plerisque senatoribus, perniciem machinabantur: quod ni Catilina maturasset pro curia signum sociis dare, eo die, post conditam urbem romanam, pessumum facinus patratum foret. Quia nondum frequentes armati convenerant, ea res consilium diremit.

XIX. Postea Piso in citeriorem Hispaniam quæstor

réussissait, de devenir facilement le chef du parti. Mais déjà auparavant quelques hommes avaient formé une conjuration dans laquelle était Catilina. Je vais en parler le plus fidèlement qu'il me sera possible.

XVIII. Sous le consulat de L. Tullus et de M. Lepidus, les consuls désignés, P. Autronius et P. Sylla, convaincus d'avoir violé les lois sur la brigue, avaient été punis. Peu de temps après, Catilina, accusé de concussion, se vit exclus de la candidature au consulat, faute d'avoir pu se mettre sur les rangs dans le délai fixé par la loi. Il y avait alors à Rome un jeune noble, Cn. Pison, d'une audace sans frein, plongé dans l'indigence, factieux et poussé au bouleversement de l'état autant par sa détresse que par sa perversité naturelle. Ce fut à lui que vers les nones de décembre, Catilina et Autronius s'ouvrirent du dessein qu'ils avaient formé d'assassiner dans le Capitole aux kalendes de janvier les consuls L. Cotta et L. Torquatus. Eux devaient prendre les faisceaux, et envoyer Pison avec une armée pour se rendre maître des deux Espagne. Ce complot découvert, les conjurés remirent leur projet de massacre aux nones de février: car ce n'était pas seulement les consuls, c'était presque tous les sénateurs que menaçaient leurs poignards. Si Catilina à la porte du sénat ne s'était trop hâté de donner le signal à ses complices, en ce jour on eût vu se consommer le pire forfait qui se fût encore commis depuis la fondation de Rome. Mais comme il ne se trouva pas assez de conjurés avec des armes, cette circonstance fit échouer le projet.

XIX. Plus tard Pison, nommé à la questure, fut en

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