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vius et comprenant un nombre fixe de cavaliers que l'on évalue généralement à 2,400. Ils étaient choisis parmi les plus riches, sauf les sex suffragia ou les six centuries antérieures à Servius (1), c'est-à-dire, dans l'opinion générale, parmi ceux qui possédaient le cens équestre. Ce corps avait une situation à part, non seulement à l'armée, mais encore aux comices où les 18 centuries votaient les premières. Le cavalier recevait de l'État le cheval ou plutôt l'argent pour l'acquérir (aes equestre) et pour l'entretenir (aes hordearium); de là le nom des centuries: equites equo publico.

Pendant quelque temps, les equites equo publico furent les seuls cavaliers de l'armée romaine. Mais, à partir d'une certaine époque que l'on croit être l'année 351, année du siège de Véies, les citoyens qui, possédant le cens équestre, ne pouvaient trouver place dans les dix-huit centuries à cause du nombre limité de leurs membres, auraient obtenu, pour l'avenir, le droit de servir à cheval, à la condition de fournir eux-mêmes leur monture. Ce seraient les equites equo privato.

A la différence des premiers, ces nouveaux cavaliers ne jouiraient d'aucun privilège politique; à la place de l'aes equestre et de l'aes hordearium, ils recevaient, comme les fantassins, une solde dont le montant était seulement trois fois plus élevé.

Telle est l'opinion à peu près universellement admise par les auteurs (2), relativement aux equites equo privato. A mon sens, rien n'est plus contestable que l'existence de ces equites ni le nom, ni la chose ne sont romains. C'est du moins ce que je vais essayer de démontrer.

(1) Voyez Institutions politiques, loc. cit.

(2) C'est ce qui est admis par tous les auteurs de traités d'antiquités romaines Walter, I, § 112; Lange, I (3o éd.), p. 483, et par ceux qui ont écrit l'histoire des chevaliers romains, Marquardt, Zumpt, Belot, Karlowa et Herzog. Madvig est le seul qui repousse cette théorie (Verf. I, p. 162); mais il ne donne aucun argument et admet l'existence, à ce moment, d'un cens équestre,

§ 2. Examen des textes.

Voyons d'abord les textes classiques dans lesquels on a prétendu trouver la preuve de l'existence des equites equo privato. Ils sont au nombre de deux et appartiennent l'un et l'autre à Tite-Live.

Dans le premier, l'historien nous raconte un épisode du siège de Véies, en 351. Cette date, comme on le verra, a son importance. Elle se place, en effet, trois ans après l'introduction de la solde dans l'armée romaine (1), réforme considérable qui a rendu possibles les grandes et glorieuses campa gnes de la période ultérieure.

Donc le siège de Véies, en 351, traînait en longueur, lorsque tout à coup une mauvaise nouvelle vint surprendre la population de Rome, agitée, comme toujours, par les discussions violentes des partis. Les Véiens avaient détruit, par le feu, les machines et les travaux d'approche des assiégeants, qui avaient perdu ainsi, en une nuit, le fruit de leurs rudes travaux pendant un hiver entier. Au bruit de ce désastre, un frémissement de patriotisme court dans toutes les classes de la société; chacun, dans la mesure de ses forces, veut concourir à la défense du pays. Voici comment Tite-Live raconte ce beau mouvement: Quod ubi Roman est nuntiatum, maestitiam omnibus, senatui curam metumque injecit, ne tum vero sustineri nec in urbe seditio, nec in castris posset, et tribuni plebis velut ab se victae reipublicae insultarent: quum, repente, quibus census equester erat, equi publici non erant adsignati, consilio prius inter sese habito, senatum adeunt; factaque dicendi potestas, equis se suis stipendia facturos promittunt. Quibus cum amplissimis verbis gratiae ab senatu actae essent, ... subito ad curiam concur

(1) Liv, 4, 59,

sus fit plebis. Pedestris ordinis aiunt nunc esse operam reipublicae extra ordinem polliceri, seu Veios, seu quo alio ducere velint, etc. Le Sénat, appelé à délibérer sur la situation, rend grâces publiquement aux volontaires. Tite-Live nous donne l'analyse du décret : placere autem, omnibus his voluntariam extra ordinem professis militiam aera procedere. Il ajoute : et equiti certus numerus aeris est adsignatus. Tum primum equis merere equites cœperunt (1).

Ce qu'il faut retenir de ce récit, c'est la conduite de ces cavaliers volontaires et les mesures prises à leur égard par le Sénat. Pour l'historien, il y avait donc des citoyens, qui, jusqu'à cette date, ne servaient point à cheval, bien qu'ils eussent la fortune requise (census equester) pour faire partie des dix-huit centuries. En effet, nous savons que le corps des equites equo publico était limité et, dès lors, il y avait un choix à faire; il était donc impossible que tous ceux qui jouissaient d'une fortune déterminée pussent en faire partie, leur nombre étant nécessairement variable, tandis que celui des equites equo publico était fixe. Un seul point peut paraître douleux dans ce récit, c'est celui-ci : est-il bien certain qu'à cette époque il y eût déjà un census equester? J'examinerai cette question au paragraphe suivant; pour le moment, je me borne à analyser le récit de Tite-Live et la conclusion qu'il en tire.

Voilà donc ces volontaires enrôlés et servant avec leurs propres montures (equis suis); malgré la nouveauté d'un pareil service, le Sénat décide que la campagne faite dans ce corps comptera comme régulière (aera procedere) et attribue aux cavaliers une solde (equiti certus numerus aeris adsignatus). En manière de conclusion, l'historien fait la réflexion suivante: tum primum equis merere equites cœperunt.

Il est évident que si Tite-Live n'avait pas ajouté cette observation, on n'aurait pu trouver, dans ce qui précède, la moindre preuve de la création des equites equo privato. On aurait vu tout simplement que, lors du siège de Véies, un (1). Liv. 5, 7.

corps de cavaliers volontaires avait servi dans des conditions exceptionnelles; mais on n'aurait pu tirer de ce fait extraordinaire la conséquence qu'un pareil corps était entré, dès ce moment, dans la composition régulière de l'armée romaine! La dernière phrase de Tite-Live ne vient-elle pas changer tout cela? On le croit généralement, mais à tort à mon avis, car, pour l'entendre ainsi, il faut fausser le sens des mots employés par l'historien latin.

Voyons donc quel est le sens exact de cette phrase.

Une première difficulté se présente, c'est de savoir quel est le texte certain. N'ayant pas qualité pour trancher cette question spéciale, je ne puis que me retrancher derrière l'autorité des savants philologues qui ont donné leur opinion sur ce point; or, ils affirment que la leçon que j'ai adoptée est bien celle des manuscrits ; ils se prononcent donc contre le texte de l'epitome qui, à la suite du mot equis, ajoute < suis (1).

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Je ferai simplement remarquer que cette solution me parait d'autant plus certaine, que le mot suis a toutes les apparences d'un commentaire emprunté par le copiste à Tite-Live lui-même, pour donnner un sens plus net à sa dernière phrase qui ne lui paraissait probablement pas assez claire. Or, je crois pouvoir démontrer que le sens en est parfaitement clair, bien que le mot suis n'y soit ni exprimé, ni même sous-entendu. Cette preuve, si je la fournis, viendra donc confirmer la leçon que j'ai suivie.

Ceux qui suivent la leçon des manuscrits ont été très embarrassés pour traduire cette phrase; les uns l'ont lue comme si le mot suis était sous-entendu, les autres ont traduit ainsi : Pour la première fois alors, les cavaliers servirent de leur monture par opposition aux equites equo publico qui, eux, servaient de leur personne seulement (2). On respecte ainsi le texte, mais on arrive au même résultat que

(1) Voy. notemment : Zumpt, Ueber die rom. Ritter, p. 15; Peter, Epo chen, p. 248; Belot, I, p. 176 note 2.

(2) V. Zumpt et Marquardt, op. laud.

ceux qui le dénaturent, et cela en donnant au verbe merere un faux sens.

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Merere peut bien s'employer pour désigner le corps dans lequel le soldat est appelé à servir: pedibus merere (1), equo merere (2); mais la dernière expression ne saurait être opposée à equo publico merere, puisque l'une et l'autre sont employées indistinctement par Tite-Live lui-même pour désigner le service des chevaliers equo publico (3). La vérité, c'est que ce verbe a deux sens et signifie aussi bien « servir › que recevoir une solde (4). Pourquoi n'aurait-il pas été employé ici avec cette dernière signification? Cela paraît d'autant plus naturel que ce sens concorde parfaitement avec toutes les données du récit de Tite-Live; la solde a été établie pour les fantassins (milites) trois ans auparavant; les cavaliers equo publico ont continué de toucher comme à l'origine, non une solde mais une indemnité pour l'achat et l'entretien du cheval; c'est donc la première fois que des cavaliers, en tant que cavaliers, reçoivent une solde. Ainsi le fait nouveau que signale l'historien, c'est la création d'une solde pour les cavaliers, en quoi il ne fait que souligner l'idée qu'il a déjà exprimée: equiti certus numerus aeris adsignatus.

On voit donc que ce passage de Tite-Live, qui a fourni à nos adversaires l'argument capital, s'explique très naturellement sans recourir à l'hypothèse d'un corps permanent d'equites equo privato.

Le second texte est encore moins probant. Les censeurs de l'an 542, voulant punir les chevaliers romains à cause de leur conduite répréhensible en temps de guerre, les condamnèrent à servir dix ans avec leurs propres chevaux: illis omni

(1). Liv. 24, 18: ut... pedibus mererent.

(2) Id. 27, 11: magnum praeterea numerum eorum conquisiverunt, qui equo merere deberent. Voy. aussi, Pline, h. n. 33, 1.

(3) C'est ce qui résulte de la note précédente. Quelquefois on dit aussi, dans cette hypothèse, equo publico merere. Liv. 27, 11.

(4) Liv. 7, 41: ut de stipendio equitum (merebant autem triplex ea tem pestate) aera demerentur.

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