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période de l'Empire où nous voyons des colons, dans les inscriptions, prendre deux tribus, celle qu'ils avaient avant d'être envoyés dans la colonie et celle de la colonie. En voici un exemple:

DIIS. MANIBVS

L. ENNI. L. F. POM

PTINA. OPTATO
DERTONA. TRIB
SCAPTIA. VETERA
NVS. EX. COH. II. PR.
5. RVFI. MILITAVIT
ANNIS. XVII. VIXIT
ANNIS. XL. TESTAME
NTO. FIERI. IVSSIT. FE

CERVNT. L. ENNIVS
THREPTVS. ET. L. ENNIVS

ATHICTVS. PATRONO

PIENTISSIMO. ET. SIBi

POSTERISQVE. SVORVM (1)

• Aux dieux Mânes de Lucius Ennius, fils de Lucius, de la tribu Pomptina, Optatus, de Dertona, de la tribu Scaptia, vétéran de la II cohorte prétorienne, de la centurie de Rufus. Il a servi dix-sept ans et vécu quarante ans. Il a ordonné dans son testament qu'on lui fit (ce monument). Il a été fait par L. Ennius Threptus et L. Ennius Athictus à leur patron très bienveillant ainsi que pour eux et leur postérité. »

D

Cette inscription, trouvée à Rome, est un peu embarrassante parce qu'elle ne nous fait pas connaître l'origo primitive de L. Ennius Optatus. M. Mommsen suppose que ce personnage était inscrit primitivement dans la tribu Pomptina, puis qu'après son congé, il a été envoyé à Dertona et inscrit dans la tribu de cette colonie, la Scaptia (2).

(1) Henzen, 6426, avec la note de Mommsen. Wilm. 2708.

(2) Note ap. Henz. C426: Mihi est veteranus olim Pomptinæ tribu adscripMISP. Études.

2

Cette explication pourrait être acceptée s'il était prouvé que la tribu de Dertona est bien la Scaptia. Malheureusement de nombreuses inscriptions rangent cette colonie dans la Pomptina (1). Il faut donc, je crois, renverser la proposition et dire que ce vétéran, originaire de Dertona de la tribu Pomptina, a été plus tard inscrit, par changement d'origo, dans une commune appartenant à la Scaptia. Il est bien probable que c'est comme colon qu'il a été envoyé dans cette nouvelle commune; sa qualité de vétéran nous le fait présumer; mais, ne connaissant pas le nom de la cité, il ne nous est pas permis d'être plus affirmatifs.

Nous possédons des documents épigraphiques beaucoup plus clairs qui nous donnent à la fois le nom de la cité d'origine et celui de la nouvelle patrie.

DIS MANIBVS

C. IVLIO. C. F

LONGINO

DOMO VOLTINIA

PHILIPPIS. MACEDO

NIA. VETERANVS

LEG. VIII. AVG. DEDVCTVS

AB. DIVO. AVGVSTO
VESPASIANO. QVIRIN.

REATE. SE. VIVO. FECIT
́SIBI. ET. IVLIAE. C. LIBERT

HELPIDI. CONIVGI. SVAE

ET. C. IVLIO. C. LIBERT. FELICI.

ET POSTERISQVE. SVIS. FEC. etc. (2)

Aux dieux Mânes. A C. Julius, fils de Gaïus, Longinus, de Philippes en Macédoine dans la tribu Voltinia, vétéran de

tus, deinde, post deductionem Dertonam, Scaptiæ. Grotefend, Imperium romanum tributim descrip. p. 15, adopte cette explication.

(1) Telle est l'opinion de Beloch, p. 36. Voy. infra, l'inscription de C. Cornelius Verus et supra p. 10.

(2) Orelli, 3685. Wilm. 2095.

la VIII légion Augusta, envoyé (comme colon) par le divin Auguste Vespasien dans la tribu Quirina à Reate. Il s'est construit ce monument de son vivant, pour lui, pour Julia, affranchie de Gaïus, Elpis, son épouse, pour C. Julius, affranchi de Gaïus, Félix, pour sa postérité, etc. »

Il s'agit d'une de ces inscriptions concernant des soldats originaires de Philippes en Macédoine qui ont été envoyés comme colons à Reate, dans la Sabine, sous Vespasien.

Ici, aucun doute n'est possible. C. Julius Longinus, originaire de Philippes dans la Voltinia, a été envoyé comme colon, après son congé, à Reate, où l'inscription a été trouvée, et on l'a inscrit dans la Quirina, tribu de cette nouvelle patrie.

On pourrait relever encore de nombreuses inscriptions relatives au changement de tribu par suite d'un changement d'origo. Mais il nous suffit d'avoir démontré que, sous l'Empire, les colons envoyés dans une colonie perdaient leur tribu primitive et étaient inscrits dans une nouvelle. "Or rien ne prouve qu'il n'en a pas été ainsi de tout temps. On a vu, au contraire, que les colonies fondées depuis l'origine de la république étaient toutes inscrites dans une tribu rurale, bien que les colons fussent recrutés dans la plèbe de Rome composant les quatre tribus urbaines. Dès lors, on comprend pourquoi des tribus nouvelles ont pu recevoir les colons de Terracine, de Minturnes et de Sinuesse. En réalité, il s'agissait de recevoir sinon des nouveaux citoyens dans le sens absolu du mot, comme cela avait lieu pour les municipes, du moins des citoyens renouvelés.

Je crois même que l'on pourrait appliquer ce raisonnement à l'hypothèse où une portion du domaine public aurait été distribuée viritim à des citoyens romains. Je veux dire que dans ce cas là aussi, on comprendrait parfaitement notre manière de voir, la création d'une nouvelle tribu ou l'inscription dans une tribu différente de la première.

Nous n'avons pas de preuve certaine qu'il en ait été ainsi; mais il n'est pas douteux que le citoyen qui reçoit un lot de

terres, par suite d'un partage, ne soit dans une situation analogue à celle du colon envoyé dans une colonie: l'un et l'autre changent d'origo. Au surplus, voici une inscription qui me paraît de nature à justifier notre solution :

C. CORNELIVS. C. F.
POM. DERT. VERVS

VET. LEG. II. ADI
DEDUCT. C. V. T. P.
MISSION. AGR. II

MILIT. B. COS

ANNOR. L. H. S. E. etc. (1).

C. Cornelius, C. f. Pom(plina tribu) Dert(ona) Verus, vet(eramus) leg(ionis) II adi(utricis), deduct(us) c(oloniam) Ulpiam) Traianam) P(oetovionem) mission (e) agraria ?) altera, milit(avit?) b(eneficiarius) co(n)s(ularis) annor(um) L. h (ic) s (itus) e (st) etc.

Telle est la lecture de ce texte difficile proposée par M. Mommsen. D'après ce savant, l'inscription daterait du règne de Trajan et rappellerait l'une des missiones agrariæ de ce prince.

C. Cornelius, originaire de Dertona, cité inscrite dans la tribu Pomptina, aurait reçu des terres dans la colonie de Poetovio (colonia Ulpia Traiana) qui appartient à la tribu Papiria. Le nom de cette dernière tribu ne figure pas, il est vrai, sur le monument, mais cette omission ne prouve pas que Cornelius n'y soit pas inscrit. Il est plus vraisemblable que son héritier aura jugé inutile d'en faire mention, le monument ayant été élevé à Poetovio où il a été trouvé : le public ne pouvait pas s'y tromper. On peut d'ailleurs citer des exemples d'omissions de ce genre dans des inscriptions relatives à des colons. Ainsi C. Carautius de Vienne, envoyé par Vespasien, en qualité de colon à Reate ne prend que la tribu d'origine, la

(1) Corp. I. L. III, 4057. Wilm. 1489 a. R ct T sont liées, B est coupée par une ligne transversale.

Voltinia. L'inscription étant destinée à Reate, on a négligé de mentionner la tribu de cette cité, la Quirina (1).

Ainsi, tous les faits historiques que nous connaissons s'expliquent par la même idée et ils nous démontrent clairement que là où nous voyons une tribu nouvelle, nous pouvons dire qu'il y a des citoyens nouveaux. On sait d'ailleurs, ainsi que je viens de le prouver, que ces cives novi peuvent avoir des origines diverses, c'est-à-dire être des municipes, des colons ou même des citoyens ayant bénéficié d'une adsignatio viritana.

$2.

Examen de la doctrine de M. Mommsen.

Sur quoi donc repose la théorie de M. Mommsen? Sur les deux arguments que voici.

Le premier est tiré d'un texte bien souvent cité à propos de cette question, mais jamais expliqué. Je le reproduis donc en entier et j'en donne la traduction: Illud quaero, sintne ista praedia censui censendo, habeant jus civile, sint necne sint mancipi; subsignari apud aerarium, apud censorem possint? In qua tribu denique ista praedia censuisti ? Voici ma traduction: « Je le demande, ces fonds sont-ils de la catégorie de ceux qui sont déclarés au cens? le droit civil leur est-il applicable? appartiennent-ils ou non à la classe des res mancipi? peut-on les donner en garantie au trésor, au censeur ? Dans quelle tribu enfin les as-tu déclarés? (2).

D

C'est la dernière phrase qui fournit l'argument. Mais avant d'examiner ce qu'il vaut, il ne sera peut-être pas inutile de se demander de quoi il s'agit.

(1) Herzog. Gallia Narb. no 521: C. Carautio, C. f. Voltinia, Verecundo, Vienna, veterano, coh. VII. pr. deducto ab divo Vespasiano Reate et Carautio Phoebo et Carautiae Epenalieni (?) lib.

(2) Cic. pro Flac. 32, 80

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