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PREMIÈRE ÉTUDE

DES SPURII

Comment dans les inscriptions romaines, doit-on lire les sigles S. SPS P. F, et quel est exactement l'état-civil des personnes ainsi dénommées ? Cette délicate question a, de tout temps, préoccupé les épigraphistes qui, pourtant, ne sont pas parvenus, jusqu'ici, à lui donner une solution complète et définitive. Actuellement il m'a semblé qu'avec les éléments nouveaux que nous fournit le Corpus, on pouvait entreprendre ce travail avec plus de chances de succès. C'est ce que j'ai tenté; au lecteur de juger si j'ai réussi.

I

Le mot Spurius, dont l'étymologie n'est guère certaine (1); était un prénom romain (2). Comme tant d'autres, ce prénom devait tirer son origine d'une particularité de la naissance de celui qui le portait. Il s'abrégeait à l'origine par une seule lettre S. et plus tard, par deux : SP. Le premier mode d'abréviation a été en usage jusqu'au temps de Cicéron, époque où il a été remplacé définitivement par le second (3).

Cet article a paru dans le Bulletin épigraphique en septembre 1884. (1) L'auteur du traité de nominibus, Ģaïus (1,64) et les jurisconsultes, Isidore (Orig. IX, 5) font dériver ce mot du grec: σπoрά σпεерw σпорádnu semen, sine patre, vulgo conceptus. Plutarque (quaest rom. 103) réfute cette manière de voir. - Voy. Pott Etym. Forsch. 1,217: de se puro ou spuere. (2) Il existe aussi en Etrurie : Ariod. Fabretti. C. I. It.n.2047. (3) V. l'index du t. 1 du C. I. L.

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Borghesi, Euvres, t. III, p. 93.

Dans la première période, c'est-à-dire jusqu'à la fin de la République, le mot Spurius employé comme prénom n'a nullement pour but de désigner l'état civil de la personne qui le prend. Ainsi, soit dans les auteurs classiques, soit dans les inscriptions du premier volume duCorpus, je ne connais aucun exemple de cette expression entendue, comme elle le sera plus tard, dans le sens d'enfant naturel. Et la preuve, c'est que lorsque le mot est écrit en toutes lettres, il est impossible de lui donner cette signification. Exemple: POLLA-SPVRI ·f. (1)

On voit qu'il faut lire non pas Spuria fliia, mais Spurii filia; en d'autres termes, fille de Spurius et non fille naturelle. C'est donc dans ce sens que nous entendrons l'abréviation SF, dans cette période.

L'usage du prénom Spurius s'est maintenu même sous l'Empire, ainsi que nous l'apprennent les inscriptions. Comme les exemples connus sont peu nombreux, ils nous a paru utile de relever tous ceux que nous avons trouvés. Les voici:

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MATRI ET PATRI

ILARIONI SVRIA DOMETIA ET·SVIS

Dans toutes ces inscriptions on voit qu'il s'agit bien du prénom Spurius, soit qu'on l'ait écrit en toutes lettres, soit qu'on l'ait placé en tête du nom, soit enfin qu'il précède la lettre L: SPL., c'est-à-dire libertus ou liberta de Spurius (1).

(1) Notons que Spurius était encore employé quelquefois comme gentilice et comme cognomen. Exemple: SPVRIA A L, C. I. L. VI, 8358 et l'inscription citée plus haut relative à C. Afinius, Spurii filius, Spurius (C. I. L. IX, 2696).

Les inscriptions grecques nous montrent aussi des exemples de ce genre: Eпopiov vié, ou Eпnopiou (1): fils de Spurius.

II

Dans la période de l'Empire, les auteurs classiques et les jurisconsultes paraissent avoir ignoré cette signification primitive et peut-être exclusive, au début, du mot Spurius; pour eux, ce n'est plus un prénom comme un autre, mais un qualificatif qui s'applique à une catégorie de personnes, aux enfants naturels ou nés en dehors d'un mariage légitime.Spurii patre inserto geniti quasi orоpot, dit l'auteur de nominibus. De même Gaïus (1, 64): unde solent spurii filii appellari vel a graeca voce, quasi σñopání concepti, vel quasi sine patre concepti. C'est aussi dans le sens de vulgo conceptus, sine patre filius, opposé à justus, legitimus filius, que le mot spurius est employé au Digeste (2).

Il est évident que ces divers auteurs parlent de l'acception du mot Spurius qui a prévalu au moment où ils écrivent. A ce moment, le prénom Spurius était hors d'usage; et voilà pourquoi ils prennent ce mot exclusivement dans le sens nouveau d'enfant naturel, et tentent, au moyen d'étymologies plus ou moins heureuses de justifier cette interprétation. La traduction sine patre est une preuve frappante de cette méthode défectueuse de recherches; elle découle évidemment de l'abréviation SP.; or, nous savons que Spurius, jusqu'à la fin de la République, s'abrégeait S et non SP; que l'on juge par là de la valeur de ces prétendues étymologies.

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(2) L. 23. Dig. 1, 5; L. 25. Dig. 49. 15; L. 29. § 1, Dig. 22. 3. Ulp. IV, 2; V. 7. Voyez aussi Isid. Orig. IX. 5: Item spurius patre incerto matre vidua genitus, velut tantum spurii filius, quia muliebrem naturam, veteres `purium vocabant, velut àño тov σñороν, hoc est seminis, non patris nomine.

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