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Cette distinction capitale pour l'étude des enfants naturels est très nettement indiquée par Plutarque (quaest. rom. 103). L'auteur se demande pourquoi ceux qui n'ont pas un père cerlain, c'est-à-dire légitime, s'appellent spurii? Voici sa réponse: « Les Grecs disent σoрos pour semen. Mais ils ont tort lorsqu'ils prétendent, ainsi que les rhéteurs, en leurs discours, qu'on les appelle de ce nom parce qu'ils sont nés promiscuo semine. Spurius est un prénom, comme Sextus, Decimus, Gaius. Les Romains n'écrivent pas en entier les prénoms ; ils les indiquent par une seule lettre T, L, M,

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Titus, Lucius, Marcus; ou par deux: TI, CN, Tiberius, Gnaeus; ou par trois : SEX, SER, Sextus, Servius. Spurius aussi s'indique par deux lettres: SP. Par les mêmes lettres il désignent encore les bâtards : S P, sine patre (1). De là vient l'erreur: Spurius et incerto patre natus étant indiqués par la même abréviation, on a appelé Spurii même ces derniers. Plutarque ajoute qu'on a donné une autre raison de cette dénomination, raison qu'il trouve absurde: c'est précisément celle qui est tirée de l'étymologie plus que douteuse que nous avons signalée plus haut.

Cette judicieuse distinction de Plutarque entre les deux sens du mot Spurius signifiant tantôt un prénom, tantôt la qualité d'enfant né hors mariage est confirmée par les inscriptions.

Nous avons déjà vu des exemples du mot Spurius employé comme prénom; c'est dans ce sens qu'il est toujours pris dans la première période. Dans la seconde, au contraire, on 1e trouve rarement avec cette signification, tandis que l'usage de désigner ainsi les enfants naturels devient de plus en plus fréquent.

Voici d'abord deux inscriptions ou le mot est écrit en toutes lettres dans le sens nouveau :

(1) Orelli, 2693: VARIAE'S P·F. Faut-il lire avec Orelli sine) p(atre) ffilia)? Ce serait le seul exemple de ce genre que nous fourniraient les inscriptions. C'est pourquoi je lis: Spurii ou Spuria filia.

C. I. L. V, 2523.

T ARETIVS T·C·L·L

APIOLVS IIIIIIVIR

IDEM AVGVSTALIS

SIBI ET

ARETIAE MODES
TAE LIB SVAE.ET

T ARETIO PROCVLO
SPVRIO MODESTAE

LIB FIL

V.F

H⚫L.S.H•N•S

Herzog, Gall. Narb. n. 378.

P.SEXTIVS FLORVS

SEVIR AVG COL.IVL

AQVIS ET COL.AREL

VALERIAE SPVRIAE F

LASSINAE VXORI PIENTISSIM.
SEX VALERIO PROCV

LINO ET SVIS.

Dans la première, T. Aretius Proculus, spurius filius Modestae libertus, et dans la seconde, Valeria spuria filia sont évidemment des enfants naturels.

Mais il peut arriver que les mots spurius filius soient abrégés. En ce cas, il pourra se faire que la qualité de l'enfant soit précisée grâce à d'autres indications fournies par l'inscription, par exemple, si l'enfant est appelé naturalis, comme dans l'hypothèse suivante :

C. I. L. X, 1138. I. R. N. 1894.

D.M.

C MAMERCIO.SP.F

IANVARIO Q AED PRAET
IIVIR Q ALIMENTOR ET
PACCIAE LVCRETIANAE
P PACCIVS-IANVARIVS
FILIO NATVRALI ET MA
MERCIA GRAPTE MATER
INFELISSIMI FILIO ET

COGNATAE PIISSIMIS

FECERVNT

Aucun doute dans ce cas : C. Mamercius est incontestablement un spurius filius.

Le sens des mots SP F est plus dificile à déterminer, lorsque l'enfant n'est pas formellement appelé naturalis. Mais il est possible que, même en ce cas, l'inscription nous fournisse la preuve que nous sommes en présence d'un enfant naturel.

C'est ce qui arrive dans les inscriptions suivantes :

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La qualité d'enfant naturel de Sex. Afranius et de Ti. Claudius n'est pas douteuse, elle résulte clairement de leur filiation : l'un et l'autre ont pour père un esclave, et pour mère une femme libre. Ainsi, lorsque la filiation est indiquée, il est facile d'en déduire l'explication de l'abréviation SP F. Il en serait de même si l'enfant était né du concubinat, comme dans l'hypothèse suivante :

Raph. Fabretti, n. 259.

C.VELIVS A F·SCAPTIA

SIBI ET CONCVBINAE SVAE

ET VELIAE SP.F.TERTIAE
FILIAE MEAE ET etc.

On voit que Velia Tertia, bien qu'elle soit la fille de C. Velius, s'appelle SP.F., qu'il faut lire : spuria filia.

Nous avons enfin d'autres exemples de ce genre ou un personnage s'intitule SP.F, alors que l'inscription mentionne le nom du père qui est différent de Spurius. Dans toutes ces hypothèses (1), cette dénomination suppose nécessairement que nous sommes en présence d'enfants naturels.

Tels sont les cas dans lesquels les spurii, dans les inscriptions, sont d'un façon certaine des enfants naturels, c'est-àdire nés en dehors d'un légitime mariage, soit du conturbernium, soit du concubinatus.

III

J'ai montré, dans les deux paragraphes précédents, la double signification de l'abréviation SP. A l'origine, à mon avis, elle n'en avait qu'une; c'était un prénom comme un autre. Plus tard, depuis la fin de la République, elle prend un nouveau sens, celui d'enfant naturel; mais elle n'en subsiste (1) C. I. L. IX, 6310; X, 2135, 3884. Murat. 94,9; 1145,9, 1268,3.

pas moins pendant quelque temps encore comme prénom, bien que l'usage en devienne de plus en plus rare.

De là une première difficulté. Comment déterminer le sens exact de cette abréviation lorsque nous la rencontrerons dans une inscription? J'ai déjà répondu à cette question en indiquant à quels signes on pouvait reconnaître la qualité d'enfant naturel. Ces signes seront la mention du contubernium, du concubinatus ou celle du nom du père, concurremment avec celle de SP F.

Mais il reste un grand nombre de cas dans lesquels ces indications font complète.nent défaut. Quelle solution adopterons-nous, en pareille occurrence? A mon avis, il n'y a aucun caractère certain, en dehors de ceux que j'ai signalés, pour reconnaître surement la qualité d'enfant naturel.

Des savants (1) ont cru trouver la preuve de cette qualité dans la situation particulière qui serait faite à l'enfant naturel au point de vue du droit politique. Dans leur opinion, celte classe de personnes serait traitée comme les libertini; on l'aurait reléguée dans l'une des quatre tribus urbaines, en particulier dans la Collina. Nous ne voulons pas, en ce moment, entreprendre l'étude des droits de l'enfant naturel; cette question sera l'objet d'un travail distinct. Mais sans entrer dans le cœur du débat, il me sera permis de faire observer que si un grand nombre d'entre eux est inscrit dans cette tribu (2), il en est aussi qui se trouvent, soit dans d'autres tribus urbaines (3), soit même dans des tribus rustiques (4). Je ne veux, pour le moment, tirer de ce fait qu'une conclusion, à savoir que le nom de la tribu n'est pas une preuve certaine de la qualité d'enfant naturel.

En résumé donc, il faut s'en tenir aux indications certaines

(1) Th. Mommsen: Die rœmischen Tribus, p. 100, note 78.

(2) C. I. L. VI, 5301, 7459 c, 10025, 11012. Murat, 1739, 14; 2066, 4. Wilmanns, 1300.

(3) Suc(cusana) C. I. L. VI, 5754, 9897; Esq(uiliana), C. I. L. VI, 2310. (4) Arn(iensis): C. I. L. VI, 1191; Fab(ia): C. I. L. VI, 2744, Murat. 670, 2; Volt(inia): Murat, 2035, 1; Vot(uria): C. I. L. VI, 10585, V, 5197, Murat, 1480, 5.

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