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que nous avons énumérées. A défaut de ces indications, on aura encore non pas une preuve, mais une simple présomption de la qualité d'enfant naturel, lorsque le SP F portera le même nom que sa mère (1).

Autre question. Pourquoi le prénom Spurius, à partir de l'Empire, devient-il de plus en plus rare, pour disparaître complètement à une époque qu'il n'est pas facile de préciser, mais que je suppose très ancienne?

La grande majorité des exemples que j'en ai rapportés appartient à Rome et à l'Italie, et on a pu voir qu'ils n'étaient pas très nombreux. Dans les provinces, on peut dire qu'il est à peu près inconnu. Pourquoi ce prénom, à la différence des autres, a-t-il été délaissé ?

Au point où je suis arrivé, il me semble que ce phénomène peut facilement s'expliquer. A partir de l'Empire, nous l'avons vu, le mot Spurius prend un sens équivoque, à cause de la double signification qui s'y attache. On comprend fort bien que les enfants naturels aient profité de cette équivoque pour cacher aux yeux du public l'irrégularité de leur naissance et se donner les apparences d'enfants légitimes. Or rien n'était plus aisé pour eux : ils n'avaient, en effet, qu'à abréger leur nom de Spurius en SP F. De cette façon on pouvait lire Spurii filius tout aussi bien que Spurius filius. Il semble même qu'on a été plus loin dans cette voie, car dans une ou deux inscriptions on lit SPVRII F., alors qu'il s'agit, à mon avis, d'un véritable enfant naturel, spurius filius (2).

Si cet usage a réellement existé, on s'explique que les enfants légitimes, pour ne pas être confondus avec les bâtards, aient cessé d'être appelés Spurii, prénom équivoque et qui pouvait faire douter de leur légitimité. Telle aurait été donc la cause de la disparition de ce prénom dans le monde romain.

Voilà les conclusions auxquelles j'ai été amené par l'étude des documents épigraphiques connus jusqu'à ce jour. Mais (1) Par exemple: Orel. 2692. C. I. L. VI, 10585.

(2) Orel. 2692.

je n'ai pas la prétention d'avoir épuisé la question; elle ne pourra être tranchée définitivement qu'après la publication complète du Corpus et particulièrement des volumes qui sont consacrés à Rome. Ce que j'ai voulu, c'est poser nettement le problème et appeler l'attention des épigraphistes sur ce point.

DU NOM ET DE LA CONDITION

DE

L'ENFANT NATUREL ROMAIN*

La condition de l'enfant naturel à Rome a été, ici même, il y a peu de temps, l'objet d'une étude fort remarquée due à la plume fine et élégante du regretté professeur Paul Gide (1).

Jamais, à mon avis, cet esprit si juste et en même temps si original n'a été mieux inspiré que dans ce travail qui forme si heureusement le complément de son beau livre sur la condition de la femme romaine. Il y aurait donc quelque témérité à refaire, après lui, cette étude. Aussi n'ai-je point cette prétention. Tout ce que l'on pouvait dire des textes juridiques que nous possédons en cette matière a été dit et fort bien dit.

Mais, à côté de cette source d'informations, il en est une autre très abondante et à laquelle on a fort peu puisé jusqu'ici je veux parler de l'épigraphie. C'est donc à l'épigraphie que j'ai emprunté les principaux éléments de cette étude. Les nombreux documents qu'elle nous fournit permettent de contrôler d'éclaircir et même de compléter sur des points importants les textes juridiques. J'ai essayé d'en tirer le meilleur parti possible.

(*) Cette étude a paru dans la Nouvlle revue hist. de doit fr. et étr, en février 1885.

(1) Voy. la Revue 1880 (p. 377 sq., p. 409 sq.), De la condition de l'enfant naturel et de la concubine dans la législation romaine. Mémoire lu à l'Acad. des sc. mor. fév. 1880.

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On verra que, par cette voie, je suis arrivé à des conclusions qui ne diffèrent pas sensiblement de celles de M. Gide. C'est là ce qui m'encourage à publier ce travail, d'autant plus que ces conclusions, à cause de leur nouveauté, ont été, comme on sait, vivement contestées.

Ainsi que le titre l'indique, mon étude se divise en deux parties. Dans la première, j'ai essayé de déterminer les principes qui régissent le nom de l'enfant naturel, convaincu par mes études sur l'onomastique romaine, qu'il y a un lien très étroit entre le nom d'une personne et sa situation civile ou politique; dans la seconde, je me suis efforcé de définir sa condition au point de vue du droit public et privé.

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