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les libertini, au point de vue de l'absence de toute tribu dans les inscriptions qui les concernent confirment l'explication que j'ai proposée ; en même temps, elle nous montre que les enfants naturels d'origine servile étaient plus nombreux que les autres.

Les auteurs qui ont écrit sur la question n'avaient donné aucune explication de ces diverses inscriptions: ils n'avaient pas dit pourquoi les bâtards se trouvaient dans les tribus urbaines et ils n'avaient point paru connaître celles qui nous les montrent dans des tribus rustiques. Comme, pour eux, tous les bâtards, par suite de l'idée fausse qu'ils se faisaient du concubinat, étaient issus d'une union de ce genre, il n'en existait point qui fussent d'origine servile et réunissant par conséquent, à leur qualité d'enfants naturels, celle de libertini. On voit quelle a été la conséquence de ce faux point de départ on a attribué à la bâtardise les effets que produisait seule la libertinité. Ceci nous montre l'importance de la distinction que nous nous sommes efforcé d'établir dès le début entre les bâtards ingénus et affranchis. C'est elle qui nous fournit la solution du difficile problème que nous venons d'examiner.

D'après les inscriptions, les bâtards, en cette qualité, n'étaient donc pas plus mal traités que les enfants légitimes, au point de vue du droit public de l'empire; je ne vois qu'une hypothèse dans laquelle l'irrégularité de leur naissance avait pour résultat de les placer dans une condition inférieure aux liberi justi dans le service des alimenta, la table de Veleia nous les montre recevant une part plus faible que ces derniers (1).

(1) Voy. mes Inst. polit., II, p. 241, note 21.

CHAPITRE III

DES ENFANTS NÉS CASTRIS

En terminant, je dois dire quelques mots d'une difficulté récemment soulevée au sujet de la condition des enfants ayant pour origo castra, le camp.

G. Wilmanns a soutenu que les enfants ayant cette origo sont nés des quasi mariages des soldats légionnaires avec les citoyennes romaines qui demeuraient autour du camp. A l'appui de sa thèse il cite les inscriptions suivantes (1).

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(1) Lambèse, la ville et le camp. trad. par H. Thédenat. p. 23-27.

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(1) Après la nouvelle lecture de M. Schmidt, cette inscription qui forme le no 2950 du tome VIII du Corpus. doit être regardée comme étrangère à la question puisque, à la 2e ligne au lieu de CASTris on doit lire CASTUS. Ephem Epigr., V. p. 14 sq.

Ces monuments, d'après Wilmanns, fourniraient la preuve que les légionnaires pouvaient contracter des simulacres de mariage avec des citoyennes romaines d'où seraient nés des enfants ayant tous ou presque tous les avantages des justi filii.

Le n° 5, dit-il, prouve que l'origine du père ne passe pas aux enfants nés dans le camp; les nos 1 et 4, appelés fils de Gaïus et de Quintus, prouvent que ces enfants n'étaient pas bâtards, puisqu'ils sont inscrits dans la tribu Pollia. La troisième inscription se rapporte vraisemblablement au fils d'une fille qui ignorait le nom du père de son enfant ou qui n'a pu obtenir de lui qu'il fût reconnu (1). C. Steius Sabinianus et C. Julius Pontius (no 1) ainsi que C. M... Julianus et C. Julius Proculus (no 2) sont frères utérins; il est évident que ce cas devait être fréquent dans les camps (2). »

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Il faut savoir, pour comprendre ce raisonnement, que G. Wilmanns, à la suite de Mommsen, part de cette idée que les légionnaires ne pouvaient légalement se marier. Cette idée admise, il se demande comment les inscriptions précitées peuvent bien contenir la filiation d'enfants de légionnaires ainsi que l'indication de la tribu Pollia, deux choses incompatibles avec l'idée de la prohibition du mariage, puisque cette prohibition aurait pour résultat de n'attribuer aux légionnaires que des bâtards. Or, selon l'auteur, les bâtards n'ont point de filiation et de plus, ils sont nécessairement inscrits dans la tribu Collina. Et c'est ce qui l'amène à imaginer cette hypothèse du quasi-mariage qui aurait permis au légionnaire de s'unir à une citoyenne romaine et d'engendrer des enfants qui seraient regardés comme enfants légitimes sauf qu'ils n'auraient point hérité de l'origo du père. Ils auraient tous pour origo le camp (castra) et on les relèguerait tous dans la même tribu, la Pollia.

On voit combien tout cela est fragile et erroné. J'ai démon

(1) C'est là une erreur, car, ainsi que nous l'avons vu, la reconnaissance n'existait pas chez les Romains.

(2) Nous avons dit à la note précédente que le no 2 était hors du débat.

tré ailleurs que le mariage était légalement permis aux légionnaires (1); dès lors l'hypothèse du quasi-mariage n'a plus aucune raison d'être. En outre, nous venons de voir que c'était une erreur de croire que tous les bâtards fussent inscrits dans la Collina ; c'est donc à tort que Wilmanns a conclu à la non-bâtardise des enfants mentionnés dans les monuments rapportés ci-dessus à raison de leur inscription dans la tribu Pollia; ce fait ne prouve ni pour ni contre la bâtardise (2). J'avais donc raison de dire que celte conjecture du quasi-mariage ne reposait sur rien.

Quant aux inscriptions qui ont été apportées dans ce débat, elles ne soulèvent qu'une difficulté, très délicate, à la vérité, celle de savoir quels sont ces enfants nés castris et inscrits dans la tribų Pollia.

Nous venons de dire pour quels motifs il fallait rejeter l'opinion de Wilmanns qui voyait en eux des enfants quasi-legitimes. Faut-il croire, avec M. Mommsen (3), que ce sont nécessairement des bâtards nés des relations des soldats avec les femmes vivant autour du camp? Je soupçonne que M. Mommsen ne s'est arrêté à cette explication que parce qu'il ne croyait pas à la possibilité du mariage des légionnaires; en partant de cette idée il devait forcément aboutir à cette solution. Mais la conséquence n'est pas moins fausse que le point de départ. Je laisse de côté la contradiction dans laquelle tombe l'éminent auteur en soutenant d'une part que les enfants naturels sont inscrits dans la tribu Collina ou tout au moins dans une tribu urbaine et, d'autre part, que ces mêmes enfants peuvent être inscrits dans la Pollia. Je remarque d'abord que dans les inscriptions citées par Wilmanns, quatre de ces enfants (nos 1, 3, 4 et 5), ont une filiation. Ce fait, je le reconnais, ne suffit pas pour prouver que ce ne sont pas des bâtards, surtout ici où le prénom du père ne diffère pas de celui du fils: ce procédé, nous l'avons vu,peut servir à cacher

(1) Voyez mon article sur le Mariage des soldats romains dans la Revue de Philologie, 1884, p. 113 sq. supra, p. 227.

(2) Rien ne démontre en effet que ce ne soient pas des enfants légitimes. (3) Ephem epigr., IV, p. 155; V, p. 15.

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