Immagini della pagina
PDF
ePub

tribuni aerarii, placés à la tète de chaque tribu, paraît avoir consisté à payer la solde aux troupes. Mais ces tribuns levaient-ils eux-mêmes l'impôt? Payaient-ils la solde aux seuls membres de leur tribu? C'est une hypothèse qui n'a rien d'invraisemblable, mais ce n'est qu'une hypothèse (1). Quoi qu'il en soit, à cet égard, ce que nous pouvons affirmer c'est que, si chaque tribu devait fournir le même contingent à l'armée, il ne pouvait en être de même relativement à l'impôt. Et la raison en est simple: c'est que le tributum ex censu était perçu d'après l'ensemble de la fortune du contribuable; il aurait donc fallu, pour que chaque tribu payât le mênie impôt, que la somme des fortunes fût égale dans chaque tribu. Je n'ai pas besoin d'insister pour montrer que cette égalité n'a pu être réalisée. Dans l'opinion de M. Mommsen, étant donné le caractère réel de la tribu et le tributum étant un impôt foncier, on devrait aboutir logiquement à ce résultat, car il suffirait pour l'obtenir de supposer que toutes les tribus ont la même étendue. J'ajoute cependant que, ni les auteurs anciens, ni M. Mommsen n'ont songé à proposer une pareille solution (2).

Voilà donc à quoi se réduit, en dernière analyse, le rôle administratif des tribus ; elles constituent des circonscriptions s; militaires pour le recrutement des légions et des circonscriptions financières pour le payement de la solde et peut-être aussi pour la levée du tribut. Mais les tribuni aerarii ont été dépouillés de leurs attributions financières, lors de l'institution des questeurs militaires 333 (3); on ignore, par contre,

(1) Mommsen (roem. Tribus) fait des tribuni ærarii ou curatores tribuum de véritables chefs de la tribu au point de vue des diverses branches de l'administration; levée du tribut (p. 30, 46), payement de la solde jusqu'au vire siècle (p. 48), recensement (p. 23), etc.

(2) Mommsen croit qu'au début, chaque tribu avait à faire face à ses propres dépenses, plus tard, ce fut le trésor public qui y pourvut. Roem. Tribus, p. 31 34.

(3) Mommsen suppose que les fonctions des questeurs étaient différentes de celles des tribuni ærarii qui auraient gardé longtemps encore leurs attributions. Ibid, p. 44 sq.

à quel moment la tribu a cessé d'être la base du recrutement de l'armée romaine (1).

[blocks in formation]

Ce n'est qu'après la sécession de la plèbe et l'institution des tribuns du peuple que les tribus devinrent des circonscriptions politiques, par suite de la création des concilia plebis par tribus.

Grâce au développement rapide des assemblées tributes, la tribu, considérée sous ce nouvel aspect, acquit une importance de plus en plus considérable. La composition de ces assemblées nouvelles qui rendaient des décisions obligatoires (plebis scita) (2), tout comme les comices centuriates, devint une affaire d'État. Le gouvernement, ne pouvant arrêter les progrès de ces assemblées populaires, s'efforça du moins autant qu'il était en son pouvoir, d'en atténuer les effets en dressant sur de nouvelles bases la liste des tribules.

On commença par introduire une distinction fondamentale entre les tribus rurales et les tribus urbaines, et l'on inscrivit dans ces dernières les libertini et les capite censi (humillimi) (3); cette distinction s'est maintenue en principe aussi longtemps qu'il y a eu des tribus. On comprend aisément pourquoi désormais les tribus rurales sont plus estimées que les autres ; c'est parce que ces dernières étant les plus populeuses, le suffrage de chacun y est de moindre prix.

Au moyen de cette réforme, les hommes d'État romains avaient porté une grave atteinte à la composition des assem

(1) Au temps de Néron, on retrouve encore l'ancienne formule du delectus de cette époque. Suet. Ner. 44: mox tribus urbanas ad sacramentum citavit.-E. Herzog (Gesch. und System,p. 1025-1031) considère la tribu comme étant uniquement une circonscription militaire.

(2) Voy. infra l'étude suivante, chap. II.

(3) Liv. 9, 29, 46.

blées tributes. Auparavant, les tribus, simples circonscriptions de recensement, devaient contenir à peu près le même nombre de personnes, en sorte que la majorité des tribus représentait la majorité des citoyens. Après la réforme, il n'en est plus ainsi, car les pauvres et les libertini relégués dans les quatre tribus urbaines forment peut-être, à eux seuls, la moitié des citoyens (1).

§ 6.

Répartition des « novi cives » dans les tribus.

Je ne veux pas refaire ici l'histoire du droit de suffrage des libertini; j'ai voulu simplement montrer par là comment la liste des tribus s'était transformée dès que celles-ci étaient devenues des divisions politiques.

Mais la distinction que je viens de signaler a-t-elle été la seule modification apportée, sous la république, à l'ancien système des tribus? A-t-on, par exemple, séparé les dix-sept premières tribus rurales des quatorze nouvelles créées sous la république ? Nous ne voyons nulle part la moindre trace d'une pareille classification. Les auteurs nous apprennent seulement qu'il existait un certain ordo tribuum, d'après lequel la Romilia venait en tête et l'Arniensis la dernière (2); mais ce classement n'était ni hiérarchique, ni chronologique; il était probablement, comme celui des régions d'Auguste, basé sur la situation topographique des tribus qui étaient énumérées en allant d'Orient en Occident (3).

De ce que les auteurs anciens ne nous signalent aucune

(1) On peut s'en faire une idée en songeant que le nombre des citoyens pauvres, recevant le frumentum de l'Etat, était de 300.000 à la fin de la république. Suet. Caes. 41. Mon. Ancyr. 3, 19.

(2) Cic. de leg. agr. 2, 29, 79. Colum. 2, 24. Varr. l.l. 5, 56. Val. Max. 2, 9, 6. Corp. Inscr. Lat. 6, 10211.

(3) Kubitscheck, p. 51-53. Pour les urbaines: Succusana, Palatina lina, Collina.

Esqui

différence (1) entre les tribus rurales, il faut en conclure qu'elles avaient toutes la même composition, c'est-à-dire qu'elles comprenaient sinon absolument, ce qui n'était guère pratique, du moins approximativement le même nombre de membres. Cette égalité se justifie d'ailleurs par cette double considération que chaque tribu fournit le même contingent à l'armée et dispose d'un suffrage dans l'assemblée tribute. Or, pour que la charge militaire soit égale et pour que le droit de suffrage ait la même valeur, il faut évidemment que chaque tribu se compose d'un nombre à peu près égal de tribules.

Quant aux capite censi et aux libertini relégués dans les quatre tribus urbaines, ils auraient été mal fondés à prétendre à cette égalité, car on leur aurait répondu qu'étant exclus de la légion, ils ne pouvaient légitimement être traités, au point de vue du suffrage, sur le même pied que les autres citoyens qui supportaient seuls la charge militaire.

Cette hypothèse de l'égalité des tribus est confirmée par les faits historiques que nous avons relevés au chapitre précédent.

On y a vu, en effet, que les novi cives entraient indistinctement dans les tribus soit anciennes, soit nouvelles. Mais cette conclusion apparaît plus clairement encore si l'on examine de près la liste par tribus des colonies et municipes. Voici cette liste, d'après les travaux de MM. Beloch (2) et Kubitschek (3).

(1) Cic. pro Balbo, 25,57: Objectum est etiam, quod in tribum Clustuminam pervenerit: quod hic assecutus est legis de ambitu praemio. La tribu Clustumina était une des dix-sept primitives; mais il ne faudrait pas en conclure qu'elle eùt légalement plus de valeur que les autres; l'exemple du censeur Claudius Nero inscrit dans l'Arniensis, la dernière dans l'ordo tribuum, nous montre que la liste n'impliquait aucune idée hiérarchique (Liv. 29,37); l'Arniensis était la 21e rurale dans l'ordre chronologique,

(2) P. 35.

(3) P. 56 sq.

[blocks in formation]

MM. Beloch et Kubitschek, après avoir dressé ces deux listes, se bornent à faire le total des tribus assignées à chaque catégorie de ces communes, quinze ou seize à peu près. Ils en tirent aussitôt cette conséquence, que les novi cives, avant la guerre Marsique, ont été systématiquement relégués dans la minorité, afin de conserver la majorité dans les tribus aux anciens citoyens. S'il en est ainsi, il est bien évident que, contrairement à notre opinion, l'inégalité a toujours existé entre les tribus. C'est d'ailleurs ce que déclare formellement à plusieurs reprises M. Kubitschek. Il nous dit notamment que, les novi cives étant attribués généralement à la tribu voisine, les tribus nouvelles, constituées sur les limites de l'ager romanus, furent bientôt les plus peuplées et par suite

a. K. ajoute à la liste de B. l'Aniensis, la Fabia; il trouve que la Clustumina est douteuse et retranche la Sergia. J'ai, en outre, ajouté la Maecia de Lanuvium, omise à tort par l'un et l'autre.

b. K. ajoute la Cornelia et la Quirina eț retranche la Scaptia.

« IndietroContinua »