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bre des citoyens qui rend nécessaire la création des nouvelles tribus; ce n'est pas l'augmentation de la population sujette, ni celle du territoire public ou privé, du moins aucun texte ne le dit.

Interrogeons maintenant l'histoire et voyons si elle confirme ou dément le témoignage des auteurs anciens.

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1. Demandons-nous tout d'abord si l'extension du territoire romain avait pour conséquence la création de nouvelles tribus? Un ou deux faits vont suffire à prouver qu'il n'en est rien. Ainsi, on remarquera que depuis la fondation de la République jusqu'à l'an 367, le nombre des tribus est resté invariablement fixé à vingt et une. Or, dans l'intervalle, le territoire romain a plus que doublé (1). Il est vrai que le nombre des citoyens, loin d'augmenter dans la même proportion, est resté à peu près stationnaire. En effet le chiffre des citoyens est de 150,700 en 256 et de 152,578 en 361. De même, dans les soixante années qui suivent la création de la trente-troisième tribu (la Falerina en 455), on n'en augmente pas le nombre bien que Rome ait considérablement accru son territoire (2).

2. Est-il plus vrai de dire que l'augmentation du nombre des tribus soit dûe à l'agrandissement non pas du domaine public, mais du domaine privé? Tel est, je l'ai déjà indiqué le principe fondamental sur lequel repose la théorie de M. Mommsen, et ce principe est adopté par la plupart des érudits allemands (3).

Le domaine privé s'est considérablement augmenté pendant le premier siècle de la république par suite des partages de l'ager publicus. L'histoire mentionne dans cette période

(1) Conquête de Norba (262), d'Antium (287), d'Ardée (312), de Fidėnes (319-328), de Labicum (336), d'Anxur ou Terracine (348-354), de Véies (358), de Falisque et Capène (365). Voyez sur l'étendue du territoire romain à cette époque Niebuhr, Roem. Gesch., 2, 79. Schwegler-Clason, 4, p 48. Beloch, p. 30.

(2) Par suite de la troisième guerre Samnite, la soumission de ce peuple et de ses alliés, les Étrusques, les Ombriens et les Gaulois Sénonais.

(3) Notamment Beloch, p. 31.

la loi agraire de Sp. Cassius (268), la loi Icilia de Aventino pu*blicando (298), la loi agraire de Sp. Maelius (338), et enfin la loi agraire relative au territoire de Véies (361). Cependant, nous le savons, on n'a créé de tribus nouvelles qu'en 367 et leur nom ne rappelle aucunement les lois agraires que nous venons d'énumérer et qui toutes, à l'exception de la dernière, remontent à une époque très éloignée. On peut donc en conclure que ces nouvelles tribus ne doivent pas leur existence à l'augmentation du domaine privé produite par ces lois. Il est bien plus vraisemblable de croire qu'elles sont destinées. à recevoir les habitants de Capène, Falisque et Véies auxquels la cité a été accordée l'année précédente (366) (1). Ce qui le prouve, c'est que la première de ces villes est effectivement inscrite dans l'une des quatre nouvelles tribus, la Stellatina (2).

Poursuivons l'énumération chronologique des lois agraires. Nous trouvons, en 371, la loi de agro Pomptino, en 387, la fameuse loi Licinia. Ce n'est qu'en 396, qu'on crée deux tribus nouvelles la Pomptina et la Publilia. Ici, il faut bien reconnaître que l'une de ces tribus rappelle le nom de la loi agraire de 371; mais ce qui affaiblit singulièrement l'argument que l'on pourrait tirer de ce rapprochement, c'est qu'il s'est écoulé vingt-cinq ans entre le partage des terres et la création de la nouvelle tribu.

D'ailleurs, comment admettre, avec une pareille théorie, que la loi Licinia, la plus importante de toutes les lois agraires jusqu'à celle des Gracques, qui se borne à la faire revivre, n'ait pas eu pour résultat la création d'un plus grand nombre de tribus?

Enfin, si l'on se reporte aux dates de l'établissement des huit dernières tribus (422,436,455,513), on verra qu'aucune d'elles ne correspond à une distribution du domaine public

(1) Liv. 6,4: Eo anno in civitatem accepti, qui Veientium Capenalium ac Faliscorum per ea bella transfugerant ad Romanos, agerque iis novis civibus assignatus. 5: Tribus quatuor ex novis civibus additae. Schwegler, 3,278. (2) Beloch, p. 31.

entre les citoyens. Nous ne connaissons, dans cette période, qu'une loi agraire portée après la guerre contre Pyrrhus (1); toutes les autres, les lois Flaminia (522), Sempronia (621) etc, sont postérieures à la clôture de la liste des tribus.

Si les nouvelles tribus étaient établies en vue des augmentations du domaine privé, toute loi agraire, emportant forcément transformation du domaine public en domaine privé, devrait avoir pour conséquence nécessaire la création de nouvelles tribus; on vient de voir que, parmi les nombreuses lois agraires que nous connaissons, une seule se rattache par le nom à une tribu, la Pomptina, et encore est-ce là probablement une simple coïncidence, car le partage de l'ager Pomptinus a précédé de vingt-cinq ans la création de la tribu Pomptina.

3. Outre l'adsignatio viritana dont nous venons de parler, il y avait l'adsignatio coloniaria qui était aussi un moyen de transformer l'ager publicus en ager privatus. Ces distributions c'est-à-dire les fondations de colonies de citoyens romains les seules dont je m'occupe en ce moment — justifient-elles davantage la création de nouvelles tribus?

Pour le savoir, il y a un moyen bien simple, c'est de dresser la liste des colonies romaines, d'inscrire à côté de chacune la tribu à laquelle elle appartient, et de comparer la date de la fondation de la colonie à celle de l'établissement de la tribu. C'est ce que nous avons fait. Malheureusement, comme on peut le voir, notre tableau est fort incomplet, car nous ne possédons pas la tribu de toutes les colonies.

Ce tableau, sans doute, présente de nombreuses lacunes, mais les quelques indications qu'on y trouve sont de la plus haute importance. Il se divise en deux parties: la première comprend les colonies romaines fondées avant l'an 513, date de la clôture de la liste des tribus, et la seconde celles qui ont été établies après cette date. C'est la première, on le sent, qui est de beaucoup la plus intéressante pour nous.

(1) Colum, I praef. 14.

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On remarquera d'abord que toutes les colonies romaines sont inscrites dans une tribu rurale. Ostie seule fait exception à la règle elle est dans la Palatina. On a donné de ce fait diverses explications. Pour les uns, Ostie serait, en quelque sorte, le prolongement de la ville de Rome, c'est-à-dire du quartier urbain formant la tribu Palatina (1); pour les autres, les colons d'Ostie, tirés de la plèbe urbaine, auraient conservé leur tribu d'origine (2). Nous ne pouvons admettre ni l'une, ni l'autre de ces opinions: la première, parce qu'elle est purement hypothétique; la seconde, parce que, si elle était fondée, le même résultat aurait dû se produire dans toutes les autres colonies romaines, puisque toutes - ou presque toutes ont reçu des plébéiens de Rome. A mon sens, la véritable explication de la situation particulière de la colonie d'Ostie, au point de vue qui nous occupe, se trouve dans la date de sa fondation. Ostie est une colonie du temps des rois; lors de sa fondation par Ancus Marcius, il ne pouvait pas être question pour elle de tribu; ce n'est que plus tard, après la réforme Servienne, soit sous le règne de Tarquin, soit dans les premiers temps de la République que cette colonie a été inscrite dans une tribu; mais à cette époque il n'existait aucune distinction entre les tribus urbaines et rurales, et voilà pourquoi Ostie a pu être attribuée à la Palatina. Cette distinction une fois établie (3), aucune des colonies ultérieurement fondées n'a été inscrite dans une tribu urbaine.

Ainsi les colonies romaines sont inscrites dans une tribu rurale, sauf une exception qui vient d'être expliquée. Mais quel rapport y a-t-il entre la colonie et sa tribu?

C'est dans notre tableau que nous devons chercher la réponse à cette question.

Depuis l'avènement de la République jusqu'à l'an 513, neuf colonies romaines ont été fondées et l'on a créé quatorze

(1) Beloch, p. 28; Ern. Herzog, Geschichte und System, Leipzig, 1885, p. 39. (2) Kubitschek, p. 25.

(3) Voyez mes Inst. polit., 1, § 10, note 10 et infra, chap. II.

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