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qui était toujours en pleine insurrection, contint une amnistie générale et proclama un entier oubli du passé. Ensuite elle décida de poser les bases d'une constitution définitive de l'État, et de régler ce qui touchait la distribution des terres nationales. Elle vota, en outre, la déchéance du sénat, mesure qui, de même que les deux précédentes, fut l'objet d'une protestation de la part des résidents des trois cours. Mais l'affaire la plus importante qui devait être soumise à ses délibérations, c'était l'élection du prince Othon pour régner sur la Grèce. Cette élection fut reconnue et confirmée, le 8 août, à l'unanimité, au milieu des acclamations de l'assemblée et du peuple qui remplissait les galeries ou entourait le palais. Deux adresses furent rédigées en conséquence pour être transmises au roi de Bavière et au prince son fils, en témoignage des sentiments de la nation et de la conviction qu'elle avait que l'arrivée du nouveau roi mettrait un terme aux malheurs qui accablaient le pays par suite de la lutte qu'il avait soutenue et du système de gouvernement provisoire.

Au moment mème où l'assemblée s'exprimait ainsi, ses paroles recevaient une triste confirmation des événements. Le Péloponèse tout entier était le théâtre d'hostilités sans cesse reraissantes. Colocotroni luttait à Tripolizza avec Grivas. Les soldats du gouvernement, ne recevant pas leur paie, s'indemnisaient par des pillages ou se révoltaient contre lui. Un corps de troupes, qui depuis trois semaines réclamait sa solde, et avait une fois déjà coupé l'eau à Nauplie, s'était établi dans une attitude menaçante à une demi-lieue de cette ville. Eufin lassés d'attendre l'effet des promesses du gouvernement, les soldats vinrent le 21 août cerner l'assemblée nationale et enlevèrent un grand nombre de députés des plus riches, qu'ils emmenèrent avec eux comme un 'gage du remboursement de ce qui leur était dû. Cet acte de violence militaire équivalait à une dissolution des congrès: il fut obligé de suspendre ses travaux et né les reprit plus.

Le reste de l'année fut comme jusqu'alors rempli de troubles,

de désordres, et la Grèce continua à présenter le spectacle de l'Europe féodale au moyen âge. Établi à Tripolizza, le parti de Colocotroni faisait des incursions de temps à autre, et ravageait tout ce qui pouvait encore offrir quelque chose à sa rapacité. D'un autre côté la piraterie reparaissait; résultat inévitable de l'anarchie et de la misère auxquelles les Grecs étaient en proie. Tzavellas retenait toujours le château de Patras et levait de lourdes contributions aux environs. Corinthe avait été prise encore une fois par les opposants, ce qui laissait la route de Patras à Nauplie à la merci de toutes ces bandes irrégulières, relevant en dernier ressort de Colocotroni. L'autre rive du golfe n'était pas plus paisible. Grivas occupait MissoJonghi pour le gouvernement; mais il était cerné par les capitaines du parti insurgé. Enfin une dernière intrigue, la plus dangereuse de toutes peut-être, fut ourdie par le sénať : plusieurs membres de ce corps, qui s'était toujours montré favorable aux intérêts russes, sortirent secrètement de Nauplie au mois de décembre, emportèrent l'imprimerie nationale et se retirèrent à Spezzia, dans le dessein d'exciter à la haine du gouvernement et de décerner la présidence à l'amiral Ricord.

Cet état de choses si déplorable portait au comble l'impatience de toute la nation de voir arriver le nouveau roi, dans l'espoir que son gouvernement saurait se faire respecter de tous les partis, déjouer les machinations, imposer silence aux rivalités, contenir les ambitions et forcer les Palicares à l'obéissance. Tout se disposait en Bavière, depuis plusieurs mois, pour la plus prompte réalisation possible de ce vœu des Grecs (voy. page 353). Mais les arrangements qui étaient à prendre, que la formation de la régence, la levée et l'organisation d'un corps de volontaires bavarois, un traité d'alliance perpétuelle entre la cour de Bavière et celle du roi Othon, retardèrent jusqu'au mois de décembre le départ du jeune prince pour la Grèce, où il n'arriva qu'en février 1833.

tels

SUISSE. Difficultés.

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CHAPITRE VI.

=

Neufchâtel demande à être séparé de la Confédération. Affaires de Bâle et de Schwytz. Ouverture de la séssion ordinaire de la Diète. Elle vote la révision du pacte fédéral. — Mesures prises pour l'armement général de la Suisse. Tentative contre-révolutionnaire à Berne. Décret de séparation pour le canton de Bâle. Décrets divers. Clôture de la Diète.

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Ligue de Sarnen.

Quoique les révolutions cantonales en 1830 se șoient accomplies avec une grande rapidité et sans rencontrer beaucoup d'obstacles, elles n'en ont pas moins laissé, comme toutes les révolutions, plusieurs questions à résoudre qui ont mis la Cónfédération helvétique aux prises avec de sérieuses difficultés : telles étaient la position équivoque du canton de Neufchâtel, partie intégrante d'une union républicaine et dépendant en réalité du roi de Prusse; l'acharnement de deux factions inconciliables dans les cantons de Bâle et de Schwytz, et enfin la nécessité d'opérer dans la constitution fédérale des modifications qui la missent en harmonie avec les constitutions cantonales réformées.

On a vu comment, à la fin de l'année dernière, échoua une tentative des républicains pour arracher Neufchâtel à la domination prussienne. Cette défaite ayant assuré la prépondérance des royalistes, ils pensèrent que le moment était venu de sortir d'une position ambiguë qu'ils ne voyaient pas d'un œil plus favorable que leurs adversaires. Une adresse fut proposée dans le sein du corps législatif de Neufchâtel, pour demander au roi de Prusse d'aviser aux moyens de délier les liens qui unissent ce canton à la Confédération, et cette adresse passa à une majorité considérable (62 voix contre 15). Le roi, dans sa réponse, tout en reconnaissant la force et la solidité des raisons qui fondent le vœu des Neufchâtelois, fit observer que cette question n'était pas purement neufchâteloise, mais hel

vétique et européenne; que S. M. ne saurait ni la traiter ni lá décider seule, et qu'elle en délibèrerait avec ses alliés. En attendant, le canton de Neufchâtel continua, malgré ses inclinations royalistes et prussiennes, à figurer parmi les cantons républicains de la Suisse.

Ce parti, qui consistait à laisser les choses dans le statu quò, offrait de plus graves inconvénients pour le canton de Bâle, où le danger de la guerre civile était toujours flagrant. Une Diète extraordinaire fut donc convoquée à Lucerne pour le 12 mars, afin de statuer sur la séparation de la ville et de la campagne et sur la manière de l'opérer. Mais les délibérations n'amenèrent aucun résultat, et la Diète se borna à ordonner la continuation de l'occupation militaire du canton de Bâle pour y maintenir la paix; occupation dont l'impuissance à faire respecter les décisions de la Diète par les Bâlois révéla mieux que jamais le besoin d'un lien fédéral plus fort et plus con

centré.

Les communes dissidentes, agissant comme si la séparation était déjà reconnue par l'autorité fédérale, avaient établi une commission d'administration provisoire, nommé de nouveaux conseils communaux, convoqué une assemblée constituante, et organisé un système de défense militaire. En même temps elles faisaient tous leurs efforts pour détacher de la ville d'autres communes, et les réunir à leur nouvel État; aussi régnait-il dans toute la campagne une vive fermentation, qui ne tarda pas à conduire à de nouvelles scènes sanglantes. La ville de Bâle, ayant envoyé quelques troupes pour protéger les communes qui lui restaient fidèles, ces troupes furent attaquées, le 6 avril, par les campagnards, et il s'ensuivit une lutte acharnée qui fit plusieurs victimes.

La situation du canton de Bâle avait à peu près son pendant dans celui de Schwytz. Les districts extérieurs, voyant que ceux de la ville se refusaient à tout arrangement amiable, tinrent, le 15 avril, une assemblée à Einsilden où ils résolurent de réclamer auprès de la Diète leur séparation définitive du

district de Schwytz, et le partage du droit de représentation ; de sorte que la ville n'aurait plus eu à nommer qu'un envoyé à la Diète, et que l'autre le serait par les districts extérieurs.

La Diète, réunie de nouveau en session extraordinaire, le 9 mai, ne put réussir à former une majorité sur la réclamation de ces districts, et dut ajourner la décision définitive de l'incident. Il en fut de même pour les affaires du canton de Bàle, dont elle fit cependant cesser l'occupation, eu décrétant que les communes séparées seraient provisoirement placées sous l'administration supérieure fédérale, et qu'une médiation aurait lieu entre les parties en litige.

Mais un sujet de contestation non moins vive entre les cantons progressifs et les cantous stationnaires, c'était le projet d'un nouveau pacte fédéral plus conforme aux besoins de l'époque actuelle que celui de 1815, qui se trouvait impropre à assurer l'autorité de la Diète. Cette question était tout à la fois d'un intérêt européen et de la plus haute importance politique pour la Suisse, dont elle pouvait affecter sérieusement les relations extérieures, puisque la garantie de sa neutralité et de l'indépendance de son territoire avait été, en quelque sorte, l'échange du pacte de 1815. Aussi les discussions qui s'engageaient d'avance à cette occasion dans les conseils cantonaux, dans les sociétés populaires et dans les journaux, annonçaient elles déjà que ce serait là le principal objet de la session ordinaire de la Diète.

Elle s'ouvrit le 2 juillet à Lucerne, sous la présidence de M. l'avoyer Édouard Pfyffer; mais ce ne fut que le 16 qu'on aborda la question de la révision du pacte fédéral. Après la lecture de plusieurs pétitions sur ce sujet, le président prit la parole pour démontrer la gravité de la matière et engager l'assemblée à apporter dans la discussion du calme et de la modération. Il regrettait qu'on n'eût pas opéré la révision du pacte dans des temps plus tranquilles, et croyait néanmoins qu'on ne pouvait la différer davantage. Il espérait qu'on tom

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