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ger d'opinion en 1832; il y persistait avec d'autant plus de conviction, qu'il était certain, selon lui, que le divorce, réclamé par quelques individus, ne l'était par aucune nécessité publique et générale.

L'opposition au divorce était comme une tradition de famille pour M. le marquis de Malleville; mais en défendant les doctrines que son père avait toujours professées, l'orateur invoquait en outre celles de la Chambre des pairs elle-même, qui, deux fois, en 1816, avait voté l'abolition du divorce, sans aucune contradiction et presque à l'unanimité. Cette abolition avait été confirmée depuis 1830, par l'ordre du jour prononcé sur une pétition qui réclamait contre elle. Aussi la question n'était plus neuve depuis long-temps, et M. de Malleville ne pouvait que résumer des arguments déjà présentés

Mais, disait-il ensuite, pourquoi tant d'efforts et de raisonnements pour résoudre une question qui est principalement soulevée, ainsi qu'on en est plusieurs fois convenu dans l'autre chambre et dans celle ci, par des intérêts politiques ou de circonstance?

•Pendant quinze ans, aucune voix ne s'est élevée, aucune pétition n'a été présentée en faveur du divorce; et encore aujourd'hui, ce ne sont ni les pères ni les mères de famille, ni les protestants ni les juifs, qui en provoquent le rétablissement. Il n'est reclamé qu'en haine de la Restauration, de la théocratie, de la réaction de 1816; il est réclamé comme une des conséquences et comme le complément de la révolution de 1830.

On voudrait, ce semble, achever d'effacer dans le mariage tout carac tère de sacrement, toute idée de lien religieux. On ne veut plus également de consécration pour les pactes les plus augustes, pour ceux qui lient réciproquement le peuple et la royauté. On ne veut plus que le jour du soleil soit consacré, chez nous, par ce saint repos pendant lequel, de presque toutes les parties de l'univers, s'élèvent vers l'Éternel les hommages du genre humain. Qu'espère-t-on y gagner pour la morale publique et la gloire de la nation française?

Froisser de plus en plus ces idées religieuses, attaquer ces usages antiques, c'est, comme en 1792, mécontenter, révolter les ames honnê tes, à quelque communion qu'elles appartiennent. C'est, à leurs yeux, ternir l'honneur d'un règne qui nous a pourtant offert le modèle de toutes les vertus domestiques.

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Mais d'un autre côté, et pour rester fidèles aussi à des opinions qui avaient reçu la sanction de l'autorité paternelle, MM. Boissy d'Anglas et Lanjuinais élevèrent la voix en faveur du divorce, cette institution que la plupart des peuples ont

elle

admise, disaient-ils en observant que ce consentement presque unanime qui dans toutes les époques se prononça pour semble fournir la preuve que ses avantages dépassent ses inconvénients, et qu'elle n'est contraire ni à l'intérêt des mœurs, ni à la félicité publique. Après tout, que demandait-on ? Le rétablissement du titre VI du Code civil.

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Je m'étonne, ajoutait M. de Lanjuinais, qu'une des mesures les plus sages qui vous aient été proposées depuis les événements de juillet rencontre tant d'opposition dans cette Chambre. En effet si la réaction contrerévolutionnaire de la Chambre des députés de 1815 n'avait pas mutilé le Code civil, le plus beau monument de notre révolution, quelqu'un d'entré nous, usant de son droit d'initiative, serait-il venu après 1830 demander l'abrogation du divorce comme principe destructif de l'ordre social ?

De même que la loi du 8 mai 1816, portant abolition du divorce, était une conséquence directe de la Charte octroyée, l'abrogation de cette loi était aussi, aux yeux de M. le comte Cornudet, une conséquence directe et nécessaire de la Charte

de 1830!

Cependant le projet en délibération avait rencontré de nouveaux adversaires, qui, tout en renonçant à l'avantage d'offrir des idées neuves, et en se résignant à suivre des routes battues, ne l'attaquèrent pas avec moins de vivacité.

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Messieurs, disait M. le comte de Tascher, il y a dans l'histoire des nations, il faut bien le reconnaître, des époques critiques où la société, ébranlée sur ses bases, chancelante et incertaine dans son allure, semble, malgré le contentement béat de quelques esprits faux, s'éloigner des voies de la civilisation; et elle est plus ou moins violemment entraînée dans cette marche rétrograde par ses deux ennemis naturels : le relâchement des mœurs et la réaction des intérêts individuels.

A ces époques apparaissent d'ordinaire des lois ou des prétentions qui, d'abord symptômes du mal dont elles secondent ensuite les développements, accélèrent la décadence des mœurs et fortifient la réaction des intérêts personnels que comprimait nécessairement l'esprit d'association. Telle a été, Messieurs, la loi du divorce, à l'époque remarquable où elle apparut en France pour la première fois, essuyant le sang qui avait pu rejaillir sur elle, et telle elle se présente encore aujourd'hui, où certes nous n'avons pas besoin de jeter dans la société de nouvelles causes de perturbation.

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« Je viens donc me joindre à votre commission pour combattre la résolution qui vous est présentée, comme contraire à la nature du mariage, au maintien des bonnes mœurs et aux principes d'une bonne et sage législation.»

Enfin M. le comte de Tournon ne voyait dans cette résolution qu'un privilége réclamé pour la corruption des classes élevées, seules capables d'en supporter les frais: expressions qui donnèrent lieu à M. le général Excelmans de faire observer que les règles parlementaires exigeaient que l'on parlât avec un peu plus d'égards de ce que faisait l'autre Chambre. En agissant autrement on pourrait amener une collision qui n'était dans l'intérêt de personne.

Là se termina cette discussion, à laquelle le ministère n'avait pas pris plus de part qu'à celle sur la proposition relative au 21 janvier, et le projet de loi, soumis à l'épreuve du scrutin secret, ne réunit que 43 voix en sa faveur, tandis que 78 le rejetèrent.

Nous devons maintenant terminer ce chapitre, comme nous l'avons commencé, par le récit d'une tentative contre le gouvernement. Mais il ne s'agit plus cette fois d'une poignée de malheureux ouvriers sans appui, sans ressources, qui se sont imaginé qu'avec un coup de tocsin ils renverseraient la monarchie fondée en 1830. Les nouveaux conspirateurs, s'ils n'avaient pas pour la plupart une position sociale beaucoup plus relevée, étaient du moins plus nombreux, plus actifs, plus hardis. Leurs chefs, ayant à leur disposition des sommes d'argent considérables, avaient pu emprunter à tous les partis de ces hommes qui ne voient dans les changements politiques que des chances de fortune rapide. Différents, quant aux principes, des conjurés des tours Notre-Dame, ils voulaient arriver à leur but par des moyens plus redoutables, bien que destinés à échouer également contre la vigilance de l'autorité ; en un mot ce sont des partisans de la dynastie déchue qui apportent ici leur contingent dans ce déplorable amas de complots, de conspirations, d'entreprises désespérées dont l'histoire de l'année 1832 doit offrir partout des traces.

Depuis quelque temps on savait que les agents de cette dynastie se préparaient à opérer un coup décisif contre l'ordre de choses actuel. Le moment de l'exécution, plusieurs fois Ann, hist. pour 1832.

remis, avait enfin été fixé à la nuit du 1er au 2 février. Les conjurés étaient convenus de se rassembler en trois troupes séparées, à la place de l'Observatoire, à la place de la Bastille et dans une maison de la rue des Prouvaires, pour se rejoindre ensuite auprès du Louvre, pénétrer dans les Tuileries, au moyen de clefs qui ouvraient les grilles du jardin, s'emparer des personnes composant la famille royale, et proclamer Henri V. C'est dans la maison de la rue des Prouvaires que les chefs s'étaient réunis. C'est là aussi que se porta d'abord l'attention de l'autorité. Vers deux heures du matin la maison et la rue furent cernées. Bientôt le chef de la police municipale, accompagné de sergents de ville et de gardes municipaux, entra dans la maison. Il déclara prisonnières, au nom de la loi, toutes les personnes présentes elles furent saisies, malgré leur résistance, au milieu de coups de fusils et de pistolets, dont l'un fit une blessure mortelle à un sergent de ville.

Pendant ce temps là, des détachements de gardes municipaux envoyés à la place de la Bastille et à l'Observatoire dispersaient ou arrêtaient des bandes d'individus, munis de pistolets, de poignards et de cartouchies.

Cette machination impuissante sur laquelle les débats judiciaires fourniront de nouveaux détails ne laissa aucune trace après elle; les habitants de la capitale n'apprirent que par les journaux du matin les événements de la nuit.

CHAPITRE IV.

Budget des dépenses pour :832. - Expédition française dans les États du

pape.

De douzièmes en douzièmes provisoires, le budget de 1831 avait fini par être dépensé dans sa plus grande partie, sans avoir subi cet examen approfondi qui fait la puissance des Chambres et donne seul une réelle efficacité à leur contrôle. Incompatible avec les prérogatives du pouvoir législatif, le provisoire ne l'est pas moins avec la marche facile et régulière de l'administration, et s'il avait été impossible de s'y soustraire pour 1831, il devenait indispensable de rentrer, pour 1832, dans le cours naturel des affaires, et d'éviter de n'appeler les Chambres à voter, en matière de subsides, que sur des faits accomplis. C'est dans ce but que, dès le commencement de la session (19 août 1831), le ministre des finances avait apporté à la Chambre des députés le budget des dépenses générales et celui des recettes de l'exercice 1832. Nous ne nous occuperons en ce moment que du premier.

Les crédits ordinaires et extraordinaires pour 1831 avaient été de..... 1,172,000,000

....

Les crédits ordinaires demandés pour 1832, la liste civile non comprise, s'élevaient à......

Et les crédits extraordinaires à.....

955,980,012

141,728,000

Les dépenses départementales et d'achèvement de canaux avaient augmenté le chiffre du ministère du commerce et des travaux publics. Le ministère de la marine, qui n'avait obtenu en 1831 que 60 millions 500,000 francs, réclamait aujourd'hui 65 millions. Cependant, quoique chargé d'une dette plus forte et malgré l'augmentation de l'effectif de l'armée, des fonds départementaux et de la dotation de la marine, le budget offrait une diminution de 74,700,000 fr.

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