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relations à cet égard ont été complétement dignes de deux puissances qui se respectent.

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Nous n'avons rien dépensé pour obtenir ce résultat. Ainsi, sous ce rapport, nous sommes restés conséquents au principe qui avait été posé par l'ancien cabinet ; et comme les Autrichiens ne sont pas dans la Romagne, nous pouvons dire que nous avons suivi de point en point le système de nos prédécesseurs. Ainsi, comme je l'ai dit tout à l'heure, et notre politique et notre système de finances ont été parfaitement d'accord avec l'ancien ministère. D

M. le président du conseil avertissait l'opposition qu'elle s'égarait dans la voie par elle adoptée. Avec ses principes, tout gouvernement lui serait impossible; une révolution que l'on suit ne s'arrête jamais que dans l'abîme. Il terminait en appelant de tous ses vœux l'union des citoyens, qui développerait la prospérité matérielle du pays et en allégerait véritablement les charges.

Toute l'argumentation de ce discours avait roulé sur la conformité de principes et de conduite que M. Périer avait signalée entre son ministère et le ministère de M. Laffitte. L'ex-président du conseil s'empressa de soutenir qu'une profonde différence séparait les deux administrations. Cette différence, M. Périer venait de l'établir lui-même. Il était de ceux qui n'avaient vu qu'un effet dans la révolution de juillet. M. Laffitte se trouvait dans une position toute contraire; car, selon lui, la révolution de juillet n'avait pas été la continuation du système politique qui pesait sur la France depuis quinze ans. Elle ne s'était pas bornée au changement de dynastie ; elle n'avait pas consisté à changer le pacte fondamental imposé à la France par le droit divin, avec l'appui des baïonnettes étrangères. M. Laffitte avait entendu pour sa part que la révolution de 1830 s'appuyait sur celle de 1789 et non point sur la restauration de 1814.

L'orateur expliquait ensuite la formation de son ministère; dans quelles circonstances, sous quels auspices il était devenu le chef du cabinet, quelle avait été sa conduite. Il avait dit : possibilité de guerre si les Autrichiens entrent à Modène; probabi lité, s'ils entrent dans la Romagne; certitude, s'ils entrent dansle

Piémont. Les Autrichiens avaient envahi la Romagne le 6 mars, et le 12 M. Laffitte était sorti du ministère. Il ne connaissait pas ce qui s'était passé dans l'intervalle; seulement il avait proposé au conseil un projet de réponse à l'Autriche : ce projet n'était ni la guerre, ni la menace de la guerre; mais il contenait la déclaration d'une persistance forte dans le système de non-intervention, et la non-reconnaissance du prétendu droit de réversibilité de l'Autriche sur le duché de Modène.

Or, M. Laffitte persistait à soutenir que ce système de nonintervention n'avait pas été maintenu avec la vigueur nécessaire.

• Mon opinion était franche et sincère, ajoutait-il : j'avais cru devoir la dire, parce je pense encore que la France ne peut guère rester longtemps dans la situation où elle est, parce que tous les intérêts sont épuisés, parce que toutes les passions se réveillent. Je crois la France assez grande, assez puissante pour faire cesser cet état; mais il n'y a qu'une manière: c'est en déclarant hautement et sans restriction le principe de non-intervention, qui ne doit pas être ajourné perpétuellement. Depuis six mois on dit tous les jours que la paix est faite, que tout est terminé, et c'est une négociation inextricable qui se passe en Angleterre; on ne sait ce que signifient ces protocoles qui se multiplient sans fin; ce sont toujours des espérances qu'on donne, et ces espérances ne se sont jamais réalisées. » (Marques très vives d'approbation aux extrémités.)

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Ce discours mit fin à la discussion générale, dont le résumé fut présenté à la Chambre dans la séance du 23 janvier. M. Thiers, sans modifier sur aucun point les termes de son premier rapport, s'attacha à réfuter de nouveau des arguments déjà réfutés par lui-même ou par d'autres membres du parti ministériel.

Ainsi M. le rapporteur revenait sur les calculs présentés par M. Laffitte; et quant à ses assertions relatives au déficit, M. Thiers posait en principe qu'il n'y avait déficit que lorsque la dépense ordinaire, permanente, qui se reproduit toutes les années, à laquelle il faut toujours faire face, s'élevait à ce point que la recette ordinaire ne pouvait plus y suffire.'

De vifs reproches avaient été adressés à la commission qui n'avait proposé qu'un retranchement de 10 millions sur un budget d'un milliard. Ce n'étais pas qu'elle désirát moins les

économies que l'opposition; mais elle s'était vue contrainte de s'arrêter devant la réalité des faits.

On avait aussi parlé du remboursement de la dette; M.Thiers démontrait l'impossibilité de ce remboursement. Enfin, après avoir passé en revue les différents ministères pour prouver encore une fois que les économies demandées étaient impraticables, M. Thiers traçait un tableau succinct des prodigalités fihancières de la restauration, dont il engageait la Chambre à fuir les funestes exemples, tout en permettant à l'administration de s'améliorer progressivement. Il terminait par quelques considérations favorables au maintien de l'amortissement.

Séances des 24, 25, 26 et 27. Dans l'ordre des articles, cette question si grave était la première à résoudre : elle fut en effet discutée avant toute autre, malgré les efforts de M. Coulmann pour la faire ajourner. La délibération de la Chambre remplit près de quatre séances; mais l'examen sérieux dont cette matière avait déjà été l'objet dans les sessions précédentes et tout à l'heure encore dans la discussion générale nous permettra de resserrer beaucoup l'analyse de ces nouveaux débats.

Il faut d'abord remarquer que personne ne demandait l'abolition radicale de l'amortissement. Le seul point de la difficulté était de savoir s'il convenait de le réduire, ou de le laisser aussi fort que le gouvernement et la commission le proposaient.

Les partisans de la réduction disaient que l'amortissement n'avait point pour effet de libérer l'État, ni de diminuer les dettes publiques; il n'était qu'un mensonge, qu'une déception; il était onéreux à l'État en ce qu'il rachetait les rentes à un taux supérieur au taux d'émission. On ajoutait qu'il n'avait aucune espèce d'influence sur le cours des fonds publics, et qu'ainsi il était tout-à-fait indifférent sous le rapport du crédit. Il ne favorisait d'ailleurs que l'agiotage, il n'était point établi dans l'intérêt des véritables rentiers; au surplus, ce n'était là qu'un intérêt particulier, isolé, distinct de l'intérêt général. On objectait enfin que, dans les circonstances actuelles, l'a

mortissement était démesuré, et qu'il imposait au pays des charges trop pesantes (MM. Charles Giraud, Jollivet, Pagès, Réallier-Dumas, Gauguier).

D'un autre côté, on faisait observer que si l'amortissement n'empêchait pas la baisse des fonds publics, il la modérait du moins; qu'un amortissement faible est un leurre qui exploite la bonne foi publique et mène à la banqueroute; qu'un amortissement fort, énergique, présente seul une garantie réelle aux créanciers en assurant en même temps et le taux de la rente et l'extinction de la dette. Un amortissement de 1 pour 100 à intérêts composés ne suffisait pas, parce qu'il exigeait trentesept ans de paix continue pour cette extinction. Or, jamais les événenements extraordinaires qui exigent des dépenses extraordinaires ne se font attendre aussi long-temps. Ainsi ce calcul de 1 pour 100 n'était pas très-bon, il était étranger à l'histoire et méconnaissait les circonstances de la vie des peuples. On soutenait en outre que les agioteurs et les spéculateurs tenaient fort peu à un amortissement plus ou moins élevé, qu'il leur fallait de grandes perturbations, des variations subites dans les fonds publics. Au reste, les souffrances du pays n'étaient pas telles qu'il se trouvât dans l'impuissance de supporter le fardeau de l'amortissement à sa hauteur présente. (MM. J. Lefebvre, Guizot, Delaborde, Baillot.)

Ces divers arguments furent résumés par M. le commissaire du roi, Duchâtel. Il reprit une à une les principales objections des adversaires de l'amortissement; il démontra que des faits puisés dans notre histoire des finances résultait la réalité de l'action de l'amortissement, quant à la diminution des charges publiques, et qu'il était nécessaire aux rentiers.

Avant de clore la discussion générale sur la dette publique, la Chambre entendit encore M. Baudet-Dulary, qui appuyait fortement la proposition de supprimer les rentes rachetées. C'est dans ce sens qu'avait été rédigé un amendement de M. de Podenas, tendant à annuler ces rentes et à réduire ainsi le premier article du budget d'une somme de 44,025,769 fr.

Le président du conseil appuya de l'opinion du gouvernement l'opinion de ceux qui pensaient que toucher en ce moment à l'amortissement, ce serait voter une mesure inopportune, impolitique, imprudente. Mais pour être parfaitement net à cet égard, le ministre déclarait qu'il ne contestait sous aucune espèce de rapport à la Chambre le droit de supprimer la portion d'amortissement qui était le produit des rachats successifs depuis 1816. Maintenant convenait-il d'user de ce droit rigoureux? Loin de là, M. Périer pensait que cela ne vaudrait rien pour les emprunts passés, ni surtout pour les emprunts à venir. Les intérêts de ceux qui avaient confié leur fortune à la révolution de juillet en seraient blessés, et, à cette occasion, l'orateur répondait par l'apologie des capitalistes, des banquiers et des gens de Bourse, à l'accusation sans cesse renouvelée contre eux de profiter des embarras de l'État pour lui faire payer cher leurs services.

On avait reproché aussi au président du conseil de déserter les opinions par lui émises à une autre époque, où il disait qu'on pouvait toucher aux rentes rachetées. En principe, M. Périer était toujours de cet avis; mais lorsqu'il l'avait énoncé, c'était dans des circonstances différentes de celles où la France se trouvait aujourd'hui en présence d'une guerre possible. Or, ce n'est pas seulement avec des hommes qu'on fait la guerre, c'est avec de l'argent; supprimer la moindre partie de l'amortissement, ce serait désarmer le pays.

M. Mauguin établissait avec une nouvelle force que les spéculateurs seuls et les joueurs sont intéressés dans la question de la baisse ou de la hausse, et nullement les rentiers qui ne veulent que leurs arrérages, qui n'exigent qu'exactitude et bonne foi de la part de l'État. Au reste, l'amortissement, même avec les rentes rachetées, ne jetait par jour sur la place qu'un capital de 280 à 300 mille francs; cette somme était trop faible, eu égard à la masse des opérations journalières de la Bourse, que l'orateur portait à 40 millions de capital ou 2 millions de fantes, pour exercer sur les fonds publies l'influence dont on

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