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O qui me donnera une voix bien plus forte pour crier encore plus haut contre deux autres scandales encore plus grands dans la religion aux jours saints! Les cabarets fréquentés par le peuple; les spectacles fréquentés par gens d'un état plus élevé... Que vas-tu chercher dans les cabarets au jour du Seigneur, multitude aveugle, peuple licentieux? Y vas - tu chercher quelqu'un qui t'instruise, qui t'édifie, qui te retienne, qui modère la fougue de tes passions? crois-tu y trouver quelque reste du moins de la religion qu'on te prêche, et quelque ressouvenir de ce que tu as vu dans nos temples? Ah! tu y verras, au sortir de nos sacrés mystères, et de nos religieuses cérémonies, le paganisme dans tout son aveuglement et dans tous ses excès. Tu y entendras les chants odieux de Babylone corrompue, de Rome idolâtre, et tu chanteras toimême ses horreurs. Tu y entendras et tu y verras la plus folle joie des sens, consacrée et prêchée. Tu y entendras et tu y prêcheras toi-même tout ce que ta religion condamne, et à quoi tu as renoncé hautement dans ton baptême. Tu y seras entraîné à tout ce que les mœurs de ta religion abhorrent... Jours du Seigneur, jours si heureux et si saints pour nos pères, comment êtes-vous devenus pour le peuple, des jours plus profanes que ceux qu'il emploie dans le travail? Comment cet or pur

dans l'Église s'est d'abord mêlé, et s'est enfin changé en vile écume?

Et vous qui passez de l'Église au théâtre... Vous passez donc de la table du Seigneur à celle du démon; de la maison de Dieu toute pleine de lui, dans un lieu où il n'y a rien de Dieu, de l'école de la vertu à l'école du vice... Vous allez entendre chanter à ce comédien sa morale détestable, cet usage licentieux de la jeunesse, cet abus criminel de toute la vie, après avoir chanté avec nous dans l'Église la beauté de la loi de Dieu et la consécration de tous nos jours à son service. Vous allez entendre chanter à cette femme de l'opéra les crimes de ses dieux, les folles passions de ses déesses, après avoir chanté avec les ministres des autels la gloire de Jésus-Christ et la vertu de ses saints... Ouvrons les yeux sur de pareils excès... Sanctifions Dieu dans nos âmes et dans nos corps tous les jours de notre vie, et surtout les jours saints. Ils sont institués pour gloire de Dieu, et pour notre sanctification: que Dieu et notre salut en soient donc le principal objet. Ils nous sont accordés pour notre repos; mais ce repos n'est qu'une figure de celui qui nous est promis dans le ciel après nos travaux. Ne nous écartons pas de ces desseins de Dieu; et le goûtant lui-même par avance dans nos jours de fête, nous mériterons d'arriver à la pleine et tranquille posses

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sion de ce souverain bien dans l'éternelle fête du ciel. (Sermons choisis, tom. 4, premier mardi de Carême.)

DIMANCHE.

SECOND SERMON ABRÉGÉ.

En forme de prône, sur la sanctification du Dimanche.

PREMIER POINT.

Rien de plus clairement marqué dans l'Écriture que l'obligation de sanctifier le dimanche : rien qui ait été transmis avec plus de soin que ce devoir essentiel de la religion : rien qui ait été observé plus religieusement par les Juifs, les premiers fidèles, que ce jour du Seigneur. C'est

Memento ut diem sabbati sanc- la sagesse de Dieu qui l'a choisi;

tifices.

́c'est sa bonté qui nous l'accorde;

Souvenez-vous de sanctifier le c'est sa volonté toute-puissante jour du sabbat. (Ex. 20.)

Oui, N..., il est un jour que Dieu s'est choisi, qu'il a sanctifié et consacré d'une manière particulière. C'est ce jour où il cessa de créer et d'orner ce vaste univers : ce jour où il est dit qu'il se reposa, non pas qu'il fût fatigué; il n'est sujet ni ànos besoins, ni à nos infirmités; mais pour nous apprendre à mettre un ordre dans nos occupations, et à donner à la contemplation de ses divines perfections, et aux grands objets de l'éternité des jours, où comme hors de ce monde terrestre, nous ne soyons occupés que de sa grandeur, du culte qui lui est dû, et de notre destinée à la gloire qu'il prépare à ceux qui le servent et qui l'aiment. Or, chrétiens, pourquoi devez-vous sanctifier le dimanche? Comment devez-vous sanctifier le dimanche ? Deux réflexions bien simples, mais solides et instructives qui vont faire tout le partage de ce discours.

qui veut que nous le sanctifions. Ainsi dans la sanctification du dimanche nous honorons le choix de Dieu qui s'est réservé ce jour; la bonté de Dieu qui nous dispense de notre pénitence dans ce jour; la volonté de Dieu qui se fait entendre et qui nous ordonne de sanctifier ce jour.

1o. C'est la sagesse de Dieu qui a choisi le jour du dimanche et qui se l'est réservé. Écoutez, chrétiens, ces paroles de la Genèse : Dieu bénit le septième jour et le sanctifia: Benedixit diei septimo et sanctificavit illum. (c. 2. v. 2.) Que veulent dire ces paroles? Est-ce que les autres jours n'étaient pas saints? Ces jours que l'être suprême a bien voulu employer pour former ce vaste univers; ces jours qui ont produit, selon sa parole efficace et toute-puissante, ces différentes merveilles qui étalent à nos yeux de si grands spectacles de grandeur et de puissance; ces jours, où ce monde visible tiré du néant, parut avec tant d'ordre et de magnificence...,

est-ce que ces jours n'étaient pas saints et bénis par le créa teur? Oui, sans doute. Mais Dieu, disent les saints docteurs, a voulu séparer un jour des autres jours, pour être employé uniquement à son culte : voilà ce qu'ils entendent par ces paroles: Dieu bénit et sanctifia le septième jour, c'est-à-dire, il le sépara des autres jours, il se le réserva singulièrement... Aussi ce jour est-il appelé le jour du Seigneur par excellence, dit saint Augustin, vocatur dominicus. (Serm. 15 de verb. Apost.) De là le nom de dimanche qu'on lui a donné dès la naissance de l'Église c'est le jour que le Seigneur s'est choisi et consacré pour recevoir notre culte.

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Or, chrétiens, si ce jour appartient singulièrement au Seigneur, s'il se l'est réservé tout entier, vous n'en avez donc aucune portion pour vos affaires temporelles; sa sagesse l'a choisi les autres jours vous suffisent donc pour les besoins de la vie. Que cette vérité constante confonde ici ces chrétiens qui s'imaginent pouvoir sans crime dérober une partie considérable de ce saint jour, pour l'employer à des occupations terrestres, ou de coupables amusemens : il ne leur appartient pas : Dieu l'a choisi uniquement pour les choses du ciel. Ah! c'est ici que nous pouvons dire avec David: voilà le jour que le Seigneur a fait pour sa gloire et pour notre salut le jour qu'il a choisi,

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sanctifié d'une manière particulière : hæc est dies quam fecit Dominus. Ah! pour honorer ce choix du Seigneur, que dans ce jour une joie pure et toute céleste, nous fasse comme sortir de ce monde terrestre, bannir de notre cœur tous les soins et toutes les sollicitudes du siècle. Employons ce jour uniquement à la contemplation des choses célestes: ne goûtons que les douceurs d'un saint repos: ne méditons que les biens ineffables que Dieu nous prépare: ne parlons que des grandes choses qu'il a opérées en notre faveur : que notre bouche ne s'ouvre que pour chanter ses louanges et célébrer ses grandeurs : que notre cœur ne soit embrasé que du beau feu de la divine charité. Voilà la douce joie d'un chrétien qui adore le choix que Dieu a fait de ce jour, choix infiniment sage, et qui nous impose l'obligation de ne nous occuper que de lui et des biens qu'il nous destine.

Ah! Seigneur, il suffit que vous ayez choisi ce jour, que votre sagesse l'ait séparé des jours que vous accordez aux besoins de cette misérable vie, pour que je l'observe avec un saint respect. Il sera toujours pour moi un jour saint et sacré; je n'en violerai aucune portion. Affaires du monde, intérêts, soins tumultueux du commerce, visites, assemblées d'amis, repas mêmes de bienséance, je vous remettrai aux autres jours : celui-ci ne m'appartient pas, il est

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au Seigneur qui se l'est consacré par sagesse, et qui m'y dispense par bonté du travail auquel je suis condamné pour ma pénitence.

2o. Vous le savez, nous sommes tous obligés à cette pénitence imposée à notre premier père après son péché, lorsqu'il lui fut dit; « vous mangerez votre pain à la sueur de votre front: » pénitence qui doit imiter la longueur de nos jours, puisqu'elle n'est pas limitée à un temps, mais qui ne doit finir qu'au moment qui nous verra descendre dans le tombeau. Or, Dieu en nous dispensant du travail le saint jour du dimanche, nous dispense donc en ce jour de notre pénitence. Il nous permet un saint repos; mais un repos qui doit être tout céleste, tout divin; mais un repos qui nous donne le loisir de contempler les biens précieux qui nous sont préparés; mais un repos de l'âme dans son Dieu; mais un repos qui imite celui des bienheureux, qui, san's fatigue, sans ennui, sans dégoût, louent le Dieu trois fois saint, l'aiment, l'adorent; mais un repos enfin, où l'homme, libre des soins de la vie, séparé du commerce du monde, oubliant tout ce qui peut le distraire, voit ce qui lui manque pour son salut, le demande et se trace un plan pour se conserver pur dans les occupations tumultueuses de son état, et les dangers du siècle.

Qu'il doit nous être précieux ce divin repos que la miséricorde de Dieu nous accorde! Qu'il est

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bon de nous dispenser du travail pour nous donner le temps de nous approcher de lui! Hélas! dit saint Augustin, les hommes dans le précepte de la sanctification du dimanche, ne font attention qu'à la défense du travail, et ils ne pensent point à la tendre miséricorde du Seigneur qui les dispense en ce jour d'une pénitence imposée à toute la race coupable, pour leur faire goûter les douceurs d'un saint repos. (Aug. quæst. sup. Exod. lib. 2.) Cependant apprenez-le, Chrétiens, continue ce père, je découvre dans cette défense du travail ce qu'il y a de plus grand et de plus conso

lant dans les trésors ineffables de la grâce de votre Dieu : magna est altitudo gratiæ Dei... La bonté de Dieu dispense l'homme le jour du dimanche, des occupations pénibles auxquelles il a été condamné, afin que, dégagé de toutes les sollicitudes du siècle, et exempt d'un travail corporel, il puisse dans un pur et saint repos penser au salut de son âme, rendre les hommages suprêmes qui sont dus à son Créateur, chanter ses miséricordes, solliciter ses grâces, et ne s'occuper que de lui.

Êtes-vous persuadés de cette vérité, Chrétiens? Faites-vous attention à ces deux choses; c'est la bonté de Dieu qui nous dispense du travail le dimanche; il ne nous en dispense que pour nous livrer entièrement aux choses du ciel.

Le travail est non-seulement

honnête, utile, mais même nécessaire : il serait donc honteux de ne cesser de travailler que pour pécher; car c'est ce que font tant de mondains qui regardent les saints jours de dimanche, comme des jours des tinés aux plaisirs, au jeu, aux promenades, et souvent aux excès de la table et à de coupables divertissemens : ce qui a fait dire à saint Augustin, qu'il vaudrait mieux labourer la terre dans ces saints jours, que d'aller aux spectacles et aux danses: meliùs est arare quàm saltare... (Enarr. in ps. 9o.) Ces aveugles chrétiens, continue ce père, cessent un travail honnête et utile à la société, et ils ne veulent point se priver dans ce saint jour des assemblées, des plaisirs, des spectacles et de tous les frivoles amusemens du monde.

Or, mes frères, ne pourrionsnous pas faire les mêmes plaintes aujourd'hui ? N'est-ce pas à ce saint jour que les artisans, les marchands remettent les promenades, les parties de jeu, les plaisirs? Ne sont-ce pas ces jours que l'on choisit pour donner des repas que l'on puisse prolonger à son aise: on ne cesse de s'occuper de ses affaires, que pour s'occuper du plaisir. On cesse, il est vrai, les œuvres serviles défendues en ces jours: on néglige les œuvres saintes qui sont commandées. Est-ce là répondre à la bonté de Dieu, qui ne nous dispense du travail dansce saint jour, que pour nous procurer un saint repos, dans

lequel nous puissions contempler tranquillement les biens qui nous sont préparés? Est-ce reconnaître sa volonté suprême qui nous ordonne de le sanctifier?

3o. La sanctification du dimanche, est un précepte du Seigneur, c'est le troisième dans la loi qu'il a donnée à Moïse : or, peut-on sans crime le violer? Est-on innocent de ne pas obéir à Dieu qui commande ? Et n'est on pas coupable, selon saint Jacques, de l'infraction de toute la loi, quand on la viole dans une partie? Mais hélas! je suis surpris, je gémis, l'amertume se répand dans mon cœur, quand je pense que des chrétiens n'ont pas l'idée qu'ils devraient avoir d'un Dieu qui parle, qui déclare sa volonté, qui ordonne. lls distinguent entre précepte et précepte; et, comme s'ils n'obligeaient pas tous également, ils négligent l'entière observance de certains commandemens : ils les violent avec moins de scrupule, avec moins de honte, plus d'audace, comme si Dieu ne devait pas être obéi toutes les fois qu'il parle : comme si toutes ses ordonnances n'étaient pas également justes et saintes. Or, vous le savez, s'il y a un précepte divin négligé, violé publiquement sans remords, sans honte, c'est celui de la sanctification du dimanche on dirait en voyant les chrétiens occupés des affaires temporelles, livrés aux plaisirs, que Dieu n'a jamais déclaré sa volonté, ou que sa volonté doit s'accommoder à la nôtre.

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