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des assiégeants, réduits en cendres ou écrasés. Les poternes et les communications entre les bastions devinrent les seules places de sûreté pour la garnison. Les Français avaient de plus réussi à briser l'écluse construite pour retenir les eaux de l'Escaut dans les fossés, qui demeurèrent dès lors presque à sec à chaque reflux. Les ouvrages, bien que contrariés cruellement par le terrain et la saison, avancèrent jour et nuit jusqu'à ce que la contrescarpe elle-même fut minée. Cependant le feu de la garnison se soutenait avec toute la vigueur que permettait l'état de ruine de ses batteries, et les assiégeants durent lui rendre cette justice qu'ils avaient affaire à un ennemi digne de leur courage. Mais enfin, le 21 décembre, les batteries de brèche commencèrent leur feu et firent des ravages si terribles qu'il était évident qu'en quarante-huit heures tout serait ⚫ prêt pour l'assaut.

Le général Chassé, jugeant impossible de tenir plus longtemps, offrit le 23 au matin, lorsque la brèche était ouverte à l'un des bastions sur la droite, de rendre la citadelle comme le maréchal Gérard l'avait d'abord demandé, et de se retirer avec sa garnison en Hollande. Le maréchal n'accéda à cette proposition qu'autant que les forts de Lillo et de Liefkenshoek. lui seraient pareillement remis. Ces forts n'étant pas sous le commandement du général Chassé, il fallut aller chercher les ordres du roi de Hollande. En attendant les Français prirent possession de la citadelle, dont les troupes hollandaises étaient sorties pour déposer leurs armes.

Le jour même où la citadelle tombait devant la bravoure et la science militaire des assiégeants, l'escadre hollandaise et la garnison du fort de Liefkenshoek faisait une nouvelle tentative sur la digue de Doël, occupée par la division du général Tiburce Sébastiani, qui avait eu déjà à repousser plusieurs fois de semblables attaques. Une vive fusillade s'engagea aussitôt, et après un feu de quelques moments, six cents Français abordèrent l'ennemi au nombre de deux mille hommes, à la baïonnette, le culbutèrent et s'avancèrent en

suite sur la digue au pas de charge. Cette attaque vigoureuse ébranla les Hollandais qui se retirèrent en désordre: ils n'eurent que le temps de regagner le fort et leurs embarcations en laissant la plage couverte de morts. Les Français soutinrent ensuite avec le même succès, pendant plusieurs heures, la lutte la plus inégale contre l'escadre armée de 200 pièces de

canon.

Le siége de la citadelle d'Anvers sera compté parmi les plus mémorables dans les annales de la guerre. La résistance opiniâtre des Hollandais avait retenu pendant vingt-quatre jours et vingt-cinq nuits les assiégeants dans la tranchée, avec la pluie, la boue et le froid, par des travaux et des périls continuels, sous le feu de la place. Bien que l'artillerie et le génie eussent eu la plus grande part à la prise de la citadelle, toutes les armes avaient rivalisé de courage, de patience, d'habileté, de dévouement, et montré tout ce que la France de juillet pouvait attendre de sa jeune armée. Il avait été ouvert 14,000 mètres de tranchée; l'artillerie avait tiré 63,000 coups; on avait pris à l'ennemi 5,000 hommes de diverses armes par capitulation, et l'armée assiégeante complait 608 tués. Les Hollandais avaient eu 90 tués, 3-49 blessés et 67 soldats disparus.

Cependant un courrier avait transmis à La Haye la capitulation de la citadelle. Le roi Guillaume accorda les plus grands éloges à la défense faite par le général Chassé et à sa garnison, mais Is obstina à ne point ordonner la remise des forts demandée comme condition de leur libération. Alors le maréchal Gérard, qui dans tous ses rapports avec le général Chassé apporta une recherche de bienveillance et d'égards jusqu'alors sans exemple entre ennemis, offrit de laisser la garnison retourner en Hollande si elle s'engageait à ne point porter les armes contre la France ou ses alliés et particulièrement contre la Belgique, tant que ses différents avec la Hollande ne seraient point terminés. Le général Chassé ayant refusé d'accepter des propositions aussi généreuses, se rendit en France, avec ses troupes, comme prisonnier de guerre. La citadelle fut remise

aux Belges, après quoi l'armée victorieuse reprit aussi la route de France, où elle reçut des mains du roi les récompenses si légitimement acquises à ce beau fait d'armes, qui couronne avec tant d'éclat une année pleine de troubles et de sanglantes dissensions, qui fut comme un nouveau baptême de gloire pour les couleurs nationales du pays, et eut le trop rare avantage d'effacer un instant des dissentiments invétérés en ralliaut dans une commune admiration tous les cœurs vraiment français, sans distinction d'opinions ni de partis politiques.

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DEUXIÈME PARTIE

HISTOIRE ÉTRANGÈRE.

CHAPITRE PREMIER.

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HOLLANDE ET BELGIQUE. État des négociations pour la séparation des deux pays. La France et l'Angleterre ratifient le traité da 15 novembre. Mission du comte Orloff à La Haye. — Liste civile lu roi des Belges. Ratifications de la Prusse et de l'Autriche. — En! èvement du gouverneur belge du Luxembourg, Ratification de la Russie. - Débats dans les Chambres belges à ce sujet. — Clôture de la session. Suite des négociations entre la conférence de Londres, la Hollande et la Belgique. Mariage du roi des Belges avec une princesse française. — Suite des négociations.- Ouverture des États - Généraux à La Haye. - La France et l'Angleterre se décident à employer la force pour obtenir l'évacuation du territoire belge. Dernière tentative de conciliation faite par la Prusse. Changement de ministère en Belgique. Ouverture des Chambres à Bruxeîles. - Communication du ministre des affaires étrangères. Discussion de l'adresse dans la Chambre des représentants. - Prise de la citadelle d'Anvers. Remerciments des Chambres à l'armée française.

· Démission et rentrée du ministère.

On vient de voir par le siége d'Anvers, dont le récit termine notre Histoire de France en 1832, que les négociations poursuiv ies dans le cours de cette année avec la Hollande pour l'acceptaion du traité du 15 novembre n'avaient eu aucun succès. C'est l'histoire de ces négociations que nous allons maintenant reprendre.

A la fin de l'année dernière, les plénipotentiaires hollandais à Londres avaient protesté contre ce traité et fait valoir les objections sur lesquelles le cabinet de La Haye se fondait pour e re jeter (voy. l'Ann. pour 1831). La conférence y répliqua par une note du 4 janvier 1832, dans laquelle elle justifia ses procédés, en soutenant que l'article du protocole d'Aix-la

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Chapelle dont la Hollande argumentait n'avait rien décidé relativement à la forme des délibérations que les cinq puissances pourraient ouvrir avec les plénipotentiaires des États qui réclameraient leur intervention. Au surplus, la conférence se flattait de prouver que les 24 articles ne présentaient que le développement des bases de la séparation, qu'ils embrassaient l'application de tous les principes posés en faveur de la Hollande dans le protocole du 27 janvier 1831, que ces principes avaient été maintenus dans l'intérêt du gouvernement hollandais, que dans la question du Luxembourg la conférence n'avait agi que sur la demande du plénipotentiaire du roi grand-duc; qu'enfin, si la conférence avait cru devoir assurer à la Belgique des moyens d'existence, elle n'avait suivi que les dispositions du 27 janvier acceptées par la Hollande.

Les plénipotentiaires hollandais répondirent le 30 à la note de la conférence par un long mémoire tendant à démontrer combien les nouveaux articles différaient essentiellement, au désavantage de la Hollande, des protocoles de janvier et février 1831. En même temps ils présentèrent un projet propre à être converti en traité entre le roi et les cinq puissances. Aucune réponse ne fut faite à ce projet que la conférence regarda comme une communication purement confidentielle, et ce n'est que le 10 juin qu'elle le déclara impraticable et inadmissible, attendu qu'il n'était destiné qu'à régler une séparation administrative des deux pays, tandis que les négociations entamées avec S. M. hollandaise depuis le mois de juin 1831 avaient pour objet l'adoption par le roi de Hollande des conditions de l'indépendance de la Belgique et la reconnaissance de son nouveau souverain.

Les ratifications du traité du 15 novembre n'avaient pas encore été échangées. On se souvient qu'elles devaient l'être dans les deux mois de la signature du traité, c'est-à-dire au 15 janvier. Les plénipotentiaires de France et d'Angleterre le ratifièrent le 31 avec l'envoyé belge, dans la crainte, disait le pro tocole, que s'ils laissaient, par un nouvel ajournement, se

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