oui, je partirai, dès que tu m'en donneras le signal, tout prêt à faire avec toi le dernier voyage. Ni la Chimère au souffle de feu, ni, s'il ressuscitait, Gyas aux cent bras, ne pourrait me détacher de toi ; ainsi l'ont arrêté la Justice toute-puissante et les Parques. Que je sois né sous l'influence de la Balance, ou du redoutable Scorpion, qui agit si fortement à l'heure natale, ou du Capricorne, tyran des mers de l'Hespérie, peu importe; entre nos deux astres existe un merveilleux accord: toi, Mécène, l'éclat tutélaire de Jupiter t'a soustrait à la malignité de Saturne, a suspendu pour toi le vol précipité de la destinée, quand le peuple en foule, heureux de te revoir, fit à trois reprises retentir le théâtre de ses applaudissements; et moi, la chute d'un arbre sur la tête m'eût tué, si le coup n'eût été amorti par la main du dieu Faune, gardien des favoris de Mercure. Souviens-toi des victimes et du temple qu'ont promis tes vœux; de mon côté, une jeune brebis sera mon humble sacrifice.. CCLVII (Tom. II, p. 231.) Dans un antre écarté j'ai vu Bacchus qui chantait, je l'ai vu (croyez-moi, races futures) au milieu des Nymphes attentives à sa voix, au milieu des Satyres aux pieds de chèvres, dressant leurs oreilles pointues. natus est, exercet; non quæ propter violentiam, qua grassatur, ei subjecto periculum minatur. » Cf. Hirschfelder, p. 304. homini Euhoe! recenti mens trepidat metu, Parce, gravi metuende thyrso! Fas et beatæ conjugis additum Thracis et exitium Lycurgi. Tu flectis amnes, tu mare barbarum, Nodo coerces viperino Bistonidum sine fraude crines; Tu, cum parentis regna per arduum Unguibus horribilique mala; Quamquam choreis aptior et jocis Pacis eras mediusque belli. CCLVIII A César Auguste. Hor., Carm., II, 19. Justum et tenacem propositi virum Mente quatit solida, neque Auster, Évoë! la terreur dont frémit encore mon âme se mêle à la joie qui inonde mon cœur tout plein de sa divinité. Évoë! sois clément, Bacchus! sois-moi clément, dieu redoutable au thyrse pesant! Je dirai, puisque tu le permets, l'emportement des Ménades, et les sources de vin, et les larges ruisseaux de lait, et le miel coulant du tronc des chênes. Je dirai la couronne de ta glorieuse épouse mise au nombre des astres, et la maison de Penthée affreusement détruite, et le terrible châtiment du Thrace Lycurgue. Tu domptes les fleuves et domptes les mers des barbares. Dans les fêtes orgiaques. sur les monts solitaires, tu rattaches par des noeuds de vipères que tu rends inoffensives les cheveux de tes bacchantes. Lorsque l'armée impie des Géants escaladait le ciel pour renverser le trône de ton père, tu fis reculer Rhoetus devant tes ongles et ton épouvantable gueule de lion. Tu passais pour aimer surtout les danses, les jeux et les ris, avec peu de dispositions pour les combats; mais entre la paix et la guerre également tu te partageais. Dès qu'il te vit, le front paré de ta corne d'or, Cerbère s'apaisa, caressa humblement la terre de sa queue, et, quand tu t'éloignas, de sa triple langue il lécha tes genoux et tes pieds. CCLVIII L'homme juste et ferme en ses principes, rien ne l'ébranle, ni l'emportement d'un peuple lui commandant un crime, (1) Cf. Virg., Ecl., IV, 30: « Et duræ quercus sudabunt roscida mella ». Dux inquieti turbidus Hadriæ, Impavidum ferient ruinæ. Hac arte Pollux et vagus Hercules Quos inter Augustus recumbens Hac te merentem, Bacche pater, tuæ Collo trahentes; hac Quirinus Gratum elocuta consiliantibus Hor., Carm., III, 3, v. CCLIX Aux Romains. Delicta majorum immeritus lues, Dis te minorem quod geris, imperas : Jam bis Monæses et Pacori manus Pæne occupatam seditionibus 4-18. ni les menaces d'un tyran farouche, ni l'Auster soulevant en maître les flots tumultueux de l'Adriatique, ni la main puissante de Jupiter tonnant: le ciel brisé s'écroulerait que les débris le frapperaient sans l'émouvoir. C'est ainsi que Pollux et l'infatigable Hercule sont arrivés aux demeures brillantes des cieux, où, près d'eux assis, Auguste boit également de ses lèvres vermeilles le divin nectar; ainsi tu méritas, ô vénérable Bacchus, d'y être conduit sur le char attelé de tes tigres impatients de leur joug; ainsi Quirinus, emporté par les coursiers de Mars, échappa à l'Achéron, après que, dans le conseil des dieux et à leur satisfaction, Junon y eut consenti en ces termes : <<<< Ilion, Ilion..... CCLIX Des fautes de tes ancêtres, dont tu es innocent, tu porteras la peine, ô Romain, tant que tu n'auras pas rétabli les autels des dieux, leurs temples qui s'écroulent et leurs images que souille une noire fumée. C'est en te soumettant aux dieux que tu commandes au monde: voilà le seul principe et ce dont tout dépend pour toi. Méprisés, ils ont déchaîné bien des maux sur la malheureuse Italie. Déjà deux fois Monæsès et les soldats de Pacorus ont victorieusement repoussé nos attaques que ne favorisaient point les auspices; ils ont, avec orgueil, à leurs chétifs colliers ajouté le butin de nos dépouilles. Peu s'en est fallu qu'en proie à la guerre civile, Rome ne tombât sous (1) Var. bibet; mais bibit s'accorde mieux avec les v. 15-16 de l'épitre I, 1: Præsenti tibi maturos largimur honores, Jurandasque tuum per numem ponimus aras. >> (2) Omnes enim Romulo favebant. » Hirschf., p. 346. |