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Intonsi montes; ipsæ jam carmina rupes,
Ipsa sonant arbusta : « Deus, deus ille, Menalca!
Sis bonus o felixque tuis! En quattuor aras :
Ecce duas tibi, Daphni, duas1 altaria Phobo.
Pocula bina novo spumantia lacte quotannis
Craterasque duos statuam tibi pinguis olivi,
Et multo in primis hilarans convivia Baccho,
Ante focum, si frigus erit, si messis, in umbra,
Vina novum3 fundam calathis Ariusia nectar.
Cantabunt mihi Damotas et Lyctius Egon;
Saltantes Satyros imitabitur Alphesibous.
Hæc tibi semper erunt, et cum sollemnia vota
Reddemus Nymphis, et cum lustrabimus agros".
Dum juga montis aper, fluvios dum piscis amabit,
Dumque thymo pascentur apes, dum rore cicada,
Semper honos nomenque tuum laudesque manebunt.
Ut Baccho Cererique, tibi sic vota quotannis
Agricolæ facient; damnabis' tu quoque votis.

Virg., Eclog., V, v. 56-80).

CCI

Mélibée félicite Tityre du bonheur qui lui est accordé, et à ce bonheur, dont Tityre exprime sa reconnaissance envers son bienfaiteur, il oppose les douleurs de l'exil auquel lui-même se voit condamné avec tant d'autres.

MELIBOEUS

Fortunate senex, ergo tua rura manebunt.

(1) Altaria est une opposition à aras sous-entendu avec le second duas. L'altare, plus élevé que l'ara, était surmonté d'une pierre sur laquelle on sacrifiait des victimes vivantes en l'honneur des grandes divinités.

(2) Bina, deux sur chaque autel, tandis que crateras duos veut dire deux cratères en tout, un par autel.

(3) Novum nectar, nouveau nectar, pareil au nectar. D'autres traduisent nectar nouveau, vin de l'année, parce que, dans les libations, on

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leurs bois, lancent jusqu'aux cieux des cris de joie; les rochers, les buissons eux-mêmes répètent en chœur : « C'est un dieu, c'est un dieu, Ménalcas! » Sois propice et favorable aux tiens! Voici quatre autels; deux pour toi, Daphnis, et deux, plus élevés, pour Phoebus. Chaque année, je t'offrirai quatre coupes où moussera un lait nouveau et deux cratères remplis du jus onctueux de l'olive; puis, des dons de Bacchus égayant largement le festin, en hiver près du foyer, en été sous l'ombrage, je ferai couler de mes flacons le vin d'Ariusium pareil au nectar. Damætas et le Lyctien Egon chanteront: Alphésibée imitera la danse des Satyres. Tels sont les honneurs que nous te rendrons toujours, et quand nous présenterons nos vœux aux Nymphes dans leurs fêtes annuelles, et quand nous purifierons nos champs. Tant que le sanglier se plaira sur le haut des montagnes et le poisson dans les eaux, tant que les abeilles se nourriront de thym et les cigales de rosée, toujours ton culte, ton nom et ta gloire subsisteront. Comme à Bacchus et à Cérès, les vœux des laboureurs, chaque année, te seront adressés, et toi aussi tu exauceras leurs vœux.

CCI

(Tom. 1, p. 314).

MÉLIBÉE

Heureux vieillard, ainsi tes champs resteront à toi; et

se servait de vin nouveau. Quelques-uns, comme J. H. Voss, veulent voir dans le mot novum une allusion à ce fait que l'usage des vins grecs chez les Romains était tout récent.

(4) Ariusium, promontoire de l'île de Chios dont les vins étaient réputés. (5) Lyctus, ville de Crète.

(6) La fête des Ambarvalia.

(7) Damnatus voti était une locution consacrée pour désigner celui dont le vœu était exaucé et qui se trouvait enchainé par cela même. C'est dans le même sens que Virgile dit aussi voti reus (En. V, 237).

Et tibi magna satis, quamvis lapis omnia nudus
Limosoque palus obducat pascua junco.
Non insueta graves tentabunt pabula fetas,
Nec mala vicini pecoris contagia lædent.
Fortunate senex, hic inter flumina nota
Et fontes sacros frigus captabis opacum.
Hinc tibi, quæ semper1 vicino ab limite sæpes,
Hyblæis apibus florem depasta salicti,
Sæpe levi somnum suadebit inire susurro;
Hinc alta sub rupe canet frondator ad auras.
Nec tamen interea raucæ, tua cura, palumbes,
Nec gemere aeria cessabit turtur ab ulmo.

TITYRUS

Ante leves ergo pascentur in æthere cervi,
Et freta destituent nudos in litore pisces,
Ante, pererratis amborum finibus, exsul

Aut Ararim Parthus bibet, aut Germania Tigrim,
Quam nostro illius labatur pectore vultus.

MELIBOEUS

At nos hinc alii sitientes ibimus Afros,

Pars Scythiam et rapidum Cretæ veniemus Oaxem 3,
Et penitus toto divisos orbe Britannos.

En unquam patrios longo post tempore fines,
Pauperis et tuguri congestum cæspite culmen,
Post aliquot, mea regna videns, mirabor aristas?

(1) On n'est pas d'accord sur la construction et le sens de la phrase: les uns lisent comme s'il y avait : « hinc, ab limite vicino, sæpes quæ semper depasta florem apibus (s. entendu suasit suadebit, etc.; » et alors semper se rapporte à depasta et signifie toujours jusqu'ici ; d'autres, en lisant « hinc, sæpes quæ semper [est] vicino ab limite, etc. » traduisent : « la haie qui est toujours sur la limite de la propriété voisine» c.-à-d. la haie qui, dans le partage des terres, a été respectéc et qui, comme autrefois, borne ton domaine. C'est ce dernier sens que je préfère.

certes ils suffisent à tes vœux bien que la roche stérile et le jonc fangeux du marais couvrent de côté et d'autre tes pâturages. Tes brebis pleines et fatiguées n'auront ni à souffrir d'un changement de pâture, ni à craindre le voisinage d'animaux malades. Heureux vieillard, près de ces fleuves qui te sont connus, près de ces fontaines sacrées, tu jouiras de la fraîcheur et de l'ombrage. Ici, sur la haie qui, comme autrefois, te sépare du voisin, l'abeille de l'Hybla, en butinant la fleur du saule, t'invitera souvent à dormir par son léger bourdonnement; là, au pied de cette roche élevée, le vigneron, en émondant la vigne, fera retentir l'air de ses chansons, tandis que roucouleront les ramiers, objet de tes soins, et que la tourterelle ne cessera de gémir tout en haut des ormes.

TITYRE

Aussi l'on verra dans les airs paître les cerfs légers et la mer abandonner les poissons à sec sur le rivage, on verra, changeant de pays, le Parthe, loin de chez lui, boire les eaux de la Saône, et le Germain celles du Tigre, avant que les traits de mon sauveur s'effacent de ma mémoire.

MÉLIBÉE

Mais nous, chassés de ces lieux, nous irons, les uns chez les Africains brûlés par le soleil, les autres dans la Scythie ou en Crète, sur les bords de l'Oaxe au cours rapide, ou chez les Bretons séparés du reste du monde. Reverrai-je jamais, après un long exil, mon pays natal et le toit couvert de chaume de mon pauvre logis; pourrai-je un jour, dans ces champs où j'ai régné, contempler quelques épis ? Un soldat sacrilège possédera ces terres si soigneusement cultivées, un barbare aura ces moissons! Voilà où la dis

(2) Le mont Hybla, en Sicile, était réputé pour le miel de ses abeilles. (3) Cours d'eau inconnu de la Crète. Aussi quelques éditeurs écrivent-ils rapidum cretæ en traduisant « dont les eaux entrainent la craie » et en supposant que Oaxis est une forme du nom de l'Oxus, fleuve de Scythie. Schaper et O. Güthlin lisent même: rapidum certe veniemus ad Oxum.

Impius hæc tam culta novalia miles habebit,
Barbarus has segetes. En quo discordia cives
Produxit miseros! His nos consevimus agros !
Insere nunc, Meliboe. piros, pone ordine vites.
Ite, meæ, quondam felix pecus, ite, capellæ.
Non ego vos posthac viridi projectus in antro,
Dumosa pendere procul de rupe videbo;

Carmina nulla canam; non, me pascente, capellæ,
Florentem cytisum et salices carpetis amaras.

CCII

Virg., Eclog., I, v. 46-78.

Plainte de Gallus.

Tristis at ille : « Tamen cantabitis, Arcades, inquit,
Montibus hæc vestris, soli cantare periti

Arcades. O mihi tum quam molliter ossa quiescant,
Vestra meos olim si fistula dicat amores!

Atque utinam ex vobis unus, vestrique fuissem
Aut custos gregis, aut maturæ vinitor uvæ!
Certe, sive mihi Phyllis, sive esset Amyntas,
Seu quicumque furor (quid tum, si fuscus Amyntas?
Et nigræ violæ sunt et vaccinia nigra),
Mecum inter salices lenta sub vite1 jaceret;
Serta mihi Phyllis legeret, cantaret Amyntas.
Hic gelidi fontes; hic mollia prata, Lycori;
Hic nemus; hic ipso tecum consumerer ævo.
Nunc insanus amor duri me2 Martis in armis
Tela inter media atque adversos detinet hostes:
Tu3 procul a patria, nec sit mihi credere tantum!
Alpinas, ah dura, nives et frigora Rheni

(1) On s'est étonné de voir des saules mêlés à la vigne; mais il s'agit saus doute d'une vigne entourée, comme celle de Tityre, d'une haie de saule. Voir le morceau précédent.

(2) Quelques éditeurs écrivent te, mais tous les manuscrits donnent me. Au dire de Servius, par ce me, Gallus entendrait meum animum et désignerait son cœur se transportant à la suite de Lycoris; l'explication est

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