Nate dea? vivisne? aut, si lux alma recessit, Subjicio et raris turbatus vocibus hisco: << Vivo equidem vitamque extrema per omnia duco; Heu! quis te casus dejectam conjuge tanto Hectoris Andromachen? Pyrrhin' connubia servas? > << O felix una ante alias Priameia virgo, Nos, patria incensa, diversa per æquora vectæ, Ecqua tamen puero est amissæ cura parentis? Virg., En., III, v. 301-343. (1) Je suis la leçon de Ladewig, Conington et Benoist. D'autres placent le point d'interrogation après revisit et lisent ensuite Hectoris Andromache Pyrrhin.. etc. mon trouble, c'est en quelques mots entrecoupés que je lui parle : « Oui, je vis, et ma vie se passe dans les plus dures infortunes. N'en doutez pas, c'est Énée, en vérité, que vous voyez. Mais vous, hélas? après avoir perdu un si noble époux, à quelle condition êtes vous réduite? Ou quel sort avez-vous eu qui soit assez digne de l'Andromaque d'Hector? Partagez-vous la couche de Pyrrhus? » Elle baissa la tête et à voix basse elle répondit : « O heureuse, seule entre toutes, la vierge, fille de Priam, qui, condamnée à mourir près du tombeau d'un ennemi sous les hauts remparts de Troie, n'a pas subi les chances du sort et n'a pas eu à entrer, captive, au lit d'un vainqueur et d'un maître! Nous, après l'incendie de notre patrie, traînée sur des mers lointaines, nous avons subi l'insolence et l'orgueil du jeune fils d'Achille, en enfantant dans la servitude. Pyrrhus ensuite, épris d'Hermione, petite-fille de Léda, et courant à cet hymen lacédémonien, me fit passer dans les bras d'Hélénus, son esclave comme moi. Mais Oreste brûlant d'un vif amour pour la fiancée qu'on lui ravit et en proie aux furies vengeresses de ses crimes, Oreste surprend son rival sans défense et l'égorge au pied des autels d'Achille. Par cette mort de Néoptolème une partie de son royaume revint à Hélénus, qui, en souvenir du Troyen Chaon, donna le nom de Chaonie à tout le territoire soumis à ses lois et éleva sur ces hauteurs une Pergame, une nouvelle citadelle d'Ilion. Mais vous, comment les vents et les destins ont-ils poussé ici votre course? Ou quel dieu vous a porté à votre insu sur nos rivages? Et le jeune Ascagne? Vous reste-t-il? Est-il en vie? Il vous naissait lorsque Troie déjà... Malgré son jeune âge, a-t-il le sentiment de la perte de sa mère ? Sent-il son cœur s'exciter à l'antique vertu et au courage héroïque de ses ancêtres par l'exemple de son père Énée et de son oncle Hector? » (2) Var.: flammatus. (3) Id.: quæ. On a cherché de toutes les manières à remplir ce vers inachevé, que Haupt, sans preuve, suppose même interpolé ainsi que le vers précédent et les trois suivants. CCXVIII Énée fuit Polyphème et les Cyclopes. Vix ea fatus erat, summo cum monte videmus Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademp Trunca manu pinus regit et vestigia firmat; Lanigeræ comitantur oves; ea sola voluptas [tum. Postquam altos tetigit fluctus et ad æquora venit, Virg., En., III, v. 655-681. (1) Des critiques plus ou moins habiles ont voulu compléter ce vers inachevé par ces mots; pendebat fistula collo ou de collo fistula pendet à son cou pend la flute pastorale ». CCXVIII (Tom. 1, p. 416.) A peine achevait-il ces mots que, sur la cime du mont, nous voyons se mouvoir dans sa masse énorme le pasteur Polyphème lui-même qui, au milieu de son troupeau, se dirigeait vers le rivage accoutumé; monstre horrible, informe, immense; la lumière lui est ravie et à la main il tient un pin dénué de rameaux qui guide et assure ses pas; ses brebis chargées de laine l'accompagnent, seule joie qui lui reste, seule consolation de son malheur. Dès qu'il eut touché les flots profonds et s'y fut avancé, il lava la plaie sanglante de son œil crevé, grinçant des dents et frémissant de douleur; et déjà il marche en pleine mer sans que l'eau baigne ses flancs élevés. Nous, épouvantés, nous avons hâte de fuir au loin; après avoir recueilli, ainsi qu'il venait de le mériter, le Grec suppliant, nous coupons les câbles en silence, et à l'envi, courbés sur nos rames, nous fendons les flots. Polyphème s'en aperçoit et porte ses pas du côté du bruit. Mais, dans l'impossibilité de nous atteindre, les eaux ioniennes par leur profondeur ne lui permettant pas la poursuite, il pousse un cri terrible; la mer et toutes ses vagues en furent ébranlées, l'Italie entière en trembla, et l'Etna en mugit dans ses cavernes profondes. A cet appel, du fond des forêts et des hautes montagnes, s'élance la foule des Cyclopes: elle se précipite vers le port et couvre le rivage. Nous y voyons, debout et nous menaçant de leurs regards farouches, les fils de l'Etna, qui portent jusqu'aux cieux leurs fronts altiers. Horrible assemblée! Tels, sur le sommet des monts se dressent les chênes aériens et les cyprès aux fruits en cône, haute forêt de Jupiter ou bois sacré de Diane. Sous l'impulsion de l'effroi le plus vif, nous usons précipitamment de tous nos cordages et livrons les voiles aux vents qui nous secondent. (2) Achéménide qui venait de mettre les Troyens en garde contre les dangers dont les menaçait la présence des Cyclopes. CCXIX Énée et Didon partent pour la chasse. Oceanum interea surgens Aurora reliquit. It portis jubare exorto delecta juventus; Retia rara, plagæ, lato venabula ferro, Massylique ruunt equites et odora canum vis. Reginam thalamo cunctantem ad limina primi Pœnorum exspectant, ostroque insignis et auro Stat sonipes ac frena ferox spumantia mandit. Tandem progreditur, magna stipante caterva, Sidoniam picto chlamydem circumdata limbo. Cui pharetra ex auro, crines nodantur in aurum, Aurea purpuream subnectit fibula vestem. Nec non et Phrygii comites et lætus Iulus Incedunt. Ipse ante alios pulcherrimus omnes Infert se socium Æneas atque agmina jungit. Qualis, ubi hibernam Lyciam Xanthique fluenta Deserit ac Delum maternam invisit Apollo, Instauratque choros, mixtique altaria circum Cretesque Dryopesque fremunt pictique Agathyrsi: Ipse jugis Cynthi graditur mollique fluentem Fronde premit crinem fingens atque implicat auro; Tela sonant humeris: haud illo segnior ibat Eneas, tantum egregio decus enitet ore. Virg., Æn., IV, v. 129-150. CCXX La Renommée. Bruits qu'elle répand sur Enée et Didon. Extemplo Libyæ magnas it Fama per urbes, (1) Allongement de l'enclitique. Cf. Buc., IV, 51. |