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a laissé une traduction du Joseph Andrews du même auteur, pour laquelle il a fait faire des dessins, mais qu'il n'a pas publiée.

Les relations des voyageurs avaient de l'attrait pour M. le comte de La Bédoyère. En 1804, il donna une traduction du voyage du Dr Johnson dans les îles Hébrides. L'année suivante, il visita la Savoie et le midi de la France. La relation de son voyage parut en 1807. Elle eut les honneurs d'une traduction allemande en 1809, et d'une nouvelle édition, revue et corrigée par l'auteur, en 1849.

Chez M. de La Bédoyère, homme d'un goût délicat, l'amour des bons auteurs devait faire naître bien vite l'amour des beaux livres : c'est ce qui eut lieu. Ses premières publications trahissent déjà le bibliophile, l'homme qui s'attache à la bonne exécution, aux papiers de choix, aux belles vignettes. Il est probable que dès cette époque sa bibliothèque avait quelque importance. Depuis il ne cessa de l'enrichir, n'épargnant ni soins ni dépenses; il visita plusieurs fois toutes les librairies importantes de l'Europe, et fit son choix dans toutes les ventes célèbres. Lorsqu'eut lieu la vente Caillard, en 1810, M. le comte de La Bédoyère occupait déjà une place honorable entre les amateurs les plus distingués. Il acquit à cette vente nombre d'articles d'un grand prix. Il fit aussi d'importantes acquisitions aux ventes Didot et d'Ourches, qui eurent lieu en 1811.

M. de La Bédoyère avait conçu d'une façon grandiose le plan de sa bibliothèque. Il se proposait de réunir tous les ouvrages remarquables, anciens et modernes, surtout les œuvres littéraires et historiques, et n'admettait que les éditions les plus estimées, que des exemplaires splendides. Jamais amateur ne se montra plus difficile dans le choix des ouvrages et des exemplaires. Il poussait l'exigence jusqu'aux dernières limites du raisonnable. Trouvant rarement des livres dignes d'être admis dans sa bibliothèque tels qu'il les avait acquis, il prit le parti de créer, pour ainsi dire, chacun

de ses livres. Il s'attacha naturellement aux belles éditions publiées vers la fin du siècle dernier et à celles qui parurent de son temps. De ces éditions, il ne prenait que les exemplaires de choix, tirés à petit nombre sur papier de luxe. Il lui fallait des livres neufs, non rognés, et souvent il acheta successivement cinq ou six exemplaires du même ouvrage pour choisir les feuillets un à un. Il ne portait pas moins d'attention au choix des suites de vignettes. Il recherchait avec ardeur les gravures avant la lettre, les eaux-fortes, les dessins originaux, et souvent il faisait exécuter par des artistes habiles des suites de dessins pour illustrer ses exemplaires. Était-il enfin parvenu à former un livre parfait, il le faisait relier par un des meilleurs relieurs; puis il le plaçait dans sa bibliothèque, après avoir pris les plus grandes précautions contre tout ce qui pouvait en altérer la fraîcheur.

Sa passion pour les livres brochés ne se portait pas seulement sur ceux qui avaient paru récemment; il voulait avoir dans le même état les livres anciens, et il parvint à s'en procurer un bon nombre des plus précieux, notamment en éditions des Elsevier et des autres imprimeurs hollandais.

Il arrivait cependant parfois à M. de La Bédoyère de trouver tout faits quelques livres dignes de lui. C'étaient des manuscrits magnifiques, des livres anciens reliés par Du Seuil, Derome, Padeloup. Mais, sur beaucoup d'appelés, combien peu d'élus! Il fallait que le livre fùt grand de marges, sans une tache, en un mot irréprochable. Il fallait que la reliure, d'une exécution parfaite, eût conservé toute sa fraîcheur.

Après 1830, dans un moment de découragement, M. de La Bédoyère prit la résolution de vendre sa bibliothèque. La vente eut lieu en 1837 et eut un grand succès. Mais M. de La Bédoyère n'était pas aussi complétement guéri qu'il le croyait de l'amour des livres. Au moment du sacrifice, son courage faiblit, et nombre de ses plus beaux livres, rachetés à grands frais, reprirent la route de sa bibliothèque. Les amateurs seront heureux de les trouver dans le cata

logue que nous leur offrons. Ne pouvant les signaler tous ici, nous indiquerons seulement la Bible dite de Mortier, exemplaire en grand papier et avant la marque des clous (no 10); le Bréviaire romain, manuscrit sur vélin, du quinzième siècle, avec miniatures, relié par Derome (no 23); un autre manuscrit sur vélin, orné de 183 miniatures, porté sous le n° 24; la Galerie du Palais-Royal, bel exemplaire non rogné, épreuves avant la lettre (no 318); l'Adonis, poëme de la Fontaine, écrit sur vélin .par l'inimitable calligraphe Jarry pour le surintendant Fouquet, et relié par Le Gascon (no 1023); le Dictionnaire historique de Bayle, magnifique exemplaire en grand papier, relié par Derome (no 2681), etc.

Il était facile de prévoir que M. de La Bédoyère, rentré en possession d'une partie de ses livres, succomberait promptement à la tentation de se refaire une bibliothèque. C'est ce qui arriva. Il se remit à voyager, à suivre les ventes ; il recommença des exemplaires, choisissant avec plus de rigueur que jamais. Mais où trouver, et comment faire des livres plus beaux, aussi beaux que ceux qu'il avait vendus? Aussi M. de La Bédoyère se mit-il à rechercher avec ardeur les livres qui lui avaient appartenu. Mais tous les bibliophiles les appréciaient; un surtout, un amateur qui habite la province et qui ne veut que des choses irréprochables, avait jeté son dévolu sur les livres anciens provenant de la vente La Bédoyère, et, certain de ne pouvoir mieux choisir, il les voulait à tout prix. Toujours vive, la lutte entre l'ancien possesseur et ceux qui ambitionnaient ses dépouilles fut parfois héroïque. M. de La Bédoyère était flatté sans doute de ces hommages rendus à son goût; mais, lorsqu'il se voyait obligé de payer ses livres cinq ou six fois ce qu'il les avait vendus, il ne laissait pas de trouver ses émules par trop enthousiastes. Il parvint néanmoins à reconquérir bon nombre de ses livres d'autrefois.

Au moment où la mort l'a surpris, M. le comte de La Bédoyère n'avait pas terminé son œuvre. Pour mener à fin une

entreprise pareille à la sienne, la vie d'un homme est trop courte. On remarquera quelques lacunes dans sa bibliothèque. Au lieu de tel livre qu'il n'a pas eu le temps de faire relier, on trouvera les matériaux du livre, ici le texte, là les dessins, les suites de vignettes. Telle qu'elle est néanmoins, sa bibliothèque n'est pas au-dessous de la haute opinion que les amateurs en ont conçue. Nous allons indiquer sommairement quelques-uns des articles les plus importants.

Nous avons déjà parlé de quelques manuscrits; nous citerons encore le no 26, Passion de N.S. Jésus-Christ, qui provient de madame de Maintenon et qui a servi à Louis XIV ; le n° 1830, Recueil de divers petits ouvrages, par Charles Perrault, avec un frontispice dessiné par Ch. Le Brun, et trente dessins de Sébastien Leclerc, exécuté pour la bibliothèque du château de Versailles (n° 1830); le Nobiliaire de Bretagne, précieux manuscrit, orné d'un nombre considérable de blasons peints en or, argent et couleur (2639).

Nous mentionnerons quelques livres imprimés sur vélin : no 767, les Bucoliques de Virgile, avec 22 dessins originaux de Fragonard et de Huet; nos 1032, 1033, 1034, trois poëmes de Delille, avec les dessins originaux de Monsiau, de Le Barbier et de Moreau; nos 1611 et 1615, Werther, avec les dessins originaux de Moreau et de Tony Johannot.

Parmi les nombreux ouvrages imprimés sur grand papier ou sur papier de luxe, nous indiquerons seulement la Bible de Marillier (no 1); les OEuvres de Bossuet (no 34); les OEuvres de Platon, traduites par M. Victor Cousin (no 113); les Oraisons funèbres de Bossuet, etc., portr. et fig. avant toutes lettres (736); le Virgile de Heyne, avec plusieurs suites de figures (766); le Choix de poésies originales des Troubadours (819); le Roman de la Violette, l'un des 15 ex. en pap. de Holl., avec les planches color. sur vélin (842); le Roman du Renard, avec les dessins originaux de Desenne (854); le Roman de la Rose, l'un des 5 ex. en gr. pap. de Holl. (857); les OEuvres de Boileau, in-folio, avec les figures de Bernard Picart, exemplaire de Mac-Carthy (930); le

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Boileau de Saint-Surin, l'un des 12 ex. en gr. pap. de Holl. (933); les OEuvres de Gresset, avec plusieurs suites de figures et des gravures ajoutées (949) ; les OEuvres complètes de Gilbert, avec 35 portr. (961); le Recueil de farces, publié d'après le manuscrit de La Vallière, un des 1ó ex. en grand papier de Hollande (1263); les OEuvres de Molière, édition d'Auger (no 1283); les Chefs-d' OEuvre des théâtres étrangers, ornés de 191 vignettes et portraits (1332); les OEuvres dramatiques de Schiller, avec plusieurs suites de figures (1344); les Mémoires du comte de Grammont, in-4° (1428); les Lettres d'une Péruvienne, avec les dessins originaux de Le Barbier (1453); les Mille et une nuits, avec plusieurs suites de figures, reliure de Bauzonnet-Trautz (1624); Paul et Virginie, édition de Curmer, sur papier de Chine, figures ajoutées, reliure de Bauzonnet-Trautz (1471); le Novelle del Bandello (1554); le Rabelais de Dalibon (1638); les OEuvres complètes de Plutarque, édition Cussac, avec dessins à la plume (1817), les OEuvres complètes de Cicéron (1820); les OEuvres complètes de Voltaire, édition Beuchot (1848); les OEuvres de Tressan, avec les dessins originaux (1853); les OEuvres de Diderot, avec les dessins originaux (1854); la collection des Classiques français de Lefèvre (1923): les Mémoires relatifs à l'histoire de France, collection Petitot et Monmerqué (2273); les Historiettes de Tallemant des Réaux (2337); les Mémoires de Saint-Simon (2365); la Bibliothèque orientale de d'Herbelot (2603); le Dictionnaire de Bayle (2681); le Diogène Laerce, de Ménage, ex. de Mac-Carthy (2688); la Bibliothèque historique de la France du P. Lelong, l'un des 2 exemplaires en grand papier de Hollande, magnifique ex. relié par Derome (n° 2837).

Nous avons déjà parlé de dessins originaux ajoutés aux livres pour lesquels ils ont été faits. On en trouvera des suites importantes jointes à divers ouvrages que nous n'avons pas encore mentionnés. Nous citerons 112 dessins de Moreau jeune pour le Nouveau Testament (no 5); les dessins de Moreau et de Monnet pour le Comte de Valmont (no 60); les

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