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la traduction la plus fidèle de nos Faits des Romains. Le ms. commence en son état actuel au premier livre de Lucain. Mais comme le premier feuillet est paginé clxj, on peut être certain qu'en son état primitif il contenait la traduction complète du livre français. Peut-être était-il relié en deux tomes, dont le premier aura disparu. Voici les premières lignes de ce feuillet clxj, qui est actuellement le premier :

Qui chomincia il primo libro di Luchano, sicome Cicsare elli sui passarono Robicone armati, dove videro grande maraviglie, e va dietro a le battaglie che fuoro tra Ponpeo e Giullio Ciesare, le quali fuoro da .vij. anni poi che Roma fue

cominciata.

Quando Ciesare, che a quello tenpo iera a Ravenna con tutta la sua oste udiò la novella che' senatori avevano rifiutata la richiesta che' trebuni facieno per lui e che li tribuni si erano dipartiti di Roma per male de la città di Roma, egli fecie incontanente aparechiare tutte sue legioni, e si gli mandò tutti fuori de la città di Ravenna, tutto chovertamente, che gli cittadini non sine achorgiesso, ne di ciò ch' egli voleva asalire Roma e se vendichare...

L'original français de ce morceau a été rapporté ci-dessus, p. 12; le lecteur pourra se convaincre de la fidélité de la traduction. Ajoutons que pour ce passage le texte édité par M. Banchi (p. 70) donne une rédaction toute différente.

Passons maintenant à la troisième version, qui est représentée par un livre in-fol. à deux colonnes, imprimé à Venise en 1492, dont voici le titre, ou pour mieux dire l'incipit, car il n'y a pas de titre :

Incomencia el libro extracto da Salustio historiographo & Lucano summo poeta oue narra de le prodece & officij de li Nobili Antiqui & virtuosi Romani. & principalmente de la Origine & facti de Julio Cesare.

L'édition, composée de 22 ff., dont un, le premier, contenant la table, n'est imprimé qu'au verso, se termine par cet explicit qui nous fournit le nom du livre, la date et le lieu de l'impression, peut-être aussi le nom de l'imprimeur, et nous apprend en outre que la traduction a été faite sur un vieil exemplaire en français apporté récemment à Venise :

Qui finisse il Libro Singulare Nominado Cesariano summado in parte de Salustio & de Suetonio & de Lucano con Juliano : & altri grande historiographi & Summi Poeti; oue si narra li Mirabel facti in diuerse Prouincie del

1. Je remarque en passant qu'il y a dans la collection Libri, no 1027 du catalogue rédigé par Libri lui-même, un article ainsi concu: « Sallustio re» chato in volgare. Manuscrit sur vélin, in-fol., du xive siècle. Important ». Est-ce la première partie du ms. Riccardi? Le ms. 1027 est maintenant à Florence avec la plus grande partie de la collection Libri; la vérification sera facile.

Romania, XIV.

3

Magnanimo Cesare: & de la coniuratione di Catilina & compagni ; & del Cruento Successo: infra li dicti : & la potentissima Veneranda & Sanctissima Citade de Roma Stampado con melgior diligentia se ha possudo del unico exempio vechio francese portato da nouo a Venesia in la contra de Sancta Lucia a di zobi a Calende di Marcio 1492 per A. L. 1.

:

Principante il serenissimo domno D. Augustino Barbarigo illustrissimo duxe de Venetia.. et cetera.

Le texte commence ainsi 2:

Ciascuno homo a cui Dio a dato ragione & intendimento, se de apennare che non perda il tempo, stando ocioso, e che non viva como bestia che e inclinata & obediente al suo ventre. La virtu & la bonta & la forza e solamente ne l'anima & nel corpo insieme. L'anima de comandare al corpo & el corpo servire & obedire che l'homo sia in su la similitudine de Dio. Per ho se de sforzare l'homo a tute virtude, perche el corpo e piu commune a bestiale fragilita. Et per ho chi vole acquistare la mundana gloria; el gij la de acquistare piu per richeza di senno & de inzegno che per richeza de forza o d'havere. La vita de l'homo si e breve, ma la virtude & la ragione & lo inzegno fa longa la memoria de l'homo dapo la sua morte, che la gloria de beltade si e fragile & tosto passa.

Comencia il prologo sopra la presente materia.

Grande contentione per certo fecero li antiqui come cavalaria potea piu essere inalzata, o per virtu corporale o per seno o per virtu de core, che inanzi che l'homo facia la cossa, si de prehendere consilgio, & dapo el consilgio de l'homo seguitare il facto...

Ce titre Cesariano donné à l'explicit devait être le nom par lequel on désignait les Faits des Romains en Italie au xve siècle. Le même titre est donné à deux exemplaires du même ouvrage dans le catalogue des mss. français de Gonzague (Romania, IX, 507). Est-ce d'après l'un de ces exemplaires qu'a été faite notre version vénitienne? J'en doute; les mss. de Gonzague devaient être encore à Mantoue au xve siècle, et l'explicit vise un exemplaire << portato da novo a Venesia ». Quoi qu'il en soit, le Cesariano imprimé étant un livre de la plus grande rareté 3, je crois utile d'en parler ici avec quelque détail.

1. Je n'ai pas réussi à découvrir le nom qui se cache sous ces initiales. Panzer, à la vérité, indique (Annales typographici, III, 325, no 1568) un Virgile imprimé, en cette même année 1492, à Venise, « labore et industria Antonii Lambillionis »>, mais il a été reconnu qu'Antoine Lambillon imprimait à Lyon et non à Venise. Voy. Pericaud, Bibliographie lyonnaise, nouv. édit., 1851, p. 20, no 87.

2. Je ne m'attache pas à reproduire cette fois l'usage de l'original en ce qui concerne la ponctuation, les capitales, etc., comme je l'ai fait pour l'incipit et l'explicit.

3. Je me sers d'un exemplaire qui appartient à la Bibliothèque nationale

Le Cesariano est divisé en 107 chapitres. Jusqu'au ch. 92, le traducteur suit d'assez près son original. Voici par exemple le début du ch. 60, que l'on pourra comparer au texte français transcrit ci-dessus, p. 8:

Francia hora (sic) in quel tempo de Julio Cesare molto grande, divisa in tre parte. Li Franceschi,`li quali habitavanone la prima parte, erano chiamati Belgues. Qelli de la secunda parte erano chiamati Pecovim (sic) overo Equitani; quelli de la terza erano chiamati Celte. Queste tre mainere de Franceschi non erano de uno lignazo, ne de uno costume, ne de una vita. Li Belgues erano piu potenti & gente senza solazo & senza compagnia, perho che erano remoti da altra gente, ne gente da altra parte non venivano entra loro che portasse a loro cosse de che li loro coragij amolassero. Alcuna volta erano vicini de Sesnesi oltra lo Rino, tra quali continuamente havea batalgie, & tuto il giorno correvano l'uno sopra l'altro...

On conçoit qu'un livre de 22 feuillets ne peut pas à beaucoup près contenir la traduction complète des Faits des Romains. Et, en effet, à partir du ch. 93, l'ouvrage est considérablement abrégé et même tronqué. L'histoire de la guerre civile et des dernières années de César est réduite à rien. Je transcris le début du chapitre 93, où le traducteur annonce l'intention d'abréger sa matière :

Come Cesare sottomesse piu natione. Cap. 93.

Qui seguitaremo piu in breve li facti da Cesare a Franceschi, & le sue victorie, sencia molto destendersi per non dare tedio al lectore; tornando piu tosto a li facti de lui & de Pompeio, li quali seguita Lucano distinctamente...

La guerre civile est à peine indiquée au ch. 106; le ch. 107 et dernier est ainsi conçu :

Dicto de Lucano sopra la presente materia. Cap. 107.

Ancora disse Lucano che Pompeio havea invidia che Cesare havea cussi ben facto in Francia & temeva che sua gloria & suo honore minorasse, accresciando la potentia de Cesare.

(Invent. I 754, réserve). M. Rajna m'assure qu'il n'y en a pas d'exemplaire dans les bibliothèques de Florence. Il y en a un exemplaire incomplet de la fin à la bibliothèque Saint-Marc, à Venise, un en bon état au Musée britannique (voy. L. Banchi, I Fatti di Cesare, p. LIII), un aussi chez un particulier qui en a fourni la description à M. Zambrini pour son répertoire bibliographique: Le opere volgari a stampa, 4a ediz., 1878, sous LUCANO. L'ouvrage est indiqué dans Brunet, se éd., III, 1202 (sous LUCANUS) mais avec cette mention inexacte: << sans lieu d'impression ni d'imprimeur ».

1. Sic, mais alcuna volta devrait être rattaché à la phrase précédente.

Il existe à la Bodléienne, dans le fonds Canonici, un ms. du xve siècle contenant une histoire de César divisée en deux parties, dont la première, à en juger par la notice du catalogue, correspond exactement au Cesariano imprimé à Venise. Ce ms. a en tout 79 feuillets. Au fol. 44 commence la seconde partie, rédigée d'après Lucain et divisée, comme la Pharsale, en dix livres.

1

Il est bien probable que des recherches dans les bibliothèques italiennes permettraient d'ajouter quelques données nouvelles à celles que je viens de rassembler sur les anciennes traductions des Faits des Romains. Il reste à trouver un exemplaire complet de la traduction que représente seul jusqu'ici, à ma connaissance, le ms. Riccardi ; il y aurait lieu de vérifier d'autre part si tous les mss. de l'ouvrage publié sous le titre de Fatti di Cesare appartiennent bien réellement à une seule et même version. C'est là un sujet qui se recommande à l'attention des érudits italiens 2.

HISTOIRE ANCIENNE JUSQU'A CÉSAR

II.

2 I.

PREMIÈRE RÉDACTION..

La compilation à laquelle j'assigne ce titre, faute d'un meilleur, n'offre peut être pas autant d'intérêt que les Faits des Romains, car on n'y trouve pas, ou du moins je n'y ai pas rencontré, ces allusions à des événements contemporains que de temps à autre laisse échapper l'historien anonyme de César. En outre, l'ouvrage, bien qu'écrit d'un style assez alerte, a, dans sa teneur générale, une allure moins littéraire que les Faits des Romains. Cependant, si, aux yeux des érudits, l'intérêt

1. Catalogo dei manoscritti italiani che, sotto la denominazione di codici canoniciani italici, si conservano nella biblioteca Bodleiara a Oxford, compilato dal conte Al, MORTARA. Oxford, 1864, in-4. No 125.

2. Je n'ignore pas que M. Bartoli a consacré quelques pages de sa Storia della letteratura italiaua (III, 48-55) aux Fatti di Cesare et à leur original français. Mais il est évident que le savant professeur n'a pas eu à sa disposition tous les éléments de la question. Il n'a pas connu le Cesariano imprimé à Venise en 1492. Il n'a pas notě la différence des deux autres versions, bien que M. Mussafia eût indiqué la voie à suivre. Puis on ne voit pas pourquoi, après avoir avec raison rapproché le texte de M. Barchi de l'original français (qu'il cite d'après le ms. de Venise), il poursuit en confrontant ce même texte italien avec le latin de Salluste. Cette comparaison ne peut mener à rien, puisque l'italien est traduit du français, et non pas du latin. La question est de savoir combien il existe de versions italiennes des Faits des Romains, et quelle est l'époque, quel est le caractère de chacune d'elles.

d'un livre est, dans une certaine mesure, proportionnel à l'étendue des recherches qu'il peut susciter, la compilation dont je vais essayer de donner une idée a bien des droits à notre attention, car elle soulève de nombreuses et difficiles questions. Ces questions, je ne prétends pas les résoudre, ni même les aborder toutes le présent mémoire, je ne saurais trop le répéter, n'est guère qu'une première reconnaissance d'un terrain jusqu'ici inexploré. Je m'attacherai principalement à indiquer de quels éléments l'ouvrage se compose, à dresser la liste des manuscrits qui l'ont conservé, et à fixer approximativement l'époque et le pays où il a été rédigé pour la première fois.

Etudiant les Faits des Romains, j'ai pu commencer par en énumérer les exemplaires, parce que tous sont au fond identiques, ne différant que par des variantes dues aux copistes. Actuellement je suis obligé de procéder un peu autrement. Les mss. de l'Histoire ancienne jusqu'à César se présentent en des états assez variés. L'ouvrage est composé d'un certain nombre de parties qui ne sont peut-être pas toutes de la même main, qui, du moins, ne se rencontrent pas uniformément dans tous les exemplaires. Toutes les copies ne commencent pas et ne finissent pas au même point. Pour se rendre compte de ces différences, il importe que le lecteur sache d'abord de quelles parties se compose la compilation dans les textes les plus complets. C'est pourquoi je commencerai par analyser l'ouvrage en me servant du ms. Bibl. nat. fr. 246, qui est l'un des plus anciens, étant daté de 1364, et accessoirement du ms. Bibl. nat. nouv. acq. fr. 3576, qui est à peu près du même temps, s'il n'est pas un peu antérieur. Dans ces deux mss, notre compilation est suivie des Faits des Romains ou Livre de César, comme au reste dans un grand nombre d'exemplaires. Pour la commodité de l'exposition, je diviserai la compilation en un certain nombre de sections, à chacune desquelles je donnerai un titre emprunté autant que possible (mais cela ne sera pas toujours possible) aux manuscrits. On verra plus loin que ces divisions, qui faciliteront la description des mss., ne sont point arbitraires. Je ne m'attarderai pas à analyser des récits qui n'offrent et ne peuvent offrir aucune nouveauté, mais je citerai pour chaque section un ou deux morceaux, dont j'indiquerai la source autant que je le pourrai. Je n'ignore point que dans cette direction je laisserai beaucoup à faire à ceux qui viendront après moi. La composition de l'ouvrage nous étant connue, nous pourrons mieux nous rendre compte de ce que renferme chaque manuscrit. Finalement j'étudierai, sous le titre de « seconde rédaction »>, un état particulier de notre Histoire ancienne, état caractérisé surtout par l'introduction d'une longue histoire de la guerre de Troie dont la première rédaction n'a pas fait usage. Les mss. de cette seconde rédaction ne contiennent pas les Faits des Romains.

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