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s'en apercevoir, à moins de soumettre tous les mss. à un examen très minutieux, ce que je n'ai pas fait.. 3o Le récit ne s'arrête pas au même endroit que dans la plupart des mss., c'est-à-dire au triomphe de Pompée, à son retour de Jérusalem (ci-dessus, pp. 48-9), mais il se poursuit pendant plusieurs chapitres de façon à comprendre une partie de l'histoire de César. Les mêmes chapitres, moins le dernier ou les deux derniers, subsistent en deux de nos plus anciens mss.: Bruxelles, 10175, et Bibl. nat. fr. 9682. Je vais présentement transcrire le prologue. Nous verrons ensuite quelles conclusions nous devons en tirer.

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Com ses cuers le veut e demande;
Car c'est li sires qui tot rent
Quanc'on li fait si justement
Que ja ne s'en devra nus plaindre.
Por quoi ne se doit nus hom faindre
De lui servir a son pooir :
Metre i doit on sens et voloir.

Qui si le fait sauve iert sa paine,
Quar qui por bon segnor si paine

En la fin en a tel merite

Qui mout charement li profite,
Et qui siert a mauvais segnor
Il n'i a ni preu ni honor;

De ce seit sa pensée certe,
Ja ne s'en tornera sanz perte.
Li mauvais sires, c'est deables
Qui point ne nos est profitables,
Car il het raison et mesure,
Bonté, loiauté et droiture.

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16

20

24

Ens es sains fons, si com il devrent

E l'uile et la cresme recevrent

La orent il a Deu covenent1

Qu'en lui creiroient fermement, 44
C'est qu'il adès le serviroient

E ces comandamens feroient.

Por Deu! segnor, s'il ne le font,
Savés quel luier en avront?

Passé avront obedience;

S'amende n'est par penitence,

Perdu en avront la contrée

48

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28

Ou il eüst esté toz dis

Mout a sergans, et nequedent

Se passé n'eüst son comant,

60

1. Corr. covent.

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84

D

e Deu est bons li comenciers :

A lui comencerai premiers,

Coment Adan forma e fist,

Coment en paradis le mist,

E com Adans entra en paine,
Por quoi nos vestons dras de laine,
Coment Adans ot sa lignée
Dont la terre fu alignée.

N'i lairai riens que d'oir en oir
Ne doie dire a mon pooir,
Trosqu'al doloive sans faillance.
Après n'iere je en doutance

De Noé ne doie retraire

Quels hom il fu, de quel afaire,

De ses enfans, de lor lignage

112

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120

124

Ou il out maint prodome e sage 128

E maint felon e maint mauvais,

Avant sera li livres fais

Coment les terres deviserent

88

E departirent e sevrerent,

E qui funda la tor Babel,

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Ne nus ne redoute la mort
Que si aigrement pince et mort
Que la dolor ne puet descrire
Sains ni sainte, tant sache dire.
C'est merveille que ne cremons
Ce qu'a nos propres oils veons:
C'est ce que la mort aprochomes,
E nos cors acompaigneromes
As vers de terre sans orgoill.
N'en porterons c'un soul lensuel
Dont nos avromes vesteüre.
Segnor, e n'esteroit mesure
Que nos nos en porpensessimes.
E nos malisses lessesimes ?
Que vaut force, que vaut noblece ?
Que vaut beutés, que vaut richece? 96
Que vaut hautesce ni parages?
Certes, li hom n'est mie sages
Qui en tout ce a sa fiance,
Car il n'i a fors trespassance.
N'en dirai plus el ai a faire,
Car j'ai entrepris un a faire
A traitier selonc l'escriture
Ou mout avra sens et mesure.

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100

104

De Babiloine et dou roi Bel,
Des autres cités renomées,
Des provinses et des contrées
E des isles qui sunt en mer.
Pou en i lairai a nomer,
S'on en doit fere mension,
Que n'en doie dire le non,
E quel roi es terres regnerent,
Quant eles crivrent e puplerent.
Des gens de diverses figures
Vos dirai totes les natures.
Après l'estoire porsivrai

E tot en ordene vos dirai,
Coment Ninive fu fondée

432

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144

(f. 2)

1. Corr. Si en,

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Le passage capital dans ce long préambule est celui où l'auteur anonyme désigne comme son seigneur et protecteur le châtelain de Lille Roger (vv. 262-5). M. de Reiffenberg pense qu'il s'agit de Roger, troisième du nom, neuvième châtelain, qui mourut en 12292 ». C'est l'opinion adoptée par M. Th. Leuridan, auteur d'un mémoire intitulé Les Châtelains de Lille 3 (p. 129), qui toutefois fait de ce Roger le quatrième du nom, et fixe la date de sa mort au 7 mars 1230 (N. S.). Roger était en fonction dès 1208 4. D'accord avec M. de Reiffenberg et M. Leuridan, je suis persuadé que c'est bien à ce Roger qu'il est fait allusion dans notre prologue; car le seul personnage du même nom qui, par la suite, ait été qualifié de châtelain de Lille, était en fonction vers 1303 (Leuridan, p. 141), ce qui est évidemment beaucoup trop tard. Nous sommes donc assurés que notre Histoire ancienne a été faite, ou du moins commencée, entre 1208 et 1230. Mais nous pouvons préciser

1. Ms. Wancres.

2. Philippe Mouskès, I, CCVI.

3. Lille, 1873, in-8. (Extrait des Mém. de la Société des sciences de Lille.) 4. Depuis 1211 seulement, selon M. Leuridan (p. 124), mais cf. l'article de M. Giry, Revue critique, 1875, 1, 62.

davantage. Dans une moralisation en vers qui fait suite au récit de la mort d'Alexandre, on lit :

Obliés fu tost Alixandres; (f. 252 b)
Ausi est li bons cuens de Flandres
Bauduïns qui fu emperere
De Constantinoble et sa mere
Qui nomée fu Marguarite,
Et tant fu bone dame eslite.
De ce raconter est enfance.

Obliés est li rois de France

Qui mout honora sainte iglise;

E Deus qui les bons loe et prise

En sa plus haute mansion

L'en rende si haut gueredon

Com il fist a la Magdeleine

Qui de pechés est monde et saine...

L'empereur Baudouin mourut en 1206. Le roi de France dont il est ici question ne peut être que Philippe-Auguste ou Louis VIII, et par suite la rédaction de l'ouvrage doit être placée entre 1223 et 1230.

On a vu par les vers 223 et suivants que l'auteur se proposait de conter les premiers temps au moins de l'histoire de France, sans oublier les événements qui intéressaient la Flandre, son pays ou du moins celui de son seigneur (vv. 238-42). Or, dans les mss. les plus complets, il s'arrête, après quelques pages sur César, à la guerre des Gaules. L'ouvrage est donc resté incomplet. Peut-être, son protecteur mort, ne s'est-il pas senti le courage de continuer l'œuvre laborieuse qu'il avait entreprise.

L'Histoire ancienne, telle qu'elle nous apparaît dans son état primitif, était un livre destiné à être lu ou récité à haute voix devant un auditoire. C'est ce qui est rendu évident par les passages si nombreux où on voit l'auteur s'adresser à son public en des termes qui supposent un public écoutant et non un public lisant: Dit vous ai... De ce ne vous vueil plus dire... N'en dirai ore plus. Beaucoup de ces formules sont restées dans le ms. 246 d'après lequel j'ai analysé l'ouvrage: elles sont plus nombreuses encore dans le ms. 20125, où on remarque notamment que beaucoup de chapitres commencent par Seignor... Le premier chapitre rapporté ci-dessus, p. 38, contient toute une mise en scène; c'est visiblement un exposé oral. Ce genre n'est nullement exceptionnel : les récits du ménestrel de Reims, rédigés vers 1260, offrent le même caractère ; ils ont été composés, comme l'a dit M. de Wailly « pour des auditeurs plutôt que pour des lecteurs ». Le prologue en vers, l'intercalation de considérations morales également en vers, qui formaient comme un repos entre deux contes comme on disait jadis, tendent au même but, qui était de plaire à des auditeurs laïques accoutumés aux chansons de geste et aux romans d'aventures. Il n'était point sans exemple de placer en tête

1. Récits d'un ménestrel de Reims, p. vj.

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