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mencement, c'est la version de Ceffi faite sur Guido, puis bientôt le traducteur se rattache à Benoit. M. Mussafia imprime, en regard de longs passages du poème français compris entre les vers 13235 et 20668 (édition Joly), divers morceaux empruntés tantôt à la version de Binduccio, tantôt à celle du Magliabechiano 46, parfois lorsqu'il en a eu le moyen, à l'une et à l'autre version. Il en résulte que Binduccio traduit assez exactement, et que l'autre texte au contraire est fort abrégé. M. Mussafia termine en exprimant le vœu que la traduction de Binduccio et la partie du Magliabechiano 46 qui suit Benoit trouvent un éditeur.

Je me permets d'intervenir à mon tour dans la question pour établir trois points:

1o Le ms. Magliabechiano 46 et le ms. de Paris 120 offrent le même texte. Tous les passages cités par M. Mussafia d'après le premier se retrouvent dans le second.

2o La version contenue dans ces deux mss. est pour une partie faite d'après Guido delle Colonne. Les quinze premiers livres de l'Historia Trojanc s'y retrouvent assez exactement traduits.

3o L'original suivi pour le reste est, non pas comme l'a cru M. Mussafia, le poème français de Benoit, mais le roman en prose dont il a été question cidessus (pp. 65-6) à propos de la deuxième rédaction de l'Histoire ancienne Pour le démontrer je vais transcrire ici les trois leçons correspondantes d'un morceau d'après Guido delle Coloune, d'après le roman en prose française, d'après la version italienne du ms. 120 de la Bibliothèque nationale. Ce morceau est choisi à dessein à peu près à l'endroit où le traducteur italien, pour des motifs que je ne cherche pas à pénétrer, a quitté le latin de Guido pour suivre la prose française. On pourra, si l'on veut, faire entrer en ligne de compte un quatrième élément de comparaison, à savoir le poème de Benoit. Le passage à voir est compris entre les vers 968, et 9770 de l'édition. Mais il me paraît tout à fait inutile de faire ce rapprochement, d'où il résulterait simple. ment que le roman en prose français a été rédigé d'après le roman en vers, ce que je n'ai pas à prouver. Il s'agit actuellement de trouver la source de la version italienne, et puisque cette source est évidemment, comme on va le voir, le roman en prose, nous n'avons que faire du roman en vers.

B. N. Lat. 5694, fol. 742. Rex vero Thoas qui Cassibilas filium regis Priami occiderat, discurrendo per acies,

B. N. 1612, fol. 35 c.
Si com li dus d'Athenes
delivra le roi Thoas de Troiens.
Li rois Thoas aloit par la

B. N. Ital. 120, fol. 46 vo. Chome il re Toas fu presso e poi lasciato.

In tanto che Ettore dicea

1. C'est au fol. 45 vo que le ms. ital. 120 s'écarte décidément de Guido. Jusqu'à cet endroit la version contenue dans ce ms. est identique à celle de Ceffi. ou attribuée à Ceffi, telle que l'a réimprimée en 1868 M. dello Russo. Le fol. 45 v° du ms. 120 correspond aux pages 306-7 de l'édition, mais à cet endroit la leçon du ms. 120 semble une combinaison de la version de Ceffi et du texte français. Si on remonte un peu plus haut, le ms. 120 et l'édition offrent, sauf quelques variantes de mots, le même texte.

2. Cf. pour la version italienne l'édition de M. dello Russo, p. 310.

1

li danagio quel ducha d'Atene
faceva a Troiani, sil feri d'una
saeta nel visso, donde eli non-
averò duramente.
Chome il re di Simois fedi

contra Troyanos multa com- bataille et mout domage ses queste parole, la batalglia era
mittit dispendia, quem natu- henemis. Atant le choisirent asprissima et dura e il re Toas
rales filii regis Priami certis- les fis le roi. Si vient vers lui andava per lo mezo de la ba-
sime cognosentes, in vindictam li un[s] d'eaus qui Odine! avoit talglia e molto danegiava i soi
mortis fratris corum omnes non, et le fiert cil qu'il l'abəti nimici. E intanto inchontroe
unanimiter convenerunt. Et a terre en mi la presse ; et li i fioli naturali di Priamo, e a
sic omnes unanimiter in regem autre li corent sus et l'asail- l'uno ch' aveva nome Hundi-
Thoas irruunt, ipsum ab equo lent de toutes pars; et cil se nelo si dirizoe et fedilo si
deiciunt; qui, fracto sibi ense, defent mout vigourousement, qu'eli l'abate nel mezo del
ab eis non poterat se tueri, mais s'espée li brisa; et cil le chanpo. E gli altri l'assalirono
et suis cassidis ruptis laqueis pristrent; et en ce qu'il le da tute parti, ed egli si de-
et eis ab eo viriliter extirpatis, tenoient et le trayoient hors fendeva valorossamente, ma
caput ejus inerme sibi inter- de la preisse per lui ocire, i soa spada si ronpe. Alora cho-
cidere omnes intendunt; quod sorvient li dus d'Athenes, te loro il pressenc e trasselo fori
de facili potuissent, nisi Athe- fiert Odinel et l'abati a terre, de la pressa, per lui ucidere.
narum dux, irruisset acriter et tant fist que il delivra Thoas Alora vi'nsupragionsse il ducha
super ipsos, [et] Quintilianum, qui mout estoit enpressés et d'Atene e fedio Hodinelo si
qui regem Thoas durius op- mout bleciés. Atant vint Paris qu'elli l'abate, e tanto feze
primebat, graviter vulneratum et vit le domage que li dus qu'eli liberò il re Toas que
ab equo dejecit. Deinde, dum d'Athenes lor faisoit, si le fiert molto inaverato erra. E tanto
contra illum potenter insis- d'une saiete en mi le vis dont Paris vi giunsse, e rigardando
teret, Paris cum quadam il fu durement blecies.
sagitta, tenso arcu, percussit
ipsum in costis. Sed Athe- Si come Hector fu feru d'une
narum dux, de hiis nichil cu- saiete en mi le visage, que li
rois des Muors li traï.
rans, sua potencia et virtute
Hector qui de riens ne s'en-
regem Thoas in locis tamen
pluribus vulneratum, ab eorum maie, met tout son penser en
manibus liberavit, et ipse dux desconfire ses henemis, et
in multorum adjutorio, qui tant a fait a l'esfort de sa
sibi viriliter succurrerunt, ab gent que il les a tous remués. i ssci nimici ischonfigere, e
eorum manibus liber evasit. Et atant vint a l'estor le roi giungendo con la ssua giente
Hector autem, cum in devic- des Muors; si trait d'un arc a la batalglia, e tanto fa chon
tionem Grecorum cum suis que il avoit en la main et fiert lo sforzo di ssua gente que li
firmiter anhelaret, rex Hu- Hector en mi le visage, et par fa tuti rimovere inimiçi. Et
merus ex parte Grecorum un poi que il ne l'a a mort intanto giunsse a la bataglia
tenso arcu et emissa sagitta nafré. Mais Hector s'en vai[t! il re di Ssimois, e ssi trasse
Hectorem in facie vulneravit, assés tost, que maintenant se chon uno arco qu'eli portava
contra quem Hector statim ir- traïst près de lui et le fendi in mano, e fedi Ettor nel
ruit, et, nudato ense, sic jusques es dens; et s'aïre visso d'una saetta, per pocho
graviter ipsum percussit in mout de ceu qu'il seignoit ; qu'eli non lo inaverò a morte,
capite quod caput ejus duas si li doubla son hardiment et Et Etor si trase inversso de
divisit in partes, quare mor- maintenant fist por apel soner lui e fedilo inssu la testa
tuus rex Humerus nec sa- un cor; si se traïstrent en- e ssil feride in fino a denti, e
ville poi si feze fassiare sua piaga,
gittam emittet. Greci vero, in vers lui tous li nés de
sonitu cujusdam cornu, .vijm. (fr. 301, fol. 68 c: et fist e ritornò a la batalglia molto
pugnatorum contra Hectorem sonner une grelle pour ras- furiossamente; pe[r] riaveresua
faciunt convenire, qui cum sembler sa gent entour luy, giente feze sonare uno chor-
suis mirabiliter se defendit.

Ettor nel visso et Ettor
ucisse lui e ricominciossi
crudele batalglia.

Ettor pensa chom eli possa

et tels sept mille se traient no, e inchontinente eldito
vers luy qui tous furent nez sono, vi'ntrasseno tuti i çita-
et norris de Troies).

dini di Troia.

1

Voici maintenant un passage du Magliabechiano 46 cité par M. Mussafia et qui se retrouve littéralement dans le ms. 120 de la Bibliothèque nationale. J'y joins le texte français original :

B. N. fr. 1612 (f. so a).

Qui que soit en joie et en leesche, Troylus est durement esmaiés por la requeste de la fille Calcas, quar il l'amoit de tout son cuer et elle lui. Et quant elle sot que elle li covenoit aler en l'ost, si conmença a faire grant duel.

Magliab. (Mussafia, p. 304); cf. B. N. ital. 120, fol. s vo.

Troilo è molto a mal agio per la richiesta che Calcas avea fatta di sua figlia Briseida pero ch'ei l'amava di tutto cuore ed ella lui. E quand' ella seppe che andare le ne conveniva nell' oste, si ne fu molto a mal agio, e cominciò a fare un gran duolo.

Voici maintenant la fin de l'ouvrage d'après les deux textes:

B. N. fr. 1612, fol. 141 c.

Quant il ot tout ce fait, si s'en ala en Surie et par dela en Egypte, et gaaigna tout le païs jusques a desers de Nubie (d) et jusques a la mer d'Inde. Et que por amors que par force, tous li païs oriental, mout poi s'en failli, mist il desous sa seigrourie; et ce li fu mout grief chose a faire, quar ili avoit eü guerre ou tous les rois et les princes dou païs avoient esté mort. Les roiaumes en estoient tous ensilliez et desreés, lesquels Landomata remist tout a point, et les ordena par bone seignorie a vivre selonc droit, et lor dona nov[e]lle loi que il maintindrent plus grant tens après sa mort, car il fu mout preus et mout sages et mout bien tient (corr. tint) sa terre en pais et en bone justise, par coi il fu mout amés et cremus par toutes les parties d'Orient.

Après ce q'il ot alé ensi trionphant par toutes l'oriental parties, si s'en retorna au Coine, et vesqui aveuc sa feme Thameride grant tens, et ot fils (fol. 142) et filles qui

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Dapoi passò Landomata con suo isforzo in Soria, e poi in Egitto, infino nel gran diserto di Libia e inn India la grande, e doi cierchò tutto il paesse orientale, e cchi per amore e quelle per forza tutti sottomise a sua singnoria; e gran parte di que' paesi erano come diserti per la gran guera ch'era fata a Troia, la ove i principi e signori erano tuti rimasi morti si che quasi sanza battalglia gli sottomise a ssua singnioria, et apresso diede loro guidatori e ghovernatori. Era misegli in buono stato e ssi lor diede nuove leggie, buoni singniori c' apresso lui singnoregiarono i paesi in grande pacie tutta la parte orientale. E quand elgli ebe tutto oriente sotoposto as sua singniori si ritornò a ssuo reame di Troia e lla visse gran tempo con sua dama Tameride, ed ebe molti filgliuoli maschi e femine che apresso lui rengniarono E quando vívuto fu ottanta anni, si trapassò di questa vita, e fu sopelito a da1

Qui finiscie il libro Troiano.
Finito il libro Trojano, et quest'è la ve-

I. Mot inachevé?

après lui tindrent la terre. Et quant il ot
tant vescu com plot a celi qui feit l'avoit,
si s'en ala par la voie meïsme ou il estoit
venus. Si vos ai ore menée...
La suite a été publiée ci-dessus,

p. 66).

ragie storia di Troia; e trovato fu questo nell' armaro di San Paulo in Grecia, e santo Paulo fu grecho, et molt]i libri si trovavano di questa istoria per rima e'n pruosa la ov'elli e molte menzongnie. Ma quest'è il diritto libro della storia di Troia sanza nulla arota e sanza nul'a manchanza. Iddio abia guardia e miserichordia di cholui che questo libro iscrisse. Amen.

Paul MEYER.

ERRATA.

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P. 11, note 6. Le passage d'Alexandre Neckam relatif à l'amphithéâtre de Lutèce avait été cité, dès 1854, par E. Du Méril, Poésies inédites du moyen âge, p. 173-4. P. 15, au troisième des vers de Lucain, lis. relabenti. P. 27, lignes 9 et 17, lis. « Jean Sarrasin. » C'est par erreur que Michaud appelle ce personnage « Jean-Pierre Sarrasin »; voy. Hist. occid. des Croisades, II, 568, note f. P. 64. Un ms. apparemment très semblable au ms. Bibl. nat. 24396. contenant notamment la rubrique citée p. 75, a été mis en vente, à Paris, en 1862; voy. Description raison ée d'une collection chois:e d'anciens manuscrits ... réunis par les soins de M. J. Techener, première partie, 1862, no 78. Je ne saurais dire où ce ms. se trouve actuellement.

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