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(Eger), de Vacov (Vácz)] et d'Ostrihom (Gran, Esztergom). L'Eglise était la collaboratrice fidèle de saint Etienne; Rome et l'Etat hongrois s'entr'aidaient par communauté d'intérêts.

Selon des sources historiques dignes de foi, tout le bassin de la Tisa était, dès le XIe siècle et sans doute auparavant, habité par des Slaves. Ordinairement dénommés Bulgares ou Slaves Bulgares (Bulgari, Sclavi Bulgari, Bulgari et Sclavi), ils ressortissaient au grand Etat bulgare. Celui-ci touchait à l'Empire franc sur la Tisa et le Danube; il était séparé de la Grande Moravie par les montagnes établissant, pour les deux fleuves, la ligne de partage des eaux. Où en était la frontière septentrionale? La question, assez obscure, peut être résolue grâce aux relations concernant le commerce du sel, lequel se faisait particulièrement avec les pays de la Grande Moravie: Moravie proprement dite, Slovaquie, Bohême. Les gisements situés dans la vallée supérieure de la Tisa furent bientôt connus et une expor tation considérable eut lieu pendant tout le moyen âge, du IX* au XIIe siècle, surtout des salines voisines du Sámoš (affluent de la Tisa). En 892, Arnulf, roi des Francs, demanda à Vladimir, souverain des Bulgares, d'interdire aux Moraves de s'approvisionner sur son territoire. Les mines de la haute Tisa appartenaient donc à l'Empire bulgare. La toponymie locale offre, en outre, un témoignage antérieur aux Magyars: c'est l'appellation commune Solníky (castra Salis; en mag., Szolnok) donnée aux vieux châteaux qui devaient protéger les lieux d'exploitation et jalonner l'ancienne frontière de la Bulgarie en même temps que celle de son domaine salin. L'existence des Bulgares dans le bassin de la Tisa est encore attestée par des annales hongroises, aux XI et XII siècles; enfin, les philologues démontrent le caractère bulgare initial du pays.

L'opinion prévaut d'ordinaire que la suprématie bulgare cessa immédiatement après la venue des Magyars; la chose n'est pourtant confirmée par aucune source historique. Nous ne trouvons non plus aucune relation du Xe siècle qui permette de juger avec certitude du mode d'administration bulgare, et précise les rapports politiques existant entre les principautés de la Tisa, plus haut mentionnées, et l'Empire dont elles dépendaient.

Quoi qu'il en soit, la désorganisation intérieure et la décadence de la Bulgarie donnèrent aux Grecs et aux Magyars l'occasion de la démembrer. La suprématie hongroise dans la vallée de la haute Tisa ne date, en conséquence, que du début du XI siècle; jusque là les habitants gardèrent leur caractère slave, sans la moindre influence magyare.

Les Bulgares de la Tisa appartenaient à des branches ethniques disparues, de même que les Polabes et les Pobaltes. Leur extinction doit être attribuée: à la nature du pays, marécageux, et à son faible peuplement; aux invasions constantes de voisins

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sauvages, Petchénègues et Cumans; au flot colonisateur qui, issu de la Hongrie, de la Slovaquie et, surtout, de la Russie, pénétra dans ces contrées périodiquement dévastées.

Le mouvement d'émigration slave, effectué du berceau transcarpathique vers le sud, est de très vieille date; commencé avant J.-Ch., il dura jusqu'aux temps modernes. Les plaines en lisière du massif furent d'abord occupées; puis, à partir du XIIIe siècle, les hautes vallées et le versant méridional. Les éléments fixés dans ces lieux sont déjà qualifiés de Slaves russes par les documents du XIe siècle; d'où la dénomination,,marchia Ruthenorum" accordée au bassin supérieur de la Tisa, véritable Marche de l'Etat hongrois, que notamment Emerich, fils d'Etienne Ier, gouverna sous le titre de ,,dux Ruizorum". Le diocèse de Bychar qui, à l'origine, comprenait à peu près l'ancien fief du prince Keán, était encore dit diocèse,,russe" au XIIe siècle (,,episcopus Bichar, cujus sedes dicitur orosiensis“).

Les historiens magyars écrivent souvent que les Slaves ne s'établirent dans les contrées montagneuses du bassin supérieur de la Tisa que comme colons, sous le régime hongrois, aux XIIIe et XIVe siècles. Ils ont raison au sens strict, mais négligent le fait que l'immigration slave dans les plaines subcarpathiques précéda de beaucoup la venue des Magyars et qu'elle continua sans interruption pendant des centaines, voire des milliers d'années. S'il est permis à l'occupant antérieur de se réclamer du droit historique, ce droit appartiendrait aux Slaves et, parmi les Slaves, à ceux qui, jusqu'à nos jours, dans la Slovaquie orientale et en Russie subcarpathique, peuplent les contrées les plus septentrionales du bassin de la Tisa supérieure. Si les circonstances défavorables permirent aux Petchénègues, aux Cumans, aux Magyars, aux Roumains de refouler les Slaves hors de ce pays originellement slave, du moins où ils subsistent encore, leur continuité historique est-elle indiscutable.

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