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AVANT-PROPOS.

Plusieurs questions nous ont été faites sur notre dernière livraison; nous allons y répondre en peu de mots. « Pourquoi, nous a-t-on dit, ne pas laisser dans l'ombre les honteux mystères de la vie et de la mort des auteurs païens? Pourquoi, surtout, en adresser le récit à une mère de famille? » - L'exemple donné tant de fois dans les saintes Écritures nous a servi de guide, comme il nous servira de justification. Afin de détourner son peuple de l'idolâtrie et du commerce avec les idolâtres, Dieu mit au grand jour les turpitudes de l'une et les crimes des autres : Ostendam gentibus nuditatem tuam. Dans le même but, nous avons, malgré notre répugnance pour un pareil travail, soulevé un coin du voile qui cache les honteux mystères du Paganisme et de ses prétendus grands hommes: c'était une nécessité.

Il fallait, s'il est possible, guérir l'Europe de son admiration fanatique pour l'antiquité gréco-romaine, cause première de tous ses malheurs.

Il fallait faire rougir de leurs audacieux mensonges, les guides infidèles qui lui répètent depuis quatre siècles, et qui lui disent encore aujourd'hui: << L'antiquité classique est la plus belle chose qu'il ait eu au monde. Elle forme autour de la jeunesse une atmosphère morale, d'autant plus efficace qu'elle est ou semble plus naturelle : le commerce intime avec elle est la plus bienfaisante éducation'. »

y

Il fallait inspirer aux professeurs laïques et ecclésiastiques une honte salutaire, en les amenant à réfléchir sur la nature des fonctions qu'ils exercent.

Il fallait instruire les familles et leur dire une bonne fois dans quel monde on élève leurs enfants, quels hommes on leur donne pour modèles et pour mai

tres.

Il fallait enfin nous justifier nous-même. Si nous n'avions pas fait ce que nous avons fait, on n'aurait pas cessé de taxer d'exagération notre lutte contre le Paganisme. Ce grand cheval de bataille de nos adversaires est maintenant hors de service.

Si gazé qu'il soit, le tableau que nous avons tracé est d'une grande laideur. Nul, nous le savons, ne doit en être plus révolté qu'une mère de famille; mais nul n'est plus intéressé à connaître la vérité, mieux disposé à en profiter, plus capable de rendre

1 Texte de MM. Thiers et Cousin.

:

cette connaissance utile: l'idée qui se fait femme est une idée victorieuse. Voilà pourquoi nous avons adressé nos lettres aux mères de famille. En avoir trop dit n'est pas à craindre où est aujourd'hui l'ignorance du mal? Ce qui est à craindre, c'est de n'en avoir pas dit assez. Serons-nous assez heureux pour provoquer une seule réclamation énergique, une seule plainte efficace? Un seul auteur païen tombera-t-il des mains d'un seul maître? Est-il un seul enfant de Dieu à qui on épargnera l'étude d'une seule ligne de la Bible des démons?

Quoi qu'il en soit, un illustre et saint évêque a jugé cette livraison si propre à dessiller les yeux, qu'il la traduit dans sa langue maternelle et l'envoie, lettre par lettre, à tous ses collègues et à tous les maîtres de la jeunesse.

« Vos coups, ajoute-t-on, portent trop loin. Qui voudra désormais étudier les auteurs païens? Et si on ne les étudie plus, que deviennent les langues savantes, le beau latin, le baccalauréat? » - Étudiera les auteurs païens qui voudra; nous ne les avons jamais entièrement bannis. Seulement on saura ce qu'ils sont, ce qu'est l'antiquité, avec quelles précautions il faut voyager dans un pays infecté de la peste, et fréquenter des hommes atteints de maladies contagieuses.

Vous parlez des langues savantes, leur destinée

Il fallait faire rougez-vous nous dire ce qu'elles

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quatre siècles.
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Dieu

ais la Renaissance, la jeunesse

huit ans à les étudier dans les qui les connaît?

savantes! J'approuve votre tendresse Mais l'hébreu aussi est une langue salangue sacrée, la langue dans laquelle

lui-même a prononcé ses oracles; une langue mir qui donne la racine et la clef des autres, notamment des langues inconnues de l'extrême Orient,

qui

sont aussi des langues savantes. D'où vient qu'on ne l'étudie pas? D'où vient que vous ne plaidez pas sa cause, et que vous ne réclamez pas contre le mépris dont il est l'objet? Pourquoi deux poids et deux mesures?

Les langues savantes! Le latin chrétien, le grec chrétien ont la prétention d'être des langues savantes, plus savantes même que le latin païen et le grec païen. Elles possèdent plus et mieux que la langue de Cicéron et de Démosthène. Tous les mots des langues profanes s'y trouvent le christianisme n'en a répudié aucun. Il a ennobli le sens d'un grand nombre, il en a créé de nouveaux. Seulement il a rejeté la forme si belle qu'elle soit, la chenille rejette sa grossière enveloppe quand elle devient papillon. Ces langues sont la clef de tous nos trésors; les archives de l'humanité chré

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