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ou parlée; que la parole écrite, au développement de laquelle sert la parole parlée, se transmet par livres qu'on met entre les mains des enfants, qu'on leur donne comme des modèles et qui sont l'aliment de leur âme pendant les années décisives de la vie? Que répondre à des gens qui croient à leur triomphe, quand, pour avoir le droit de se moquer, ils ont réduit une question immense, aux mesquines proportions d'une sotte plaisanterie? Si vous voulez savoir comment le Paganisme social est sorti du Paganisme classique, nous nous permettrons de vous dire lisez la Révolution. Est-ce par hasard que l'ivraie ne vient pas de l'ivraie?

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« Sans doute; mais les auteurs païens ne sont pas de l'ivraie.» Au point de vue de la religion, de la vertu, de la politique, de la philosophie, des mœurs, des exemples, si les auteurs païens ne sont pas de l'ivraie, veuillez dire ce qu'ils sont?

<< Mais n'y a-t-il pas du bon dans les auteurs païens? » Oui, comme il y a du bon dans une vaste campagne couverte de ronces, où l'on trouve çà et là quelques épis de blé. Les livres païens sont les épigrammes de Martial qui renferment un peu de bon, passablement de médiocre et beaucoup de mauvais Sunt quædam bona, sunt mediocra, sunt mala plura.

« De quoi n'abuse-t-on pas ? » Vraie en elle-même,

cette maxime, appliquée à l'étude assidue des auteurs païens pendant la jeunesse, est complétement fausse. Être républicain ou révolutionnaire en politique, naturaliste en religion, rationaliste en philosophie, après s'être nourri des auteurs païens, ce n'est pas abuser, mais user très-logiquement de ces auteurs. Quel est, je vous prie, le principe révolutionnaire, sensualiste, rationaliste qui ne se trouve dans ces écrivains si vantés? Depuis Machiavel et Pomponace, en passant par Hobbes, Spinoza, Voltaire, Rousseau, Robespierre et Marat, jusqu'à Mazzini, Gallenga, Quinet, Orsini, demandez à tous les négateurs du Christianisme où ils ont puisé les prémisses de leurs arguments? Pas un qui ne vous montre un auteur classique et qui ne prouve, de manière à imposer silence à tout homme de bonne foi, qu'il n'a point abusé, mais logiquement usé de cet auteur. Vous avez beau dire que le Paganisme n'existe plus qu'à l'état de momie, et qu'en cet état il ne peut plus être dangereux. Ne vous y trompez pas! le cadavre que vous croyez desséché contient des principes et exhale des miasmes vénéneux. Quand un jeune chrétien le dissèque dans les amphithéâtres littéraires, une piqûre peut lui devenir mortelle l'expérience est là.

On le voit, ce n'est pas une opinion raisonnée qui repousse la réforme chrétienne des études. Dans

des siècles, au grand avantage de la religion et de la société, par les corps religieux les plus respectables, à Rome même, sous les yeux des souverains Pontifes. >>

Telle est la double accusation qui, depuis huit ans, défraye la polémique de mes adversaires dans ce qu'elle a de sérieux. Le moment est venu d'en montrer la valeur. Il suffit pour cela de produire ma Généalogie. Rappelons d'abord la thèse dans laquelle on prétend trouver une nouveauté et une injure.

En voyant, d'une part, le torrent du mal déborder, depuis quatre siècles sur la vieille Europe, avec une violence inconnue et menacer aujourd'hui de tout emporter; en considérant, d'autre part, l'impuissance également inconnue des digues qu'on lui oppose, il nous a semblé qu'il y avait à ce double phénomène une cause profonde et toujours active, à laquelle l'Europe ne fait pas suffisamment attention ou n'attache pas l'importance nécessaire. Or, le désordre n'est dans les faits que parce que le mal est dans les âmes. Les âmes sont ce qu'on les fait; et ce qui fait les âmes, c'est l'éducation. « Quand on voit une génération s'égarer, dit avec raison M. Guizot, on demande aussitôt par qui elle a été élevée. »

Jusqu'à la Révolution française, les classes éclairées des quatre derniers siècles ont été élevées, dans

les pays catholiques, à peu près exclusivement par le clergé séculier et régulier. D'où vient qu'elles ont fait fausse route, au point d'amener l'Europe au bord du précipice? L'éducation classique qui les a formées se compose de trois éléments: La doctrine religieuse, l'exemple des maîtres et l'enseignement littéraire. De l'aveu même de ses ennemis, le clergé enseignant est irréprochable sur les deux premiers chefs. Il faut donc nier l'influence de l'éducation sur la société, ou il faut chercher dans l'enseignement littéraire la cause véritable et toujours féconde du mal, dont rien n'a pu jusqu'ici arrêter les progrès. La nature de cet enseignement qui met en contact intime et habituel les générations de collége, avec le Paganisme paré de tous ses charmes séducteurs; les témoignages accablants de l'histoire; une masse de faits plus éloquents les uns que les autres; les aveux innombrables des victimes et même des apôtres du mal, depuis la Renaissance jusqu'à nos jours : tou s'est réuni pour démontrer qu'en effet cet enseignement est le ver qui ronge les sociétés modernes, en s'attaquant à leur racine la plus vivace.

Ce fait acquis, nous avons ainsi formulé le remède 1o Introduire très-largement l'élément chrétien dans l'enseignement littéraire; 2o Expurger trèssévèrement les auteurs païens qu'on croira pouvoir laisser entre les mains de la jeunesse ; 3° Enseigner

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chrétiennement, autant que la chose est possible, œes auteurs païens que nous n'avons jamais exclus. De là doit sortir, comme le parfum de la fleur, l'enseignement chrétien de l'histoire, de la philosophie et de toutes les autres sciences.

Afin de montrer jusqu'à l'évidence la nécessité du remède, nous avons dû faire le tableau des funestes effets du système suivi depuis quatre siècles. Mais, en blamant ce malheureux système, qui est dans l'Église, mais qui n'est pas de l'Église, nous avons toujours mis les personnes hors de cause. Tel est le fond et comme la substance de notre thèse.

Cela posé, venons à ma généalogie. A la rigueur, je pourrais me contenter de nommer mes ancêtres depuis la Renaissance jusqu'à nos jours: je veux faire mieux. Un rapide coup d'œil sur les temps antérieurs établira l'existence, quarante fois séculaire, de la prétendue nouveauté dont on m'accuse.

Considérée dans son essence, la thèse que je soutiens est une thèse de sens commun qui remonte à l'origine du monde. Du jour où le mal s'introduisit au cœur de l'homme, il y eut sur la terre un double enseignement l'enseignement du bien et l'enseignement du mal. Or, l'enseignement, c'est l'empire. De là, ce que le monde a toujours vu, ce qu il verra toujours, la lutte incessante de l'enseignement du bien et de l'enseignement du mal, c'est-à-dire les

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