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Retz et ensuite à la conciergerie. Son procès ayant été dressé, il fut tiré à quatre chevaux et écar

1610, âgé d'environ 32 ans, après avoir constamment persisté à dire dans tous ses interrogatoires qu'il n'avoit point de complices. Les deux docteurs de Sorbonne qui l'assistèrent à la mort, File suc et Gamache ne purent rien arracher de lui, parce qu'appa→` remment il n'avoit rien à dire.

ar pape. Il partit d'Angoulême six mois avant son crime, «dans l'intention, disoit-il, de parler au roi, et de ne le tuer qu'au-telé à la place de Grève, le 27 maž tant qu'il ne pourroit pas réussir à le convertir. » Il se présenta au Louvre sur le passage du roi à plusieurs reprises, fut toujours repoussé, et enfin s'en retourna. Il vécut quelque temps, moins tourmenté par les visions qui l'agitoient. Mais vers Pâques il fut tenté avec plus de violence que jamais, d'exécuter son dessein. Il vint à Paris, vola dans une auberge un couteau qu'il trouva propre à son execrable projet, et s'en retourna encore. Etant près d'Etampes, il cassa entre deux pierres la pointe de son couteau dans un moment de repentir, la refit presque aussitôt, regagna Paris suivit le roi pendant deux jours. Enfin, toujours plus affermi dans son dessein, il l'exécuta le 14 mai 1610. Un embarras de charrettes avoit arrêté le carrosse du roi au milieu de la rue de la Ferronnerie, qui étoit alors fort étroite. Ravaillac monte sur une des roues de derrière, et avançant le corps dans le carrosse au moment que ce prince étoit tourné vers le duc d'Epernon, assis à son côté pour lui parler à l'oreille, il lui donna dans la poitrine deux coups de poignard. Le second lui coupa l'artère du poumon et fit sortir le sang avec tant d'impétuosité, que ce grand roi fut étouffé en un, instant, sans proférer une seule parole. Le monstre eût pu se sauver sans être reconnu; mais étant demeuré à la même place, tenant à la main le couteau encore dégouttant de sang, le duc d'Epernon le fit arrêter. On le ⚫onduisit d'abord à l'hôtel de

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Voyez I. COTTON.) Le scélérat prêt à expirer demanda l'absolution à Filesac, qui insista à la lui refuser, à moins qu'il ne vou lût déclarer ses complices et ses fauteurs. Ravoillac lui répondit qu'il n'en avoit point; et le confesseur ayant répliqué qu'il ne pouvoit l'absoudre, il demanda qu'on lui donnât l'absolution sous condition, c'est-à-dire au cas qu'il dit la vérité. Alors Filesac lui dit: Je le veux bien; mais si vous mentez, all lieu d'abso lution je vous prononce votre damnation.... Pierre de l'Etoile qui rapporte ces faits assure que le monstre ajouta : Je la reçois et je l'accepte à cette condition. Le peuple au commencement de l'exécution, lui avoit refusé le SALVE REGINA en criant Il ne lui en faut point.... Il est damné commé Judas! ... Pendant l'exécution, un des chevaux qui le démembroient ayant été recru, un certain homme qui étoit près de l'échafaud descendit de celui qu'il montoit pour le mettre à la place, afin de le mieux déchirer, « Aussitôt qu'il fut mort, dit toujours l'Etoile, le bourreau l'ayant démembré voulut en jeter les quartiers au. feu; mais le peuple se ruant impétueusement dessus, il n'y eut

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réflexions suivantes. Elles sont d'un homme qui a soigneuse

fils de si bonne mère qui ne vou lût avoir sa pièce, jusqu'aux enfans qui en firent du feu au coinment examiné ces faits: Méze

des rues. Quelques villageois même ayant trouvé moyen d'en avoir quelques lopins, les brûlè rent dans leur village. Dès qu'on le menoit au supplice, il se trouva un si grand concours de peuple autour du tombereau animé contre ce parricide, que les gardes et archers eurent bien de la peine à le sauver de sa fureur, chacun y voulant mettre la main` avec tel tumulte, tels hurlemens et malédictions, qu'on ne s'entendoit point: si que tous ces gens armés ne purent garantir ce méchant de force gourmades et horions, ni même des ongles et dents de quelques femmes.... » On n'entrera point dans des détails

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et dans un amas de circonstances que personne n'ignore, sur le caractère des personnes auxquelles on a attribué ce détestable parricide on dira seulement qu'il est très - difficile de décider si parmi ces personnes, il y en eut quelqu'une qui trempa dans cet horrible forfait. Le duc de Sully assure que le cri public déSigne assez ceux qui ont armé le bras du monstre. Mais on répond que les Mémoires de ce ministre ayant été composés par ses secrétaires, dans le temps qu'il étoit disgracié par Marie de Medicis, il n'est pas étrange qu'on y laisse échapper quelques soupçons sur cette princesse que la mort d'Henri IV rendoit maitresse du royaume, et sur le duc d'Epernon qui avoit servi à la faire déclarer régente. Les conjectures odieuses que les autres historiens ont recueillies sans examen paroissent détruites d'une manière victorleuse par les

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rai, suivant lui, plus hardi que judicieux, fortifie ces soupçons; et celui qui vient de faire imprimer le sixième tome des Mémoires de Condé, fait ses efforts pour donner au misérable Ravaillac les complices les plus respectables. N'y a-t-il donc pas assez de crimes sur la terre? fautil encore en chercher où il n'y en a point? On accuse à la fois le Père Alagona Jésuite, oncle du duc de Lerme, tout le conseil Espagnol, la reine Marie de Médicis, la maîtresse d'Henri IV, Mad. de Verneuil, et le duc ďEpernon. Choisissez donc : si la maîtresse est coupable, il n'y a pas d'apparence que l'épouse le soit si le conseil d'Espagne a mis dans Naples le couteau à la main de Ravaillac, ce n'est donc pas le duc d'Epernon qui l'a séduit dans Paris, lui que Kavaillac appeloit Catholique à gros grain, comme il est prouvé au procès; lui qui d'ailleurs empêcha qu'on ne tuât Ravaillac à l'instant qu'on le reconnut tenant son couteau sanglant, et qui vouloit qu'on le réservàt à la question et au supplice. Il y a des preuves, dit Mézerai, que des prêtres avoient mené Kavaillac jusqu'à Naples. Je réponds qu'il n'y a aucune preuve. Consultez le procès criminel de ce monstre, vous y trouverez tout le contraire. Je sais que les dépositions vagues d'un nommé Dujardin et d'une d'Escomans, ne sont pas des allégations à opposer aux aveux que fit Ravaillac dans les tortures Rien n'est plus simple, plus ingéna moins embarrassé, moins incons-

tant,

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tant, rien par conséquent de plus vrai que toutes ses réponses. Quel intérêt auroit-il eu à cacher les noms de ceux qui l'auroient abusé? On conçoit bien qu'un scélérat, associé à d'autres scélérats de son espèce, cèle d'a bord ses complices. Les brigands s'en font un point d'honneur : car il y a de ce qu'on appelle honneur jusque dans le crime; cependant ils avouent tout à la fin. Comment donc un jeune homme qu'on auroit séduit, un fanatique à qui on auroit fait accroire qu'il seroit protégé, ne décéleroit-il pas ses séducteurs? Comment dans l'horreur des tortures, n'accuseroit-il pas les imposteurs qui l'ont rendu le plus malheureux des hommes ? N'estce pas là le premier mouvement du cœur humain? Ravaillac persiste toujours à dire dans ses interrogatoires: J'ai cru bien faire en tuant un Roi qui vouloit faire la guerre au Pape. J'ai eu des visions, des révélations ; j'ai cru servir Dieu. Je reconnois que je me suis trompé, et que je suis coupable d'un crime horrible ; je n'y ai jamais été excité par PERSONNE. Voilà la substance de toutes ses réponses. Il avoue que le jour de l'assassinat il avoit été dévotement à la messe : il avoue qu'il avoit voulu plusieurs fois parler au roi, pour le détourner de faire la guerre en faveur des princes hérétiques: il avoue que le dessein de tuer le roi l'a déjà tenté deux fois; qu'il y a résisté; qu'il a quitté Paris pour se rendre le crime impossible; qu'il y est retourné vaincu par son fanatisme. Il signe l'un de ses interro gatoires, François Ravaillac :

Que toujours dans mon cœur
Jésus soit le vainqueur,

Tome X.

Qui ne reconnoît, qui ne voit à ces deux vers dont il accompagna sa signature, un malheureux dévot, dont le cerveau égaré étoit empoisonné de tous les venins de la Ligue? Ses vrais complices étoient la superstition et la fu→ reur qui animèrent Jean Châtel, Pierre Barrière, Jacques Clém ment; c'étoit l'esprit de Poltrot qui assassina le duc de Guise ; c'étoient les maximes de Balthazard Gérard, assassin du grand prince d'Orange... Il me paroît enfin bien prouvé par l'esprit de superstition, de fureur et d'ignorance qui dominoit, et par la connoissance du cœur humain, et par les interrogatoires de Ravaillac, qu'il n'eut aucun complice. Il faut sur-tout s'en tenir à ses confessions faites à la mort devant les juges. Ces confessions prouvent expressément que Jean Chatel avoit commis son parricide dans l'espérance d'être moins damné, et Ravaillac dans l'espérance d'être sauvé.» M. Anquetil, dans son Intrigue du Cabinet sous Henri IV et Louis XIII, pense comme ceux qui croient que Ravaillac n'eut pas de complices, et s'appuie à peu près sur les mêmes raisons. Il remarque judicieusement qu'il ne faut pas toujours de l'argent et des promesses pour armer de pareils monstres des murmures sourds des plaintes trop hardies déclamations licencieuses, de tris tes conjectures, peuvent enflam-mer ces tempéramens bilieux, ces hommes dévorés d'un feu sombre, qui se nourrissent de mélancolie. « On a vu, conclutil enfin, par les aveux de Ravaillac, que c'étoit un de ces fanatiques d'état si dangereux, qui sont peut-être plus communs Bb

des

qu'on ne pense. » Quoique les accusations intentées contre les Jésuites aient été répétées par quelques satiriques obscurs, dans le temps de leur destruction en France, nous ne prendrons pas la peine de les réfuter. Pouvoiton croire ces religieux assez insensés, pour avoir contribué à enfoncer le poignard dans le sein d'un prince qui les avoit rappelés et qui les combloit de biens? «J'ai eu (dit Bayle, lettres choisies, t. 3, p. 230.) la curiosité de lire ce qu'ils ont répondu aux accusations de leurs ennemis, ce qu'on leur a répliqué, ce qu'ils ont répliqué eux-mêmes; et il m'a paru qu'en plusieurs choses leurs accusateurs demeuroient en reste. Cela m'a fait croire qu'on leur impute beaucoup de choses dont on n'a aucunes preuves; mais que l'on croit facilement à l'instigation des préjugés. »

RAVANEL, chef des Camisards, avoit encore plus de bravoure que de fanatisme. Sachant que sa tête étoit mise à prix, il eut la hardiesse de venir trouver le maréchal de Villars, et lui demanda les mille écus de récompense en se découvrant. Le maréchal lui pardonna et lui fit compter la somme. Mais l'année suivante ayant été reconnu pour le chef d'une conspiration en Languedoc, il fut brûlé vif en juin 1705. « Ravanel et Catinat (dit M. de Berwick dans ses excellens et véridiques Mémoires,) qui avoient été grenadiers dans les troupes, furent brûlés vifs à cause des sacriléges horribles qu'ils avoient commis. Billar et Jonquet furent roués : le premier s'étoit chargé d'exécuter le projet formé contre M. Basville

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et moi; il l'avoua et sembloit s'en faire gloire... Le même jour que j'entrai dans la province l'on prit un nommé Gastanet prédicant, lequel fut roué à Montpellier, convaincu de toutes sortes de crimes énormes, et non pour fait de religion comme on a affecté de le publier.... Je sais qu'en beaucoup de pays on a voulu noircir ce que nous avons fait contre ces gens-là; mais je puis protester en homme d'honneur qu'il n'y a sortes de crimes dont les Camisards ne fussent coupables. Ils joignoient à la révolte, aux sacriléges, aux meurtres aux vols et aux débordemens

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des cruautés inouies jusqu'à faire griller des prêtres, éventrer des femmes grosses et rôtir les enfans. >>

RAVASINI, poëte Latin, né à Parme, chanta les plaisirs de la campagne. Ses poésies pleines de fraîcheur furent publiées en 1706 et en 1711. Les Mémoires de Trévoux, janvier 1707 et octobre 1711, en ont rendu un compte avantageux. Ravasini étoit l'ami du Père Vanière qui suivoit la même carrière.

RAVAUD, Voy. IV. REMI.

RAVESTEYN, ( Jean ) peintre Hollandois, se distingua par l'énergie de son pinceau vers l'an 1580.- Un autre peintre de son nom, Hubert, né à Dordrecht en 1647 a peint avec succès le paysage, les foires et les rassemblemens de peuple.

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RAVIUS ou RAVE, (Chré tien) né à Berlin en 1613, voyagea en Orient, où il apprit les langues turque, persane et arabe, et d'où il rapporta des manuscrits précieux. De retour en Europe, il professa les langues orientales à Utrecht, d'abord sans appointemens, et ensuite avec une pension de six cents florins que la ville lui décerna. Ravius fut un des savans de la cour de la reine Christine de Suède. Enfin il professa les langues orientales à Kiell, puis à Francfort sur le Mein, où il mourut le 21 juin 1677, à 64 ans. On a de lui: I. Un Plan d'Orthographe et d'Etymologies Hébraïques. II. Une Grammaire Hébraïque, Chaldaïque, Syriaque, Arabe, Samaritaine et Angloise; Londres, 1640, in-8.o III. Une › Traduction latine de l'arabe, d'Apollonius de Perge.

- Il ne

faut le confondre avec Jean pas RAVIUS Son fils, bibliothécaire de l'électeur de Brandebourg, qui a laissé des Commentaires sur Cornelius-Nepos, des Aphoris mes militaires et d'autres écrits latins.

RAULENGHIEN, Voy. RA

PHELEN.

I. RAULIN, (Jean) naquit à Toulouse. Après avoir pris ses degrés dans l'université de Paris, il prêcha dans cette capitale avec beaucoup de succès. Il étoit entré dans l'ordre de Cluni en 1497, et il mourut en 1514, à 71 ans. En 1541 on recueillit ses Ser mons in-8. Ils peuvent servir tout au plus à donner une idée du mauvais goût qui régnoit en France dans le 15 siècle. Il prouve dans un de ses sermons la nécessité du jeûne, par ces deux

comparaisons: Un carrosse va plus vite quand il est vide: un navire qui n'est pas trop chargé, obéit mieux à la rame. Il se rendit plus recommandable par sa régularité que par les ouvrages moraux qu'il donna au public ils sont dignes de l'oubli où on les laisse. On a encore de lui des Lettres, Paris, 1521, in-4° peu communes. Elles contien nent quelques faits de son temps, et beaucoup d'avis salutaires pour la conduite; mais le grand nombre d'allégories et de figures forcées qui y sont répandues, les gâtent tous. Ses Ouvrages furent recueillis à Anvers, 1612, en six vol. in-4.°

II. RAULIN, (Jean-Facond) Espagnol, a fleuri dans le 18′′

siècle, et nous a laissé une Histoire Ecclésiastique du Malabar imprimée à Rome, in-4.° Elle est pleine de particularités curieuses et de contes populaires.

III. RAULIN, (Joseph) mé decin ordinaire du roi, censeur royal, membre des académies de Bordeaux, de Rouen et de celles des Arcades de Rome, mort à Paris le 12 avril 1784, à 76 ans étoit né à Aiguetinte dans le diocèse d'Auch en 1708. Il exerça d'abord sa profession à Nérac petite ville de Guienne, où son mérite fut méconnu parce qu'il parloit avec plus de savoir que d'agrément. Peu employé comme praticien il se consacra à la théorie et le public y gagna. Nous avons de lui un grand nombre d'ouvrages, où une pratique sûre est fondée sur des observations justes et détaillées. Son style est clair, concis lorsqu'il le faut élégant lorsqu'il doit l'être; et il règne dans tous ses livres une

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