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DICTIONNAIRE

HISTORIQUE,

OU

HISTOIRE ABREGEE de tous les Hommes qui se sont
fait un nom par des talens, des vertus, des forfaits
des erreurs, etc., depuis le commencement du monde
jusqu'à nos jours; dans laquelle on expose avec
impartialité ce que les Écrivains les plus judicieux ont
pensé sur le caractère, les mœurs et les ouvrages des
Hommes célèbres dans tous les genres ;

AVEC des Tables chronologiques, pour réduire en corps d'histoire
les articles répandus dans ce Dictionnaire.

Par L

M. CHAUDON et F. A. DELANDINE.
Huitième Edition, revue corrigée et considérablement augmentées

Mihi Galba,

Otho Vitellius, nee beneficio, nee injuriâ cognitt.
TACIT. Hist. lib. I. § 1.

TOME DIXIÈME,

A LYON,
Chez BRUYSET AINE et Comp.

An XII-180 4:

DICTIONNAIRE

HISTORIQUE.

Prof Paul Hence 19-13-46

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P

PIGALLE, (Jean-Baptiste) lui avoit fait exécuter en grand.

sculpteur du roi, chevalier de J'ordre de Saint-Michel, chancelier de l'académie de Peinture, naquit à Paris en 1714, d'un menuisier, et y mourut le 20 août 1785, à 71 ans. Il ne montra d'abord aucune disposition pour le dessin. Il aimoit à modeler, mais il n'avoit ni adresse, ni facilité, et ne pouvoit rien finir ` sans un travail opiniâtre. Le voyage d'Italie que la générosité de Coustou l'aîné lui fournit le moyen d'entreprendre, donna au jeune artiste la facilité qui lui manquoit. Il étudia les ouvrages des grands maîtres et fut bientôt leur rival. De retour en France, il s'illustra par un grand nombre de morceaux admirables. Les plus connus sont : I. Un Mercure qu'il fit à Lyon, où il s'arrêta en revenant de Rome. S'étant rendu à Paris quelque temps après, il s'empressa de le présenter à le Moyne son ancien maître, qui lui dit: Je voudrois l'avoir fait. II. Une Vénus dont Louis XV fit présent au roi de Prusse, en ỳ joignant son Mercure que le roi Tome X.

Ces deux statues dont la pre-
mière est un chef-d'œuvre digne
des beaux jours d'Athènes, fu-
rent accueillies à Berlin aver
transport. Pigalle qui s'y rendit
quelque temps après
fut an-
noncé au roi de Prusse comme
l'auteur du Mercure de France.
Le monarque crut que c'étoit un
journaliste; et Pigalle ne fut
point admis à l'audience de Fré-
deric. Piqué de cette indifférence
il partit pour Dresde après avoir
fait un tour à Potsdam, où ces
deux statues étoient placées. En
voyant la première il dit: Je
serois très-faché si je n'avois pas
mieux fait depuis. Enfin Fréderie
instruit de sa méprise, fit re-
chercher le sculpteur avec le plus
grand soin, mais il avoit déjà
disparu. Pigalle regretta toujours
depuis de n'avoir pu modeler la
figure de Frederic le Grand. Il
disoit Les deux plus belles têtes
que j'aie jamais vues dans ma vie,
sont celles de Louis XV et de
Fréderic, la première pour la
noblesse des formes; la seconde,
pour la finesse spirituelle de la
A

10-15.46001E

physionomie. Il étoit indigné des portraits presque tous infidelles du roi de Prusse: Ces gens-là, disoit-il, lui ont danné l'air d'un coupe-jarret. II. Le Tombeau du maréchal de Saxe, remarquable par les beautés du plan et de l'exécution, et dont l'ensemble fait disparoître les petits défauts. III. La Statue pédestre de Louis XV, exécutée en bronze pour la ville de Rheims. La figure de l'homme assis sur des ballots de marchandises, est digne de Puget. Elle a la beauté du caractère et le fini des détails. IV. La Statue de Voltaire. La tête est pleine d'enthousiasme, et l'attitude de noblesse, de mouvement, d'expression; mais l'artiste, trop attaché à l'idée de le représenter en tièrement nu, a fait du corps une espèce de squelette, peu agréable au commun des spectateurs. V.Un petit Enfant qui tient en main une cage, modèle de vérité, de naïveté et de graces. VI. Une jeune Fille qui se tire une épine du pied : c'est son dernier ouvrage, et l'on y voit l'homme qui sait observer la belle nature et la rendre avec finesse. VII. Les Bustes de plusieurs gens de lettres, ses amis; car il en avoit, ef il les méritoit par sa simplicité, sa douceur. sa bonté. Elève de le Moyne et de Coustou fils, il ne parloit jamais de ses maîtres qu'avec une espèce d'enthousiasme. M. le Moyne, disoit-il, a fait de moi un sculpteur, mais M. Coustou a fait Pigalle. Il ne voyoit jamais un malheureux sans en être attendri. Il a souvent vidé sa bourse pour secourir les infortunés. En passant à Lyon, il apperçut dans une de ses promenades un homme dont les yeux etoient noyés de larmes. C'étoit un pauvre père de

famille qui alloit être mis en prison parce qu'il devoit dix louis. Pigalle n'en avoit que douze, et il n'en paya pas moins la somme due par ce pauvre homme. Il avoit épousé dans un àge assez avancé, une de ses nièces, de laquelle il n'avoit point eu d'enfans ; et c'est grand dommage, si les talens sont héréditaires; car quoique Pigalle ne puisse point être placé au premier rang des hommes de génie dans son art, il a beaucoup approché d'eux par la pureté et la sagesse de son goût.

PIGANIOL DE LA FORCE (Jean Aymar de) né en Auver→ gne d'une famille noble, s'appliqua avec ardeur à la géogra◄ phie et à l'histoire de France. Pour se perfectionner dans cette étude, il fit plusieurs voyages en différentes provinces. Il rapporta de ses courses des observations importantes sur l'histoire naturelle, sur le commerce et sur le gouvernement civil et ecclésias➡ tique de chaque province. Elles lui servirent beaucoup pour composer les ouvrages que nous avons de Ini. Les principaux sont: I. Une Description historique et géographique de la France, dont la plus ample édition est de 1753, en 15 vol. in-12. C'est le meilleur des ouvrages qui aient paru jus➡ qu'ici sur cette matière, quoiqu'il renferme encore un grand nombre d'inexactitudes et même de bévues. II. Description de Paris, en 10 vol. in-12 : ouvrage instructif, curieux, intéressant, et beaucoup plus parfait que la Description de Germain Brice. Il est d'ailleurs écrit avec une élégante simplicité. Il en donna un Abrégé en 2 vol. in-12. III. Des- .

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