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frères d'une demoiselle amoureuse de lui, qui vouloit l'épouser malgré eux. Ce nouvel incident le força de passer à Madrid. Sa première affaire ayant été accommodée, il revint en France, et acheta, en 1673, la charge de premier valet-de-chambre de la reine Marie-Thérèse, femme de Louis XIV. A la mort de cette princesse, arrivée en 1683, la duchesse d'Angoulême le reçut chez elle avec toute sa famille qui étoit nombreuse. Cette princesse étant morte en 1713, Seneçai retourna dans sa patrie où il mourut le premier janvier 1737. La littérature, l'histoire, les muses françaises et latines étoient l'objet de ses plaisirs ; il ne négligea pourtant pas la société,

et

faire des expériences, Genève, an 10, 3 vol. in-8°. XVIII. Trois Mémoires sur la respiration, traduit de l'italien sur le manuscrit inédit de Spallanzani, Genève, an 10, in-8°. XIX. Rapport de lair atmosphérique avec les étres organisés, tiré des journaux d'observations et d'expériences de Lazare Spallanzani, avec quelques Mémoires de Senebier sur le même sujet, Genève, 1807, 3 vol. in-8°. XX. Météorologie pratique, à l'usage de tous les hommes, et sur-tout des cultivateurs, avec des considérations générales sur la météorologie et sur les moyens de la perfectionner, 1810, in-16. Il | peu de matières sur lesquelles Senebier n'ait écrit. Outre les ou vrages que nous avons cités, on a encore de lui une foule de Mé-il y plut autant par son caracmoires, d'observations sur divers tère que par son esprit. Il conobjets de physique, d'agriculture, serva jusqu'à la fin de sa vie de météorologie; des Notices sur un esprit sain, cette gaieté diverses matières de religion; des cette joie innocente qu'il appeloit Eloges, etc. Ce laborieux écri- le baume de la vie. Sa versificavain, après une carrière entière- tion est quelquefois un peu nément consacrée aux sciences, est gligée; mais les graces de son mort à Genève en 1809. style compensent ce défaut. Il a fait des Epigrammes, 1727, in-12; des Nouvelles en vers des Satires, 1695, in-12, etc. Son conte du Kaimac est un petit chef-d'œuvre digne de passer à la postérité avec connu le nom de son auteur. Les détails en sont piquans, la versification aisée, la morale douce et gaie il se trouve dans l'Elite des Pièces fugitives, ainsi que la Manière de filer le parfait amour, autre conte estimé, mais qui ne vaut pas le précédent. On distingue aussi le poème intitulé les Travaux d'Apollon ouvrage original dont le poète Rousseau faisoit grand cas. Ce poème, publié en 1700, a été inséré dans le tome 2 des Amusemens du cœur et de l'esprit. Le seul morceau en prose

+ SENECAI ou SENECÉ (Antoine BAUDERON de), né à Mâcon le 13 octobre 1643, étoit arrière-petit-fils de Brice Bauderon, savant médecin, par une Pharmacopée. Son père, Brice Bauderon de Senecé, lieutenant - général au présidial de Mâcon, qui mérita par son zèle patriotique un brevet de conseiller d'état, lui donna une excellente éducation. Il suivit le barreau quelque temps, moins par inclination que par déférence pour ses parens. De retour dans sa patrie, il accepta un duel, qui l'obligea de se retirer à la cour de Savoie. Poursuivi partout par son mauvais destin, il y eut une autre affaire avec les

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de Senecé est un Opuscule sur les Mémoires du cardinal de Retz qu'il prétend n'être pas sortis de la plume de ce dernier. (Voyez LULL). En 1805 on a réuni les OEuvres de Senecé, en 1 vol. in12, publiées à Paris. M. Auger a enrichi cette édition d'une notice

« Se

réchal-de-camp, il vint au siége de Turin en 1706, et y fut tué d'un éclat de bombe à l'âge de 30 ans, dans le temps qu'il donnoit les plus grandes espérances.

I. SENÈQUE (Lucius Annous Seneca), orateur, né à Cordoue en Espagne, vers l'an 61 avant J. C., dont il nous reste des Déclamations, que l'on a faussement attribuées à Sénèque le philosoépousa Helvia, illustre dame esphe son fils. Séneque l'orateur

curieuse et bien écrite sur l'auteur. «Senecé, dit M. Palissot, dans ses Mémoires, n'a point une célébrité proportionnée à son mérite; il a laissé des poésies fugitives, déparées par quelques négligences, mais pleines d'une ima-pagnole, dont il eut trois fils : gination singulière, d'expressions Novatus, et Annæus Mela, père Sénèque le philosophe, Annæus heureuses, et d'une poésie bien du poète Lucain. Les défauts du supérieure à celle de Benserade style de Sénèque l'orateur sont de Ségrais et de Pavillon. >> les mêmes que ceux de Sénèque necé, dit La Harpe, écrit avec le philosophe. Voy. l'article suibeaucoup d'esprit et d'élégance, vant. malgré quelques inégalités; il connoît les convenances du style, et sait adopter son ton au sujet. » Voltaire lui rend la même justice. « Senecé, dit-il, étoit un poète | d'une imagination singulière. Son conte du Kaimac, à quelques endroits près, est un ouvrage distingué. C'est un exemple qui apprend qu'on peut très-bien conter d'une autre manière que La Fon

taine. »

SENECHAL ( Sébastien-Hyaeinte le), marquis de Kercado, de la maison des seigneurs de Molac en Bretagne (voyez MoLAC) porta les armes dès sa jcunesse. Il donna en diverses occasions des marques si éclatantes de courage et de capacité, qu'il fut envoyé, dès l'âge de 27 ans, n'étant encore que brigadier des armées du roi, pour commander en chef dans le royaume de Naples, en 1704 et en 1705. Il y fut chargé de plusieurs affaires importantes, également politiques et militaires, dont il se tira avec konneur, Elévé au grade de ma

+ II. SÉNÈQUE le Philosophe (Lucius Annæus Seneca), fils du précédent, né à Cordoue vers l'an 6 avant Jésus-Christ, fut formé à l'éloquence par son père, par Hygin, par Cestius et par Asinius Gallus, et à la philosophie par Socion d'Alexandrie et par Photin, célèbres stoïciens. Aprèsavoir pratiqué pendant quelque temps les abstinences de la secte pythagoricienne(c'est-à-dire, après s'être privé dans ses repas de toute chair animale), il se livra au barreau. Ses plaidoyers furent admirés; mais la crainte d'exciter la jalousie de Caligula, qui aspiroit aussi à la gloire de l'éloquence, l'obligea de quitter une carrière si brillante et si dangereuse sous un prince bassement envieux. 11 brigua alors des charges publiques, et obtint celle de questeur. Oncroyoit qu'il parviendroit à une placeplus élevée, lorsqu'on lui imputa un commerce illicite avec Julie Liville, veuve de Vinicius, l'un de ses bienfaiteurs. Cette accusation, qui pouvoit être injuste,

mais a voulu la demander, l
ajoute: « C'est à lui de décider
quelle idée il veut que l'on prenne
de ma cause. On sa justice la
reconnoîtra bonne, ou par sa
clémence il la rendra favorable.
Ce sera pour moi un égal bien-
fait, soit qu'il me trouve innocent,
soit qu'il me traite comme tel;
et en linissant, il témoigne ado-
rer le foudre dont il a été juste-
ment frappé. » C'étoit descendre
bien bas; et cet écrit si lâche
est vraisemblablement celui dont
Dion assure que l'auteur cut tant
de honte dans la suite, qu'il tâ-
cha de le supprimer. Pour comble
de malheur, toute cette lâcheté
fut inutile. Sénèque demeura en-
core cinq ans dans son exil, et
sans la révolution arrivée à la
cour par la chute de Messaline
il couroit le risque d'y passer
toute sa vie. Mais lorsqu'Agrip-

ayant été accréditée par ses ennemis, il fut relégué dans l'île de Corse. Ce fut là qu'il écrivit ses Livres de Consolations, adressés à sa mère Helvia. C'étoit une femme qui avoit de l'esprit et de la vertu. Son fils lui tient, dans cet ouvrage, le langage le plus fort et le plus sublime; tout le faste de la philosophie stoïcienne y est étalé. « On pourroit penser (dit Crévier) qu'il en dit trop pour être cru; mais au moins estil certain que s'il eût été abattu par son infortune, il n'auroit pas eu la liberté d'esprit nécessaire pour composer un écrit fortement pensé, et d'une assez juste étenduc. » Cependant la longueur de son exil l'ennuya, et sa fierté stoïque se démentit vers la troisième année de son séjour dans l'île de Corse. « Nous avons de lui, ajoute Crévier, une pièce de cette date, qui ne fait guère d'hon-pine eut épousé l'empereur Clanneur à la philosophie. Polybe, affranchi de Claude et son homme de lettres, avoit perdu un frère. Sénèque composa, à ce sujet, un discours dans lequel il flatte bassement ce misérable valet,dont l'insolence alloit jusqu'à se promener souvent en public entre les deux consuls. On s'étonnera moins qu'il comble des plus magnifiques éloges l'imbécille empereur pour qui cependant il n'avoit que du mépris. Mais ce qui est le plus inexcusable, c'est qu'il demande son rappel, à quelque condition que ce puisse être, consentant de laisser un nuage sur son innocence, pourvu qu'on le délivre de l'exil. « Après s'être loué de la clémence de Claude, qui, dit-il, ne m'a pas renversé, mais au contraire soutenu par sa main bienfaisante et divine contre le choc de la fortune; qui a prié pour moi le sénat, et ne s'est pas Contenté de me donner ma grace,

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de, elle rappela Sénèque por lui donner la conduite de son ils Néron qu'elle vouloit élever à l'empire. Tant que ce jeune prince suivit les instructions et les conseils de son précepteur, il fut l'amour de Rome; mais Poppée et Tigillin s'étant rendus maîtres de son esprit, Néron en devint le fléau. La vertu de Sénèque lui parut une censure continuelle de ses vices; il ordonna à l'un de ses affranchis, nommé Cléonice, de l'empoisonner. Ce malheureux n'ayant pu exécuter son crime, par la défiance de Sénèque, qui ne vivoit que de fruits et ne buvoit que de l'eau, Néron enveloppa le philosophe dans la conjuration de Pison. Sénèque étoit soupçonné, et n'étoit pourtant pas convaincu d'y avoir eu part. Il n'avoit été nommé que par Natalis, l'un des principaux conjurés, qui même ne le chargeoit pas beaucoup. Il disoit qu'il

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avoit été envoyé par Pison à Sé- | nèque, pour lui faire des reproches de ce qu'ils ne se voyoient point, el que Sénèque avoit répondu qu'il ne convenoit aux intérêts ni de l'un ni de l'autre, qu'ils entretinssent commerce ensemble; mais que sa sûreté dépendoit de la vie de Pison. » Granius Silvanius, tribun d'une cohorte prétorienne, fut chargé de faire informer Sénèque de cette déposition de Natalis, et de lui demanders'il reconnoissoit qu'elle contînt la vérité. Sénèque, soit par hasard, soit à dessein, étoit revenu ce jour-là même de Campanie, et il s'étoit arrêté dans une maison de plaisance qu'il avoit à quatre lieues de Rome. Le tribun y arriva sur le soir, et posa des gardes tout autour de | la maison. Il trouva Sénèque à table avec sa femme Pauline et deux amis, et lui exposa les ordres de l'empereur. Sénèque répondit que «le message de Natalis étoit vrai; mais que pour lui, il s'étoit excusé uniquement sur la mauvaise santé et sur son amour pour le repos; qu'il n'avoit point de raison de faire dépendre sa sûreté de la vie d'un particulier ; et que d'ailleurs son caractère ne le portoit pas à la flatterie; que personne ne le savoit mieux que Néron, qui avoit éprouvé de sa part plus de traits de liberté

que de servitude. » Le tribun revint avec cette réponse, qu'il rendit à Néron en présence de Poppée et de Tigillin, couseil intime du prince lorsqu'il étoit dans ses fureurs. Néron demanda à Granius si Sénèque faisoit les apprêts de sa mort?« Il n'a donné aucun signe de frayeur, répondit l'officier; je n'ai rien vu de triste ni dans ses paroles ni sur son visage. Retournez donc, dit l'empereur, et signifiez-lui l'ordre

de mourir.» Le philosophe se voyant condamné à perdre la vie parut recevoir avec joie l'arrêt de sa mort, dont l'exécution fut à son choix. Il demanda le pouvoir de disposer des biens immenses qu'il avoit amassés tout en prêchant le mépris des richesses; mais on le lui refusa. Alors il dit à ses amis « que, puisqu'il n'étoit pas en sa puissance de leur faire part de ce qu'il croyoit posséder, il laissoit au moins sa vie pour modèle, et qu'en l'imitant exactement, ils acquerroient parmi les gens de bien une gloire immortelle. Comme il les voyoit verser des larmes, il tàcha de les rappeler à des sentimens de fermeté, soit par des représentations douces, soit même par des reproches. Ой sont, leur disoit-il, les maximes de sagesse que vous avez étudiées ? Quand donc ferez-vous usage des réflexions par lesquelles vous avez travaillé à vous munir contre les coups du sort? Ignoriez-vous la cruauté de Néron? Après avoir tué sa mère et sou frère, il ne lui restoit plus que d'ajouter la mort violente de celui qui a élevé et instruit son enfance. » Pauline, son épouse chérie, répandoit des larmes ; Sénèque tâcha de calmer sa douleur. « Ne passez pas vos jours, lui dit-il, dans une affliction éternelle. Occupez - vous sans cesse de la vie vertueuse que j'ai toujours menée. C'est une consolation bien digne d'une belle âme, et qui doit adoucir le regret de la perte d'un époux. » Pauline répondit qu'elle étoit résolue de mourir avec lui, et elle demanda à l'officier qui étoit présent de l'aider à exécuter ce dessein. Sénèque regardoit la mort volontaire comme un sacrifice héroïque. D'ailleurs il crai

l'auteur, il possédoit toutes les qualités nécessaires pour briller. A une grande délicatesse de sentimens il unissoit beaucoup d'étendue dans l'esprit; mais l'envie de donner le ton à son siècle le jeta dans des nouveautés qui corrompirent le goût. Il substitua à la simplicité noble des anciens le fard et la parure de la cour de Néron un style sententieux, semé de pointes et d'antithèses; des peintures brillantes, mais trop chargées, des expressions neuves, des tours ingénieux, mais peu naturels. Enfin il ne sø contenta pas de plaire, il voulut éblouir, et il y réussit. Ses ouvrages peuvent être lus avec fruit par ceux qui auront le goût formé. ils y trouveront toutes les leçons utiles de morale qu'on trouve éparses dans les écrits des anciens. Ses idées sont rendues or

goi de laisser une personne si chère, exposée après lui à mille traitemens rigoureux. Il consentit donc au désir de Pauline. « Je vous avois montré, lui dit-il, ce qui pouvoit adoucir pour vous les amertumes de la vie. Vous préférez la gloire de la mort; je ne vous envierai pas l'honneur d'un si bel exemple. Nous mourrons peut-être avec la même constance; mais la gloire est plus pleine et plus nette de votre côté. Ainsi, ils se firent en même temps ouvrir les veines des bras; mais Néron, qui aimoit Pauline, ordonna qu'on lui conservat la vie. Les abstinences continuelles de Sénèque l'avoient si fort exténué, qu'il coula peu de sang de ses veines ouvertes, li eut recours à un bain chaud, dont la fumée, mêlée à celle de quelques liqueurs, l'étouffa. Il parla beaucoup et très - seusément en at-dinairement avec finesse et vivatendant la mort; et ce qu'il dit cité. Mais pour profiter de ce qu'il fut recueilli par ses secrétaires, et a de bon, il faut savoir discerner publié depuis par ses amis. Cette le vrai d'avec le faux, le solide triste scène se passa l'an 65 de d'avec le pueril, et les pensées J. C., et la 12 année de Néron. véritablement dignes d'admiraTacite, plus équitable ou mieux tion d'avec les simples jeux de instruit que Dion et Xyphilin, mots. Cet auteur manque de prélui a donné un beau caractère; cision. « Un écrivain, dit l'abbé mais si le portrait qu'en fout les Trublet, pent être concis, et deux autres historiens étoit d'a- néanmoins diffus tel est, entre près nature, on devroit avouer autres, Séneque. On est concis que Sénèque ayant vécu d'une lorsque, pour exprimer chaque manière très-opposée à ses écrits pensée, on n'emploie que le et à ses maximes, sa mort pour-moins de termes qu'il est possible. roit être regardée par les adora-On est diffus, lorsqu'on emploie teurs de la providence comme trop de pensées particulières, uue punition de son hypocrisie. pour exposer et développer sa On ne peut nier que sa conduite principale peusée; lorsqu'à cette n'ait quelquefois démenti ses prin- idée principale on joint trop d'icipes, et que dans le mépris des dées accessoires peu importantes; richesses sa sagesse n'ait été enfin, lorsque non content d'aplus dans ses discours que daus voir dit une fois une chose, ses actions. Il avoit d'ailleurs une on la répète plusieurs fois en présomption ridicule dans un d'autres termes et avec des tours philosophe, quoiqu'il prît soudifférens. Or, tel est Sénèque. vent un ton modeste. Quant à La première édition de ses ou

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