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fait voir que cette prétendue communication est nulle puisqu'en remplissant le labyrinthe de mercure n'en passe pas la moindre parcelle dans la cavité du tympan..... Mais quelle est l'origine du liquide du labyrinthe? il est probable qu'il exsude des capillaires qui aboutissent à la surface des membranes dont est tapissé l'intérieur du labyrinthe ce liquide est composé d'albumine très-délayée, autant qu'on en a pu juger par l'action de l'acide sulfurique. Une autre partie importante à considérer pour concevoir la perception des sons, c'est une duplicature du périoste, qui est comme flottante dans l'intérieur du vestibule, qui divise imparfaitement cette cavité en deux, et entre les nerfs de laquelle se trouvent des expansions du nerf acoustique c'est ce que Meckel appelle septum vestibuli nervoso-membranaceum. Comment concevoir maintenant la perception des sons transmis par des vibrations de l'air? Ces vibrations, concentrées par l'oreille externe, frappent-elles d'abord le tympan, dont les trémoussemens sont communiqués à la fenêtre ovale par la série des quatre osselets de l'ouïe, ainsi que par l'air contenu dans la cavité du tympan, de là des ondulations correspondantes du fluide du labyrinthe, et l'impression sur l'expansion nervoso - membraneuse. Ce sont ces nerfs qui paraissent être les organes immédiats de la perception des sons; et on ne peut pas plus expliquer la diversité de ces mêmes sons, qu'on ne peut rendre raison des sensations diverses des couleurs produites par des impressions de la lumière sur la rétine. Je n'ai pas besoin de rappeler ici les aqueducs découverts par Cotunni, et destinés à faire communiquer le liquide du laby

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rinthe avec la cavité du crâne. Si on ajoute aux recherches de Meckel celles qui ont été faites postérieurement par un anatomiste italien (Comparetti) sur la structure de l'organe de l'ouïe dans les diverses classes d'animaux (on peut voir l'extrait que j'en ai donné dans le Journal de Physique, année 1788); si l'on y joint les travaux plus récens du célèbre Scarpa, ou aura une idée de la sagacité qu'on a mise à développer la structure admirable et les variétés de l'organe des sons, quoiqu'il reste beaucoup à faire pour en connaître le vrai mécanisme. L'ouïe atteste le degré de perfection et de finesse auquel nos sens peuvent s'élever par une culture assidue: de là les progrès étonnans de la mu→ sique chez certains peuples..... Pythagore a eu soin de l'incorporer, pour ainsi dire, avec la philosophie, et de la faire servir au maintien de la pureté des mœurs et de la santé. Platon lui-même, dans sa République, ́ met la plus grande importance à la culture de la musique, et défend toute innovation qui pourrait la faire dégénérer (Dialogue III). Tous les médecins observateurs donnent à la musique un rang distingué dans la classe des remèdes propres à entrer dans le traitement de la plupart des maladies nerveuses (1).

11. Il ya donc beaucoup de recherches à faire sur les névroses de l'ouïe, en comparant l'histoire exacte des symptômes avec les résultats des ouvertures des corps. L'hospice de la Salpêtrière présentait plusieurs de ces cas, que l'on pourrait suivre, surtout dans les pro

(1) Je renvoie sur cet objet à une Dissertation très-judicieuse et très-savante qui parut à Montpellier en 1758 (Tentamen de vi soni et musices in corpus humanum. Ant. Robert).

grès de l'âge; et je me suis proposé de n'omettre aucune occasion propre à répandre quelque lumière sur une partie des plus obscures de l'histoire de ces maladies. On est encore très-peu avancé dans la connaissance des affections de l'ouïe qui amènent la dureté d'oreille ou la surdité, et on est réduit à des faits épars dans une foule de traités de médecine ou de recueils d'observations. C'est le rapprochement de ces faits qui a donné lieu à l'ouvrage de Venceslas-Trnka. (Historia Cophoseos et Baryecoia, Vindebona 1778.)

12. La dysécée (1), ou difficulté dans la perception des sons, peut dépendre de plusieurs lésions de structure de l'organe de l'ouïe; et je ne dois parler ici que de celle qui vient de l'atonie du tympan : les causes les plus ordinaires sont un air humide, l'action du vent, un catarrhe, un écoulement séreux par l'oreille : cette sorte de dysécée diminue lorsqu'un vent du nord règne. Doit-on regarder comme de cette sorte un exemple que rapporte Sauvages, d'une fille qui avait depuis long-temps une dureté d'oreille, qui était pâle, peu réglée et comme hébêtée, qui prit, pendant près de trois mois, l'extrait de jusquiame blanche, en commençant d'abord par un tiers de grain, puis en augmentant peu. à peu la dose jusqu'à sept grains?

Cette fille entendit très-distinctement au bout d'un mois et demi; elle reprit aussi sa couleur et son embonpoint..... Sa maladie n'avait-elle point été produite par une extrême sensibilité nerveuse, et la jusquiame

(1) SYNONYMIE. Dysecæa, SAUVAGES, VOGEL, CULLEN, SAGAR; Hypocophosis, HOFFMANN; Dureté d'oreille.

n'avait-elle point agi alors comme substance stupéfiante et narcotique?

13. La paracousie (1) ou fausse ouïe, qui consiste dans une perception confuse des sons ou une difficulté d'entendre très-distinctement les sons articulés, est relative aux sons extérieurs qui parviennent difficilement au labyrinthe, quoiqu'ils soient prononcés distinctement. Elle peut offrir des variétés dignes de remarque, sans qu'on ait besoin de les exprimer par des noms particuliers, comme l'ont fait des auteurs. Une femme, dont il est parlé dans les Transactions philosophiques, n'entendait point ce qu'on lui disait, à moins qu'on ne battît du tambour en lui parlant : elle obligeait sa servante à remplir cette tâche, pour qu'elle pût converser avec son mari. Un homme, dur d'oreille depuis sa naissance, était dans le même cas; il entendait ceux qui parlaient à voix basse derrière lui lorsqu'on battait du tambour: sans cette précaution, on avait beau crier, il n'entendait rien.

14. La surdité (2) peut être absolue, et alors on ne peut point entendre les sons que produisent les hommes les plus forts. Elle est moindre lorsqu'on n'entend que ceux qui parlent à haute voix et de près; l'une ou l'autre peut se déclarer au septième ou au quatorzième jour d'une maladie aiguë, avoir tous les caractères d'une crise, et annoncer la convalescence par une affection particulière et inconnue du

(1) SYNONYMIE. Paracusis, SAUVAGES, Cullen, Sagar ; Fausse ouïe.

(2) SYNONYMIE. Cophosis, SAUVAGES, LINNÆUS, Sagar; Surditas, VOGEL; Dysecæa, CULLEN.

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nerf acoustique. La surdité peut survenir à la suite d'une suppression des menstrues, et je puis en citer un exemple. Une jeune fille de vingt-deux ans éproudans un cas semblable, une surdité très-marquée avec une céphalalgie très-intense: on employa tous les remèdes usités, soit pour rétablir les menstrues, soit pour faire cesser la douleur de tête et la surdité : pédiluves, bains, potions anti-spasmodiques, vésicatoires aux bras, évacuans, et sinapismes à la plante des pieds, etc., tout avait été inutile. Elle fut conduite à l'infirmerie, et je ne balançai point à faire appliquer aussitôt un séton à la nuque : les effets en furent peu marqués pendant trois semaines ou un mois; mais les changemens progressifs qui s'opérèrent durant le cours du second mois furent des plus favorables, et la surdité, ainsi que la céphalalgie, ont fini par disparaître entièrement.

15. Le tintouin (1), ou tintement d'oreille (tinnitus aurium), est un son importun et imaginaire qui ne répond nullement aux vibrations de l'air extérieur, ou plutôt c'est une hallucination à l'égard des sons, dont le principe est dans le nerf acoustique. Cette affection nerveuse a des variétés relatives aú son et au ton.

§ II. Description générale des Névroses de l'ouïe.

Dysécée.

16. Prédispositions et causes occasionnelles. Les plus ordinaires sont des éternuemens fréquens, l'habi

(1) SYNONYMIE. Syrigmus, SAUVAGES, SAGAR; Syringmos, LINNAUS; Susurrus, VOGEL; Paracusis imaginaria, CULLEN.

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