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merdam, Petit, Haller, Zinn, Zimmerman, etc., ne prouvent-elles point que lorsqu'on blesse la substance médullaire du cerveau dans un animal vivant, il donne, par ses cris, ses agitations, ses convulsions des signes de la douleur la plus violente? Dans un ouvrage intitulé: Expériences sur le Principe de la Vie, notamment sur celui des mouvemens du cœur et sur le siége de ce principe, Paris, 1812, Legallois a démontré le cerveau n'entretient la vie qu'en influant sur les phénomènes de la respiration.

que

2. On sait que, dans tout animal vivant ou qui vient de mourir, on peut suivre à l'œil simple, dans la chair des muscles, une sorte de mouvement fibrillaire très rapide, qui se porte alternativement des extrémités vers le milieu du musele, ou du milieu vers les extrémités. Ce mouvement s'exerce souvent de lui-même, et sans être provoqué par une puissance extérieure, dans l'estomac, les intestins, le cœur, l'utérus, les muscles cruraux, temporaux, etc. Lorsque cette force propre au muscle ne se manifeste point d'elle-même, elle peut être excitée par l'action d'un stimulant, par l'aspersion du sel, de l'alcool, par le froid, la chaleur, une piqûre, l'étincelle électrique. Des irritations plus graves des nerfs sont encore propres à produire durant le cours de la vie des convulsions sympathiques. Des exemples nombreux de ce genre ont été rapportés par Haller; tétanos produit soit par l'impression de l'air sur le nerf d'une dent mis à nu, soit par une blessure du muscle temporal, soit par une lésion du nerf plantaire; suppression de l'urine à la suite d'une blessure de la thyroïde; spasme cynique par la castration ; vomissement opiniâtre dû

à l'engagement d'un calcul dans l'urètre; aphonie par un vice de l'estomac; convulsions universelles produites par la toux, par des vers lombricaux ou l'éternuement; rétrécissement de la pupille, vices de la vue à la suite d'une ligature des nerfs de la huitième paire. Tous ces faits semblent indiquer que les nerfs fortement irrités communiquent leur affection jusqu'au cerveau, et peuvent exciter des convulsions générales.

3. Des recherches particulières sur un genre curieux d'illusion des sens connu sous le nom d'hallucination ont été adressées cette année à l'Académie royale des Sciences, et le rapport que j'ai été chargé d'en faire dans une des séances de l'Académie a été inséré dans un des cahiers du Journal de Physique, auquel je renvoie. Je pourrais ajouter ici, en note, une mention abrégée de plusieurs objets qui ont été publiés dans ces derniers temps sur les névroses; mais je me borne à rappeler l'ouvrage de M. Louyer Villermay sur les Maladies nerveuses ou vapeurs, et particulièrement sur l'hystérie et l'hypochondrie, 1816. Je pourrais aussi insérer plusieurs autres articles nouveaux, qui se rapportent à des phénomènes de la vue ou de l'ouïe, que je réserve d'ailleurs pour mon Traité de Pathologie.

4. Mais est-ce dans des dérangemens organiques du cerveau qu'on doit seulement chercher le principe des diverses aliénations d'esprit ou troubles des fonctions de l'entendement, comme le pensent Locke et Condillac, et comme des faits particuliers le font présumer? Des coups violens, des chutes, des plaies de tête, peuvent non-seulement empêcher que les impressions des objets extérieurs soient portées au cer

veau, mais encore affaiblir ou abolir quelqu'une des fonctions intellectuelles. La mémoire est quelquefois détruite par un abcès au cerveau, par une érosion du corps calleux, par la compression que produit une tumeur. Haller rapporte pour exemple deux hommes tombés dans la démence, l'un par un ulcère du cervelet, l'autre par un épanchement lymphatique dans lecerveau. L'application d'un cautère ou d'un trépan n'a-t-elle pas fait cesser quelquefois la cause physique qui produisait la manie, et rétabli l'usage de la raison? Mais, d'un autre côté, des faits généraux et constamment observés n'apprennent-ils point aussi que très-souvent les affections hypochondriaques et mélancoliques, et même la manie, tiennent à des causes morales et à ces commotions plus ou moins profondes qui sont ressenties dans la région épigastrique ? Les vertiges (1), les extases, les visions fantastiques que produisent les narcotiques à trop forte dose ne prouvent-ils point que les désordres de l'entendement peuvent avoir un siége entièrement étranger au cerveau, et que ce dernier n'est alors affecté que comme centre d'une sorte de réaction sympathique? On connaît les vues ingénieuses que Van-Helmont a répandues (Ignota actio regiminis) sur l'influence puissante qu'exerce l'estomac sur la tête et les fonctions principales de la vie : et quel heureux développement n'ont point donné à ces idées Lacaze et Bordeu dans

(1) Boerhaave a dit, dans ses Préleçons académiques, avoir éprouvé une fois des vertiges si violens, après avoir mangé de la ciguë, que tous les objets lui paraissaient tourner avec la plus grande rapidité, en sorte qu'il ne pouvait se tenir debout: Cette affection céda à l'action de l'émétique.:

leurs écrits médico-philosophiques! Quelquefois aussi le centre primitif d'où se propagent les délires nòn fébriles est dans les organes de la reproduction, surtout dans ceux de la femme, dont l'empire est si puissant, comme on peut en juger par la passion hystérique.

5. Les mêmes nerfs qui servent au mouvement servent aussi au sentiment; mais la même atteinte qui détruit ou affaiblit d'une manière notable la motilité est loin d'affecter la sensibilité au même degré, puisque la paralysie, par exemple, abolit souvent la première, tandis que l'autre se conserve, et qu'il y a d'autant moins d'espoir de guérir le malade, que le membre paralysé est plus insensible; la motilité, en outre, se trouve à différens degrés, suivant la constitution de l'individu, le climat, la position des lieux, la manière de vivre, la vivacité plus ou moins grande de l'imagination, etc. Une légère émotion suffit quelquefois pour jeter une femme dans des convulsions violentes, tandis que la même cause pourrait tout au plus produire, sur une autre personne, quelques légers tremblemens, ou des palpitations du cœur passagères. Certains hommes sont susceptibles d'ébranlemens les plus profonds par des effusions de joie ou des emportemens de colère tandis que d'autres cèdent très-difficilement à des émotions semblables les uns sont attendris jusques aux larmes par certains sons de musique, d'autres n'en sont pas plus émus que s'ils entendaient le hennissement d'un cheval. Un événement fortuit excite les affections spasmodiques, comme la rage ou l'épilepsie, dont l'une provient presque toujours de la morsure d'un animal enragé, et l'autre des frayeurs

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de l'enfance; mais les convulsions, et quelquefois le tétanos, tiennent à une motilité primitive, ou excitée secondairement par des causes physiques ou morales, dont on ne peut plus détruire l'influence. C'est le plus souvent un renversement total des lois de la nature, ou plutôt un oubli des règles fondamentales de la morale, qui multiplie à l'infini les affections spasmodiques; et peut-être que cette excessive multiplication est la suite de la décadence des états, et l'avant-coureur de leur chute. Ce n'est guère que dans la dernière moitié du siècle dernier qu'on a le plus fréquemment observé ce qu'on appelle maux de nerfs, vapeurs, mélancolie nerveuse, et qu'on a vu une foule d'auteurs, comme Hunault, Raulin, Pomme Lorry, Whytte, Réveillon, etc., décrire ces affections et les développemens dont elles sont susceptibles.

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6. L'histoire des maladies nerveuses, c'est-à-dire des aberrations que peut éprouver l'influence des nerfs sans offrir en même temps les symptômes des fièvres primitives ou des phlegmasies, demande sans doute les connaissances préliminaires les plus exactes sur les principes du sentiment et du mouvement, fondées sur les expériences sans nombre faites par les physiologistes modernes, et dans ces derniers temps par Bichat (1), sur la distinction de la vie animale et de la vie

(1) On peut voir sur ce sujet ses Recherches physiologiques sur la Vie et la Mort, et son Anatomie générale.

(Nous publierons incessamment une nouvelle édition de ces deux ouvrages, augmentée d'une notice historique et de notes par MM. Pinel, Béclard et Laennec, A Paris, chez Gabon et J. A. Brosson. Note de l'Editeur.)

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