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l'abdomen, dans la poitrine, au moyen d'une plaie, ou lorsqu'on la prend par la bouche, prive du sentiment et du mouvement, ou tout le corps entier, ou les parties qu'elle touche, et qu'elle agit en détruisant la force motrice des muscles, c'est-à-dire, en portant une atteinte directe à l'irritabilité et à la sensibilité. En général, l'opium pris à l'intérieur augmente la chaleur animale, rend la respiration plus fréquente et plus difficile, détermine une irritation et un raptus du sang vers la tête, affecte les nerfs de stupeur, et ôte ainsi le sentiment d'une douleur étrangère, inspire le plus souvent de la gaîté à la manière des liqueurs vineuses, provoque le sommeil en augmentant la rougeur de la face; et si on le prend à trop forte dose quand on n'en a point l'habitude, il produit des vertiges, la torpeur, l'ivresse, débilite tous les mouvemens de l'animal, excite un sommeil, profond qui peut devenir mortel, et finir par l'apoplexie et les convulsions, enfante une sorte de délire pendant ce sommeil, fait paraître des fantômes qu'on prend pour des réalités, et peut produire même, par son usage prolongé, un état chronique de folie et de démence, Une personne d'un âge moyen avait pris par mégarde deux grains (dix centigrammes) d'opium en une dose; je fus appelé, pour lui donner du secours; son état avait jeté ses parens dans les plus grandes alarmes vue trouble, les yeux à demi-fermés, visage pâle, sons inarticulés, sueur froide, immobilité générale, stupeur. Le suc d'un citron édulcoré, et délayé dans un verre d'eau, fut la seule boisson prescrite, et l'heure suivante tous les symptômes finirent par disparaître. La dose ordinaire de l'opium, pour

nous, est d'un quart de grain, d'un demi-grain, ou tout au plus d'un grain; mais l'habitude que les Turcs, les Perses et les autres Orientaux en ont contractée, leur permet de porter cette dose jusqu'à un gros, une demi-once ou même une once, dans l'espace de vingt-quatre heures. L'action de l'opium sur eux est toute différente que sur nous; ils ne peuvent obtenir le sommeil qu'en portant la dose au-delà du point ordinaire; mais il leur procure une sorte de stupeur avec une pesanteur de tête, et les jette dans un état de demi-veille; suivant enfin que la dose est plus ou moins, forte, il les égaie, les enivre, les rend courageux à la guerre, agiles à la course, propres à soutenir un travail pénible, intrépides dans l'adversité, joyeux, voisins de la fureur ou du délire. Les effets nuisibles de l'abus de l'opium sont la perte de l'appétit, l'amaigrissement, la langueur, la mélancolie, la stupeur, la somnolence, la taciturnité, l'abolition de la mémoire, la vacillation des facultés de l'entendement, un vieillesse précoce, une mort prématurée. Un homme avait pris neuf pilules qui contenaient trois grains et demi d'opium, avec autant de safran d'abord sommeil agité, et un quart d'heure après, point de mouvement; aridité de la bouche qui empêchait d'articuler les sons: on chercha à dissiper son sommeil en lui parlant, et on le forçait de répondre. Après une heure, vertiges, trouble de la tête; il lui semblait que son lit était suspendu dans l'air, qu'il volait, et que tout tournait autour de lui. On le fit sortir du lit; il se promena en vacil→ lant, mais peu à peu sa marche fut un plus ferme ; à peine conservait-il le sentiment de son existence;

cependant il répondait avec justesse. Une demi-heure après, perte des fonctions des sens, excepté de la vue et de l'ouïe; on lui faisait flairer en vain le vinaigre et l'ammoniaque. Une demi-heure après, froid des pieds et des mains, avec une sorte d'insensibilité, excepté en approchant celles-ci de ses joues ; il éprouvait aussi un sentiment de froid au dos, comme dans un accès de fièvre intermittente, et sans que l'application de linges chauds pût le dissiper. Se reposait-il, il semblait éprouver les langueurs de la mort, en sorte qu'on le faisait promener sans cesse, quoiqu'il fermât ses paupières, et que ses genoux ne pussent le soutenir. Vers la troisième heure, à dater de la prise de l'opium, il semblait que les ténèbres de son entendement commençaient à se dissiper: le pouls s'était relevé; mais si on le laissait à lui-même, il retombait dans une affection comateuse. Vers la quatrième heure, on lui fit prendre de l'eau alcoolisée de mélisse et de menthe, et il en parut un peu restauré; il en prit encore une dose, et il sentit une sorte de prurit dans toute l'habitude du corps. L'engourdissement cessa par l'usage des frictions, de sorte que le sens du tact se rétablit ; et en même temps il paraissait conserver le souvenir de ce qui s'était passé : il lui semblait que ses yeux avaient acquis un volume immense. L'action de l'opium né parut pas durer au-delà de six heures, et la personne reprit ensuite ses fonctions ordinaires. (Bianchi, Hist. hepat.)

48. Au nombre des substances vénéneuses, et qui agissent par leurs propriétés narcotiques avec danger de mort, on compte la ciguë aquatique (cicula aquatica, L.), la ciguë terrestre (conium maculatum, L.),

l'aconit (aconitum napellus, L.), la jusquiame (hyosciamus niger, L.), la belladone(atropa belladona,L.). On trouve des exemples curieux de l'action de ces poisons narcotiques sur l'estomac, et des effets nerveux qui en sont la suite, dans l'excellent ouvrage de Wepfer (de Cicutá aquatica). On peut leur assimiler l'ivresse extrême produite par l'excès des liqueurs vineuses prises à l'intérieur, ou par une trop forte dose d'opium.

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49. On observe des variétés singulières de symptômes nerveux produits par l'usage intérieur des végétaux narcotiques suivant leur dose, la constitution de l'individu, la jeunesse ou l'âge avancé, etc. : gaîté vive, ou transports d'une joie tumultueuse douleur dans la région précordiale, air égaré, perte totale des fonctions des sens, ou altération plus ou moins marquée de quelqu'une d'elles; espèce de trismus ou serrement tétanique des mâchoires, distorsion des yeux, hoquets fréquens, nausées, vomissemens spontanés, contorsion des membres, dos courbé en arrière; quelquefois face cadavéreuse, respiration insensible, froid des extrémités, affection soporeuse profonde; d'autres fois agitation des membres, rougeur de la face, vertiges, attaque d'épilepsie, imagination troublée ou délire, hallucination qui donne la réalité et l'existense à des objets fantastiques, fumanie plus ou moins déclarée; ou bien stupeur, privation totale du sentiment et du mouvement, et la mort.

reur,

50. En 1797, au mois d'octobre, on transporta aux infirmeries de la Salpêtrière trois enfans d'environ neuf à dix ans chacun, attaqués des symptômes

nerveux les plus singuliers: mouvemens convulsifs très-irréguliers, sortes de gestes pantomimes, agitations brusques des membres, le regard fixe, des pleurs, des chants, des cris aigus, réponses ridicules ou nulles aux questions qu'on leur faisait; ils figuraient tour-à-tour avec leurs doigts et leurs mains l'exercice de la filature, et ils semblaient chercher des épingles. On m'apprit que trois heures auparavant leurs extrémités avaient été froides, qu'ils avaient eu des nausées et un pouls presque insensible, et que, quelques momens après, le délire maniaque s'était manifesté. Un accident commun à trois enfans, l'anomalie de leurs symptômes nerveux, et leur analogie avec les exemples particuliers d'empoisonnemens par des végétaux narcotiques qu'on trouve consignés dans des recueils d'observations, me firent présumer que telle était la cause de ces affections, que des bonnes femmes traitaient déjà de sortiléges: on fit des recherches, et on trouva un pied de belladona chargé des ses baies dans le lieu ordinaire de la promenade des enfans. Chacun de ces jeunes malades fut émétisé sur-le-champ, et on leur donna ensuite une boisson abondante d'eau avec le sirop de vinaigre, ce qui fut d'abord difficile, à cause du trismus ou du rapprochement tétanique des mâchoires: l'agitation, les cris perçans, les chants confus continuèrent encore toute la nuit, mais se dissipèrent peu

peu dans la journée suivante; un seul resta pendant deux jours dans un état inquiétant avec le délire et le ventre balloné; mais sa guérison a fini par être aussi complète que celle des deux autres.

51. Suivant Linné, les graines de la rave sauvage

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