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nutes, et se trouve un peu fatiguée entre les accès elle se porte bien. L'observation qui suit présente un exemple d'épilepsie pléthorique. Une femme de quatre-vingt-sept ans, très-forte pour son âge, et jouissant encore de toute l'intégrité de ses fonctions intellectuelles, avait appartenu à des parens sains, et avait été toujours bien menstruée. A l'époque de la cessation des menstrues, elle commence à éprouver des accès épileptiques, revenant à-peu-près tous les mois; ils la saisissent inopinément; tout son corps tremble, sa figure devient pâle, ses yeux sont fixes; bientôt l'agitation du corps cesse, et pendant une demi-heure on la prendrait pour morte, si on ne faisait pas attention à la respiration, qui se fait tranquillement: la connaissance revient lentement. Quelquefois la malade a deux accès par jour; d'ailleurs, l'exercice de toutes ses fonctions est régulier lorsque le jour d'accès est passé. Les cas d'épilepsie par irradiation sympathique sont très-multipliés : l'exemple que je vais rapporter est celui d'une épilepsie par irradiation externe. Une fille éprouve, à l'âge de vingt ans, une frayeur extrême en voyant égorger un homme sous ses yeux : elle tombe aussitôt en convulsion avec perte de connaissance. Cet accès se répète à des intervalles trèsrapprochés; la menstruation est régulière, quoique peu abondante; les accès épileptiques reviennent à-peuprès tous les quinze jours ou toutes les trois semaines, sans heures réglées. La malade est avertie de leur approche par une douleur qui s'empare de la main droite, dont le bras a été cassé dans le bas âge, et se propage de suite à tous les membres : alors chute, perte de connaissance, mouvemens convulsifs des bras et des

jambes, rougeur de la face, écume à la bouche; mouvemens divers des yeux, ronflemens. Au déclin de l'accès, qui dure un quart d'heure, coma vigil, pendant lequel la malade entend ce qu'on lui dit sans pouvoir y répondre; elle revient bientôt à elle en se plaignant de douleur dans la région épigastrique. Une chose remarquable, c'est que jamais ses accès ne surviennent pendant qu'elle se promène, mais toujours quand elle est assise, et surtout lorsqu'elle veut coudre, tricoter, ou même saisir quelque chose avec sa main droite, en sorte qu'elle peut rappeler ses accès à volonté. Les accès d'épilepsie peuvent aussi avoir lieu par irradiation interne. Une fille âgée de dix-neuf ans, d'une forte constitution, éprouve à l'âge de quatorze ans, sans cause connue, de légères attaques d'épilepsie bornées d'abord à des mouvemens convulsifs de quelques minutes. Ces accès ont toujours été en augmentant et de plus en plus rapprochés; ils sont précédés des symptômes suivans: douleur intense dans la région épigastrique, sentiment d'une vapeur qui s'élève vers la gorge, resserrement du gosier, étourdissement aussitôt chute avec perte de connaissance, abolition des sueurs, roideur tétanique des muscles du cou, mouvemens convulsifs dans les membres respiration laborieuse, rougeur de la face, gonflement des jugulaires. Après l'accès, il reste de la pesanteur, une douleur générale de la tête, de l'assoupissement, des lassitudes, de l'engourdissement, et une douleur à l'épigastre. Tous les cinq à six jours, il y a un accès beaucoup plus violent, des convulsions plus intenses, de l'agitation, de la torsion des membrés de la lividité de la face, une écume à la bouche.

Souvent aussi les accès sont plus faibles et plus

courts.

S II. Description générale de l'Epilepsie.

79. Prédispositions et causes occasionnelles. Dans cette maladie, la cause irritante peut avoir son siége dans l'intérieur du cerveau, ou bien dans quelque autre partie du corps : de là les divisions de l'épilepsie en idiopathique et en sympathique. La première peut être produite, dans l'enfance, par une forte compression de la tête, un épanchement lymphatique, la rétropulsion de certaines affections cutanées, des frayeurs subites; dans l'âge adulte, par des lésions violentes de la tête, par la carie, des exostoses vénériennes des os du crâne, la métastase d'une matière morbifique..... L'épilepsie sympathique peut provenir, dans l'enfance, de la présence de vers dans les intestins, d'une dentition difficile, de l'éruption de la petite-vérole, des affections vives de l'âme.....; et dans l'âge adulte, elle peut être occasionnée par des douleurs violentes, l'irritation de quelque nerf particulier, un sentiment de terreur, des affections hystériques ou hypochondriaques..... L'épilepsie symptomatique peut être le symptôme de la syphilis, de l'éruption de la variole, de l'hydrocéphale.

80. Symptômes. Quelquefois l'attaque est brusque; d'autres fois elle est précédée de vertiges, de cardialgie, d'assoupissement, d'une couleur plus vive et plus animée de la face; elle commence par une perte de connaissance; on tombe à terre si on est debout le corps se renverse, il y a distorsion des yeux par des contractions involontaires des muscles de ces or

ganes, convulsions des membres abdominaux et thoraciques, gonflement successif de l'abdomen, de la poitrine et du cou, avec un sentiment de strangulation, visage d'un rouge pourpre ou violet. L'attaque dure de cinq à vingt minutes. Le retour des attaques est irrégulier ou régulier, et durant leur intervalle il y a mélancolie ou morosité sombre. Il y a une extrême variété des symptômes : quelquefois simple étourdissement, vertiges de quelques minutes, ou bien simple rougeur de la face, avec renversement du corps à terre, et quelques légers mouvemens convulsifs dans les yeux. Il arrive assez souvent que les muscles de la face éprouvent alternativement des mouvemens convulsifs sans écume à la bouche; mais ce dernier symptôme a aussi souvent lieu avec des contorsions des membres, de violentes secousses du tronc, l'agitation de la tête, le gonflement du thorax, un sentiment d'étranglement, un aspect hideux, et autres symptômes les plus effrayans et les plus propres à la faire contracter, comme par contagion, à des personnes délicates et sensibles. Lorsque l'épilepsie est sympathique, l'attaque est précédée d'un chatouillement, d'une douleur ou d'un engourdissement dans la partie même qui est comme le foyer de la maladie. Des observations multipliées apprennent que le siége particulier du mal peut se trouver à la face, dans le conduit auditif, aux seins aux épaules, aux bras, aux mains, aux pieds ou aux jambes : on sent une sorte de vapeur (aura epileptica) s'élever de cette partie, gagner la tête ; et alors perte totale de connaissance, avec tous les symptômes qui ont été décrits précédemment.

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SIII. Traitement de l'Epilepsie.

81. Locher, médecin de Vienne, a fait une suite d'observations sur l'épilepsie dans un hospice consacré au traitement de cette maladie. Il a reconnu l'inefficacité de la valériane, et, dans certains les heureux effets du camphre, du quinquina, de l'opium, administrés suivant la nature des symptômes. Il a essayé les feuilles d'oranger, soit en poudre, soit en décoction sur quatorze malades, dont les uns ont été guéris, et les autres soulagés ; et il ajoute que, de tous les remèdes connus contre l'épilepsie, c'est celui dont il a obtenu les effets les plus constans. J'ai fait moi-même dans l'hospice de Bicêtre, en 1793, un essai sur six épileptiques, devenus tels par des frayeurs durant l'enfance. Je leur ai administré des bols de quinquina et de camphre, en rendant plus actif le quinquina par un mélange de quelques grains de cannelle en poudre. Les résultats de ces observations indiquent que les remèdes doivent varier suivant les cas, et je me bornerai ici à remarquer que les effets de ces bols, qui furent nuls pour trois de ces épileptiques, furent très-marqués sur les trois autres ; que l'un d'eux fut cinquante jours sans retomber, et que les deux autres ont paru entièrement guéris mais l'un d'eux éprouva une rechute dans le cours de l'année, par la frayeur et la secousse que produisit sur lui l'explosion du magasin à poudre de Grenelle.

82. Il est un autre moyen externe, quoique indirect, dont j'use toutes les fois que l'invasion n'est

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