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du sort d'Athènes, ou d'exciter les Acharniens à la révolte par la considération de l'indifférence d'un chef qui les abandonnait au pillage. Périclès tint bon, et sauva Athènes, comme Fabius sauva Rome, en temporisant. Il se fortifia dans la ville en se moquant de tout ce qu'on pouvait dire à son désavantage. Il avait de son côté d'assez belles actions pour ne rien appréhender du côté de l'honneur. Cependant toute la république était partagée de sentimens, et il se voyait comme un pilote au milieu de l'orage. Les Acharniens surtout voulaient qu'on donnât bataille. Cléon luimême, cet homme populaire et maître du peuple que nous ferons bientôt connaître, était le premier à animer la populace contre Périclès. Mais le ministre habile dévora tout, et alla son train. Il fit porter la guerre dans le Péloponnèse par mer, et quand la ville n'eut plus besoin de sa présence pour la contenir dans le devoir, il alla lui-même châtier les Mégariens.

Tandis que duraient ces pillages mutuels, et ils durèrent long-temps, les Athéniens trouvèrent accès auprès de deux ou trois rois qui les bercèrent de grandes espérances de secours. Mais apparemment leur politique allait à amuser les deux partis, et à les laisser s'entre-détruire. Le sénat athénien se repaissait de chimères au sujet de ces secours qui ne venaient point, et il en re

paissait le peuple pour tirer les affaires en longueur, comme Aristophane le lui reprochait en face. Le premier de ces rois qu'on croyait avoir gagnés, était Sitalcès, roi de Thrace, que son beaufrère Nymphodore Abdéritain 1 avait mis dans le parti des Athéniens, et dont le fils et l'héritier présomptif Sadocus, avait été fait citoyen d'Athènes. L'Abdéritain promettait que le roi viendrait à bout de pacifier la Thrace, où la guerre était allumée, et que bientôt la république aurait les troupes Thraciennes à son service. Perdiccas, fils d'Alexandre 2, roi de Macédoine, était le second sur qui l'on comptait; et le troisième était le roi de Perse 3. Nous dirons le reste dans le détail de la pièce à mesure qu'il en sera besoin. Il suffit de se rappeler encore que Périclès mourut deux ans et demi après le commencement de la guerre du Péloponnèse, et que cette guerre commença la seconde année de la quatre-vingt-septième olym piade, 431 avant J. C.

personnages

Il y a grand nombre de dans cette pièce d'Aristophane. Il n'a pour but, comme j'ai de montrer dans une allégorie, combien

dit, que

la paix est préférable à la guerre. Il représente un

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Abdère, ville maritime de Thrace, bâtie par Hercule après qu'il eut vaincu Diomède, selon la fable.

'Alexandre, fils d'Amyntas.

3 Darius Nothus.

homme qu'il appelle bon citoyen, quoiqu'il ne laisse pas de dire et de faire des bouffonneries fort basses, Le poëte feint que cet homme trouve le secret de faire seul sa paix avec les ennemis, et de jouir seul des fruits de la paix, tandis que les Acharniens, les Mégariens et le peuple d'Athènes souffrent toutes les rigueurs de la guerre, amusés qu'ils sont par les promesses ou par les menaces du sénat, et par l'ambition du général Lamachus, dont l'intérêt particulier est de prolonger la guerre. Ni les généraux, ni l'État, ni la mémoire de Périclès ne sont épargnés dans cette singulière comédie.

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Dicæopolis ou le bon citoyen paraît seul : c'est un Acharnien désolé des pertes qu'il a souffertes et repassant dès le matin tous les sujets de chagrin qu'il a, il n'en trouve qu'un seul de joie, à savoir les cinq talens' que Cléon a été obligé de vomir. Ce sont ses termes. Il le taxe, dit le scholiaste 2, d'avoir reçu de certains insulaires les cinq talens,

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à condition d'engager la république à diminuer leur tribut annuel. Les Chevaliers, ses ennemis déclarés, lui en firent un procès, et le contraignirent de rendre gorge2, pour user du terme d'Aristophane. Il en fait compliment aux Chevaliers, comme d'une action digne de la Grèce.

Mais d'un autre côté Dicæopolis est affligé de voir tout changé dans Athènes jusqu'au goût; par exemple, de voir qu'on préfère les pièces de Théognis à celles d'Eschyle. Il donne ici sur les doigts à quelques poëtes et musiciens; c'est sa manie. Enfin il s'impatiente d'être si long-temps à attendre que le peuple s'assemble. Il se plaint de ce que chacun s'amuse au marché, et tâche d'éviter les coups de cordes colorées qu'on donnait aux paresseux pour les reconnaître et leur faire payer l'amende. Il ajoute que les magistrats même ne se pressaient pas de venir, bien disposés du reste à fondre comme un essaim pour se disputer les premières places. Tout cela annonce une assemblée3.

'Les Chevaliers, second ordre des quatre d'Athènes. On en parlera ailleurs.

'Mad. Dacier dit que ces cinq talens furent donnés à Aristophane après la comédie des Chevaliers, pour avoir joué Cléon. C'est une méprise visible. La comédie des Chevaliers est pos

térieure.

3 Le lieu de l'assemblée du peuple, se nommait fug, par allusion aux moissons épaisses. Les principaux magistrats s'appe

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« Mais hélas, dit-il, ils ne se soucient point de la

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paix. Je suis le seul qui soupire après elle, et

qui regrette mon village. » La raison qu'il en apporte, c'est que son champ ne lui dit point, va acheter du charbon, de l'huile, du vinaigre. Il produit tout.

Dicæopolis las de tant d'assemblées qui ne produisent rien, va donc à celle-ci résolu de troubler tout, si l'on y parle d'autre chose que de la paix qu'il souhaite. Aussitôt le théâtre se remplit de magistrats du Prytanée qui se précipitent pour être les premiers placés 1. Un hérault les fait ranger et demande qui veut parler 2. Amphithéus se présente. Il commence par prouver qu'il est issu des dieux, et que les dieux lui ont ordonné de parler de paix. Cet Amphithéus représente un noble gueux. Car après avoir fait sa généalogie divine, il se plaint de n'avoir pas un sol; mais au mot de paix avec les Lacédémoniens, on le fait chasser. Dicæopolis remontre que c'est une injustice de traiter si mal un homme qui veut procurer le bien de la patrie. On le fait taire lui-même.

laient prytanes, Пl purάve, par rapport au lieu où ils s'assemblaient extraordinairement, nommé Prytanée. C'était un palais où l'on entretenait aux frais de la république, ceux qui s'étaient distingués par quelque service signalé.

'Aristophane raille souvent sur cette puérile précipitation. ? Formule ordinaire.

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