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» que, je l'employai à t'acheter un petit charriot aux fêtes de Jupiter. »>

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Phidippide dit à part que son père se repentira de la violence qu'il lui fait, et il lui tiendra en effet parole. Socrate paraît: le père lui livre son fils. « Je l'ai`enfin persuadé, dit-il, malgré qu'il » en eût.» Ce mot tombe à plomb sur la manière de philosopher dont usait Socrate, qui mettait les gens au point de se rendre malgré eux, en les faisant donner dans des absurdités dont ils ne pouvaient se tirer sans revenir à son sentiment.

SOCRATE, parlant de Phidippide.

C'est apparemment un innocent qui n'est pas encore fait à se tenir suspendu en l'air comme

nous I.

différentes monnaies depuis la drachme attique, jusqu'à la demiobole inclusivement. Toute cette monnaie est d'argent. Il y en a eu d'airain; et Aristophane nous l'apprend, quand on ne le saurait pas d'ailleurs. Ces sept pièces ont toutes d'un côté la tête de Pallas et de l'autre le hibou, son oiseau, avec les deux ou trois premières lettres du nom de la déesse, comme toutes les autres monnaies d'Athènes. La cinquième est singulière, en ce qu'elle porte d'un côté une double tête d'homme et de femme à visages adossés en forme de Janus avec la couronne. C'est la figure de Cécrops, ancien roi d'Athènes. La tête de femme montre qu'il procura et facilita les mariages pour peupler l'Attique. Cette monnaie, battue en son honneur plusieurs siècles après lui, marque la vénération des Athéniens pour sa mémoire.

A méditer.

PHIDIPPIDE, entre ses dents.

Puisses-tu l'être tout de bon !

STREPSIADE.

Ah! coquin, tu dis des injures à ton maître.

SOCRATE.

Voyez avec quelle grimace il a dit cette sottise. Eh! comment pourrait-il apprendre à éluder un procès, à chicaner sa partie adverse, et à jeter de la poussière aux yeux des juges? Hyperbolus 1 donnerait pourtant un talent, pour en savoir autant.

STREPSIADE.

I

Oubliez ses impertinences, et daignez lui donner vos soins. Il a naturellement du génie : car, n'étant encore qu'enfant, il faisait de petits châteaux, des vaisseaux, des chariots, des grenouilles, des grenades; il fallait voir! qu'en pensez-vous ?? Ne croyez-vous pas qu'il puisse apprendre les deux moyens 3 favoris qui sont les pivots de votre doctrine, le Juste et l'Injuste? S'il ne les apprend tous deux, il aura du moins l'esprit d'apprendre l'Injuste.

C'est le faiseur de lampes dont nous avons déjà parlé. Il y mettait, dit-on, de mauvais alliage, et il s'enrichissait par ses friponneries, à en croire Aristophane.

2 Voilà Thomas Diafoirus.

3 Toute la philosophie morale de Socrate roulait sur ces deux idées.

SOCRATE.

Je vais le donner à instruire à tous les deux.

STREPSIADE, prenant congé.

Je suis votre valet : n'oubliez pas au moins de l'armer de pied en cap contre le Juste.

A peine le bourgeois s'est-il retiré, que le Juste et l'Injuste paraissent en personne. L'allégorie est hardie, et les personnages sont bizarres, mais dignes d'Aristophane, et plaisans pour qui connaissait ou connaît Socrate et ses discours éternels sur le Juste et l'Injuste. Il faut donc imaginer ces deux choses comme des acteurs que le poëte avait apparemment ornés d'un air aussi grotesque que ses autres mascarades.

Le Juste défie son rival de paraître devant les spectateurs; mais l'Injuste qui connaît les juges à qui il a affaire, se montre sur-le-champ, bien assuré, dit-il, de l'emporter sur son concurrent devant de tels arbitres bon commencement de satire qui dure pendant toute la scène ; car le premier prétend être le plus fort, et l'autre allègue qu'il est toujours victorieux, quoique plus faible. L'un veut que ce soit chez les foux, (en montrant les spectateurs ou les philosophes) et l'autre pré

Kitty, le plus fort; c'est le nom du Juste chez les philosophes; τr, le plus faible; c'est le nom de l'Injuste. Il y a ici bien des antithèses qui portent sur ces deux dénominations.

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tend que c'est chez les sages (en montrant les mêmes ). L'un dit qu'il n'a qu'à se montrer pour triompher; l'autre nie qu'il y ait au monde aucune ombre de justice. Quoi! pas même chez les dieux? Non, pas même chez Jupiter. Cela est dit pour rendre les philosophes exécrables par leurs impiétés. Le Juste accable en effet d'injures son rival, comme un impie; l'autre, affectant un air de philosophe, ne répond à chaque outrage que par des applaudissemens, comme Socrate et comme les sergens de comédie, qui disent: bon cela, à chaque insulte qu'ils reçoivent. Aussi l'Injuste ajoute-t-il «Eh! ne vois-tu pas que tu me » prodigues de l'or à pleines mains? » Les vivacités redoublées de l'un et de l'autre font un grand jeu de théâtre; mais tout n'en est pas selon nos manières. Les reproches que le premier fait au second, de corrompre les Athéniens et de perdre la jeunesse, les répliques du second, et la dispute des deux à qui se saisira de Phidippide pour l'instruire, (comme la vertu et le vice par rapport à Hercule 1), ne montrent que trop à quel point les poëtes comiques portaient la liberté de dénigrer Athènes, et jusqu'où les Athéniens entendaient raillerie, sans s'embarrasser de ce que la postérité penserait d'eux, et moins encore de se corriger de leurs défauts.

Hercules in bivio.

Le chœur est contraint de mettre le holà, tant la contestation s'échauffe. Il veut qu'elle devienne une dispute réglée, et que chacun des concurrens expose au long ses raisons, « dont dépend, dit-il, » la destinée de la philosophie et des querelles » de nos amis les philosophes.

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Le Juste fait le premier sa harangue; il décrit la sévère discipline du vieux temps où la justice fleurissait; la docilité des jeunes gens, leur assiduité, leur attention, leur respect à l'égard de leurs maîtres; leur éducation dure, leur modestie; la beauté de la musique d'alors, bien différente des tons efféminés introduits par Phrynis ; l'importance de cette austérité et ses suites heureuses; la pudeur, la bienséance et la sobriété.

<< Vraiment, dit l'Injuste, cela était bon du >> temps qu'on portait des cigales d'or aux che» veux, etc.» Ces bijoux, dont on a parlé ailleurs, étaient à la mode du temps des guerriers de Marathon. Les braves Athéniens de ce beau siècle

ne laissaient pas d'être magnifiques. Celui qui fait le personnage de la justice répond à son adversaire, que la peinture qu'il a faite est celle des anciens héros, et non des jeunes gens du temps présent, élevés dans la mollesse, sans force, sans vigueur,

Ce Phrynis avait amolli la musique ancienne; et les anciens tiraient de grands préjugés de la qualité de la musique pour ou contre la régularité des mœurs.

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