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l'abbaye de Clairlieu. Il est dit dans cette charte que « pour rendre et restaub[1]er a l'englize de Clairlieu les damaiges que Hanris, cuens de Wademont, i avoit fait », le dit comte donne à ladite abbaye le four banal du village de Chaligny2 « en tel meniere que, de l'entree d'aoust jusques au domel ensuivant, doit on paier de vint pains un, et, dou domel jusques a l'entree d'aoust, de vint et quatre pains un. »

Ce mot domel, qui désigne manifestement une époque de l'année et vraisemblablement un jour de fête, n'a encore été signalé dans aucun texte d'ancien français. Il nous paraît utile de le porter à la connaissance des lecteurs de la Romania; puisse quelqu'un d'entre eux en fixer le sens et en déterminer l'étymologie.

Paul FOURNIER.

FORÉZIEN MADINÁ

M. J. Charles, dans ses Étymologies foréziennes, qui font partie des Mélanges de philologie offerts à Ferdinand Brunot, a étudié, p. 415, le nom collectif mwénă, qui, masc. plur., vient cependant du fém. sing. mansionata 3. Il en rapproche, pour expliquer le changement de genre, le forézien madina, qui désigne le vent de l'est ou du matin, et qui, masc. aujourd'hui, viendrait du fém. matutinata.

Cette étymologie ne peut être acceptée.

D'abord la graphie matinat, avec t final, de Pierre Gras 4 ne peut faire autorité et ne présume rien quant à l'origine de ce terme. P. Gras écrit aussi avec un t des mots qui ne le comportent nullement : bachat, s. m. « auge à pourceaux » <*bacc+ acium, au fém. bachassi « pétrin »; trat, s. m. (au mot travon), « poutre, chevron »> <trabe; viat, s. f., « le vivre, la nourriture » < vita. Enfin il ne distingue pas niat, s. f.,

1. Clairlieu, ancienne abbaye de l'ordre de Cîteaux, comm. de Villers-lez Nancy, cant. de Nancy-Nord.

2. Chaligny, cant. de Nancy-Nord.

3. Cf. Romania, XXXIV, 313 (note de M. A. Thomas).

4. Dict. du pat. foréz., art. Aura. Matinat est le même mot que

madina.

<< nichée »> <*nidata, de niat, s. m., « œuf que l'on laisse dans les nids des poules » <*nidale. Il n'y a donc pas lieu de tenir compte du t final.

D'autre part, madina a un -a, d'après la graphie propre à M. Charles. A Saint-Étienne, il en est de même. Pierre Duplay, dans la Clà do parla gaga, distingue matchiná ou madjiná1, s. m., «<levant, vent de l'est », de matchinà ou madjinà, s. f., << matinée ». Dans l'Armagnà de Sant Tsiéve.... par lou bel an 1906, p. 2, fin, on lit:

Quand, la véprà, sofle lou madziná

O dzit à la manoura de tornâ.

« Quand, la soirée, souffle le vent d'est, il dit au travailleur de revenir le lendemain au travail, parce qu'il fera beau. »>

Enfin dans la prononciation, on entend peut-être moins madiná que madiná; mais en tout cas, c'est un á fermé, plus ou moins long, qui termine ce mot.

Or à Saint-Étienne, et dans le Forez en général 2, les dérivés de a to, ata sont en -å, tandis que á correspond ordinairement à des formes romanes en -al ou en -ar. Comme -ar est impossible ici, il reste que madina représente un plus ancien *madinal matutinale, adj. substantivé au masc. sing., en sous-entendant l'idée de « vent ».

D'autre part cependant, N. du Puitspelu qui, dans son Dict. étym. du patois Lyonnais, donne à la fois et la forme patoise madinau (prononcé madino) et la forme française matinal, usitée à Lyon, voit dans la finale -au le suffixe-ellum. Je crois qu'ici encore nous avons affaire à -ale. En effet, ellum, d'après N. du Puitspelu 3, donne -ian, et ne peut expliquer -au. Il aurait fallu renvoyer au no 121, 2°, de la phonétique : sal> sau; mal(um) > mau. N. du Puitspelu explique ces

1. Graphie de Pierre Duplay pour matsinȧ ou madzinå, qui dérivent de * matyinå ou * madyină, et qui sont les formes actuelles de Saint-Étienne. 2. Cf. dans l'Atlas linguistique de MM. Gilliéron et Edmont les cartes nos 456, 467 et 379. Au participe passé « emporté », no 456, correspondent des formes terminées par å (808, 816, 819); à l'infinitif « enterrer », -å (808), mais - (816) et -û (819); au subst. « dé » <*ditale, -á (808 et 819).

3. Op. cit., p. XXXVI, no 32.

formes par une vocalisation de l'l. A vrai dire, je doute qu'il ait raison la vocalisation de finale n'est pas un fait de la phonétique des dialectes franco-provençaux; finale tombe. Puitspelu semble établir la série: sal> sau (avec diphtongaison, je suppose; sinon, le mot vocalisation ne se comprend pas) > só. Je proposerais plutôt sal så (c'est la forme forézienne actuelle) > số, avec le changement lyonnais caractéristique de a tonique en o. Ainsi s'expliquent notre madinô, puis un grand nombre de mots comme chanô, diau, élindau, turau, qui ont tous leurs correspondants foréziens terminés en å1.

:

Le domaine de matutinale n'est pas restreint au Forez, ni au Lyonnais, où nous venons de voir les deux formes madinau et matinal 2.

Dans le Dauphiné, M. Vignon me l'a signalé dans la région de Voiron, d'après le Dictionnaire de Blanchet et Gariel. En Bourgogne, il est employé dans la « montagne » de Chalonsur-Saône, et à Allerey (canton de Verdun-sur-le-Doubs). Le Glossaire du centre de la France de Jaubert (1864), à l'article MATINAU, mentionne et définit le « vent matinau », qui est notre vent d'est.

Par contre, le Midi n'a pas de représentant de matutinale en ce sens ; du moins Mistral ne cite que notre forézien matinat, qu'il emprunte, à P. Gras. Le Dict. savoyard de Constantin et Désormaux ne le donne pas dans la longue liste des vents qui figure à l'article VÊN. La Lorraine, le Nord, l'Ouest ne semblent pas le connaître.

D'après ces points de repère, le vent d'est aurait été appelé matinal dans quelques régions françaises et franco-provençales voisines du massif central de la France, et c'est bien matutinale qui subsiste en Forez sous la forme madina.

Eugène VEY.

1. Déjà même dans son Supplément, Puitspelu avait substitué *nidale à *nidellum pour expliquer gniau.

2. C'est ainsi qu'un habitant du Bessat, près de Saint-Étienne, me disait, en français, le matinal et en patois, lou von de madze.

DEUX RECETTES EN CATALAN

Le manuscrit 1095 de la bibliothèque de la ville de Marseille, décrit par l'abbé Albanès dans le t. XV, p. 309, du Catalogue général des mss. des bibliothèques de France, est un assemblage de divers morceaux en catalan sans aucune liaison et de diverses écritures des xive et xve s. Il contient à la page 184 une recette contre l'épidémie, très probablement la peste, et à la page 185 une autre recette de pilules purgatives.

I

Recepta contra la pedemia, cosa molt provada per experiencia, que si, ab discrecio e bon arbitre, es donada de spront 1, non morra lo hon.

2

POLVORES

4

3

Prenets coral blanch tres o quatre onces, e fes ne polvora per si. Item diptamon dos o tres onces, e fes ne polvora per si. Item gençana 3 dos o tres onces, e fes ne polvora per si. Item terra sagellada + quatre onces, e fes ne polvora per si. Item bol erminis quatre o sis onces, e fes ne polvora per si. E aquestes polvores stiguen cascuna per si.

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2. C'est le dictame (díxtavov) plante aromatique, célèbre dans l'antiquité et au moyen âge, considérée comme puissant vulnéraire et dont le nom est resté comme un remède souverain pour les maux physiques et moraux.

3. Gentiane jaune, grande gentiane, amer, apéritif et tonique.

4. Terre sigillée, terre de Lemnos, ainsi appelée parce qu'elle venait de Lemnos et portait le sceau du Grand Seigneur.

5. Bol d'Arménie, similaire à la terre sigillée.

6. Oseille.

7. Eau d'arbouse.

2

Com la persona es ferida de la pidemia, tantost tota nua meta s' al lit, e dats li una presa de les polvores ab les aygues, e stiga ben abrigada', que sue fort per tres ores. E alli tantost veurets com stara. E après altres tres ores dats l'om altra presa; e axi de sis en sis ores, arbitrant qual sobrepuia o lo mal o la medicina, e a cascuna presa fets lo suar fort, axi com en la prima. E axi serva l'orde tresque la medicina sobre lo mal, tro la persona sia delivra. E si lo mal sobrepuiava, cuytau li les preses pus sovent.

Quant es una presa, ici 3 com se fa:

Prenets un cornés per fer la mesura, e prenets primo de les polvores tan com s'en pot pendre ab lo cornés o dpus (?) de la polvora

del coral .j. mesura,
de gençana .j. mesura,
del diptamon .ij. mesures,
bol ermini .ij. mesures,

terra sageulada .j. mesura.

De les aygues e del vinagre ab una cullereta d'argent de cascuna dues culleretes & en una trita e get ben mesclat les polvores ab les aygues, e aço es una presa 5.

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Primo pren giripigra 7 Galien .x. dragmes. Item pulpe coloquintide 3, .iij. dragmes e .j. terç. Item escamonea 9, .j. dragme e miza. Item turbit 1, .V. dragme[s]. Item stucados", que es flor de la erba cabeluda", .v. dragme[s]. E cascun sia en pots.

1. Couverte.

2. L'emporte.

3. Voici.

4. Il manque probablement un mot signifiant plat, assiette, récipient. 5. Toutes ces drogues, qui faisaient merveille au moyen âge, ne sont plus employées maintenant. On ne s'en porte pas plus mal.

6. Cette R est l'abréviation de Recepta, recette, ou le signe R, recipe, qui se met en tête des ordonnances médicales encore aujourd'hui.

7. C'est le yera pigra de Galien dont l'Antidotaire Nicolas p. p. le Dr Dorveaux (p. 36) donne la composition très complexe.

8. C'est la coloquinte, violent purgatif, toujours écrit coloquintide au moyen âge.

9. Scamonée, autre purgatif drastique.

10. Turbith, autre purgatif non moins violent.

11. Cf. Cotgrave, Stechados, qui désigne une variété de lavande, lavandula Stoechas.

12. Il est difficile de spécifier cette herbe chevelue ou à grosse tête qui

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