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DES SAVANS.

MAI 1825.

A PARIS,

DE L'IMPRIMERIE ROYALE.

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Le prix de l'abonnement au Journal des Savans est de 36 francs par an, et de 40 fr. par la poste, hors de Paris. On s'abonne chez MM. Treuttel et Würtz, à Paris, rue de Bourbon, n.o 17; à Strasbourg, rue des Serruriers, et à Londres, n.o 30 Soho-Square. Il faut affranchir les lettres et l'argent.

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JOURNAL

DES SAVANS.

MAI 1825.

NOUVEL EXAMEN critique et historique de l'Inscription grecque du roi nubien Silco; considérée dans ses rapports avec la propagation de la langue grecque et l'introduction du christianisme parmi les nations de la Nubie et de l'Abyssinie.

TROISIÈME ARTICLE. -- PARTIE HISTORIQUE,

SECTION II. De la propagation de la Langue grecque en Abyssinie et en Nubie.

La seconde des deux inscriptions d'Adulis, et celle d'Axum, découverte par M. Salt, prouvent que, vers les 111. et V. siècles de notre

ère (1), les rois d'Abyssinie employoient la langue grecque dans certains monumens publics. L'inscription de Silco établit clairement qu'il en étoit de même chez les Nubiens. Comme on avoit éru jusqu'à présent que celle-ci appartenoit, ainsi que les deux autres, à l'époque du paganisme, on avoit rapporté à la même cause l'emploi de l'idiome qui a été choisi pour toutes les trois. Mais, d'après les nouvelles. observations dont cette dernière avoit été l'objet dans les deux précédens articles, on doit déjà présumer qu'il y a encore ici plus d'une distinction à faire. Pour moi, je pense que la propagation de la langue grecque n'a pas eu, en Nubie, les mêmes causes qu'en Abyssinie, et que cet idiome s'est introduit beaucoup plus tard dans la première que dans la seconde de ces deux contrées. Je vais indiquer les faits et les raisonnemens sur lesquels je fonde mon opinion. Totodat

S. I. De l'introduction de la Langue grecque en Abyssinie: Du moment où les Grecs furent les maîtres de l'Égypte, et particulièrement dès le règne de Ptolémée Philadelphe, le commerce de la mer Rouge prit un développement extraordinaire, Les Grecs se répandirent sur toutes les côtes du golfe, et formèrent des établissemens dans toute l'étendue de la Troglodytique jusqu'au détroit de Bab-el-Mandeb, et même au-delà (2). La fondation de Philotéras, de Ptolemais, des trois Bérénices, d'Arsinoé du détroit, et d'un grand nombre d'établissemens, destinés, soit à la chasse des éléphans, soit à servir de comptoirs, amena sur ces côtes une multitude de familles grecques qui, bien avant l'époque de la domination romaine, y portèrent, non-seulement la langue, mais encore les usages religieux de la Grèce, Des autels, dédiés aux divinités grecques, furent élevés dans les lieux dont les navigateurs avoient pris possession, et où ils s'étoient établis; de là les noms d'autels de Pytholaüs, de Lichas, de Pythangélus, de Chariotrus (3), de Conon. (4), qui furent donnés à plusieurs de ces comptoirs. Des statues, portant des inscriptions dédicatoires, furent érigées en l'honneur des princes sous le règne desquels ces divers établissemens avoient été formés.

(1) L'inscription d'Axura est un peu antérieure à l'an 356 de notre ère, date de la lettre de Constance aux princes d'Abyssinie. Celle d'Adulis pent être de vingt ou trente ans plus ancienne; elle est vraisemblablement du père d'Aeizana. M. Niebuhr en a publié le texte de nouveau dans le tome Il du Muséum de Wolf; je regrette de n'avoir pu me procurer cet ouvrage. (2) Gossellin, Recherches sur la géographie systématique, 11, 173, suiv. -(3) Ar temidor. ap. Strabon. xy11, p. 774.- (4) Id. p. 771.

A

Tel fut, je pense, Punique objet de l'une des deux fameuses ins criptions trouvées à Adulis par Cosmas; je veux parler de celle de Ptolémée Évergète, que ce moine égyptien avoit vue gravée sur une table de basalte, et qui étoit en rapport avec une statue de ce prince(1). On sait maintenant qu'elle est tout-à-fait distincte d'une autre inscription gravée sur un siége de marbre, et que Cosmas a cru être la suite de la première, quoiqu'elle ait été écrite près de cinq cents ans plus tard, ainsi que l'a complétement démontré M. Salt. Depuis qu'on a fait cette distinction importante, l'authenticité de Fune et de l'autre, prises séparément, n'est plus la matière du plus léger doute. Mais comme, dans l'hypothèse de leur réunion en une seule, elles présentoient des difficultés inexplicables, il faut avouer que ceux qui en attaquèrent alors l'authenticité, montrèrent, quoiqu'ils fussent dans Ferreur, beaucoup plus de critique que ceux qui la défendirent (2). L'inscription de Ptolémée Evergète n'est pas entièrement complète; il manque quelque chose à la fin, parce que, dès le temps de Cosmas, la partie inférieure de la pierre avoit été fracturée (3). Mais cet auteur observe lui-même que ce qui manque doit avoir été peu considérable, la cassure n'ayant enlevé qu'une très-petite partie de la pierre (4); on ne peut donc supposer qu'il manquât plus d'une ligne ou deux. Or, cette inscription ne contient qu'une énumération pompeuse des conquêtes de Ptolémée Evergête; elle ne se rapporte en rien au lieu où Cosmas l'a découverte, ni à aucun autre lieu en particulier. Je présume que la fin portoit seulement, et il a ordonné de s'établir en ce lieu, ou toute autre phrase analogue exprimée en peu de mots; et l'inscription entière n'a pu être qu'une espèce de protocole contenant une formule générale de prise de possession. On conçoit que des inscriptions de ce genre pouvant convenir à tous les lieux, les commandans de navires, chargés de faire des établissemens, en emportoient d'Héroopolis, de Myos Hormos ou de Bérénice, un ou plusieurs exemplaires gravés sur une dalle de basalte ou de granit, d'une grandeur médiocre (5), avec autant de statues du roi, afin de les déposer dans les lieux où ils jugeoient à propos de fonder des établissemens nouveaux. Cette hypothèse

(1) Cosmas Indicopl. in Bibl. Parr. 1, p. 141.- (2) Le nom d'Adulis ne se trouve que dans la seconde inscription. Ainsi les argumens de M. Gossellin, contre l'existence d'une ville d'Adulis au temps des Ptolémées, subsistent dans toute leur force. - (3) Τὸ κατω πάνυ μέρος αυτῆς κλαπέν και απολεσθέν. Cosmas, γ. 140, Ε. — (4) Ὀλίγα δὲ ἦν τὰ ἀπολόμενα· δὲ γὲ πολὺ ἦν τὸ κεκλασμένον μέρος αὐτῆς. kt. p. 142, A. (5) Celle d'Adulis n'avoit que trois coudées de haut (Cosmas p. 140, D), c'est-à-dire, 138:

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