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nous n'avons qu'à prendre dans notre esprit les idées qui l'ont fécondé, dans notre cœur les sentiments qui l'ont ému. Notre croyance est formée de tout ce qu'il y a de bon en nous; elle est notre conscience, notre espoir, notre poésie; c'est par elle que nous valons quelque chose, si nous valons quelque chose. Telle est la sainteté des idées religieuses, que le jour où nous avons fait une bonne action est aussi celui où nous les comprenons le mieux.

Nous n'avons pas besoin, pour adorer Dieu, pour l'aimer, de le rabaisser jusqu'à nous. Au contraire, c'est parce que nous le savons incompréhensible que nous comprenons qu'il est le Créateur et le père du monde. Plus notre foi est humble, plus nous la croyons divine. Elle est vraiment l'espérance du genre humain, car elle est accessible, facile, évidente. Il suffit pour la comprendre, d'avoir le cœur bien placé et quelque droiture d'esprit. Elle ne serait pas une religion, si elle ne se dévoilait qu'au petit nombre. Dieu est le vrai père de famille, qui éclaire tous ses enfants et se proportionne à la faiblesse des intelligences.

Rien ne prouve mieux la grandeur et la vérité de la religion naturelle que l'efficacité de ses préceptes. Il faut bien qu'elle soit divine, puisqu'elle est fondée sur la charité et sur la justice. Sa première loi est d'accomplir le devoir; elle met tout le culte dans ce mot sacré. La prière, pour elle, c'est le travail et la bienfaisance. Une âme pieuse est celle qui honore Dieu en respectant sa liberté et celle de ses frères, en les aimant, en les secourant, en les éclairant. La science, le travail, la liberté, l'amour, voilà tous les préceptes de la religion naturelle, et voilà sa consécration.

Les progrès de la vertu sont les progrès de la religion naturelle. Dans des temps heureusement éloignés de

nous, les sages ont cru qu'il suffisait de ne pas nuire. Ils ont mis la grandeur de la vertu dans l'orgueilleuse satisfaction de se préserver de toute souillure. Ils ont fondé une école dont l'abstention était le premier précepte. C'est le stoïcisme, aussi éloigné du bien que du mal, à la fois courageux, austère et inutile. C'est la liberté sans la fraternité, la raison sans le cœur. Dieu ne nous a pas faits pour cette innocence stérile. Il nous prête ce qu'il nous donne. Richesse, intelligence, sensibilité, force, trésors de l'humanité dont un homme est dépositaire, c'est en vous répandant qu'on vous sanctifie. Le temps de l'aumône est venu après l'orgueilleuse et stérile sagesse de l'antiquité. Le cœur des hommes s'est ouvert à la pitié sous la douce et puissante influence du christianisme. Ils ont été chercher le pauvre et le malade au nom de Dieu; ils ont donné du pain, des remèdes et des larmes. Enfin a lui le jour où la religion s'est complétée par l'intelligence plus complète de la grandeur et de la destinée humaine. Ce jour-là, l'heureux, le maître, le savant, le riche s'est senti le frère de celui qui ignore et qui souffre. Il a compris que le premier acte de la piété envers le ciel était d'éclairer et de féconder les intelligences et de venir en aide à la liberté, en facilitant le travail. Déjà les haines nationales ne sont plus qu'un préjugé vieilli; il n'y a plus de castes, l'intolérance ressemble désormais à de la folie; l'esprit de paix remplace partout les héroïques fureurs de la guerre; l'oisiveté n'est plus qu'une faute et un malheur; et tous ceux qui savent aimer et penser, se liguent dans une sainte croisade contre l'ignorance. Votre religion, ô mon Dieu, est amour, espérance, raison, paix, liberté !

FIN.

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