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» La fable de Renart, telle que nous la montrent les poëmes qui sont venus jusqu'à nous, a été créée spontanément dans le Nord de la France et dans la Flandre; ce n'est qu'à l'horizon lointain qu'apparaissent quelques points qui semblent indiquer son immigration du fond de l'Allemagne”1).

Il y a loin de là à ce que dit M. Paris, qu' » on n'a pas craint de soutenir, avec un grand air d'autorité, que tous ces récits de Renart avoient une première origine germanique").

Tout ce que M. Grimm a soutenu, c'est que les Francs connaissaient et ont importé en France les traditions populaires de Renart. Comme il est de l'essence même de toute tradition de se transformer, de s'assimiler de nouveaux éléments, de s'adapter au génie des peuples et des temps qui se succèdent, la tradition de Renart a subi toutes ces influences; elle est devenue française, et les poëmes français qui constituent ce qu'on appelle le Roman de Renart sont des créations de poëtes français, qui, sans imiter des modèles étrangers, ont exploité la tradition nationale.

Si M. Paris a méconnu tout cela, c'est qu'en lisant et relisant » les différens textes de Renart, et les dissertations dont ces textes ont été l'occassion 9

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hervor, dass die reichste, lebendigste entfaltung der thiersage im 12en jahrhundert auf nordfranzösisch-niederländischem boden erfolgte die nordfranzösischen gedichte sind ihre ergiebigste ader und lauterste quelle." Voyez aussi p. CCXXVII—VIII.

:

1) Reinhart Fuchs, p. CCXCII-III: „Wie sich die thierfabel in den auf uns gekommnen gedichten gestaltet, ist sie unmittelbar in Nordfrankreich und Flandern erzeugt worden; erst im fernen hintergrund treten einzelne spitzen hervor, die auf ihre einwanderung aus dem inneren Deutschland selbst weisen."

2) Nouvelle étude sur le Roman de Renart, p. 353.

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1) Si l'on me faisait l'objection, qu' ailleurs, à la pag. 343, 345, M. Paris avoue que M. Grimm reconnaît que les textes flamands et allemands supposent un original français, je répondrais que c'est là une de ces contradictions auxquelles M. Paris s'est trop souvent laissé entraîner dans cette étude. Et là encore il y a de l'inexactitude. M. Grimm n'a jamais dit que les trois textes conservés, donc aussi les poëmes latins, étaient des imitations d'un texte français plus ancien. Au contraire, il dit expressément :,,nicht die lateinischen." L. c. p. CCXXVIII.

IV.

>> Dans le second tiers du douzième siècle un trouvère. . . . . traita pour la première fois le sujet de la grande guerre soulevée entre Renart et Ysengrin. On peut hésiter à penser que celui qui introduisit dans la poésie françoise ce nouvel élément ait continué l'œuvre qu'il avoit commencée: mais dans ce cas-là même, on peut assurer que le sujet fut immédiatement repris par un autre trouvère anonyme, auquel nous devrions la meilleure partie de ce qui plus tard forma le cycle de Renart." Ce travail nous le possédons encore: c'est l'œuvre de >> Pierre de Saint-Cloud et des anonymes auxquels on doit les différentes parties du Renart, bien réellement conservées", et qui sont contenues dans l'édition du Roman de Renart de Méon.

Voilà le système de M. Paulin Paris 1).

Ce système sera complétement réfuté du moment qu'on pourra prouver que les branches que nous connaissons sont des remaniements de pièces plus anciennes.

Jusqu'ici tous les philologues qui se sont occupés

1) Nouvelle étude sur le Roman de Renart, p. 346, 331-338,

343,

345.

du Roman de Renart ont pensé que les textes que nous possédons sont remaniés.

>> Les plus anciennes branches, dit M. Grimm 1), ont été probablement composées depuis la seconde moitié du douzième jusque vers le milieu du treizième siècle; mais dans leur forme actuelle les plus anciennes paraissent avoir subi des remaniements et des rajeunissements réitérés; presque toutes semblent appartenir au xme, quelques-unes même au Xive siècle."

M. Rothe s'est exprimé à peu près de la même manière.

>> Bien qu'il soit impossible, dit-il 2), d'indiquer nettement l'origine des divers récits, et que, dans la forme où nous les connaissons aujourd'hui, une grande partie ne soient que des versions postérieures de compositions plus anciennes, selon toute apparence la plupart des morceaux qui composent pour nous aujourd'hui le Roman de Renart datent du treizième siècle. Quelques-uns pourraient bien être du douzième, d'autres semblent ne dater que du quator

zième."

Et ailleurs 3): » Il n'est guère douteux que plusieurs des branches ou des parties de quelques-unes des branches du Roman de Renart ne soient que des reproductions, des réminiscenses de compositions analogues antérieures, négligées et perdues dès qu'elles ont été remplacées par des versions plus récentes."

C'était encore l'opinion de Fauriel, qu'il a énon

1) Reinhart Fuchs, p. CXXI.

2) Les Romans du Renard examinés, analysés et comparés, p. 109. 3) Ibidem, p. 268.

cée de cette manière 1): >> Nul doute que parmi les sujets de poésie qui avaient la vogue entre le milieu du XIIe siècle et les commencements du XIIIe, il ne faille compter les fables du Renart. Si la vieille popularité de ces contes s'était maintenue jusque-là tout entière, ou si elle était déjà déchue, c'est ce que l'on ne peut dire ; mais il est certain que, vers ce temps, les poëtes décorés du nom de trouvères se passionnèrent plus que jamais pour cette fiction, la reprirent pour ainsi dire en sous-œuvre, la remanièrent, la refirent, l'ornèrent, l'altérèrent dans tous les sens, suivant en cela leurs nouvelles idées et leurs nouvelles fantaisies. Ce travail, qui dura plus d'un siècle, eut pour fruit le Renart, dans l'état où il nous reste en français. Avant d'apprécier ce travail sous ses divers rapports, nous en distinguerons dès ce moment les deux résultats principaux. L'un fut le remaniement, la production sous une forme nouvelle, des fables dont se composait le Renart primitif; l'autre fut l'invention de beaucoup de nouvelles fables.... Telle est, résumée dans ses termes les plus sommaires, l'histoire du roman français du Renart.”

Sans nous arrêter pour le moment à la date que ces trois savants investigateurs attribuent aux branches que nous possédons aujourd'hui, signalons ce fait, que tous ils s'accordent à en supposer une rédaction plus ancienne, plus primitive.

Non-seulement l'ensemble des textes conservés mène à cette conclusion, mais ils renferment des expressions qui ne permettent pas d'en douter. Ainsi plusieurs branches se recommandent d'un livre, d'une

1) Histoire littéraire de la France, tom. XXII, p. 906.

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