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Je livre avec confiance mes recherches à men des lettrés, parce que j'ai la conscience pas avoir couru après les paradoxes: le seul de rechercher la vérité m'a dirigé, et les rés obtenus sont ceux d'une méthode sévère.

Le plan de l'ouvrage est bien simple.

La première partie s'occupe des points géné J'y ai traité la question d'origine : 1o en discutant nion défendue par M. Paulin Paris, que les fables nes sont la source du Renart; 2o en étudiant de nou cette question: les branches que nous possédons elles, oui ou non, des remaniements de pièces anciennes. Une traduction du poëme allemand i hart Fuchs sert de pièce à l'appui de cette pa La seconde moitié de l'ouvrage, la plus éten la plus neuve, et j'espère la plus intéressante, des œuvres et de la vie de Pierre de Saint-Cl poëte jusqu'ici à peu près inconnu, et qui cepen a eu une si grande influence sur la légende de Re

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Enfin en dernier lieu, j'ai été amené à parler poëme flamand de Renart, le Reinaert, pour en cuter la date, et pour répondre à certains repro que M. Paulin Paris a cru devoir adresser aux po étrangers à la France qui, au moyen âge, se occupés du Renart.

II.

Quoique l'objet de cette étude se borne aux poëmes français que le moyen âge nous a légués, et qu'on comprend sous le titre général de Roman de Renart, il nous semble nécessaire de remonter à l'origine de de ce qu'on pourrait à bon droit nommer, dans sa généralité, l'épopée, ou la légende de Renart.

Il ne s'agit pas d'un poëme unique, composé par un seul écrivain, mais d'une multitude d'ouvrages différents, appartenant à divers temps comme à divers auteurs, et écrits dans plusieurs langues différentes. Car il ne faut pas seulement tenir compte des productions des trouvères français, mais aussi des poëmes latins, allemands et flamands.

Voilà pourquoi la question sur l'origine commune de l'œuvre complexe est difficile à résoudre; à tel point, que Fauriel, en ne posant la question d'origine et de développement que pour les branches françaises, se vit forcé d'avouer: » De telles questions, prises à la rigueur et dans leur intégrité, seraient impossibles à résoudre aujourd'hui; peut-être même est-ce trop présumer de croire que l'on puisse encore en étudier avec fruit, et avec un certain intérêt, quelques points détachés" 1).

1) Histoire Littéraire de la France, tom. XXII, p. 903.

>> Mais la chose mérite au moins d'être tentée," ajoute-t-il, et je suis parfaitement de son avis.

Les travaux de nos prédécesseurs nous dispensent d'entrependre ici une longue dissertation: nous pouvons nous borner à reproduire les résultats de leurs savantes recherches.

Deux opinions contradictoires ont été émises sur l'origine des >> fables épiques", comme les appelle judicieusement Fauriel 1), où les animaux, et en premier lieu le renard et le loup, figurent comme héros.

L'une, que je nommerais volontiers l'opinion allemande, qui pour la première fois a été émise par l'éminent savant Jacob Grimm, dans une admirable publication qui parut en 1834 à Berlin, sous le titre de: Reinhart Fuchs, suppose que tous les récits qui s'occupent de Renart découlent d'une tradition populaire née parmi les Germains, apportée par les Francs en deçà du Rhin et popularisée par eux surtout en France, où elle se développa et se modifia sous de nouvelles influences.

Le système de M. Grimm fit école en Allemagne, et tous les savants investigateurs de la littérature du moyen âge s'y rallièrent: je ne citerai que M. Gervinus, le profond auteur de l'Histoire de la poésie nationale de l'Allemagne 2).

Le savant Danois, M. Rothe, qui en 1845 publia son livre remarquable, intitulé des Romans du Renard examinés, analysés et comparés, y embrassa l'opinion de M. Grimm.

Il est vrai qu'il ne dit pas explicitement qu'il faut

1) Histoire Littéraire de la France, tom. XX, p. 890. 2) G. G. Gervinus, Geschichte der poetischen National-Literatur der Deutschen, tom. I, p. 123 suiv., de la 2e édition.

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remonter aux Germains, mais il le fait entrevoir quand il appelle le cycle poétique de Renart, le >> produit des traditions et des poésies populaires.” Du reste il s'exprime ainsi un peu plus loin (pag. 6): >> Les fictions sur le renard ont toujours été la propriété de tout le monde, et partout elles ont passé à l'état de traditions nationales et populaires. Mais ces traditions se sont formées et développées différemment selon le goût, le caractère, le sens poétique, l'état civil et moral des nations."

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Et enfin pag. 32: >> Sans doute les longs poë(comme) celui de Renart, sont nés à peu près comme les longs romans de chevalerie, les grandes épopées nationales; ils ont été le produit, non pas d'une création spontanée, mais d'un travail lent et successif. D'abord il y a eu des anecdotes, des fictions ou bien des actions et des événements véritables, qui ont passé traditionnellement d'homme à homme, de génération à génération; puis ces traditions brodées, enrichies ou défigurées par l'imagination des poètes, ou par la sottise de conteurs ignorants, ont été couchées par écrit, versifiées ou non, en latin ou en langue vulgaire, et enfin des poètes instruits et laborieux en ont réuni plusieurs pour former un tout, en ont composé de longs récits en vers ou en prose, en un mot, des romans."

En France M. Chabaille disait déjà que M. Grimm » a émis des opinions qui trouveront plus d'un contradicteur" 1); et effectivement, ces opinions ont été discutées, et n'ont été acceptées qu'avec une certaine réserve. Fauriel p. e. embrasse pleinement l'origine germanique. »Il n'y a qu'un mot à dire de cette

1) Le Roman du Renart, Supplément, p. XXV.

hypothèse, dit-il, c'est qu'elle exclut d'emblée toutes les autres"). Mais quant à l'époque à laquelle on peut estimer que cette origine remonte, il n'est pas convaincu par les arguments de M. Grimm.

Celui-ci a démontré que parmi les Germains des traditions nationales appartenant au cycle poétique de Renart avaient cours pendant les siècles les plus reculés du moyen âge. Il rapporte 2) un passage de la chronique de Frédégaire (3, 8), qui contient une fable dans laquelle le lion tient une cour où Renart figure dans un grade éminent, et d'une manière trèsconforme à son naturel fourbe et pervers. Cette fable avait donc cours parmi les Francs vers le milieu du VIIe siècle. Elle est reproduite par Aimoin vers l'an 1000.

Fromond, moine de l'abbaye de Tegernsee en Bavière, qui vivait au xe siècle, fait mention de la même fable, quoiqu'avec d'autres détails, qui paraissent plus anciens; et il raconte lui-même que dans la rédaction de son histoire il s'est servi de ce qu'il trouvait » in cantilenis priscis."

Il est vrai que ces narrations ne remontent pas si haut qu'on pourrait le désirer, et que le témoignage qu'ils doivent porter en faveur de l'opinion de M. Grimm sur l'origine de l'épopée de Renart n'est pas assez positif, parce qu'elles ne sont pas identiques avec les récits du XIIe et du XIIe siècle, surtout parce que les animaux n'y sont désignés que par leurs noms génériques et ne portent pas les noms propres qui les individualisent dans les poëmes postérieurs; toutefois un éminent critique français, Fauriel, ne niait pas

1) Histoire Littéraire de la France, tom. XXII, p. 891. 2) Reinhart Fuchs, p. XLVIII suiv.

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