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Je -Bure, Jean Jagnes

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LA Bibliothèque de feu M. le Comte de MacCARTHY jouit depuis long-temps d'une si juste célébrité, que la publication d'un aussi beau Catalogue que le sien, ne peut manquer d'exciter la plus grande curiosité.

M. de Mac-Carthy, établi à Toulouse depuis près de quarante ans, avoit, dès sa jeunesse, le goût le plus décidé pour les Livres. Il commença de bonne heure à rassembler la Bibliothèque extraordinaire qu'il laisse après lui. Ce fut dans les plus célèbres Ventes, et en achetant des Cabinets entiers, qu'il parvint à faire cette belle Collection. Difficile sur le choix des exemplaires, comme doivent l'être des Amateurs riches et distingués, il ne parvint à en avoir d'aussi parfaits que le sont la plupart des siens, qu'en les changeant plusieurs fois, ou bien en choisissant les feuilles de deux exemplaires, pour s'en former un.

Après la Vente de M. Gaignat, en 1769, il fit l'acquisition en totalité du beau Cabinet que M. Girardot de Préfond, (l'un des Amateurs les plus célèbres qu'il y ait eu), avoit reformé, depuis la Vente de sa Bibliothèque, en 1757. M. de Préfond avoit acheté chez M. Gaignat des articles de la plus grande rareté, entre autres les deux Psautiers de Mayence, imprimés sur Vélin, en 1457 et en 1459, qui sont

Tome I.

a

les deux premiers Livres avec date, et dont il n'existe en France que ce seul exemplaire de 1457, avec le feuillet de la souscription.

Réunissant cette précieuse Collection à celle qu'il avoit déjà rassemblée, M. de Mac-Carthy se trouva une si grande quantité de Livres doubles, qu'il chargea M. Guill. De Bure, notre père, d'en faire une Vente, dont le Catalogue parut en 1779. Il renferme tant d'articles précieux, qu'on l'eût pris plutôt pour la Vente d'un Cabinet entier, que pour celle des doubles d'une Bibliothèque de particulier. Depuis ce temps, nous avons encore été chargés de plusieurs petites Ventes de doubles que M. de Mac-Carthy n'avoit point employés à des échanges, comme il le faisoit ordinairement.

De tout temps, les Amateurs qui ont formé les plus belles Bibliothèques, y ont placé des Livres imprimés sur Vélin, mais personne jusqu'ici n'a poussé ce goût aussi loin que M. de Mac-Carthy. Il avoit une véritable passion pour ce genre de Livres ; aussi ne négligea-t-il ni peines ni dépenses pour s'en procurer. La réunion que l'on en verra dans ce Catalogue, est sans contredit la plus belle et la plus nombreuse qu'aucun Amateur ait jamais formée; il est même étonnant qu'un particulier soit parvenu à en rassembler une aussi grande quantité. Les Bibliothèques les plus précieuses ne renferment ordinairement que quelques-uns de ces articles, la Bibliothèque même de feu M. le Duc de la Vallière, la

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plus riche que l'on ait jamais exposée en Vente, et qui est aussi celle qui renfermoit le plus de Livres imprimés sur Vélin, étoit loin d'en avoir autant que celle de M. de Mac-Carthy, qui a porté le nombre de ces articles à six cent un, (formant 825 volumes), nombre vraiment des plus extraordinaires. Nous savons que dans cette grande quantité, il se trouve des articles moins importans les uns que les autres. Parmi les Heures et les Missels, qui peuvent en former le sixième, tous ne sont pas également remarquables par leur beauté; cependant cette classe en renferme d'excessivement rares et curieux, parmi lesquels nous n'en citerons que deux, qui sont les nos 355 et 356 Breviarium et Missale ad usum Sarum. On doit encore observer qu'aucune Bibliothèque n'a jamais offert une suite aussi complète des premiers Livres imprimés à Mayence dans l'origine de l'Imprimerie, et que, même parmi toutes les grandes Bibliothèques publiques de l'Europe, la Bibliothèque du Roi à Paris, est la seule qui puisse en présenter une aussi grande réunion.

Pour parvenir à compléter cette belle suite, nous avons vu une fois M. de Mac-Carthy se décider à se défaire de quelques premières éditions extrêmement rares, qu'il avoit sur papier, et qui n'étoient point doubles. Il les troqua contre deux éditions du quinzième siècle, de Mayence, sur Vélin, qui lui manquoient, et qu'il ne pouvoit se procurer autrement.

Jamais dans aucun autre cas il ne se seroit défait d'un article rare, qui n'étoit qu'une fois dans sa Bibliothèque.

Outre la difficulté de trouver des Livres aussi précieux en eux-mêmes que les anciens Livres imprimés sur Vélin, tels que les numéros 1er Polyglotte de Ximenès; 1705, Plinius, Jenson; 2144, Tortellius, Venetiis, Jenson; 2263, Quintilianus, Jenson, etc. M. de Mac-Carthy eut encore le bonheur de trouver quelquefois des exemplaires extraordinaires par leur beauté, et la perfection des miniatures: nous ne citerons à ce sujet que le n° 66, Bible de Jenson, de 1476, qui est unique, par la quantité et la richesse de celles dont elle est ornée, et le n° 135, la Bible historiée.

Tous ces articles précieux se trouvant dispersés dans les différentes classes du Catalogue, il étoit impossible d'en saisir l'ensemble; nous avons donc pensé à en donner à la fin une Notice abrégée qui les présentât de suite, et fît voir d'un coup d'oeil la magnificence de cette Bibliothèque.

Quoique cette partie du Catalogue soit sans contredit la plus précieuse, cependant les autres à elles seules formeroient encore une des plus belles Bibliothèques connues. Immédiatement après les Livres imprimés sur Vélin, nous citerons les Manuscrits sur Vélin, qui y sont aussi en très-grand nombre; la plupart sont ornés de superbes miniatures, et quelques-uns sont de la plus grande beauté, comme

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