Immagini della pagina
PDF
ePub

ce, s'ils n'avoient la confolation, qu'Elle les laiffe fous la Protection d'un Prince, qui met toute fon Ambition, à copier le Roi fon Pere, & qui, par fon atachement pour Sa Majesté, auffi bien que par fon Afection pour fon Peuple, eft fi digne d'être le Dépofitaire du Roïaume.

Il ne feroit pas dificile d'augmenter le nombre de ces DISCOURS, pour peu qu'on fût d'humeur à vouloir rebattre les mêmes fujets, & à fatiguer les Lecteurs des mêmes penfées, habillées de phrafes diférentes, ou faire des courfes continuelles dans le vafte champ de la Caufe des Whigs & des Toris, fans aucun deffein particulier, dans chaque DISCOURS. On peut comparer cette métode des Ecrivains, qui s'atachent à des fujets de Politique, à celle de certains Prédica teurs, dont parle le Docteur SOUTH, qui ne fe préparent jamais, que fur denx ou trois Points de Doctrine, qu'ils font circuler avec leur Auditoire, d'un bout à l'autre de l'année, de forte qu'ils font fouvent obligés de dire aux Auditeurs, par maniere de Préface, que ce font des Points d'une fi grande importance, qu'on ne fauroit trop fouvent les leur remettre devant les yeux. Pour éviter ces répititions ennuïeufes, j'ai tâché de faire de chacun de ces DISCOURS an Effai diférent, fur quelque fajet particulier, fans m'écarter du but que je me fuis propofé, dans chacun d'eux. Il eft vrai, que la plupart de ces ESSAIS roulent fur le Gouvernement, mais toujours dans la vue

de.

de la fituation prefente des Afaires de la Grande Bretagne; de forte que, s'ils ont le bonheur de vivre plus long-tems, que ne font ordinairement les Ouvrages de cette nature, ceux qui viendront après nous, pouront, en les lifant, juger de la difpofition du fiècle, où ils ont été compofés. Quoiqu'il en foit, comme il n'y a point d'occupation plus ennuïante, que celle de transcrire fes propres pensées, après celle de transcrire les productions des autres j'abandonne 'Ouvrage, parce qu'il ne fe prefente plus à mon idée aucune chose effentielle à notre fituation prefente, dont je n'aie déja parlé.

Pour ce qui regarde les raifonnemens de tous ces DISCOURS, j'en laiffe le jugement aux Lecteurs. J'ai pris tout le foin poffible, pour qu'ils ne s'éloignaffent en rien de l'efprit de notre Conftitution; & qu'on ne me reprochât point ce mélange de paffion & de violence, qui fe gliffent fouvent dans les Ouvrages de Politique. Une bonne Caufe n'a pas besoin d'aigreur, pour se foutenir, comme la mauvaise, qui ne peut subfifter fans ce foible fecours. On remarque en éfet, que d'ordinaire, un Auteur fe répand en invectives, à proportion que les bonnes raifons lui manquent; & il femble être plutôt fâché de n'avoir rien à dire, pour apuïer fon opinion, que de ce qu'il a trouvé rien d'abfurde ou de pernicieux, dans celle de fes Antagonistes. Un homme qu'ataquent des Ecrivains 'de cette trempe, reffemble à celui qu'on marque à la main,

avec un fer froid: il n'y a que les termes d'ignominieux, mais ils ne laiffent aprèseux aucune impreffion.

On auroit eu tout lieu, fans doute, de regarder comme une infolence inexcufable la conduite d'un Auteur, qui auroit emplo-ré un ftile de cruauté & de vangeance, contre des gens, que Sa Majefté a tâché de ramener à leur Devoir, par des voies de Douceur; & après qu'Elle a déclaré, du haut du: Trône, que c'est la métode la plus conforme à fon inclination. Ne nous fera-t-il pas permis de nous flatter, que nos Mal-intentionnés fe laifferont enfin toucher, par tant de: preuves qu'ils ont reçues de la Clémence Roïale, dont ils ont fi long-tems abufé! Ne: pouvons nous efpérer, d'avoir la fatisfaction d'entendre apliquer à Sa Majesté ceque difoit CICERON à CESAR, en parlant. de fes ennemis, & de la conduite que ce Prince avoit tenue à leur égard; Omnes enim qui fuerunt, aut fuá pertinacia vitam amiferunt, aut tua mifericordiâ retinuerunt ; ut aut nulli fuperfint de inimicis, aut qui fuperfuerunt amiciffimi fint. Quare gaude tuo ifto. tam excellenti bono, & fruere cum fortunâ & gloriâ tuâ, tum etiam naturâ & moribus tuis. Ex quo quidem maximus eft fructus, jucunditasque fapienti Nihil habet nec fortuna tua majus, quam ut poffis,nec natura tua melius, quam ut velis quamplurimos conservare. Tous ceux qui y ont été ont perdu la vie,par leur opiniâtreté, ou la tiennent de votre.clé,,mence; de forte que vous n'avez plus d'en

[ocr errors]
[ocr errors]

ne

"

,, nemis, puisque ceux qui en font reftés font ,, devenus par-là les meilleurs de vos amis. ,, Jouiffez donc, d'un fi grand bien: goûtez fans mélange les fruits de votre fortune, de votre gloire, de votre bon naturel & de vos bonnes mœurs. Ce font des fruits qui doivent paroître bien agréables & bien excellens à tout homme fage; mais ce qui relève ,, le plus votre fortune, & la bonté de votre naturel, c'eft que vous êtes en état de conferver une infinité de gens, & qu'heu,,reufement votre inclination y eft portée.

[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]
[ocr errors]

Quant aux DISCOURS plus enjoués, qui fe rencontrent dans ce Recueil, on poura confidérer, combien ils étoient néceffaires, pour me concilier & pour entretenir l'atention des Lecteurs, dans des matieres de cette nature. J'ofe même efpérer, qu'on les recevra, avec d'autant plus d'indulgence, qu'il n'y en a aucun, qui ne foit acompa gné de Morale; & qu'ils ne renferment rien qui foit incompatible avec la Bienséance & les bonnes Mœurs.

On voit d'abord, que le Deffein de tout l'Ouvrage a été, d'afranchir l'efprit des Peuples des préjugés, que leur infpirent les ennemis de l'Etablitfement prefent, contre le Roi & la Famille Roïale. Pour y parvenir, j'ai dévelopé leurs véritables Caractères; j'ai mis dans un beau jour, quoique fans partialité, la conduite & toutes les démarches de Sa Majefté, qui avoient été groffierement noircies; & j'ai montré, combien il eft jufte, & combien il nous importe

de

de nous opofer au Prétendant à fes Domai nes, pour peu que nous aïons à cœur no tre Religion & nos Libertés. En un mot, je n'ai rien oublié, pour faire fentir à mes Compatriotes, en quoi confifte leur véritable bonheur, pour les engager à le fouhaiter fincérement, & à en conferver la jouïsfance tranquile. Nous ne devons pas douter, humainement parlant, qu'un Projet fi noble ne réüffife infenfiblement, à mesure que les Peuples fe rebuteront d'une opofition infructueufe, & qu'ils feront convaincus par l'expérience, de la néceffité d'aquiescer & de fe foumettre à un Gouvernement, qui fe fortifie de jour en jour, & qui eft capable de renverfer tous les éforts de fes Ennemis. En atendant, je prendrai la liberté de donner à nos Mécontens un petit avis, que donnoit à fon ami,dans une autre occafion, un grand Maître en Morale. Il lui confeilloit, de faire voir, qu'il avoir affez de fageffe, pour modérer fes paffions; & de laiffer prendre, pour l'ouvrage de la Raison, ce qui feroit certainement l'éfet ordinaire du Tems.

Tout ce que j'ai à ajouter à cela; c'est que fi quelcun veut faire à ces Effais, l'honneur d'en donner le Titre à d'autres, pour continuer le même Deffein, toute la gloire, ou tout le blâme en apartiendra à quelque autre qu'à moi, puisque je déclare ici, que ce cinquante-cinquième DISCOURS, eft le dernier, qui partira de la main du FREE

HOLDER.

FIN.

TA

« IndietroContinua »